Stratégies de Thérapeutes pour Gérer les Membres Difficiles de la Famille

Avant de vous rendre à une réunion familiale, prenez le temps de faire du journaling. Réfléchissez et écrivez sur les problèmes familiaux qui ont tendance à être les plus déclencheurs, surtout pendant les fêtes ou autres occasions dites «spéciales» qui peuvent sembler tout sauf spéciales.

«Ce que vous ne voulez pas faire, c’est vous laisser entraîner, et c’est vraiment facile pour nous tous parce que personne ne peut appuyer sur nos boutons comme les membres de notre famille. Ils nous connaissent, ont grandi avec nous, connaissent nos points faibles, donc ils appuieront consciemment ou inconsciemment sur ces boutons», explique Dr. Carla Marie Manly, psychologue clinicienne et auteure de Joy from Fear, que DailyOM a interviewée pour cette histoire.

Utilisez votre journal pour noter tous les points sensibles qui pourraient vous déclencher, comme les commentaires indésirables sur votre apparence, votre carrière, votre vie amoureuse ou vos convictions politiques. «Lorsque vous êtes plus conscient de ces points sensibles et de la façon dont vous allez les naviguer, vous pourrez les aborder d’un point de vue d’observation et non de jugement», explique Dr. Manly. «C’est un élément important. Lorsque nous jugeons, nous nous laissons ‘piéger’ et nos émotions s’échauffent.»

Les limites ne seront efficaces que si vous êtes prêt à appliquer les conséquences en cas de non-respect.

Pendant que vous avez votre journal ouvert, votre prochaine tâche est de commencer le travail crucial d’établissement de limites, en commençant par une liste de ce que vous valorisez le plus.

«Les limites sont plus faciles à créer lorsque vous savez ce que vous protégez», déclare Kathryn Ely, conseillère professionnelle agréée et fondatrice d’Empower Counseling & Coaching, à DailyOM.

Ely suggère d’utiliser un cadre où vous notez vos valeurs dans chacune des huit catégories suivantes : santé mentale et bien-être physique ; votre relation amoureuse intime ; parentalité et famille ; amis et communauté ; carrière et finances ; spiritualité et foi ; apprentissage et développement personnel ; et aventure et loisirs.

«Lorsque vous déterminez ce qui est le plus important pour vous dans [ces huit catégories] de votre vie, cela devient votre boussole. Chaque action vous rapproche ou vous éloigne de ce que vous valorisez. Cela devient votre guide pour les limites dont vous avez besoin», explique Ely.

Voici l’élément clé : les limites ne seront efficaces que si vous êtes prêt à appliquer les conséquences en cas de non-respect. «Lorsque vous créez des limites, il est impératif de connaître les conséquences. Cela ne sert à rien de créer une limite si vous ne l’appliquez pas», déclare Ely.

Cela signifie communiquer clairement aux membres difficiles de la famille quelle est cette limite et ce qui se passera s’ils ne la respectent pas.

Manly suggère une «règle des trois coups» lors de la communication et de l’application des limites.

Si quelqu’un franchit votre ligne, indiquez clairement qu’il l’a franchie et demandez poliment qu’il ne recommence pas. S’il le fait, vous partirez. (Premier coup.)

Si cela se reproduit, rappelez-lui qu’il a franchi votre ligne et demandez-lui de ne pas recommencer. S’il le fait, vous partirez. (Deuxième coup.)

Si cela se produit pour la troisième fois, c’est le troisième coup, et il est crucial que vous donniez suite à votre ultimatum. Indiquez clairement que c’était la troisième fois et que vous partez maintenant. Précisez également que vous prendrez une semaine (un mois, trois mois, selon votre décision) de silence avec eux. Et c’est normal d’avoir besoin de plus de temps même après cette période, selon Manly.

L’honnêteté concernant vos sentiments et une communication solide seront toujours vos meilleurs alliés lorsqu’il s’agit de gérer des parents ou beaux-parents, surtout lorsqu’ils vous traitent encore comme un enfant et ont du mal à respecter votre évolution. Et il est préférable d’aborder cet éléphant dans la pièce avant l’événement.

L’une des tactiques d’Ely consiste à ancrer vos conversations difficiles dans un lieu d’amour et de respect. C’est particulièrement utile à garder à l’esprit si vous avez eu des expériences négatives avec la confrontation dans le passé. Mais, comme le note Ely, la confrontation peut être très bénéfique pour une relation lorsque vous l’abordez avec compassion et honnêteté.

Par exemple, dit Ely, si vous avez un parent qui a des attentes difficiles envers vous, la confrontation pourrait ressembler à ceci :

«Je t’aime et je suis sûr que tu as de bonnes intentions, mais quand tu dis des choses comme x, y ou z, j’ai l’impression que mes résultats sont plus importants pour toi que ce que je ressens en tant que personne, et ce n’est pas acceptable pour moi. Nous allons devoir faire les choses différemment à l’avenir. Si cela se produit [insérez ici ce qu’ils disent ou font], alors ceci se produira [insérez ici quelle est la conséquence pour avoir enfreint cette limite].»

Une autre stratégie utile consiste à jouer des scénarios et des conversations qui pourraient survenir lors d’un événement avec des parents ou beaux-parents difficiles. Vous pouvez le faire avec votre partenaire, un ami de confiance, ou même seul devant un miroir.

