Guerre totale : la Russie frappe femmes et enfants, l’Ukraine riposte au cœur de la Sibérie
Auteur: Maxime Marquette
12 juillet 2025. L’air est lourd, saturé de peur, de colère, de résignation. Les abris de Kharkiv résonnent des cris d’enfants, des pleurs de femmes, des sirènes qui ne s’arrêtent plus. La Russie intensifie ses frappes : maternités éventrées, parcs transformés en cimetières, quartiers entiers soufflés par les bombes. Les chiffres s’accumulent, froids, implacables : des centaines de civils blessés, des dizaines de morts, dont des enfants, des nourrissons, des mères. Pendant ce temps, loin du front, la riposte ukrainienne s’organise, s’affine, se radicalise. Des drones traversent des milliers de kilomètres, frappent en plein cœur de la Sibérie, font exploser des pipelines stratégiques, paralysent des aéroports militaires russes. Deux guerres, deux logiques, deux mondes qui s’affrontent sans merci. Ce qui se joue ici dépasse le simple affrontement militaire : c’est la guerre des nerfs, la guerre des images, la guerre de la survie. J’ai voulu m’en approcher, la regarder en face, sans détour, sans faux-semblant. Dire l’indicible, nommer la douleur, comprendre la mécanique implacable de la violence.
La Russie cible les civils : la terreur comme stratégie

Maternités bombardées, parcs ensanglantés
Il est 3h du matin à Kharkiv quand une roquette russe s’abat sur une maternité. Les murs tremblent, le souffle arrache les fenêtres, les néons s’éteignent. Dans les couloirs, des mères hurlent, serrent leurs bébés contre elles, cherchent une issue. Neuf blessés, dont plusieurs femmes, certaines à peine sorties du bloc opératoire. Les médecins improvisent, opèrent à la lueur des lampes frontales. Quelques jours plus tôt, à Kryvyï Rih, un missile explose au-dessus d’un parc. Dix-huit morts, dont neuf enfants. Des enfants qui jouaient, riaient, couraient, fauchés en plein vol, pulvérisés par la guerre. Les images circulent, insupportables. Les peluches, les poussettes, les flaques de sang. La Russie nie, parle de « cibles militaires », mais la réalité est là, brute, indiscutable : la terreur est devenue une arme, un message, une signature.
Des chiffres qui glacent, des vies brisées
Depuis janvier, plus de 23 000 frappes aériennes russes ont touché l’Ukraine. Le bilan humain est vertigineux : 6 700 victimes civiles recensées en six mois, une hausse de 53 % par rapport à l’an dernier. Les enfants paient le prix fort : 669 tués, 1 833 blessés depuis le début de l’invasion, selon les Nations Unies. Des chiffres, oui, mais derrière chaque unité, une histoire, une famille, un vide. Les écoles ferment, les hôpitaux se déplacent sous terre, les marchés deviennent des cibles. Les nuits sont longues, peuplées de cauchemars, de sirènes, de courses vers les abris. Les femmes, les enfants, les personnes âgées, tous pris au piège, tous vulnérables, tous menacés. La guerre ne distingue plus, elle broie, elle écrase, elle consume.
La communauté internationale face à l’indicible
Les ONG, les agences de l’ONU, les défenseurs des droits humains dénoncent, alertent, documentent. Les rapports s’accumulent, les témoignages affluent. Le Haut-Commissaire des Nations Unies parle de « souffrances inimaginables », de « violations massives » des droits des enfants, des femmes, des civils. Les lois de la guerre, bafouées, piétinées. Les attaques contre les civils, interdites, se banalisent. Les condamnations pleuvent, mais les bombes continuent de tomber. L’indignation, réelle, sincère, se heurte à la realpolitik, à la lassitude, à l’impuissance. Le monde regarde, parfois s’émeut, rarement agit. L’Ukraine, elle, encaisse, résiste, mais s’épuise.
L’Ukraine frappe loin : pipelines en feu, aéroports paralysés

