
Les mots sont sortis de ma bouche comme un torrent impossible à contenir.
Ton regard s’est figé, suspendu entre surprise et compréhension.
J’ai senti mon cœur battre contre ma cage thoracique comme un oiseau cherchant désespérément à s’échapper.
L’amitié est un refuge, mais parfois les murs de ce refuge deviennent une prison.
Je ne pouvais plus respirer dans cet espace trop étroit entre nous.
Chaque sourire échangé creusait un peu plus le gouffre de mes sentiments inavoués.
Chaque effleurement accidentel brûlait ma peau comme une flamme dévorante.
Chaque confidence partagée tissait un lien plus fort, mais jamais celui que j’espérais.
L’amour ne se contente pas des miettes d’intimité que l’amitié lui offre.
Il veut tout. Il exige tout. Il consume tout.
Je me suis tenue au bord du précipice pendant des mois, hésitant entre le saut et le recul.
Le courage n’est pas l’absence de peur, mais la décision que quelque chose est plus important que cette peur.
Et tu étais plus importante que ma peur de te perdre.
Ironique, n’est-ce pas? Risquer de perdre quelqu’un par peur de ne jamais vraiment l’avoir.
Les sentiments non exprimés sont comme des fantômes qui hantent les couloirs de notre âme.
Ils apparaissent quand on s’y attend le moins, nous rappelant leur présence insistante.
Je ne pouvais plus vivre avec ces fantômes.
Ils me chuchotaient ton nom dans mes rêves.
Ils dessinaient ton visage dans les nuages.
Ils jouaient l’écho de ton rire dans le silence de mes nuits solitaires.
L’amitié et l’amour sont comme l’eau et le feu… ils ne peuvent coexister sans que l’un ne transforme l’autre.
Mon feu intérieur a fait évaporer l’eau tranquille de notre amitié.
Maintenant, il ne reste que la vapeur de l’incertitude qui flotte entre nous.
Tu m’as regardée avec ces yeux qui voient tout, qui comprennent tout.
Ces yeux qui m’ont toujours vue, mais peut-être jamais vraiment observée.
Ces yeux qui maintenant me découvrent sous un jour nouveau, dérangeant, imprévu.
L’honnêteté est un cadeau empoisonné… elle libère celui qui parle mais enchaîne celui qui écoute.
Je t’ai offert ma vérité sans te demander si tu la voulais.
Je t’ai imposé mes sentiments comme on impose un fardeau.
Et pourtant…
Et pourtant, n’est-ce pas le propre de l’amour que de vouloir être reconnu?
N’est-ce pas le droit le plus fondamental du cœur que d’exprimer ce qu’il ressent?
N’est-ce pas la plus grande preuve de respect que de ne pas mentir à celui qu’on aime?
Le temps s’est arrêté dans cette bulle de vérité que j’ai créée autour de nous.
Les secondes se sont étirées comme des heures.
Ton silence a résonné plus fort que tous les mots que tu aurais pu prononcer.
Je me suis sentie tomber dans un abîme sans fond.
La chute libre de celui qui a tout risqué.
La sensation vertigineuse de l’irréversible.
Tu te souviens de cette fois où nous avons parlé des univers parallèles?
Dans combien de ces univers ai-je gardé le silence?
Dans combien de ces univers m’as-tu aimée en retour?
L’amour non partagé est comme une étoile qui brille pour un ciel qui ne la regarde pas.
Elle continue de brûler, fidèle à sa nature, même si personne n’admire sa lumière.
Je continuerai de briller pour toi, même si tu choisis de regarder ailleurs.
Car l’amour véritable ne demande pas de réciprocité.
Il existe par lui-même, pour lui-même.
Il est son propre but, sa propre raison d’être.
Mais l’amitié… l’amitié exige l’équilibre.
Elle demande que les deux marchent côte à côte, au même rythme, dans la même direction.
Comment pourrais-je marcher calmement à tes côtés quand chaque fibre de mon être veut courir vers toi?
Je ne te demande pas de m’aimer en retour.
Je ne te demande pas de changer ce que tu ressens.
Je te demande seulement de comprendre pourquoi je ne pouvais pas continuer à prétendre.
Pourquoi je ne pouvais pas être juste ton amie.
L’authenticité est le plus grand acte de courage que nous puissions accomplir.
Se montrer tel qu’on est, avec ses désirs et ses faiblesses.
Se tenir debout dans sa vérité, même quand elle fait mal.
Demain, le soleil se lèvera sur un monde différent pour nous deux.
Un monde où les cartes ont été rebattues.
Un monde où les masques sont tombés.
Tu choisiras peut-être de t’éloigner.
Tu choisiras peut-être de rester, mais différemment.
Tu choisiras peut-être… mais c’est ton choix maintenant.
J’ai fait le mien en te disant que je ne pouvais pas être juste ton amie.
Et dans cet acte de vérité, j’ai trouvé une liberté que même ton rejet ne pourra pas m’enlever.
Car vivre dans le mensonge est une prison dont nous seuls avons la clé.
J’ai ouvert ma porte.
J’ai respiré l’air frais de l’honnêteté.
Et même si cet air est chargé de l’orage de l’incertitude, il est plus pur que celui de la dissimulation.
Je ne pouvais pas être juste ton amie.
Et dans cette impossibilité, j’ai trouvé la plus grande des possibilités:
Celle d’être enfin authentiquement moi-même.