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La russie manipule les échanges de corps : mensonges, confusion et dissimulation de ses pertes
Credit: Adobe Stock

Des échanges sous haute tension : la stratégie du flou orchestrée par Moscou

Depuis plusieurs mois, les échanges de prisonniers et de dépouilles entre l’Ukraine et la Russie sont devenus un terrain de manœuvre aussi sensible que le front lui-même. Officiellement, chaque camp s’engage à restituer à l’autre les corps de ses soldats tombés, dans le respect des accords humanitaires négociés à Istanbul. Mais la réalité est bien plus trouble. À chaque nouveau transfert, le même scénario se répète : l’Ukraine reçoit des centaines, parfois plus d’un millier de corps, censés être ceux de ses défenseurs. Mais à l’heure de l’identification, les doutes s’accumulent. Passeports russes retrouvés dans les poches, papiers étrangers, identités impossibles à vérifier : tout indique que Moscou mêle délibérément des soldats russes parmi les dépouilles ukrainiennes. Cette confusion n’est pas un accident, mais une tactique cynique, destinée à brouiller les pistes, à minimiser ses propres pertes et à alimenter sa propagande.

Les chiffres officiels sont révélateurs de cette opacité. Lors du dernier échange, l’Ukraine a reçu 1 245 corps, portant à plus de 6 000 le nombre de dépouilles restituées en une semaine. En retour, la Russie n’a récupéré que 78 corps. Ce déséquilibre, loin d’être anodin, sert la narration russe : il s’agit de montrer que l’Ukraine subit des pertes massives, bien supérieures à celles de la Russie. Pourtant, à chaque rapatriement, le centre ukrainien de coordination pour les prisonniers de guerre doit accélérer le processus d’identification, car il devient de plus en plus difficile de distinguer les nationalités. Le ministre ukrainien de l’Intérieur, Igor Klymenko, l’a affirmé : Moscou envoie sciemment des corps de soldats russes, parfois même de mercenaires étrangers, pour gonfler artificiellement le nombre de victimes ukrainiennes et masquer l’ampleur de ses propres pertes.

Cette manipulation n’est pas nouvelle. Déjà en mars et en avril, lors d’échanges similaires, l’Ukraine avait reçu plus de 900 corps à chaque fois, tandis que la Russie ne revendiquait qu’une quarantaine de dépouilles. Les listes transmises par Moscou sont souvent incomplètes, les identités floues, les vérifications impossibles à mener dans l’urgence. Résultat : des familles ukrainiennes attendent en vain, tandis que la Russie continue de diffuser des chiffres invérifiables, affirmant que pour chaque soldat russe perdu, quinze ou dix-sept Ukrainiens seraient tombés. Un récit destiné à semer le doute, à démoraliser l’adversaire et à détourner l’attention de ses propres pertes colossales.

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