Explosion d’un pipeline en Sibérie : la guerre de l’énergie
La riposte ukrainienne ne se limite plus au front. Le 11 juillet, une explosion secoue Langepas, en Sibérie occidentale. Un pipeline stratégique, qui alimente les usines militaires russes de Chelyabinsk, Orenburg et Sverdlovsk, est détruit par une opération spéciale ukrainienne. La déflagration provoque un incendie géant, visible à des kilomètres. Les pertes immédiates sont estimées à 1,3 million de dollars, mais le vrai coût est ailleurs : un mois de réparation, 25 millions de mètres cubes de gaz perdus, 76 millions de dollars de manque à gagner pour l’industrie de défense russe. L’attaque, audacieuse, marque un tournant : l’Ukraine frappe désormais au cœur de la machine de guerre ennemie, à 3 000 kilomètres du front. Le message est clair : nulle part n’est à l’abri.
Opération « Toile d’araignée » : les bases aériennes russes sous le feu
Le 1er juin, l’Ukraine lance une opération coordonnée de grande ampleur contre les aérodromes militaires russes. Cinq régions touchées, de Mourmansk à Irkoutsk, jusqu’à 4 300 kilomètres de l’Ukraine. Quarante et un avions détruits, selon les services ukrainiens : des bombardiers stratégiques, des chasseurs, des appareils utilisés pour bombarder les villes ukrainiennes. Les Russes confirment : plusieurs avions « ont pris feu », des incendies ont éclaté sur les bases de Belaïa, Olenya, Dyagilevo, Ivanovo. Les drones, pilotés à distance, transportés en secret, frappent vite, fort, loin. L’aviation russe, pilier de la stratégie de terreur, vacille. Les pertes sont lourdes, l’humiliation, cuisante.
Perturbations massives dans les aéroports russes
Les conséquences des attaques ukrainiennes ne se limitent pas aux bases militaires. Les aéroports civils de Moscou, Saint-Pétersbourg, et d’autres grandes villes russes sont paralysés : vols annulés, retards en cascade, passagers bloqués. Les défenses aériennes russes abattent des centaines de drones, mais certains passent, frappent, semant la panique, la confusion. Les images de foules massées dans les halls, de valises abandonnées, de panneaux d’affichage saturés de « retardé » ou « annulé » font le tour des réseaux sociaux. La guerre, soudain, entre dans le quotidien des Russes, loin du front, loin de la propagande. L’Ukraine montre qu’elle peut frapper partout, à tout moment, et que la sécurité n’existe plus nulle part.
La logique de la terreur : briser l’autre, tenir coûte que coûte

La Russie et la stratégie de l’épuisement
Moscou ne cherche plus seulement à conquérir du territoire. L’objectif, aujourd’hui, c’est d’épuiser l’Ukraine, de briser la résistance, de semer la peur. Les frappes ciblent les infrastructures, les réseaux électriques, les hôpitaux, les écoles. La vie quotidienne devient un champ de mines, une suite d’épreuves, de privations, de deuils. Les civils, pris en étau, oscillent entre la rage et la lassitude. Les files d’attente devant les abris, les coupures d’électricité, les pénuries de médicaments, tout cela use, fragilise, désespère. Mais l’Ukraine tient, s’adapte, invente, résiste. La société civile s’organise, les réseaux de solidarité se multiplient, la résilience devient une seconde nature.
La guerre psychologique, arme invisible
Au-delà des bombes, c’est la peur qui tue. Les alertes, les fausses informations, les menaces de frappes nucléaires, tout concourt à maintenir la population sous tension. Les réseaux sociaux, saturés d’images de destruction, de témoignages de survivants, d’appels à l’aide, amplifient le sentiment d’insécurité. Les enfants grandissent dans l’angoisse, les adultes vivent dans l’incertitude. La guerre psychologique est partout, insidieuse, dévastatrice. Mais elle se heurte aussi à une forme de résistance : l’humour noir, la solidarité, la volonté de vivre malgré tout. L’Ukraine refuse de céder à la terreur, même si le prix à payer est exorbitant.
L’Ukraine, la riposte asymétrique
Privée de certains armements occidentaux, l’Ukraine mise sur l’innovation, la ruse, l’agilité. Les drones, les sabotages, les frappes ciblées sur les infrastructures russes, tout est bon pour affaiblir l’ennemi, pour le forcer à disperser ses forces, à douter, à reculer. Les succès sont là : pipelines en feu, bases aériennes endommagées, chaos dans les transports russes. Mais la disproportion reste immense, la pression constante, l’épuisement palpable. L’Ukraine joue sa survie, chaque jour, chaque nuit, chaque minute. La guerre est devenue un jeu d’échecs sanglant, où chaque coup compte, où chaque erreur se paie cash.
Les conséquences humaines et économiques : un pays à bout de souffle

