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La Russie piège des adolescents ukrainiens : la nouvelle arme de Moscou, des bombes humaines manipulées via Telegram
Credit: Adobe Stock

Des jeunes ukrainiens recrutés à distance : la mécanique du piège russe

Depuis le printemps 2024, une nouvelle forme de terreur s’est installée en Ukraine, loin du fracas des missiles et des tranchées. Les services spéciaux russes, principalement le FSB, ont lancé une campagne de recrutement ciblant les adolescents et jeunes adultes ukrainiens, souvent via Telegram, Discord ou WhatsApp. La méthode est aussi simple qu’efficace : des annonces anonymes promettent entre 100 et 1 000 dollars pour des « missions rapides » – prendre des photos de bases militaires, déposer un sac devant un bâtiment officiel, ou simplement livrer un colis à une adresse donnée. Pour des jeunes confrontés à la guerre, à la pauvreté, à l’exil, l’offre est tentante. Mais derrière la promesse d’un « boulot facile », se cache une réalité implacable : ces missions sont, dans de nombreux cas, des opérations-suicides déguisées. Les recruteurs russes ne préviennent jamais leurs cibles qu’elles transportent des explosifs, déclenchés à distance dès qu’elles approchent la cible, les transformant en bombes humaines à leur insu.

Les chiffres sont glaçants. Selon le SBU, plus de 700 personnes ont été arrêtées depuis un an pour espionnage, sabotage ou participation à des attaques téléguidées par Moscou. Parmi elles, environ 25 % sont des mineurs, certains à peine âgés de 15 ou 16 ans. Les autorités ukrainiennes décrivent un mode opératoire systématique : les jeunes sont abordés via des messageries cryptées, reçoivent des instructions précises, des coordonnées GPS, parfois des « jeux de piste » pour masquer la gravité de la mission. Les conséquences sont souvent tragiques : des dizaines de jeunes ont été blessés ou tués, sans même comprendre qu’ils venaient d’être sacrifiés dans une guerre de l’ombre qui ne dit pas son nom.

Ce phénomène ne se limite pas à l’est du pays ou aux zones proches du front. Les attaques se multiplient dans l’ouest, à Rivne, Mykolaïv, Kamianets-Podilskyï, loin des combats traditionnels. Les cibles sont variées : commissariats, centres de recrutement, infrastructures énergétiques. À chaque fois, le scénario est le même : un jeune, souvent isolé, vulnérable, accepte une mission via Telegram, se retrouve porteur d’un engin piégé, et périt dans une explosion déclenchée à distance. Les familles découvrent trop tard la vérité, les autorités peinent à endiguer le phénomène, et la société ukrainienne s’interroge sur la capacité de Moscou à instrumentaliser la misère et l’innocence de sa jeunesse.

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