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Samara sous le feu : quand l’Ukraine cible le cœur explosif de la machine de guerre russe
Credit: Adobe Stock

Le choc d’une nuit blanche sur l’Oural

Il y a ces nuits où l’histoire frappe silencieusement, où chaque drone dans le ciel porte en lui la déflagration d’un empire. La Russie s’est éveillée saumâtre, poisseuse, sous ce parfum d’essence brûlée mêlé à l’odeur froide du métal qui s’effrite : des drones ukrainiens se sont abattus sur la Novokuybyshevsk Petrochemical Company, géant de la chimie et pourvoyeur crucial de matières premières pour les explosifs russes. L’attaque n’a pas été annoncée, elle a été montrée, vécue, exhalée entre les fissures du réel. Le gouverneur a parlé vite, évoquant quelques drones abattus, promettant qu’aucun dégât n’a entamé l’ogre industriel de Samara. Mais derrière la mécanique huilée du récit officiel, la panique se lit partout, dans la restriction temporaire d’Internet, dans la ronde précipitée des pompiers et dans les mains qui tremblent quand le silence, à peine revenu, vibre encore de l’écho des turbines à l’arrêt.

Un site stratégique au cœur de la logistique des bombes

Loin d’être anecdotique, l’objectif choisi par Kiev frappe le noyau dur du système de production russe. La Novokuybyshevsk Petrochemical Company ne façonne pas que de l’essence : elle raffine la pègre chimique d’un arsenal, distille du benzène, du phénol, de l’acétone, du méthylstyrène, du butylphénol – toute la sève industrielle des explosifs modernes. Un million de tonnes traitées chaque année, assez pour alimenter, goutte à goutte, les batteries d’artillerie, les bombes balancées sur les villes, les ogives montées en série et destinées hier encore à l’anéantissement du front ukrainien. Frapper là, c’est menacer toute la chaîne d’approvisionnement : la guerre tourne à la guerre renseignée, technique, chirurgicale… et éminemment morale.

La riposte russe : déni et parade médiatique

Face à l’évidence, le premier réflexe moscovite n’est ni l’aveu ni la transparence. Les autorités évoquent l’inefficacité de l’attaque, se félicitent de l’absence de victimes, rappellent calmement que les défenses anti-aériennes ont empêché le drame. Pourtant, des témoins lancent déjà sur les réseaux des images de ciels striés, de détonations matinales, de panaches sinistres flottant près des pipelines et des cheminées. Le pouvoir, verrouillé dans une logique de maîtrise, privatise l’info : attention, pas de panique, la forteresse industrielle tiendrait, comme toujours. Mais dans l’ombre, chacun sait que la fébrilité croît en silence, chaque attaque grignotant un peu plus la capacité d’absorption d’un complexe fatigué par la répétition de l’effort de guerre.

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