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Ruine, silence et mirages : la déchirure d’un cessez-le-feu imposé entre israël et la syrie
Credit: Adobe Stock

La province dévastée de soueïda face à la guerre des ombres

Le ciel s’est emballé au-dessus du sud syrien. Les explosions, les cris, les voix coupées en plein vol. Pendant quatre jours, la province de Soueïda, région druze au cœur d’interminables luttes tribales et étatiques, a été brutalement avalée dans un tourbillon de feu. Les puissances s’affrontent mais les morts sont anonymes, fauchés entre la maison d’un voisin et un cortège funèbre. Plus de 500 vies broyées, selon les ONG, mélange impossible de civils, de combattants druzes, de membres des tribus bédouines et de soldats venus « pacifier » à coups de rafale. La violence explose, imprévisible, totale. Là, la guerre n’a pas de visage, sinon celui du chaos qui rôde.

L’armée syrienne, poussée par la rage des combats intercommunautaires, s’était retranchée dans la ville, décidée à faire cesser les hostilités… ou peut-être, dans un accès de panique, à choisir la brutalité la plus sèche. Entre exécutions sommaires, représailles barbares et menaces croisées, chaque rue semblait prête à s’effondrer sous le poids de la terreur. Plusieurs coups de semonce ont fendu le silence avant que la foudre ne s’abatte — pas du ciel cette fois, mais de l’extérieur. Ce qui devait être un couvre-feu s’est transformé en un champ clos où la folie a triomphé.

Ce décor, je l’imagine chaque nuit quand je ferme les yeux. Les murs de pierre blanche, tachés de poudre et de sang. Les fenêtres béantes sur la peur, la fatigue, l’attente. On croit toujours que la guerre est ailleurs. Elle n’est jamais aussi intime que lorsqu’elle creuse dans la poitrine d’un village.

L’intervention décisive de l’armée israélienne

Mais l’histoire, soudain, vacille. Vers l’aube, enchainant menaces et ultimatums, Israël donne l’ordre : le sud de la Syrie doit être « démilitarisé ». Un mot simple, martelé avec la promesse du pire. L’aviation frappe Damas, pulvérise une aile entière du quartier général militaire syrien, touche le ministère de la Défense, explore chaque cible à la recherche de la faille. A Soueïda, les drones lâchent des coups d’éclat. La violence ne sature plus seulement l’air, elle redéfinit la réalité : tout ce qui ne se retire pas brûle.

Les grandes phrases diplomatiques masquent la brutalité du momentum. Benjamin Netanyahu ne s’en cache plus : le cessez-le-feu sera « imposé par la force. Pas par des demandes, pas par des supplications — par la force. » À ce moment d’équilibre infernal, la Syrie plie. Ahmad al-Chareh, autorité tandem du régime intérimaire, annonce le retrait de ses troupes de la ville druze, concédant le sol pour sauver le peu qui reste du destin syrien. Il dit vouloir éviter une « guerre ouverte avec Israël ». Sa voix tremble, mais elle cède. Le retrait est immédiat, la ville cède, le feu retombe. Mais les cendres, elles, continuent de fumer.

Aux abords des lignes de démarcation, israéliens et syriens retiennent leur souffle. Personne n’ose appeler cela « paix ». C’est un armistice féroce, poissé de colère, d’humiliations à venir, d’inconnues encore plus terrifiantes que le carnage d’hier.

L’intrication mortelle des minorités, la frontière empoisonnée

Au cœur de l’intrigue, la minorité druze paie le prix de la fragmentation syrienne. Victimes et parfois boucliers humains, leur sort précipite chaque cycle de terreur. En plusieurs jours, Soueïda a vu affluer les troupes bédouines, les soldats de Damas, les milices vaguement loyales. Mais aucun camp ne protège durablement ces familles amarrées à une terre trop convoitée pour leur propre bien.

Bien au-delà du champ de bataille, c’est le symbole même de la frontière syro-israélienne qui vibre de tension. Gaza à l’ouest, Golan au sud, la périphérie n’a jamais été aussi centrale. Les incursions deviennent argument politique, la riposte prend tournure de modèle. Toutes les puissances jouent leur survie, mais c’est la rue qui meurt. Entre deux fusillades, certains tentent encore de passer la frontière – des Druzes, principalement. Leurs pas, hésitants, résonnent comme un avertissement : rien n’est terminé.

Dommages collatéraux ou prétexte pour un nouveau cycle de purification ? Là, la paix n’est qu’un banc de brume…

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