
Le 9 juillet 2025, la Cour européenne des droits de l’Homme a frappé fort : la Russie est officiellement condamnée pour une série de violations des droits humains d’une ampleur inédite. Exécutions de civils, actes de torture, disparitions forcées, déportations d’enfants, attaques aveugles sur des hôpitaux : la liste s’allonge, s’épaissit, s’enfonce dans la chair de l’Europe. Ce n’est plus une simple affaire de diplomatie ou de géopolitique, c’est un cri, une déchirure, une urgence. Les faits sont là, bruts, implacables, et le monde regarde, parfois médusé, parfois résigné, mais toujours concerné. Comment raconter, sans tomber dans la facilité, l’horreur froide d’une guerre sale ? Comment donner chair à ces chiffres, à ces témoignages, à ces vies broyées ? Aujourd’hui, je m’y essaie, sans fard, sans filtre, en brisant les codes, pour que le choc ne soit pas qu’un mot, mais une réalité qui s’impose, qui dérange, qui oblige à penser autrement.
Le verdict européen : une condamnation sans appel

Une sentence historique
La CEDH n’a pas tremblé. Ce mercredi, le président de la Cour, Mattias Guyomar, a détaillé pendant plus de quarante minutes la longue liste des crimes reprochés à la Russie. Exécutions de civils et de militaires hors de combat, actes de torture systématiques, déplacements forcés, destructions massives, pillages, expropriations, entraves aux corridors humanitaires, déportation d’enfants. La Russie n’est plus seulement accusée : elle est reconnue coupable, au grand jour, devant l’histoire et la communauté internationale. Ce n’est pas un simple blâme, c’est une condamnation qui engage, qui oblige, qui expose. La Russie, absente à l’audience, persiste dans le déni, mais le jugement est là, gravé, irréversible.
Des faits vérifiés, des vies brisées
Les preuves sont accablantes. Depuis 2014, et surtout depuis l’invasion à grande échelle de février 2022, les forces russes ont mené une campagne de terreur sur les territoires ukrainiens occupés. Civils exécutés sommairement, prisonniers de guerre abattus alors qu’ils tentaient de se rendre, enfants arrachés à leurs familles et transférés vers la Russie, hôpitaux et écoles bombardés, infrastructures vitales détruites. Les chiffres donnent le vertige : plus de 12 000 civils tués, près de 27 000 blessés, 6,7 millions de réfugiés, des dizaines de milliers de disparus. Chaque statistique cache une histoire, un nom, un visage, une douleur. L’ampleur du désastre dépasse l’entendement, mais il faut la regarder en face, sans détour, sans anesthésie.
La torture, arme de domination
La torture n’est pas un accident, un dérapage, une bavure. C’est une méthode, une politique, un système. Les témoignages affluent, glaçants, précis : prisonniers battus, électrocutés, privés de soins, laissés à l’agonie, parfois jusqu’à la mort. Les anciens détenus racontent les coups, les humiliations, la faim, la peur, la solitude. Les familles attendent, espèrent, puis reçoivent un corps, un message laconique, ou rien du tout. Les disparitions forcées deviennent la norme, le silence une arme supplémentaire. La torture n’est pas seulement physique : elle est psychologique, sociale, elle vise à briser, à effacer, à nier l’humanité de l’autre. Et cela, la CEDH le dit, le nomme, le condamne.
La mécanique de la terreur : exécutions, disparitions, déportations

