Tianwen 2 : la Chine lève le voile sur sa mission secrète vers une quasi-lune

Le 29 mai 2025, la fusée Longue Marche 3B s’est élancée depuis le centre spatial de Xichang, emportant à son bord la sonde Tianwen 2. Contrairement aux habitudes, aucun direct, aucune image officielle n’a filtré avant le lancement. Ce n’est qu’après le succès de la mise en orbite que la CNSA (Administration spatiale nationale chinoise) a confirmé l’opération, révélant quelques jours plus tard la toute première image de la sonde, désormais à plus de 3 millions de kilomètres de la Terre, soit huit fois la distance Terre-Lune.

Pourquoi tant de discrétion ?

Cette stratégie de communication, inédite pour la Chine, s’explique par la complexité et la nouveauté de la mission. Il s’agit de la toute première tentative chinoise de retour d’échantillons d’un astéroïde, un défi technologique colossal qui place le pays sur un pied d’égalité avec les États-Unis et le Japon.

Kamoʻoalewa, aussi appelée 2016 HO3, appartient à la famille très restreinte des quasi-lunes de la Terre. Ces objets, au nombre de sept connus à ce jour, suivent une orbite autour du Soleil très proche de celle de notre planète, mais sans en être des satellites permanents. Kamoʻoalewa évolue à une distance minimale de 4,6 millions de kilomètres et décrit une orbite en forme de fer à cheval, qu’il boucle en 45 ans environ.

Un fragment de la Lune ?

Les scientifiques pensent que Kamoʻoalewa pourrait être un morceau arraché à la Lune lors d’un impact géant il y a des milliards d’années. Son étude promet donc de révéler des informations inédites sur l’histoire de notre satellite naturel et sur les débuts du système solaire.

Tianwen 2 ne se contente pas d’un simple survol. La sonde va d’abord cartographier et analyser la surface de l’astéroïde pendant plusieurs mois, puis réaliser un prélèvement d’échantillons grâce à deux méthodes révolutionnaires : la technique classique du « touch-and-go » et une approche audacieuse utilisant quatre bras robotiques équipés de foreuses pour s’ancrer dans la roche.

Un arsenal scientifique embarqué

Pour mener à bien cette mission, Tianwen 2 embarque onze instruments scientifiques de pointe :

• Des caméras multispectrales, hyperspectrales et de navigation
• Des spectromètres pour analyser la composition de surface
• Un radar à pénétration de sol pour sonder l’intérieur de l’astéroïde
• Un magnétomètre
• Des détecteurs de particules et de poussière

Cet arsenal permettra de répondre à des questions fondamentales sur la formation des objets géocroiseurs, la distribution de l’eau et des molécules organiques dans l’espace.

Après avoir collecté et largué les échantillons de Kamoʻoalewa vers la Terre (prévu pour 2027-2028), la sonde utilisera l’assistance gravitationnelle de notre planète pour se diriger vers sa seconde cible : la comète 311P/PANSTARRS, située dans la ceinture principale d’astéroïdes entre Mars et Jupiter. Cette comète intrigue les scientifiques par son activité mystérieuse, qui pourrait révéler des mécanismes inédits d’émission de poussière dans le système solaire.

Une mission, deux exploits

La réussite de Tianwen 2 placerait la Chine dans le cercle très fermé des nations capables de ramener des échantillons d’astéroïdes et d’explorer une comète au cours d’une même mission. C’est aussi un signal fort envoyé à la communauté internationale : la Chine vise désormais les sommets de l’exploration spatiale.

Pourquoi investir autant dans cette mission ? Les retombées de Tianwen 2 seront multiples :

• Mieux comprendre la formation et l’évolution du système solaire
• Éclairer l’origine de l’eau et des molécules organiques sur Terre
• Renforcer la défense planétaire face aux risques d’impacts d’astéroïdes
• Préparer l’exploitation future des ressources spatiales

Du point de vue stratégique, la Chine affirme son indépendance technologique et scientifique, tout en se positionnant comme un partenaire incontournable pour les futures missions internationales.

Tianwen 2 n’est pas qu’un exploit technique : c’est une aventure scientifique et humaine qui pourrait bouleverser notre compréhension de l’Univers. En relevant le défi de la double exploration d’un astéroïde et d’une comète, la Chine ouvre la voie à une nouvelle ère de découvertes, où chaque grain de poussière ramené de l’espace pourrait contenir les clés de notre passé… et de notre avenir.

Le mystère de la quasi-lune Kamoʻoalewa ne fait que commencer à se dévoiler. Rendez-vous en 2027 pour découvrir les premiers secrets livrés par Tianwen 2 et, d’ici là, suivez cette mission hors normes qui fascine déjà le monde entier !