Ukraine sacrifiée, iran bombardé : pourquoi l’occident n’ira jamais sauver Kyiv
Auteur: Maxime Marquette
Quand l’ukraine crie à l’aide, l’occident détourne le regard
Depuis 2022, l’Ukraine vit sous le feu, envahie, dépecée, bombardée par la Russie. Des millions de réfugiés, des villes rasées, une économie à genoux. Pourtant, malgré les appels à l’aide, malgré les promesses, malgré l’émotion, l’Occident n’a jamais franchi la ligne rouge : pas de troupes, pas de frappes aériennes, pas d’intervention directe. À l’inverse, quand l’Iran a été visé par des missiles américains et israéliens, la riposte occidentale a été immédiate, massive, assumée. Deux guerres, deux réponses. Pourquoi ? Pourquoi l’Ukraine, pourtant « alliée », n’a-t-elle droit qu’à des armes, des sanctions, des discours ? Pourquoi l’Iran, pourtant honni, subit-il la foudre militaire occidentale ? Ce contraste n’est pas qu’une question de géopolitique : il révèle la hiérarchie cachée des priorités, des peurs, des intérêts. L’urgence, aujourd’hui, c’est de comprendre ce qui distingue vraiment l’Ukraine de l’Iran aux yeux des grandes puissances. Et pourquoi, quoi qu’il arrive, Kyiv restera seule face à Moscou.
La realpolitik, ou l’art de choisir ses guerres

L’Occident aime se raconter qu’il défend la liberté, la démocratie, le droit international. Mais la réalité, c’est la realpolitik : on n’intervient que là où l’on peut gagner vite, sans trop de risques, sans trop de pertes. L’Ukraine, c’est la guerre impossible : une armée russe surarmée, le spectre du nucléaire, la peur d’un engrenage incontrôlable. L’Iran, c’est la cible idéale : isolée, encerclée, incapable de riposter frontalement, sans alliés capables de déclencher l’apocalypse. Les stratèges le savent : on ne bombarde que les faibles, jamais les puissants. L’Ukraine paie le prix de sa géographie, de son histoire, de ses choix. Elle n’est ni dans l’OTAN, ni protégée par un parapluie nucléaire, ni indispensable à l’équilibre mondial. L’Iran, lui, est l’ennemi parfait : diabolisé, surveillé, mais jamais assez dangereux pour faire vraiment peur. Ce double standard n’est pas un accident : c’est la règle du jeu. Et tant que l’Ukraine restera « entre deux mondes », elle n’aura droit qu’à la compassion, jamais à la protection.
Le piège de la dissuasion nucléaire et des alliances

La grande différence, c’est la dissuasion. L’Ukraine, en 1994, a renoncé à son arsenal nucléaire en échange de garanties de sécurité. Résultat : elle se retrouve seule, trahie, envahie, sans moyen de faire peur à Moscou. L’Iran, au contraire, joue sur l’ambiguïté : pas encore la bombe, mais assez de capacités pour inquiéter, pour négocier, pour forcer le respect. Les Occidentaux savent que toute intervention directe contre la Russie risquerait l’escalade nucléaire, la guerre totale, la fin du monde tel qu’on le connaît. Contre l’Iran, le risque est limité : pas d’arsenal stratégique, pas d’alliance militaire avec une superpuissance, pas de capacité à frapper l’Europe ou les États-Unis. C’est la leçon cruelle de la guerre froide : seuls les pays capables de détruire la planète sont vraiment protégés. Les autres, comme l’Ukraine, sont condamnés à supplier, à espérer, à survivre. La morale, la justice, le droit ? Des mots, rien de plus.
Je dois l’avouer, ce constat me met mal à l’aise. J’ai grandi avec l’idée que l’Occident défendait des valeurs, qu’il y avait des lignes rouges, des principes, des solidarités. Mais la réalité, c’est la peur, le calcul, la prudence. L’Ukraine, malgré son courage, malgré son sacrifice, n’a jamais été considérée comme « notre » guerre. On l’aide, oui, mais à distance, sans prendre de risques, sans s’engager vraiment. L’Iran, au contraire, cristallise toutes les peurs, toutes les haines, toutes les volontés de puissance. Je me demande si nous sommes encore capables de voir la réalité en face, d’assumer nos choix, de reconnaître nos lâchetés. Ou si nous préférons continuer à nous raconter des histoires, à croire que la justice triomphe toujours, que les bons gagnent à la fin. Ce qui se joue ici, c’est la crédibilité de l’Occident, sa capacité à regarder le monde tel qu’il est, pas tel qu’il voudrait qu’il soit.
Les raisons cachées d’un double standard occidental