Exécutions de civils : la terreur comme stratégie
Dans les zones occupées, la mort rôde, imprévisible, arbitraire. Les forces russes, selon les rapports de l’ONU et de Human Rights Watch, ont exécuté sommairement au moins 15 soldats ukrainiens qui tentaient de se rendre, et peut-être six autres, entre décembre 2023 et février 2024. Mais les civils ne sont pas épargnés : des dizaines, des centaines, abattus dans la rue, chez eux, dans les files d’attente pour du pain, dans les abris. Les attaques à l’arme explosive sur des quartiers résidentiels font des ravages : en juillet 2024, 219 civils tués, plus de 1 000 blessés, des enfants, des femmes, des vieillards. La mort frappe au hasard, mais elle vise toujours à terroriser, à soumettre, à vider les villes de leurs habitants.
Disparitions forcées : l’effacement programmé
Près de 55 000 Ukrainiens sont portés disparus, dont 16 000 civils, depuis le début de la guerre. Les disparitions forcées ne sont pas un épiphénomène : elles sont organisées, planifiées, systématiques. Arrestations arbitraires, détentions au secret, transferts illégaux vers la Russie ou vers des centres de détention inconnus. Les familles cherchent, supplient, écrivent, appellent, souvent en vain. Le silence tue autant que la violence. Les disparus n’ont pas de tombe, pas de deuil, pas de reconnaissance. Ils flottent dans une zone grise, entre la vie et la mort, entre la mémoire et l’oubli. La Russie nie, ment, efface les traces, mais les preuves s’accumulent, inéluctables.
Déportations d’enfants : l’innocence sacrifiée
Parmi les crimes les plus insoutenables, la déportation d’enfants occupe une place à part. Des milliers d’enfants ukrainiens ont été arrachés à leurs familles, transférés vers la Russie ou vers des territoires sous contrôle russe, parfois adoptés de force, parfois rééduqués, parfois simplement disparus. La CEDH exige la création d’un mécanisme international pour les identifier, les retrouver, les rapatrier. Mais le mal est fait : des enfances brisées, des liens coupés, des identités effacées. L’enfance devient un champ de bataille, un enjeu de propagande, une monnaie d’échange. L’innocence n’est plus un rempart, elle devient une cible.
La torture : un système, pas une exception

Centres de détention : l’enfer sur terre
Les témoignages convergent, les rapports s’accumulent : les centres de détention russes, en Ukraine occupée comme sur le territoire russe, sont des lieux de souffrance extrême. Électrocutions, passages à tabac, privation de soins, humiliations, violences sexuelles : la liste des sévices est interminable. Les anciens prisonniers parlent d’« enfer sur terre », de « chambres de la mort », de « camps de l’oubli ». La mort rôde, lente, insidieuse, parfois brutale. Les corps sont marqués, les esprits brisés. La torture n’est pas un accident, c’est une politique, une arme de guerre, un outil de domination.
Disparitions et morts en détention
Au moins 29 civils sont morts en détention, selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Mais le chiffre réel est sans doute bien plus élevé. Les familles reçoivent parfois un corps, souvent mutilé, parfois une simple notification, souvent rien. Les causes de la mort sont floues, les enquêtes inexistantes, les responsabilités diluées. Les morts en détention sont la face cachée de la guerre, la part d’ombre que la Russie s’efforce de masquer, mais que les organisations internationales s’acharnent à documenter, à dénoncer, à rendre visible.
La torture comme politique d’État
En mars 2025, une enquête des Nations unies a conclu que la torture et les disparitions forcées pratiquées par les autorités russes constituent un crime contre l’humanité, une « attaque généralisée et systématique contre la population civile, menée dans le cadre d’une politique d’État coordonnée ». Ce n’est plus seulement une question de responsabilité individuelle, c’est une organisation, une chaîne de commandement, une volonté politique. Les témoignages de victimes, les analyses médico-légales, les enquêtes indépendantes convergent : la torture est planifiée, encouragée, couverte, impunie. La Russie nie, mais les faits parlent, crient, accusent.
La guerre sale : destruction, pillages, expropriations

