
Ce matin encore, Damas peine à se réveiller. Les rues sont recouvertes d’une fine pellicule de poussière noire, le vrombissement sourd des explosions d’hier nuit résonne dans les tympans. L’urgence, c’est cette lutte invisible entre la vie, suspendue à chaque sirène, et la mort, si proche, si bruyante sous le soleil brisé de la capitale syrienne. Depuis trois jours, l’armée israélienne martèle la Syrie, ciblant sans relâche ce qui reste des places fortes du pouvoir militaire syrien. Il ne s’agit plus d’une frappe isolée, ni d’un “avertissement”. Non. Un cyclone s’abat, méthodiquement, sur chaque objectif militaire identifié. Israël, par la voix ferme et brutale de ses chefs, promet de continuer : tant qu’il restera une menace, tant qu’il y aura un seul système d’armes syrien à détruire, la foudre tombera. Les promesses sont devenues obus.
Une doctrine de terreur : Israël assume frapper sans limite

Les nouveaux maîtres du ciel syrien
Au fil des heures, la domination aérienne israélienne n’est plus contestée. Chasses, drones, missiles guidés : les moyens technologiques modernes transforment la Syrie en terrain d’essais grandeur nature, parfois sans écho, sans parole pour répondre, juste le grésillement de la radio militaire et la détresse multipliée sur tous les canaux. L’armée syrienne, autrefois redoutée, apparaît maintenant démembrée, désemparée, impuissante face à la technologie occidentale déchaînée. Les analystes parlent déjà d’une “zone morte” de défense : chaque radar allumé, chaque blindé déplacé devient cible, quelques secondes seulement avant d’être pulvérisé.
Damas dévastée : tirs sur les ministères, chaos dans la capitale
Le quartier général des forces armées syriennes, orgueil architectural et reforgée de symboles, a été éventré en plein jour. Des déflagrations si puissantes que les caméras locales, retransmettant parfois en direct, se sont tues devant la panique : sang, cris, véhicules fendant la foule, soldats égarés. Les bureaux du ministère de la Défense, pilonnés à deux reprises, n’offrent plus que des squelettes de béton et des fumigènes grisâtres. Les bilans humains restent flous : on recense au moins une vingtaine de morts et des dizaines de blessés, mais la majorité se cache, fuit, s’efface dans la fuite permanente. Les commandants, quant à eux, auraient disparu, abrités dans des bunkers improvisés ou déjà hors d’état de nuire, selon les sources contradictoires du terrain.
Le Golan, nouvelle frontière du brasier
Aux abords du Golan, les chars se font rares : la peur a chassé l’acier. Israël a renforcé sa présence militaire, déployé troupes et observateurs sur la barrière de séparation. Les échanges de feu se succèdent, plus rapprochés, plus intenses que jamais. Les populations druzes du secteur, elles, oscillent entre crainte et espoir illusoire de protection. Les communautés frontalières sont à vif, prêtes à traverser, à fuir, à tout recommencer sur un coup de canon. Sur place, la guerre est si présente qu’elle efface le sens du temps. Les enfants ne jouent plus. On ne dort plus.
L’engrenage druze : minorité sacrifiée, prétexte d’une guerre globale

Le massacre en cours à Soueïda
À Soueïda, la guerre ne dit pas son nom : c’est une boucherie. Druzes contre bédouins, miliciens contre militaires, civils pris en tenaille. Depuis dimanche, plus de 250 morts, dont une vingtaine exécutés sur place selon des récits glaçants. Les vidéos, insoutenables, montrent des familles entières investir les routes désertes, enfants accrochés au cou, mères en haillons. Les ONG pleurent déjà la perte de tout sens humanitaire sur fond de représailles systématiques. La ville, jadis souple, se durcit dans le sang. Les tueries réclament une réponse, toute réponse, mais l’écho revient vide.
Israël, défenseur autoproclamé de ses “frères druzes”
L’État hébreu ne laisse planer aucun doute sur ses intentions. “Nous continuerons tant qu’il restera une seule arme à détruire, une menace sur la communauté druze”, martèle le ministre de la Défense. Les frappes se justifient par le souci de protéger les siens ; mais où finit la protection, où commence la vengeance ? Certains chefs druzes, autrefois méfiants, demandent aujourd’hui l’aide armée – d’autres s’offusquent, craignant une occupation déguisée. Le malaise est général, la minorité druze devient la pomme de discorde d’une guerre régionale qui la piétine plus qu’elle ne la protège. Le Golan, jadis perçu comme barrière, s’affirme comme point de rupture.
La ligne rouge, franchie et redéfinie
Dans ce contexte, un mot-clé revient : escalade. La “ligne rouge” tracée par Israël – aucune militarisation syro-iranienne à ses frontières – est aujourd’hui coloriée de feu et de cendres. Les dirigeants israéliens préviennent : pas de retour possible tant que Damas abrite la moindre capacité d’action hostile. En clair : la Syrie pourrait perdre son armée, ses stocks, son autorité. Et si les milices pro-iraniennes s’en mêlent, la réplique sera, selon Israël, d’une intensité jamais vue. La métaphore du “baril de poudre” n’a jamais été aussi justifiée.
L’armée syrienne : désintégration programmée

