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Accord historique entre Trump et la Chine : la stabilité retrouvée, nos produits essentiels enfin sécurisés… pour l’instant
Credit: Adobe Stock

La signature d’un accord stratégique : raretés, magnets et la dépendance américaine révélée

Il y a des annonces qui, derrière leur apparente technicité, bouleversent l’ordre mondial. Quand Donald Trump a déclaré, sans tambour ni trompette, que les États-Unis venaient de signer un nouvel accord commercial avec la Chine, la plupart des observateurs ont d’abord cru à un simple épisode de plus dans la saga des guerres tarifaires. Mais en creusant, l’ampleur du deal saute aux yeux : il s’agit d’un pacte sur les matériaux les plus stratégiques de l’ère moderne, ceux sans lesquels nos voitures, nos smartphones, nos éoliennes, nos avions, nos ordinateurs – bref, tout ce qui structure la vie quotidienne et l’économie mondiale – ne pourraient tout simplement pas exister. Magnets, terres rares, composants électroniques : la Chine, qui contrôle plus de 80 % de la chaîne d’approvisionnement mondiale, s’engage à fournir « pleinement » ces ressources aux États-Unis, « up front », selon les mots de Trump lui-même. En échange, Washington lève une série de restrictions sur les entreprises chinoises et accepte de maintenir l’accès des étudiants chinois aux universités américaines. Mais ce qui frappe, c’est la brutalité des chiffres : 55 % de droits de douane sur les produits chinois, contre seulement 10 % côté Pékin. Un rapport de force inédit, qui laisse entrevoir à la fois un soulagement pour les industriels américains et une tension persistante dans la rivalité sino-américaine.

Ce deal, scellé après des semaines de négociations à Genève puis à Londres, intervient alors que la planète s’inquiétait d’un blocage total des flux de terres rares. Depuis des mois, la Chine ralentissait ses exportations, invoquant des contrôles de sécurité et des risques de détournement militaire. Les États-Unis, de leur côté, multipliaient les sanctions, les restrictions sur la tech, les menaces de déréférencement de sociétés chinoises. Résultat : les chaînes de production mondiales étaient au bord de la rupture, les prix s’envolaient, les industriels américains – de l’automobile à la défense – tiraient la sonnette d’alarme. L’accord, présenté comme un « tournant » par Trump, vise à desserrer l’étau, à garantir l’accès des usines américaines aux matériaux critiques, à éviter une crise systémique. Mais il ne règle rien sur le fond : la dépendance demeure, la rivalité aussi. Ce qui change, c’est la reconnaissance publique, par la première puissance mondiale, de sa vulnérabilité face à l’avance technologique et industrielle chinoise.

Ce qui me frappe, c’est la rapidité avec laquelle la question des matériaux critiques est passée du statut de sujet technique à celui d’enjeu géopolitique majeur. Il y a cinq ans, peu de gens savaient ce qu’était un aimant néodyme, une batterie LFP ou une supply chain de terres rares. Aujourd’hui, chaque usine, chaque start-up, chaque gouvernement scrute les annonces de Pékin, redoute le moindre blocage, craint de se retrouver à l’arrêt faute d’un composant venu de Chine. L’accord Trump-Xi, en ce sens, est à la fois un soulagement et un aveu : l’Amérique ne peut plus faire sans la Chine. C’est un tournant historique, mais aussi un défi immense pour la souveraineté industrielle occidentale.

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