Destruction des infrastructures civiles
La guerre menée par la Russie ne se limite pas aux combats : elle vise à détruire, à anéantir, à effacer. Les attaques contre les infrastructures civiles sont massives, systématiques, délibérées. Réseaux électriques, hôpitaux, écoles, sites culturels : rien n’est épargné. Les frappes du 8 juillet 2024 sur Kiev ont tué au moins 43 civils, dont cinq enfants, et blessé 190 personnes. L’hôpital pour enfants Okhmatdyt, le plus grand du pays, a été touché, neuf patients et personnels de santé tués, seize blessés, dont des enfants. Les conséquences sont immenses : coupures d’électricité, pénuries d’eau, interruption des soins, scolarité brisée. La guerre sale, c’est aussi cela : la destruction du tissu social, la négation de la vie quotidienne, la violence faite à l’avenir.
Pillages et expropriations
Les pillages et expropriations sont monnaie courante dans les zones occupées. Maisons réquisitionnées, biens confisqués, entreprises spoliées, œuvres d’art volées. Les habitants fuient, laissent tout derrière eux, parfois sous la menace, parfois dans la panique. Les autorités russes installent de nouvelles administrations, changent les lois, imposent leur ordre. Les pertes sont immenses, matérielles, mais aussi symboliques : la dépossession, l’exil, la perte d’ancrage, la rupture des liens. Le pillage n’est pas seulement économique : il est culturel, identitaire, existentiel.
La guerre contre la mémoire
Détruire, piller, exproprier, ce n’est pas seulement priver, c’est aussi effacer, réécrire, imposer une nouvelle histoire. Les monuments sont déboulonnés, les archives détruites, les noms de rues changés, les livres interdits. La guerre sale, c’est aussi une guerre contre la mémoire, contre l’identité, contre la possibilité même de se souvenir, de transmettre, de résister. Les Ukrainiens se battent pour leur terre, mais aussi pour leur passé, leur langue, leur culture. La Russie veut imposer l’oubli, mais la résistance s’organise, têtue, inventive, indomptable.
La résistance ukrainienne : entre survie et témoignage

La fuite, l’exil, la survie
Face à la violence, des millions d’Ukrainiens ont fui, cherché refuge à l’étranger ou dans d’autres régions du pays. L’exil est une épreuve, une rupture, une blessure. Mais c’est aussi une forme de résistance, un refus de céder, de disparaître, de se soumettre. Les réfugiés s’organisent, s’entraident, témoignent, reconstruisent des communautés, inventent de nouvelles solidarités. La fuite n’est pas une défaite : c’est une stratégie, une nécessité, une affirmation de la vie contre la mort.
Le témoignage comme arme
Face au silence, à la désinformation, à la propagande, le témoignage devient une arme. Les rescapés racontent, filment, écrivent, dénoncent. Les ONG collectent les preuves, les journalistes enquêtent, les familles cherchent, les enfants dessinent. Chaque histoire, chaque image, chaque mot compte. Le témoignage brise le silence, fissure le mensonge, oblige à regarder, à comprendre, à réagir. La résistance, c’est aussi cela : dire, redire, répéter, jusqu’à ce que plus personne ne puisse ignorer.
La justice, horizon incertain
La condamnation de la Russie par la CEDH est un pas, un signal, une victoire symbolique. Mais la justice reste un horizon lointain, fragile, incertain. Les crimes sont documentés, les preuves accumulées, mais l’impunité règne encore. Les responsables sont connus, mais rarement inquiétés. Les victimes attendent, espèrent, doutent. La justice internationale avance, lentement, laborieusement, mais elle avance. Peut-être qu’un jour, les bourreaux seront jugés, les victimes reconnues, la vérité établie. Peut-être.
Conclusion : Ce qui reste, ce qui doit rester

La condamnation de la Russie pour violations des droits humains n’est pas une fin, ce n’est même pas un commencement. C’est un instant, un arrêt sur image, un sursaut de conscience. La guerre sale continue, les victimes s’accumulent, les bourreaux prospèrent. Mais il y a, au cœur de la nuit, des voix qui se lèvent, des mots qui résistent, des mémoires qui refusent de mourir. Ce qui reste, ce qui doit rester, c’est la capacité de s’indigner, de raconter, de transmettre, de ne pas céder à l’habitude, à la résignation, au cynisme. Ce qui doit rester, c’est la volonté de regarder l’horreur en face, de la nommer, de la combattre, même quand tout semble perdu. Parce qu’au bout du compte, la guerre sale ne gagnera que si nous cessons de voir, de dire, de croire. Et ça, je refuse. Encore et toujours.