L’ukraine frappe massive au cœur de la russie : drones, missiles et chaos dans les états-majors
Auteur: Maxime Marquette
Depuis plusieurs semaines, la guerre en Ukraine a franchi un nouveau seuil. Les frappes massives menées par l’Ukraine sur le territoire russe ne sont plus des coups d’éclat isolés, mais une stratégie assumée, méthodique, qui vise à désorganiser l’appareil militaire de Moscou et à semer la panique dans les états-majors. Drones kamikazes, missiles de précision, incursions terrestres : la frontière n’est plus une ligne de défense, mais un champ de bataille mouvant. Le 3 juillet 2025, un événement marque ce tournant : un haut gradé russe, commandant adjoint de la marine, tombe lors d’une frappe ukrainienne sur un poste de commandement à Korenevo, dans la région de Koursk. Ce n’est pas un simple revers pour la Russie : c’est un symbole, un avertissement, une démonstration de force. L’Ukraine montre qu’elle peut frapper loin, fort, et viser les têtes pensantes du dispositif adverse. Les conséquences ? Un climat d’incertitude, de peur, d’urgence. La guerre, désormais, n’a plus de sanctuaire.
Des frappes de drones et de missiles qui bouleversent l’équilibre

Les attaques ukrainiennes ne se limitent plus aux zones frontalières. Des drones explosifs frappent désormais des villes à plus de 1 000 kilomètres de l’Ukraine, comme Ijevsk, où une usine d’armement a été touchée, causant plusieurs morts et des dizaines de blessés. À Lipetsk, à 400 kilomètres au sud-est de Moscou, des drones ont provoqué la mort d’une civile et blessé deux autres personnes, tandis qu’un incendie s’est déclaré sur le site d’une entreprise industrielle. Les HIMARS, ces lance-roquettes devenus le cauchemar des généraux russes, sont utilisés pour cibler des postes de commandement, des dépôts logistiques, des infrastructures stratégiques. Les bilans sont lourds : des dizaines de morts, des blessés graves, des destructions qui touchent autant le moral que les capacités opérationnelles russes. Pour la première fois depuis le début de la guerre, le sentiment d’insécurité gagne le territoire russe. Les sirènes d’alerte, les évacuations, les ruines, tout rappelle aux Russes que la guerre n’est plus une abstraction lointaine.
Un haut gradé russe tué, la chaîne de commandement ébranlée

La frappe qui a coûté la vie au commandant adjoint de la marine russe, dans la région de Koursk, a un retentissement particulier. Il s’agit d’un des officiers les plus haut placés tombés depuis le début du conflit. Selon les informations officielles russes, l’attaque a visé un poste de commandement de la 155e brigade d’infanterie de marine, tuant également plusieurs autres officiers. Cette unité, déjà éprouvée par des revers répétés en Ukraine, perd ainsi une figure centrale, décorée, respectée dans les cercles militaires. Pour Moscou, c’est un coup dur, un signal d’alerte : personne n’est à l’abri, même loin du front. Pour l’Ukraine, c’est une victoire symbolique, une preuve de sa capacité à frapper les centres de décision, à désorganiser la chaîne de commandement adverse. La guerre d’usure devient une guerre de décapitation, où chaque frappe vise à priver l’ennemi de ses cerveaux, de ses relais, de sa cohésion.
La guerre s’intensifie : drones, himars et pertes stratégiques

Des frappes ciblées, des bilans humains et matériels lourds
Les chiffres donnent le tournis. Depuis l’été 2024, l’Ukraine revendique plus de 63 000 pertes russes dans la région de Koursk, dont plus de 25 000 tués et près de 1 000 capturés. Plus de 5 600 équipements militaires russes auraient été détruits ou endommagés : chars, blindés, dépôts de munitions, systèmes de défense antiaérienne. Les HIMARS, avec leurs munitions de précision, jouent un rôle central : ils permettent de frapper loin derrière les lignes, de détruire des cibles stratégiques, de désorganiser la logistique russe. Les frappes de drones, elles, multiplient les incendies, les explosions, les pertes civiles et militaires. À Ijevsk, une usine de défense aérienne a été touchée, faisant plusieurs morts et des blessés graves. À Lipetsk, ce sont des quartiers résidentiels qui ont été frappés, rappelant que la guerre n’épargne plus personne. Les bilans officiels russes restent souvent flous, mais les images, les témoignages, les évacuations parlent d’eux-mêmes : la Russie encaisse, vacille, doute.
La stratégie ukrainienne : frapper la logistique, désorganiser l’ennemi

Derrière la multiplication des frappes se cache une stratégie précise. L’Ukraine ne cherche pas seulement à infliger des pertes : elle vise la logistique, les centres de commandement, les dépôts, les infrastructures qui permettent à la machine de guerre russe de fonctionner. Les HIMARS, les drones longue portée, les incursions terrestres sont utilisés pour couper les lignes d’approvisionnement, isoler les unités, perturber la rotation des troupes. Les ponts, les gares, les dépôts de carburant, les bases arrière deviennent des cibles prioritaires. Cette stratégie d’attrition vise à user l’ennemi, à l’épuiser, à provoquer des ruptures dans la chaîne de commandement. La mort d’un haut gradé, la destruction d’un dépôt, la coupure d’une voie ferrée ont un impact bien au-delà du champ de bataille : elles sapent le moral, alimentent les doutes, forcent l’adversaire à disperser ses forces. L’Ukraine, en frappant loin, impose un nouveau tempo, une nouvelle grammaire de la guerre.
Des pertes russes inédites, la participation nord-coréenne

