La Chine découvre un trésor énergétique : le thorium, la clé d’une énergie propre pour 60 000 ans
Auteur: Jacques Pj Provost
Imaginez un monde où l’énergie ne serait plus jamais une source d’inquiétude. C’est le scénario que la Chine est en train de rendre possible grâce à la découverte de gigantesques gisements de thorium, un métal rare qui pourrait alimenter le pays pendant plus de 60 000 ans. Cette avancée, qualifiée de « ressource énergétique illimitée », bouleverse déjà les équilibres mondiaux et suscite l’intérêt de toute la planète.
Le thorium : un métal oublié qui refait surface

Le thorium n’est pas un inconnu pour les scientifiques. Découvert il y a près de deux siècles, ce métal argenté, malléable et légèrement plus dense que l’uranium, porte le nom du dieu nordique « Thor ». Mais ce n’est que récemment, grâce à une enquête nationale chinoise, que son potentiel colossal a été révélé. Pas moins de 233 zones riches en thorium ont été identifiées, du Xinjiang à l’ouest jusqu’au Guangdong à l’est, avec comme joyau le complexe minier de Bayan Obo en Mongolie intérieure, qui pourrait à lui seul fournir un million de tonnes de thorium.
Un gisement qui change la donne
La quantité découverte dépasse l’entendement. Selon les experts, ces réserves pourraient alimenter la Chine entière en électricité pendant plus de 60 000 ans. Pour donner un ordre d’idée, les déchets produits en cinq ans par une seule mine de fer contiendraient assez de thorium pour alimenter tous les foyers américains pendant plus d’un millénaire.
Pourquoi le thorium fascine autant ?

Un métal abondant et stratégique
Le thorium est quatre fois plus abondant que l’uranium dans la croûte terrestre. On le trouve souvent dans les gisements de terres rares, ce qui explique l’intérêt stratégique de la Chine, dont le sous-sol en regorge. Contrairement à l’uranium, le thorium n’est pas directement fissile, mais il devient une source d’énergie redoutable lorsqu’il est transformé en uranium-233 dans des réacteurs spéciaux.
Des réacteurs nouvelle génération : la technologie des sels fondus
La Chine ne s’est pas contentée de découvrir le thorium, elle a aussi pris de l’avance dans sa valorisation. Les réacteurs à sels fondus, une technologie relancée après avoir été délaissée par les États-Unis dans les années 60, permettent d’utiliser le thorium comme combustible principal. Ces réacteurs fonctionnent à pression atmosphérique, limitent naturellement la surchauffe et produisent beaucoup moins de déchets radioactifs. En 2024, la Chine a réussi à faire fonctionner un réacteur au thorium à pleine puissance, capable d’être rechargé sans interruption, une première mondiale.
Des avantages imbattables pour l’environnement et la sécurité
Le thorium présente des atouts majeurs :
- Moins de déchets radioactifs et une meilleure sécurité en cas d’incident
- Pas besoin de grandes quantités d’eau pour le refroidissement, permettant l’installation de centrales dans des zones désertiques comme le Gobi
- Un coût de production potentiellement 350 fois inférieur à celui de l’uranium par mégawattheure
- Une abondance qui garantit l’indépendance énergétique sur plusieurs millénaires
La Chine, leader mondial du nucléaire de demain

Des projets industriels à la chaîne
La Chine ne compte pas s’arrêter là. Après le succès de son premier prototype dans le désert de Gobi, le pays prévoit de construire des centaines de réacteurs à thorium à travers tout le territoire et d’exporter cette technologie vers les pays émergents. Un réacteur de 10 mégawatts est déjà en construction, et des petits réacteurs modulaires de 100 MWe sont prévus pour 2030.
Des applications innovantes jusque dans le transport maritime
L’innovation ne s’arrête pas aux centrales électriques. La Chine a lancé le premier navire conteneur nucléaire alimenté au thorium et développe un cargo géant doté d’un petit réacteur modulaire. Cette diversification montre la volonté du pays de s’imposer comme pionnier de l’énergie nucléaire propre à l’échelle mondiale.
Quels défis restent à relever ?

Extraction et traitement : un défi industriel
L’exploitation du thorium n’est pas sans obstacles. Son extraction et sa purification nécessitent d’importantes quantités d’acide et d’énergie, générant des eaux usées à traiter. Mais la Chine, forte de son expertise industrielle, investit massivement pour optimiser ces procédés et limiter leur impact environnemental.
Les enjeux de sécurité et de prolifération
Le thorium est considéré comme plus sûr que l’uranium. Les spécialistes estiment qu’il ne se prête pas à la fabrication d’armes nucléaires, ce qui limite les risques de prolifération. Cependant, la vigilance reste de mise quant à la gestion des sous-produits et à la sécurité des installations.
Vers une nouvelle ère énergétique mondiale ?

La découverte du thorium en Chine marque un tournant historique. Alors que les États-Unis et la Russie poursuivent leurs propres avancées nucléaires, la Chine s’impose comme le nouveau leader de l’énergie du futur. Avec 24 nouvelles centrales nucléaires prévues d’ici 2030 et une stratégie d’exportation de sa technologie, le pays s’apprête à redéfinir la carte énergétique mondiale.
Conclusion : Le thorium, l’espoir d’un futur sans pénurie

Le thorium n’est plus un rêve de laboratoire, c’est désormais une réalité industrielle. Grâce à ses réserves colossales et à son avance technologique, la Chine ouvre la voie à une énergie propre, sûre et quasi inépuisable. Si les défis techniques et environnementaux sont relevés, cette découverte pourrait bien offrir à l’humanité la clé d’un avenir énergétique durable et accessible à tous. Le compte à rebours vers une nouvelle ère vient de commencer.