Un exode sans fin, des familles éclatées
La guerre a jeté sur les routes plus de 10 millions d’Ukrainiens. Des familles séparées, des villages vidés, des villes fantômes. Les femmes et les enfants fuient vers l’ouest, vers l’Europe, vers l’inconnu. Les hommes restent, se battent, espèrent un retour. Les camps de réfugiés débordent, les aides humanitaires peinent à suivre. La précarité s’installe, la pauvreté gagne du terrain, la fatigue est partout. Les enfants grandissent trop vite, les anciens meurent dans l’oubli, les jeunes rêvent d’ailleurs. L’Ukraine se vide, lentement, douloureusement, mais elle résiste, elle s’accroche, elle espère un retour, un jour, quand la paix reviendra.
L’économie ukrainienne sous perfusion
Malgré la guerre, l’économie ukrainienne tient, vaille que vaille. 3 % de croissance en 2024, mais les perspectives pour 2025 sont sombres : inflation galopante, monnaie dépréciée, investissements en fuite. Les infrastructures sont détruites, les réseaux énergétiques fragilisés, les exportations entravées par les frappes russes sur les ports, les routes, les voies ferrées. La reconstruction attendra, la survie prime. L’économie tourne au ralenti, dépendante de l’aide extérieure, des dons, des prêts. Les plans existent, les projets sont prêts, mais personne ne sait quand ils pourront commencer.
Le coût humain, la douleur invisible
Derrière chaque statistique, il y a une histoire : un enfant amputé, une mère endeuillée, un père disparu. Les traumatismes s’accumulent, les blessures ne se referment pas. Les psychologues, les travailleurs sociaux, les bénévoles tentent de réparer, de consoler, de reconstruire. Mais la tâche est immense, interminable. Les ONG alertent sur la montée des troubles psychiques, des dépressions, des suicides. La guerre ne tue pas seulement les corps, elle détruit les âmes, elle brise les liens, elle sape la confiance. L’Ukraine survivra, oui, mais à quel prix ? Personne ne le sait, personne ne veut y penser.
Escalade, représailles, incertitude : vers quel avenir ?

La spirale de la violence, l’escalade sans fin
Chaque attaque appelle une riposte, chaque riposte engendre une nouvelle attaque. La logique de la guerre s’impose, implacable, déshumanisante. La Russie frappe les civils, l’Ukraine cible les infrastructures stratégiques. Les frontières s’effacent, les règles s’estompent, la violence devient la norme. Les analystes redoutent une escalade incontrôlable : frappes nucléaires tactiques, intervention de nouveaux acteurs, extension du conflit. Les diplomates s’agitent, les sommets se multiplient, mais la confiance est brisée. Le spectre d’une guerre totale, d’une conflagration régionale, plane, menaçant, sur l’Europe, sur le monde.
L’usure des alliés, la tentation du repli
L’Ukraine ne peut pas tenir seule. Les aides occidentales, vitales, arrivent au compte-gouttes, se réduisent, se conditionnent. Les opinions publiques doutent, les budgets explosent, les élections approchent. Certains alliés redoublent d’efforts, d’autres temporisent, freinent, négocient. La lassitude s’installe, la peur de l’escalade grandit. L’Ukraine multiplie les appels, les gestes de bonne volonté, mais l’incertitude domine. La solidarité, si forte en 2022, vacille sous le poids du temps, de la lassitude, de la peur. L’Ukraine se retrouve de plus en plus seule, de plus en plus vulnérable.
L’espoir d’un sursaut, la possibilité d’une paix
Rien n’est écrit. Un sursaut est possible : une aide massive, un engagement renouvelé, une prise de conscience internationale. Les alliés pourraient décider de revenir, de frapper fort, de soutenir sans réserve. L’Ukraine, alors, pourrait tenir, reprendre l’initiative, inverser la tendance. Les exemples du passé existent, les surprises aussi. L’histoire n’est jamais linéaire, jamais prévisible. Tout peut basculer, dans un sens ou dans l’autre. L’espoir, ténu, fragile, existe encore. Mais il faudra du courage, de la lucidité, de la volonté. Et surtout, il faudra la paix. Et ça, personne ne sait quand elle viendra.
Conclusion : L’urgence de dire, l’urgence d’espérer

La guerre en Ukraine a changé de visage. La Russie frappe femmes et enfants, l’Ukraine riposte au cœur de la Sibérie, paralyse les aéroports militaires, fait exploser les pipelines stratégiques. Les civils paient le prix fort, les infrastructures s’effondrent, les certitudes vacillent. L’avenir est incertain, dangereux, mais il n’est pas écrit. Il dépend de chacun, de chaque geste, de chaque mot. Tenir, dire, espérer : c’est tout ce qu’il reste, mais c’est déjà immense. L’histoire continue, la lutte aussi. Rien n’est fini, rien n’est perdu, tant que l’espoir survit, tant qu’une voix s’élève, tant qu’un peuple refuse de plier. L’Ukraine, aujourd’hui, c’est ça : une leçon de courage, un cri de vie, une lumière dans la nuit.
En refermant ces lignes, je sens la gravité du moment, mais aussi la force de l’engagement. Je ne sais pas ce que l’avenir réserve à l’Ukraine, à l’Europe, au monde. Mais je sais que chaque mot compte, chaque témoignage pèse. C’est un devoir, une nécessité, une urgence. Dire, encore et encore, pour ne pas oublier, pour ne pas céder, pour continuer à espérer. Parce que, au fond, tant qu’on espère, rien n’est vraiment perdu.