La Russie, pour faire face à cette intensification, a fait appel à des renforts venus de Corée du Nord. Selon les renseignements occidentaux, plus de 6 000 soldats nord-coréens auraient déjà été tués dans la région de Koursk, sur un contingent initial de 11 000 hommes. Ces troupes, envoyées pour compenser les pertes russes, subissent une attrition terrible, notamment lors des assauts d’infanterie contre les positions ukrainiennes. Les pertes en matériel sont tout aussi lourdes : chars, blindés, pièces d’artillerie, véhicules de transport détruits par les frappes de précision ukrainiennes. La participation nord-coréenne, en échange d’armes et de technologies, montre à quel point la Russie est contrainte de puiser dans ses alliances pour tenir le front. Mais elle révèle aussi la difficulté à contenir la vague ukrainienne, la vulnérabilité croissante des positions russes, la brutalité d’une guerre qui ne connaît plus de limites.
Le front de koursk : incursion, résistance et incertitude

L’incursion ukrainienne, une première depuis la seconde guerre mondiale
En août 2024, l’Ukraine a lancé une opération inédite : une incursion de grande ampleur dans la région russe de Koursk. C’était la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale que des troupes étrangères pénétraient aussi profondément sur le territoire russe. L’objectif était clair : perturber une offensive russe prévue contre la région de Soumy, soulager la pression sur le Donbass, et montrer que la Russie n’est plus à l’abri. Les forces ukrainiennes, appuyées par des blindés, des chars, des unités d’assaut, ont avancé jusqu’à 14 kilomètres à l’intérieur du territoire russe, capturant des localités, coupant des axes logistiques, semant la panique dans les rangs adverses. Les images de soldats ukrainiens dans des villages russes, de prisonniers capturés, de drapeaux plantés sur des bâtiments officiels ont fait le tour du monde. Pour Moscou, c’était un choc, une humiliation, un défi à relever à tout prix.
La contre-offensive russe, la reconquête et la brutalité

Face à cette percée, la Russie a réagi avec une violence inédite. Renforts massifs, aviation, artillerie, drones : tout a été mobilisé pour repousser les Ukrainiens et reprendre le contrôle des territoires perdus. Au printemps 2025, la quasi-totalité de la région de Koursk est repassée sous contrôle russe, à l’exception d’une poche de 80 km² encore tenue par Kiev. Les combats ont été d’une intensité rare : assauts nocturnes, bombardements massifs, infiltrations, embuscades. Les pertes sont lourdes des deux côtés, les villages détruits, les civils évacués par dizaines de milliers. La Russie, appuyée par des troupes nord-coréennes, a franchi la frontière ukrainienne et tenté de percer vers Soumy, multipliant les attaques d’infanterie, les frappes de drones, les raids aériens. Mais la résistance ukrainienne reste farouche, inventive, imprévisible. Le front de Koursk est devenu un laboratoire de la guerre moderne, un terrain d’expérimentation, un piège pour les deux armées.
Un front mouvant, une guerre sans issue claire

Aujourd’hui, la ligne de front oscille, avance, recule au gré des offensives et des contre-offensives. Les Ukrainiens, bien que repoussés, continuent de mener des raids, de frapper les arrières russes, de harceler les convois, de saboter les ponts, de couper les lignes logistiques. Les Russes, malgré la reconquête, peinent à sécuriser durablement la région, à empêcher les infiltrations, à contrôler la population locale. Les bilans humains et matériels s’alourdissent chaque semaine, les pertes s’accumulent, les ressources s’épuisent. La guerre de Koursk, loin d’être un simple épisode, est devenue un symbole : celui d’une guerre sans fin, sans vainqueur évident, sans solution diplomatique en vue. Les deux camps s’accrochent, innovent, improvisent, mais aucun ne parvient à imposer sa volonté. L’incertitude règne, la peur aussi. Et c’est peut-être là, dans cette incertitude, que se joue l’avenir du conflit.
En observant ce front mouvant, je ressens une forme de lassitude, mais aussi d’admiration. Lassitude devant la répétition des offensives, la brutalité des combats, l’absence de perspective de paix. Admiration devant la résilience, l’inventivité, le courage des soldats, des civils, des commandants qui tiennent, malgré tout, malgré la fatigue, malgré la peur. Je me demande combien de temps cette guerre peut durer, combien de vies elle va encore broyer, combien de frontières elle va encore franchir. Mais je sais aussi que, dans ce chaos, il y a une leçon : la guerre n’est jamais loin, jamais finie, jamais propre. Elle est là, tapie, prête à surgir, à tout emporter. L’Ukraine et la Russie, aujourd’hui, en font l’expérience. Et le monde, lui, regarde, inquiet, impuissant, fasciné.
Une guerre sans sanctuaire, un avenir en suspens

Les frappes massives de drones et de missiles ukrainiens sur le territoire russe, la mort d’un haut gradé, la multiplication des pertes et des destructions marquent un tournant dans la guerre. La frontière n’existe plus : le front est partout, la peur aussi. L’Ukraine, en frappant au cœur de la Russie, montre sa détermination, son audace, sa capacité à innover. La Russie, elle, découvre sa vulnérabilité, sa fragilité, la difficulté à contenir une guerre qui déborde, qui s’étend, qui contamine. Le front de Koursk, avec ses incursions, ses reconquêtes, ses pertes humaines et matérielles, est devenu le symbole d’un conflit sans issue, sans vainqueur, sans paix. L’avenir reste incertain, dangereux, imprévisible. Mais une chose est sûre : la guerre n’est plus un spectacle lointain, une abstraction géopolitique. Elle est là, concrète, brutale, totale. Et chacun, en Ukraine, en Russie, dans le monde, doit désormais vivre avec cette réalité. L’urgence, plus que jamais, est de comprendre, d’anticiper, d’imaginer une sortie. Mais pour l’instant, la guerre continue, sans sanctuaire, sans répit, sans pitié.