L’ukraine, otage de la peur de l’escalade
La première raison, c’est la peur de l’escalade. La Russie, puissance nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité, a fait savoir dès le début de la guerre que toute intervention occidentale directe serait considérée comme un acte de guerre, avec la menace explicite d’utiliser l’arme atomique. Les stratèges occidentaux ont vite compris : pas question de risquer une troisième guerre mondiale pour Kyiv. Les livraisons d’armes, les sanctions, le soutien diplomatique, oui. Mais pas de troupes, pas de frappes, pas de zone d’exclusion aérienne. L’Ukraine, malgré son statut de « partenaire », reste en dehors du cercle magique de l’OTAN. Les traités sont clairs : l’article 5 ne s’applique qu’aux membres. Résultat : la Russie peut bombarder, annexer, déporter, sans craindre de riposte directe. L’Occident, tétanisé par la peur de l’apocalypse, préfère la prudence à l’audace. L’Ukraine paie le prix de cette prudence, chaque jour, chaque nuit, chaque missile.
L’iran, cible idéale d’une intervention limitée

L’Iran, à l’inverse, n’a pas ce pouvoir de dissuasion. Isolé, encerclé, affaibli par des années de sanctions, il n’a ni allié stratégique, ni arsenal nucléaire opérationnel, ni capacité à frapper l’Europe ou les États-Unis. Quand Israël ou Washington décident de frapper, ils savent que la riposte sera limitée, contenue, gérable. Les frappes sur les sites nucléaires iraniens, les assassinats ciblés, les cyberattaques, tout cela se fait sans crainte d’une escalade incontrôlable. L’Iran peut menacer, riposter par des missiles, activer ses milices, mais il ne peut pas déclencher la fin du monde. C’est la différence fondamentale : l’Occident n’intervient que là où il peut gagner vite, sans trop de risques, sans trop de pertes. L’Ukraine, trop proche de la Russie, trop risquée, trop explosive, ne sera jamais ce terrain d’intervention. L’Iran, au contraire, reste la cible idéale, le « méchant » parfait, celui qu’on peut frapper sans craindre l’apocalypse.
Le poids des alliances et des intérêts stratégiques

L’autre grande différence, c’est le jeu des alliances. L’Ukraine, malgré ses efforts, n’a jamais réussi à intégrer l’OTAN, ni à obtenir des garanties de sécurité comparables à celles des pays baltes ou de la Pologne. Les Européens, divisés, prudents, ont toujours hésité à s’engager trop loin, trop vite. Les Américains, eux, ont fait de l’Asie et du Moyen-Orient leurs priorités stratégiques. L’Iran, au contraire, est au cœur de toutes les obsessions : menace nucléaire, soutien au terrorisme, rivalité avec Israël, contrôle des routes du pétrole. Les Occidentaux, quand ils frappent l’Iran, le font pour défendre des intérêts vitaux : la sécurité d’Israël, la stabilité du Golfe, la crédibilité de la dissuasion. L’Ukraine, malgré son importance symbolique, reste périphérique dans ce jeu d’alliances. Elle n’est ni un pivot énergétique, ni un allié historique, ni un enjeu existentiel pour Washington ou Bruxelles. C’est la dure loi de la géopolitique : seuls les intérêts comptent, pas les principes.
En réfléchissant à ces différences, je ressens une forme de colère froide. Colère contre l’hypocrisie, contre le double langage, contre la facilité avec laquelle on sacrifie les uns pour protéger les autres. Je me demande si l’Ukraine aurait pu faire autrement, si elle aurait dû garder ses armes nucléaires, si elle aurait dû choisir d’autres alliés, d’autres stratégies. Mais je sais aussi que le monde n’est pas juste, que la force prime sur le droit, que la prudence l’emporte toujours sur le courage. L’Ukraine, aujourd’hui, est le miroir de nos renoncements, de nos peurs, de nos limites. L’Iran, lui, est le révélateur de nos obsessions, de nos priorités, de nos contradictions. Ce double standard n’est pas un accident : c’est la règle du jeu. Et il faudra bien, un jour, l’assumer.
Les conséquences d’un abandon programmé

