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Menace russe sur l’occident: comprendre, trembler, résister face au spectre de la « frappe préventive »
Credit: Adobe Stock

Quand la géopolitique bascule dans l’urgence froide

Il y a des expressions qui s’immiscent dans nos veines comme des poisons ; frappe préventive appartient à cette catégorie funeste. Ces derniers jours, à la faveur de déclarations rageuses, officielles, ou insidieusement glissées entre deux formules polies, la menace russe prend une forme nouvelle, fatale : la Russie, par la voix de hauts responsables comme Dmitri Medvedev, agite sans ambages la perspective de telles frappes contre l’Occident. Plus d’ambiguïté, presque plus de faux-semblants. Les conversations sur l’ordre mondial glissent du langage diplomatique au lexique du feu, de la simulation à la promesse du vide. Parce que tout dans cette rhétorique, les mots comme les silences, devient explosif. L’introduction de la notion de frappe préventive—cette idée de terrasser l’adversaire que l’on juge déjà coupable de préparer son attaque—brise le tabou post-Guerre froide et renverse les certitudes fatiguées des vieilles alliances.

Des doctrines, des codes périmés, des ogives : vers un effondrement du dialogue

Ce n’est pas une annonce surgie du néant, pas non plus un cri isolé. Depuis des mois, des années en vérité, la voix de Moscou se fait de plus en plus grave, polarisée, convaincue peut-être de n’avoir plus rien à perdre et trop à démontrer. Vladimir Poutine lui-même, l’air froid, indique, redoute, laisse filtrer, accuse : “Les États-Unis ont conçu la doctrine de la frappe préventive… Moscou pourrait l’adopter à son tour.” Non pas en guise de bravade creuse, non, mais dans un contexte où, jour après jour, la logique de dissuasion nucléaire dégénère en théorie du chaos, où ce qui paraissait inenvisageable hier est déjà sur la table aujourd’hui, prêt à être arraché, brandi, frappé. Le dialogue stratégique semble détraqué, les codes atomiques flottent, indécis, sur des eaux de moins en moins contrôlées.

Pourquoi parler aujourd’hui ? Voix, rumeurs et pulsations d’une peur européenne

Certains qualifieront la montée en puissance du terme frappe préventive d’exercice rhétorique, d’autres y verront un message codé, une parade, un test. Sauf qu’il y a dans l’air, à chaque nouvelle prise de parole d’un Soloviev sur Rossiya-1 ou d’un Medvedev devant la TASS, une accélération du sang, une marée de sueurs froides sur le Vieux Continent. Parce que derrière la menace, il y a la conviction que jamais, en Europe, depuis des décennies, le spectre d’annihilation sonore, chimiquement palpable, n’a autant imprégné la presse comme les cuisines des familles. D’un mot, la folie peut s’organiser. Et l’angoisse, s’installer. Inéluctablement.

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