Robotaxi chinois bientôt en circulation : les tests effectués au Moyen-Orient
Auteur: Jacques Pj Provost
Imaginez-vous commander un taxi qui arrive sans chauffeur, vous transporte en toute sécurité et vous dépose à destination, le tout sans intervention humaine. Ce scénario digne de la science-fiction est sur le point de devenir réalité, et il ne vient pas de la Silicon Valley, mais bien de la Chine. Les géants chinois de la tech, portés par des investissements colossaux et une ambition mondiale, s’apprêtent à révolutionner la mobilité urbaine au Moyen-Orient grâce à leurs robotaxis. Découvrez comment ces véhicules autonomes s’imposent déjà dans le Golfe, pourquoi cette région est devenue le terrain de jeu favori des constructeurs chinois, et ce que cela annonce pour l’avenir du transport dans le monde entier.
Le Moyen-Orient, nouveau laboratoire des robotaxis chinois

e Golfe persique est aujourd’hui le théâtre d’une révolution silencieuse mais spectaculaire dans le secteur de la mobilité. Les entreprises chinoises comme Baidu, WeRide et Pony.ai y multiplient les annonces et les tests grandeur nature. Pourquoi ce choix stratégique ? Le Moyen-Orient, et notamment les Émirats arabes unis, offre un environnement réglementaire favorable, des infrastructures modernes et une forte volonté politique d’adopter les technologies de pointe. À Dubaï, par exemple, l’objectif est que 25 % des déplacements quotidiens soient assurés par des véhicules autonomes d’ici 2030. Abou Dhabi vise le même pourcentage d’ici 2040, tandis que l’Arabie saoudite ambitionne 15 % dès 2030.
Des tests grandeur nature déjà en cours
En mars 2025, Baidu a annoncé le déploiement de sa flotte Apollo Go à Dubaï, avec une centaine de véhicules autonomes en circulation d’ici la fin de l’année. WeRide n’est pas en reste : la société a lancé le premier service pilote de robotaxis entièrement sans conducteur à Abou Dhabi, couvrant des zones stratégiques comme Al Maryah Island, Al Reem Island et les liaisons vers l’aéroport international Zayed. Ces véhicules de niveau 4, capables de circuler sans conducteur de sécurité, marquent une étape majeure dans l’histoire de la mobilité intelligente au Moyen-Orient.
Pourquoi le Moyen-Orient attire-t-il autant les géants chinois ?
Plusieurs facteurs expliquent cet engouement :
- Un cadre réglementaire ouvert : Les autorités du Golfe adoptent une approche pragmatique et favorable à l’innovation, facilitant les essais et le déploiement commercial des robotaxis.
- Des besoins concrets : La congestion urbaine, la pénurie de taxis traditionnels et la dépendance à la main-d’œuvre étrangère créent une forte demande pour des solutions de mobilité innovantes.
- Des investissements massifs : Les gouvernements locaux n’hésitent pas à investir dans les infrastructures nécessaires à l’accueil des véhicules autonomes.
Les champions chinois en compétition

La Chine ne mise pas sur un seul cheval. Trois entreprises dominent la course à l’internationalisation des robotaxis : Baidu avec Apollo Go, WeRide et Pony.ai. Chacune multiplie les partenariats locaux et les innovations technologiques pour s’imposer sur ce marché stratégique.
Baidu : la force de frappe d’Apollo Go
Baidu a déjà réalisé plus de 10 millions de trajets en Chine sans accident grave, ce qui lui confère une solide expérience opérationnelle. Son service Apollo Go est déjà commercialisé dans plusieurs villes chinoises et s’étend désormais à l’international, avec des essais en Suisse, en Turquie et surtout au Moyen-Orient. À Dubaï, l’objectif est d’atteindre 1 000 véhicules autonomes d’ici 2028.
WeRide : pionnier des tests sans conducteur
WeRide a marqué les esprits en obtenant le premier permis d’exploitation de robotaxis sans conducteur de sécurité aux Émirats arabes unis. Ses véhicules circulent déjà à Abou Dhabi et l’entreprise prévoit de lancer des services commerciaux à grande échelle d’ici la fin de l’année. WeRide s’associe également à Uber pour permettre la réservation de ses robotaxis via l’application, facilitant ainsi l’adoption par le grand public.
Pony.ai : l’ambition mondiale
Pony.ai, soutenue par Toyota, vise une flotte mondiale de plusieurs milliers de véhicules dans les deux prochaines années. Elle détient des autorisations de test aux États-Unis, au Luxembourg, en Corée du Sud et bien sûr au Moyen-Orient, où elle vient de signer un accord avec la Roads and Transport Authority de Dubaï. Pony.ai ambitionne d’intégrer ses robotaxis aux réseaux de métro et de tramway locaux, pour une mobilité totalement intégrée.
Les défis à relever pour une adoption massive

Malgré l’enthousiasme, plusieurs obstacles subsistent. La sécurité reste la priorité absolue, avec des exigences strictes en matière de fiabilité des systèmes et de gestion des situations d’urgence. L’acceptation sociale doit également être gagnée, car monter dans une voiture sans chauffeur reste une expérience inédite pour beaucoup. Enfin, la concurrence internationale s’intensifie : Tesla prépare le lancement de ses robotaxis Cybercab en Arabie saoudite, tandis que Waymo et d’autres acteurs américains surveillent de près les avancées chinoises.
Un terrain d’affrontement technologique et géopolitique
Le Moyen-Orient pourrait devenir le premier terrain d’affrontement direct entre les robotaxis chinois et américains. Si la Chine bénéficie d’une expérience plus poussée et d’un soutien gouvernemental massif, les entreprises américaines misent sur leur avance en intelligence artificielle et en design de véhicules. Ce duel s’annonce passionnant et déterminera sans doute les standards mondiaux de la mobilité autonome.
Conclusion : Le futur de la mobilité s’écrit aujourd’hui, et il parle chinois

Les premiers robotaxis chinois circulant au Moyen-Orient ne sont pas de simples démonstrations technologiques. Ils incarnent une transformation profonde de notre rapport à la mobilité, portée par l’innovation, la compétition internationale et l’audace des villes du Golfe. Si les tests sont concluants, il ne fait aucun doute que ces véhicules sans chauffeur s’imposeront rapidement dans d’autres régions du monde, bouleversant à jamais notre façon de nous déplacer. Le futur est déjà en marche, et il roule sans conducteur.