Une guerre sans fin, une paix impossible
Le refus d’intervenir directement en Ukraine a des conséquences dramatiques. La guerre s’enlise, les pertes s’accumulent, la fatigue gagne. La Russie, malgré les sanctions, continue d’avancer, de bombarder, de détruire. L’Ukraine, épuisée, dépendante de l’aide occidentale, voit son territoire grignoté, sa population décimée, son avenir compromis. Les négociations, quand elles existent, sont biaisées, déséquilibrées, dictées par la force. La paix, dans ces conditions, est un mirage : ni la Russie ni l’Ukraine n’ont les moyens de l’imposer, ni l’Occident la volonté de la garantir. Le risque, c’est une guerre sans fin, une succession de trêves, de reprises, de drames. L’Ukraine, sacrifiée sur l’autel de la prudence, devient un no man’s land, un champ de ruines, un avertissement pour tous ceux qui croient encore aux promesses de l’Occident.
La crédibilité occidentale en lambeaux

L’abandon de l’Ukraine a un coût immense pour la crédibilité de l’Occident. Les alliés, les partenaires, les pays en quête de protection regardent, analysent, tirent les leçons. Si l’Occident n’est pas capable de défendre l’Ukraine, qui croira encore à ses garanties, à ses traités, à ses promesses ? Les adversaires, eux, jubilent : la Russie, la Chine, l’Iran, la Corée du Nord voient dans cette prudence un feu vert pour leurs propres ambitions. La dissuasion, la solidarité, la force du droit international sont affaiblies, contestées, ridiculisées. L’Occident, en refusant d’assumer ses responsabilités, ouvre la porte à un monde plus dangereux, plus instable, plus cynique. L’Ukraine, malgré son courage, devient le symbole d’une époque où la prudence l’emporte sur la justice, où la peur dicte la politique, où la force écrase le droit.
Le précédent ukrainien, une leçon pour les faibles

Le sort de l’Ukraine est un avertissement pour tous les pays qui comptent sur l’Occident pour leur sécurité. La leçon est cruelle : seuls les forts, les puissants, les détenteurs de l’arme nucléaire sont vraiment protégés. Les autres, comme l’Ukraine, sont condamnés à supplier, à négocier, à survivre. L’Iran, la Corée du Nord, la Chine, tous observent, tous adaptent leurs stratégies. La prolifération nucléaire, la course aux armements, la défiance envers les alliances sont relancées. L’Occident, en refusant d’intervenir, en acceptant la défaite de l’Ukraine, prépare les guerres de demain. La morale, la justice, la solidarité deviennent des mots vides, des slogans pour les naïfs. Le monde, lui, avance, s’endurcit, se prépare à de nouveaux affrontements. L’Ukraine, sacrifiée, n’est que la première victime d’un ordre international en décomposition.
En voyant ce scénario se dérouler, je ressens une forme de tristesse, mais aussi de lucidité. Tristesse devant la souffrance, la solitude, l’abandon d’un peuple qui croyait à la solidarité, à la justice, à la protection. Lucidité devant la brutalité du monde, la force des intérêts, la faiblesse des principes. Je me demande si nous sommes prêts à assumer les conséquences de nos choix, à regarder en face la réalité de la puissance, de la peur, de la prudence. Ou si nous préférons continuer à croire aux contes de fées, à la magie des alliances, à la force du droit. L’Ukraine, aujourd’hui, est le miroir de nos illusions perdues. L’Iran, demain, sera peut-être celui de nos désillusions à venir.
Conclusion – L’occident face à ses choix, l’ukraine face à son destin

Le prix du double standard, l’avenir en suspens
L’adoption d’un double standard entre l’Ukraine et l’Iran n’est pas un accident, ni une simple erreur de jugement. C’est le reflet d’une époque, d’une hiérarchie des peurs, des intérêts, des priorités. L’Ukraine, malgré son courage, malgré son sacrifice, restera seule, parce qu’elle n’est ni assez forte, ni assez stratégique, ni assez dangereuse pour forcer l’Occident à intervenir. L’Iran, au contraire, cristallise toutes les obsessions, toutes les volontés de puissance, toutes les peurs existentielles. Ce contraste, brutal, injuste, cruel, est la règle du jeu. L’Occident, en refusant d’assumer ses responsabilités, en sacrifiant l’Ukraine, prépare un monde plus instable, plus dangereux, plus cynique. La morale, la justice, la solidarité ne sont plus que des mots. L’avenir, lui, reste en suspens. À chacun, élu ou citoyen, de prendre sa part de responsabilité, de refuser l’indifférence, de croire encore à la possibilité du changement. L’Ukraine, aujourd’hui, est le miroir de nos choix. L’histoire, elle, ne s’arrête jamais. Mais elle n’attend personne.