La GBU-57 : La bombe américaine surpuissante qui manque cruellement à Israël face à l’Iran
Auteur: Jacques Pj Provost
Le bras de fer entre Israël et l’Iran atteint un niveau de tension inédit. Alors que l’État hébreu multiplie les frappes contre les infrastructures iraniennes, un obstacle de taille subsiste : l’impossibilité de neutraliser le cœur du programme nucléaire iranien, enfoui sous des montagnes, sans une arme d’exception. Cette arme, c’est la GBU-57 Massive Ordnance Penetrator (MOP), la bombe anti-bunker la plus puissante jamais conçue. Mais paradoxalement, elle reste hors de portée de Tsahal. Pourquoi cette bombe est-elle si stratégique, et que changerait sa présence dans l’arsenal israélien ? Plongée dans les coulisses d’une arme qui pourrait bouleverser l’équilibre régional.
La GBU-57 : Une bombe hors norme, taillée pour les bunkers iraniens

La GBU-57 n’est pas une bombe comme les autres. Avec ses 14 tonnes et ses près de 3,5 tonnes d’explosifs, elle est capable de pénétrer jusqu’à 60 mètres de roche et d’acier avant d’exploser – une prouesse technologique inégalée. Sa mission : détruire des cibles profondément enterrées et ultra-protégées, comme les sites nucléaires iraniens de Fordo ou de Natanz, véritables forteresses souterraines inaccessibles aux armes conventionnelles.
Une conception unique pour un objectif unique
Conçue par Boeing, la GBU-57 a été spécialement imaginée pour répondre à la menace des installations nucléaires souterraines. Elle mesure six mètres de long et doit être larguée à haute altitude pour atteindre une vitesse suffisante et percer les couches de béton et de granit. Sa précision et sa puissance en font la seule arme conventionnelle capable de menacer le site de Fordo, enfoui à plus de 80 mètres sous terre et protégé par des systèmes anti-aériens sophistiqués.
Pourquoi Israël en a-t-il impérativement besoin ?

Israël a fait de la neutralisation du programme nucléaire iranien une priorité stratégique. Mais malgré la supériorité de son armée de l’air, il lui manque un élément clé : la capacité de frapper les cibles les plus profondes. Les bombes actuellement en service dans l’arsenal israélien ne peuvent pas atteindre le cœur du site de Fordo. Selon les experts, même en multipliant les frappes, seules les entrées ou les systèmes annexes pourraient être endommagés, sans jamais détruire l’installation principale.
Un défi technologique et politique
Le principal obstacle pour Israël n’est pas seulement technique, mais aussi politique. La GBU-57 ne peut être larguée que par les bombardiers furtifs B-2 américains, des appareils que seule l’US Air Force possède. Les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, refusent pour l’instant de transférer cette bombe à Israël, de peur de s’impliquer directement dans le conflit et de provoquer une escalade régionale.
Le site de Fordo : l’objectif ultime

Le complexe nucléaire de Fordo cristallise toutes les attentions. Situé à 150 kilomètres au sud de Téhéran, ce site est considéré comme le joyau du programme nucléaire iranien. Il est protégé par une montagne, à une profondeur telle qu’aucune arme conventionnelle israélienne ne peut l’atteindre. Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique, aucune frappe israélienne n’a pour l’instant réussi à endommager la partie souterraine du site.
Une bombe, plusieurs frappes nécessaires
Même avec la GBU-57, la destruction totale de Fordo nécessiterait probablement plusieurs bombes, larguées successivement pour creuser toujours plus profondément. Mais seule une telle arme peut offrir une chance réelle de neutraliser durablement le site, là où toutes les autres options échouent.
Un enjeu stratégique mondial

L’absence de la GBU-57 dans l’arsenal israélien n’est pas qu’un simple détail militaire : c’est un facteur qui pèse lourd dans l’équilibre des forces au Moyen-Orient. Si les États-Unis décidaient de livrer ou d’utiliser eux-mêmes cette bombe, cela marquerait un tournant dans le conflit, avec des conséquences politiques et humanitaires majeures. Les risques de dommages collatéraux, la réaction de l’Iran et de ses alliés, ainsi que la possible escalade vers une guerre régionale, inquiètent la communauté internationale.
Et si les États-Unis intervenaient ?
La présence de bombardiers B-2 américains dans la région alimente les spéculations. Une intervention directe des États-Unis avec la GBU-57 pourrait changer la donne, mais au prix d’un coût politique immense pour Washington. Les experts estiment que même une frappe réussie ne retarderait le programme nucléaire iranien que de quelques années, sans l’arrêter définitivement.
Conclusion : La GBU-57, symbole d’un dilemme stratégique

La GBU-57 incarne à elle seule le dilemme auquel font face Israël et les États-Unis. Arme de destruction massive non nucléaire, elle offre une solution technique à un problème stratégique, mais son usage soulève des questions éthiques, politiques et militaires d’une ampleur inédite. Tant qu’Israël n’aura pas accès à cette bombe, le programme nucléaire iranien conservera une longueur d’avance, protégé par la roche et le béton. Mais si la GBU-57 venait à être utilisée, le Moyen-Orient pourrait basculer dans une nouvelle ère de confrontation.
Le compte à rebours est lancé : la décision d’employer ou non cette arme pourrait bien déterminer l’avenir de la région – et au-delà.