De l’oxygène sombre : Et cela défie tout ce que nous savions sur la vie sur Terre !
Auteur: Maxime Marquette
Une découverte scientifique majeure vient de remettre en question nos certitudes sur l’origine de l’oxygène et la vie dans les profondeurs océaniques. Des chercheurs ont identifié un phénomène inédit dans la zone Clarion-Clipperton, à 4 000 mètres sous la surface du Pacifique : la production d’« oxygène sombre », c’est-à-dire un oxygène généré sans aucune lumière, en dehors de toute photosynthèse. Ce processus, observé autour de nodules polymétalliques sur le plancher océanique, pourrait révolutionner notre compréhension des premiers mécanismes de la vie sur Terre et ouvrir de nouvelles pistes sur la possibilité de vie ailleurs dans l’univers.
Des nodules métalliques comme batteries naturelles

Au cœur de cette découverte se trouvent les nodules polymétalliques, des concrétions rocheuses riches en métaux comme le manganèse, le nickel ou le cobalt. Dispersés sur des millions de kilomètres carrés du fond marin, ces « cailloux-batteries » sont déjà convoités pour la transition énergétique. Mais leur rôle va bien au-delà de la simple réserve minérale. Les chercheurs ont montré que ces nodules génèrent un courant électrique naturel, capable de provoquer l’électrolyse de l’eau de mer. Ce phénomène sépare les molécules d’eau en hydrogène et en oxygène, produisant ainsi un gaz vital dans une obscurité totale, là où aucune plante ne peut survivre.
Une énigme scientifique enfin élucidée

La présence d’oxygène à de telles profondeurs avait été détectée dès 2013, mais les scientifiques pensaient à une erreur de mesure. Après des années d’analyses et d’expériences en laboratoire, ils ont confirmé que l’oxygène observé n’était pas le fruit de la photosynthèse ni d’une activité microbienne, mais bien d’une réaction chimique entre les métaux des nodules et l’eau de mer. Ce processus, appelé « électrolyse géochimique », s’opère sans aucune intervention du vivant. Les tests ont même montré que l’oxygène continuait d’être produit après avoir éliminé toute trace de vie dans les échantillons, prouvant l’origine purement minérale du phénomène.
Des implications pour l’origine de la vie

Cette découverte bouleverse le scénario classique de l’apparition de la vie sur Terre. Jusqu’ici, on pensait que l’oxygène atmosphérique était apparu grâce à la photosynthèse des premières bactéries il y a 2,7 milliards d’années. Or, l’existence d’une source d’oxygène indépendante de la lumière suggère que des formes de vie aérobie auraient pu émerger bien plus tôt, dans les abysses, autour de ces « batteries naturelles ». Cela relance le débat sur les conditions nécessaires à l’apparition de la vie et sur la possibilité qu’elle ait pu naître dans des environnements extrêmes, loin de la surface et du soleil.
Un nouvel éclairage sur la vie extraterrestre

Les conséquences de cette découverte dépassent le cadre terrestre. Si des minéraux similaires existent sur d’autres planètes ou lunes, comme Europe ou Encelade, ils pourraient également produire de l’oxygène dans l’obscurité, offrant un environnement propice à la vie. Les scientifiques envisagent désormais que la recherche de vie extraterrestre ne doit plus se limiter à la quête de lumière ou de photosynthèse, mais aussi explorer les interactions chimiques profondes entre roches et eau, capables de générer de l’oxygène « sombre ».
Des questions écologiques et industrielles majeures

Cette découverte intervient alors que la zone Clarion-Clipperton est au cœur de débats sur l’exploitation minière sous-marine. Les nodules polymétalliques sont essentiels pour les technologies vertes, mais ils abritent aussi des écosystèmes uniques et fragiles. Le rôle de ces nodules dans la production d’oxygène et le maintien de la biodiversité des abysses invite à la prudence quant à leur extraction. Les chercheurs soulignent que l’on connaît encore très mal les conséquences écologiques de la perturbation de ces « usines à oxygène » naturelles, et appellent à une régulation stricte des activités minières en haute mer.
Conclusion

L’oxygène sombre découvert dans les profondeurs du Pacifique redéfinit notre vision de la chimie de la vie et de la dynamique des océans. Ce phénomène, totalement indépendant de la lumière, montre que la Terre recèle encore bien des mystères et que la frontière entre le vivant et le minéral est parfois plus floue qu’on ne le pensait. Alors que les enjeux industriels et écologiques se multiplient autour des ressources marines, cette avancée scientifique rappelle l’importance de préserver les écosystèmes profonds et d’élargir notre regard sur les origines de la vie, ici comme ailleurs dans l’univers.