Commandement décapité, ripostes impossibles
Depuis 48 heures, l’armée syrienne semble privée de son centre nerveux. Aucun grand discours, aucun plan de riposte annoncé, plutôt des appels à la patience, à la vengeance prochaine, aussitôt démentis par de nouveaux bombardements. Les réseaux sociaux officiels relaient… du vide, des consignes contradictoires, parfois des bravoures inventées. Les soldats restants tiennent tant bien que mal des barrages, font la guerre à l’aveugle, dans l’attente d’ordres qui ne viendront jamais. La solidarité se fissure, l’abandon se devine dans les regards fuyants.
Pertes matérielles et humaines irremplaçables
La liste des équipements détruits s’allonge chaque heure : chars, radars, lance-roquettes, positions antiaériennes. Les témoignages de terrain évoquent des hélicoptères abattus au sol, des stocks de munitions pulvérisés avant même d’être chargés. Les services de renseignement étrangers estiment que l’armée syrienne a perdu près de la moitié de sa capacité offensive depuis le début de la semaine. Le mot “démantèlement” n’est plus réservé aux analystes : il s’impose comme vérité tragique dans chaque hameau.
La panique gagne la chaîne de commandement
Les généraux, naguère si sûrs d’eux, disparaissent un à un des radars : certains fuient, d’autres cherchent à négocier à l’abri des regards, quelques proches du pouvoir tentent maladroitement de rallier de nouveaux soutiens. Il n’y a plus d’unité, plus de vision : seulement la débâcle, brute, sans décor. Des fuites font état de désertions en chaîne ; les gradés restants n’osent plus lever la tête. La propagande elle-même semble s’essouffler, incapable de justifier l’indicible.
Ripostes et menaces : vers l’escalade régionale ?

Syrie : la vengeance promise, la crainte de la surenchère
Dans le chaos actuel, Damas jure, promet, tonne : la riposte viendra, inévitable, dévastatrice. Mais avec quels moyens ? Les rares missiles sol-air rescapés, les brigades d’élite amputées, les alliances incertaines… Tout chancelle. Certains membres du gouvernement évoquent des frappes sur le Golan ou sur d’autres points névralgiques israéliens mais personne n’y croit vraiment : la disproportion est telle que toute riposte virerait au suicide tactique. La vraie peur, c’est l’enlisement, la multiplication d’actions isolées, incontrôlables, susceptibles d’embraser la région entière.
Israël : “pas de limite, pas de trêve”
Pour l’État hébreu, le mot d’ordre est clair : continuation, amplification, adaptation. Tant qu’il restera une menace, les frappes reprendront. Israël met en garde les puissances régionales contre toute velléité d’appui au régime syrien : “Notre patience est finie”. Les analystes israéliens laissent entendre que la destruction complète des capacités militaires syriennes n’est pas hors de portée. L’idée fait son chemin : faire de la Syrie un exemple pour toute puissance hostile de la région.
Le bal des puissances étrangères
Dans ce théâtre de ruines, l’Iran s’agite, tente de renforcer ses relais locaux, sans oser passer à la confrontation ouverte. Les États du Golfe observent, calculent risques et opportunités : aucun ne veut voir la contagion gagner ses terres. L’Europe, comme toujours, se contente d’appels à la retenue et à l’humanitaire, tandis que l’Amérique, secouée par la polarisation de ses propres débats, multiplie les messages contradictoires. Pour la communauté internationale, c’est un test grandeur nature de l’incapacité à imposer la paix – la diplomatie recule, les armes avancent.
La population syrienne, victime oubliée de la guerre sans fin

