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L’inquisition Trump : dix milliards de dollars pour abattre le Wall Street Journal
Credit: Adobe Stock

Un coup de tonnerre sur la planète médias

Le souffle de l’absurde a cette faculté rare d’arrêter net la circulation sanguine d’un pays. En réclamant dix milliards de dollars au Wall Street Journal pour un article le liant à Jeffrey Epstein, Donald Trump ne signe pas un simple contentieux judiciaire. Il atomise la frontière entre la réalité institutionnelle américaine et le théâtre d’ombres post-démocratique. Dans les bureaux des chaînes télé, les frappes de claviers s’emballent ; dans les salles de rédaction, la peur le dispute au vertige. En quelques lignes, dans une plainte déposée en Floride, la plus puissante figure politique du pays vise à détruire un pan entier de la presse d’investigation. Plus qu’un nouveau dossier, c’est l’Amérique qui vacille devant cette offensive sur la liberté de l’information, la réputation personnelle, le passé refoulé. Le coup de force n’est plus feutré : il est brut, clinique, affiché comme la plus pure marque du temps Trump.

Naissance d’une tempête judiciaire hors-normes

Le détail saisit immédiatement : jamais, dans l’histoire judiciaire des États-Unis, une somme aussi colossale n’a été revendiquée pour un contentieux de diffamation médiatique. Le cœur du litige ? Un article du Wall Street Journal alléguant que Trump aurait envoyé à Epstein, pour ses 50 ans, une lettre à caractère sexuel comportant un dessin suggestif, vers 2003. Le président crie au « FAKE », hurle à la cabale, et claque la porte du pluralisme pour s’engager dans une guerre d’usure où la presse doit, coûte que coûte, plier sous le poids du soupçon et du chantage financier. Ce procès dépasse la simple bataille d’égos et installe une dynamique de dissuasion maximale contre tout journal prêt à franchir la zone rouge du secret présidentiel. Destruction, intimidation, volonté de tout réécrire : bienvenue dans le nouveau roman national américain.

Effritement du pacte social, montée des tensions internes

L’affaire, déjà relayée comme la plus spectaculaire des dernières décennies, réactive toutes les fractures de la société américaine : médias partisans contre « Fake News », soutien inconditionnel de la base trumpiste, défiance généralisée du public envers le récit de la presse mainstream, emballement complotiste sur les réseaux. Même les alliés de longue date hésitent à commenter, craignant la foudre. L’administration Trump assume une transparence punitive, transformant chaque rumeur, chaque souvenir trouble en bombe à retardement. Voilà une démocratie convertie en scène de crime, où la vérité jurée sur procès peut aussi bien sauver que broyer une génération de rédacteurs.

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