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Trump, l’alignement de l’abîme : quand Washington épouse l’intransigeance israélienne face aux Palestiniens
Credit: Adobe Stock

Un matin congestionné d’angoisse

Le réveil sonne, mais rien ne résonne plus fort que ce flux d’alertes. Un nom, ce matin-là, déchiré partout : Trump. Puis une phrase, acide et coupante, ressort et gifle la torpeur : « Il n’y a plus de place pour les demi-mesures, ni pour les compromis. » En quelques heures, la scène internationale s’est trouvée secouée – Gaza brûle, la Palestine est écrasée sous les bombes, et, loin, derrière les murs dorés du 1600 Pennsylvania avenue, la voix de l’Amérique brandit l’étendard de l’intransigeance. Au fond de moi, je sens, ce matin, que quelque chose se fissure. Un silence, aussi lourd qu’étouffant, s’installe. Le bruit sourd des drones, des bulldozers, le vacarme des diplomates, et ce vide béant entre deux mondes. Le nouveau président, Donald Trump, vient d’épouser sans détour la ligne la plus dure d’Israël, osant même rêver à l’effacement total des Palestiniens de Gaza, au nom du progrès, de l’ordre ou, pire, du “développement”. Et soudain l’espoir s’engouffre, fracassant, là, sous mes yeux de citoyen – et toujours je me demande quel degré de cynisme peut supporter l’histoire avant de vaciller.

L’annonce qui a fait trembler la région

La décision Trump, tombée comme un couperet en pleine réunion avec Netanyahu, a fait l’effet d’un séisme. Finis les appels à la retenue – les dernières illusions de négociation se sont dissoutes dans la realpolitik la plus crue. Alors que la plupart des dirigeants mondiaux peinaient à se mettre d’accord sur un simple cessez-le-feu, la Maison Blanche fait, elle, rimer soutien avec mainmise. Du bout des lèvres ou à peine, on évoque encore le plan de paix, mais celui que propose Trump n’a plus rien de consensuel : il entrevoit la prise de contrôle de Gaza par les États-Unis, la relocalisation des Palestiniens, la transformation de leurs ruines en une “Riviera du Moyen-Orient”. Pas un mot sur les réfugiés qui s’entassent aux frontières, pas un mot sur la douleur des mères ni sur le deuil interminable qui balaye la bande. Les faits sont têtus, plus de 61 000 morts palestiniens selon les rapports onusiens, et la menace d’en ajouter encore, comme si la tragédie pouvait, à force de répétition, devenir un simple fait divers à l’autre bout du fil.

Entre spectre du chaos et mirage d’une paix factice

Ce qui frappe, c’est cette étrange inversion des discours : Trump, passé maître dans l’art du renversement rhétorique, ose parler d’“opportunité”, de “reconstruction”, de “nouveau départ”, alors même que les images de Gaza en flammes envahissent les écrans. Il vend son plan à coups de superlatifs : “phénoménal”, “historique”, comme on écoule un vieux mythe fatigué. La réalité le rattrape vite, pourtant, car à chaque mot, chaque geste, les tensions s’aiguisent. Des millions de déplacés, des familles disloquées sur les routes, des enfants qui grattent la terre à la recherche d’un abri, d’un reste d’avenir. La “solution Trump”, c’est un déplacement de population par millions, vers des terres indéfinies, entourées de promesses creuses et d’un mépris sidéral pour le droit international. Soudain tout se brouille : la réalité s’éloigne, et dans un étrange vertige, il me semble qu’on assiste moins à une politique qu’à une opération de bulldozer planétaire, tirée au cordeau depuis une salle climatisée.

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