Fuite massive, déchirure sociale irrémédiable
Dans le fracas des bombes, une foule immense quitte Damas et Soueïda. Femmes, enfants, vieillards s’accrochent à quelques toiles, à des bagages dérisoires, espérant une issue. Les files s’allongent, se perdent sur des routes impraticables, jonchées d’épaves et de souvenirs calcinés. Les camps improvisés surgissent sur la moindre parcelle abritée : l’humanitaire peine à tenir le rythme – déplacements trop rapides, routes trop dangereuses, secours trop peu nombreux. On se partage une boîte de conserve, on se transmet des nouvelles au compte-gouttes. L’exil n’a pas de retour possible, la nostalgie se mue en rage.
Des familles brisées, impossible de faire le deuil
Les familles éclatent au gré de la violence. Plus de funérailles dignes, plus de deuil collectivement accompagné : on enterre à la hâte, quand vient un court répit, le plus loin possible des axes visés par l’aviation israélienne. Le vide laissé par chaque disparition est amplifié par la peur quotidienne de devenir soi-même le prochain anonyme abattu. De l’espoir, il n’en reste que des lambeaux, quelques prières, parfois une chanson murmurée la nuit autour d’un feu de fortune.
La société syrienne, puzzle irréparable
L’unité factice de la Syrie a explosé : antagonismes communautaires, haines anciennes réveillées, illusions envolées. Les jeunes cherchent à partir, la classe moyenne s’effondre, les élites – ce qu’il en reste – cherchent un point de chute, n’importe lequel, loin de ce chaos. Dans les hôpitaux de fortune, les médecins relèvent la tête juste le temps d’un regard. L’envie de reconstruire ne l’emporte jamais tout à fait sur l’urgence de survivre, à tout prix, à toute heure.
Diplomatie en déroute, indifférence mondiale

Condamnations molles, actions nulles
À New-York, le Conseil de sécurité multiplie les séances, les communiqués. L’ONU condamne, regrette, s’inquiète. Mais sur le terrain, rien ne change. À Paris, Berlin, Londres, chacun adresse ses condoléances, propose l’ouverture de corridors humanitaires rapidement refermés. Le monde regarde la Syrie agoniser, puis passe au prochain sujet. C’est l’indifférence qui règne, le cynisme tranquille d’une communauté internationale résignée à n’être plus qu’un commentateur, jamais un acteur.
L’aide humanitaire paralysée par la guerre
Les convois n’avancent plus, ou à peine. Les ONG alertent : impossibilité d’accéder à Soueïda, routes barrées, checkpoints incontrôlés. À Damas, la distribution est erratique : la plupart des blessés meurent faute de soins, les enfants les plus faibles succombent à la malnutrition en silence. Les appels retentissent : nouveaux ponts aériens, corridors protégés, mais qui pourra les imposer face à la multiplicité des factions et la violence aveugle du ciel ?
L’oubli, dernier poison de la Syrie
Il ne reste souvent du drame syrien que le bruit sourd d’un événement chassé par un autre à la une mondiale. Ce sentiment d’abandon est le ciment du désespoir : à chaque nouveau bombardement, le compte des victimes n’intéresse plus personne. Seules quelques photos, quelques extraits vidéo viendront, un jour, témoigner du carnage. La guerre moderne, c’est l’art de faire du bruit tout en rendant le monde sourd.
Conclusion : Israël, la Syrie et l’abîme d’une guerre sans horizon

Le jour tombe sur Damas, lourde, incertaine, creusée d’éclairs. Israël, plus déterminé que jamais, affirme que la guerre n’est pas prête de s’arrêter, tant qu’il restera des objectifs militaires à réduire en poussière. La Syrie, déjà brisée, entre dans une ère nouvelle de désordre : plus de frontières sûres, plus d’armée capable de défendre un territoire, plus de société capable de panser ses blessures profondes. Le monde, lui, hésite, commente, mais agit peu. Il faudra bien, un jour, regarder en face ce qui se joue ici : la destruction méthodique d’un pays entier sous nos yeux. Ce n’est pas seulement la Syrie et Israël qui sont jugés – c’est notre capacité collective à réagir avant que la nuit ne devienne définitive.