«Avec la famille, il est difficile de garder notre régulation émotionnelle sous contrôle», dit Manly. «[Le jeu de rôle] vous donne une chance de vous entraîner dans un environnement sûr et vous aide à déterminer à quel moment vous partirez.»

Manly suggère également de pratiquer cette réponse simple mais efficace pour désarmer tout commentaire indésirable : «Je vois ton point de vue. Merci de l’avoir partagé.»

Ayant grandi sous le même toit, les frères et sœurs ont une façon de se mettre mutuellement sur les nerfs comme personne d’autre ne le peut.

Pour aider à maintenir votre régulation émotionnelle sous contrôle autour des membres difficiles de la famille comme les frères et sœurs, identifiez ce qu’ils pourraient utiliser comme «appât» pour vous déstabiliser, note Manly. Peut-être s’agit-il d’un surnom avec lequel ils vous taquinent ou d’un souvenir qu’ils savent vous embarrasser.

Lorsque vous pouvez reconnaître cela et vous détacher calmement de leur «hameçon» en leur rappelant votre limite (et peut-être en leur donnant un «coup»), vous serez mieux à même de rester composé et en contrôle.

Il est également utile de reconnaître que toutes vos émotions sont bonnes, explique Manly. C’est la façon dont vous utilisez ces émotions qui peut rendre un résultat positif ou négatif. La colère, par exemple, «nous dit que nos limites sont franchies», dit-elle.

Lorsque vous ressentez cette colère, reconnaissez-la ou, mieux encore, communiquez-la. Une façon de le faire : «Je me sens en colère [ou blessé] quand tu dis cela. Je préférerais que tu fasses ceci [insérez votre résultat souhaité] à l’avenir», dit Manly.

Encore une fois, n’ayez pas peur de suivre votre règle des trois coups si votre limite n’est pas respectée.

L’une des meilleures façons de gérer la famille élargie ? Restez en arrière-plan et devenez «une mouche sur le mur», suggère Manly. Restez silencieux et observez les dynamiques familiales, les conversations, quels «appâts» déclenchent d’autres personnes. Être un observateur plutôt qu’un participant vous aidera à vous détacher de tout comportement difficile qu’ils pourraient manifester et à le voir comme une extension de leurs propres bagages.

Manly suggère également de prendre des pauses aussi souvent que nécessaire. Si vous vous sentez déclenché (mais n’êtes pas encore prêt à partir), trouvez un endroit calme pour respirer profondément, peut-être dans la cuisine.

«J’adore être dans la cuisine et être la première personne à débarrasser les assiettes», dit Manly en riant. «Surtout pour les introvertis, aller à la cuisine pour une pause, qui est mon refuge, est absolument acceptable et sain parce que vous dites, Je suis surchargé. Vous faites toujours partie de la réunion, mais vous obtenez votre paix et votre tranquillité. Ou allez faire une courte promenade. Une grande partie de tout cela concerne les soins personnels.»

Y a-t-il quelqu’un dans votre famille que vous aimez vraiment voir et avec qui vous aimez avoir une conversation ? Soyez clair sur ce que vous voulez d’une réunion à un niveau personnel et faites-en votre objectif.

«Laissez ce que vous voulez être le facteur déterminant, pas ce que vous ne voulez pas, afin que cette personne [difficile] n’obtienne pas tout le pouvoir et ne gâche pas l’occasion pour vous», dit Ely. «Demandez-vous : ‘Qu’est-ce que je veux dire avoir fait à la fin de cet [événement] ? Qui est la personne que je veux être dans cette situation ?’ Et puis refusez de laisser ces personnes [difficiles] se mettre en travers de votre chemin, même si vous devez sortir ou prendre une pause – quoi que vous deviez faire dans cette situation pour garder votre attention sur les aspects positifs pour vous.»

Cela ne doit même pas être une personne. La chose positive sur laquelle vous vous concentrez peut aussi être la tarte aux pommes de votre mère – tout ce qu’il faut pour traverser cette épreuve. Et savoir que vous avez traversé un événement familial difficile avec à la fois votre respect de soi et votre santé mentale intacts rendra cette tarte aux pommes encore plus délicieuse.

Gérer les membres difficiles de la famille est un art qui demande de la pratique, de la patience et une préparation stratégique. En utilisant les techniques partagées par ces thérapeutes professionnels, vous pouvez transformer des réunions familiales potentiellement stressantes en expériences plus enrichissantes et moins épuisantes émotionnellement. Rappelez-vous que l’établissement de limites claires n’est pas un acte d’hostilité, mais plutôt un acte d’amour envers vous-même et, ultimement, envers votre famille également.

La clé réside dans votre capacité à rester fidèle à vos valeurs tout en maintenant votre équilibre émotionnel. Que ce soit en pratiquant la règle des trois coups, en prenant des pauses stratégiques, ou en vous concentrant sur les aspects positifs de la réunion, vous avez le pouvoir de naviguer dans ces eaux familiales parfois tumultueuses avec grâce et assurance. Et n’oubliez pas : parfois, le plus grand acte d’amour que vous puissiez offrir à votre famille et à vous-même est de savoir quand prendre du recul pour préserver votre bien-être mental. Après tout, des relations saines commencent par un respect mutuel des limites et une communication honnête.