Donald Trump s’apprête à renverser une détermination scientifique fondamentale sur les méfaits des gaz à effet de serre
Auteur: Jacques Pj Provost
Voilà, dès les premiers jours de ce nouveau mandat, Donald Trump plante le décor. Fini les demi-mesures, place au chamboulement. Il s’avance, sourire orné d’une confiance désarmante, et, d’un revers de main, balaie l’une des plus solides déterminations scientifiques de notre siècle : les méfaits indiscutables des gaz à effet de serre. Panique dans les laboratoires, sarcasme dans les couloirs du Congrès, stupeur jusque dans les rues de New York. D’où sort cette certitude soudaine, ce rejet catégorique du consensus scientifique mondial ? On aurait aimé croire à une blague. Aucune blague. Voici l’ère de l’ébranlement climatique version américaine, un choc dont l’onde s’amplifie bien au-delà du territoire.
Un président face à la science : une opposition frontale
L’homme fort de Washington ne se contente pas de montrer du scepticisme. Il orchestre une offensive méthodique et inédite contre la science du climat : licenciements massifs dans les agences fédérales, budgets sabrés, effacement des mentions du changement climatique des sites officiels, retrait fracassant des États-Unis des accords internationaux comme l’Accord de Paris. D’aucuns voient là une volonté farouche de restaurer une souveraineté perdue, d’autres, la montée d’un obscurantisme qui sape les bases de la transition écologique.
La parole décomplexée : stratégie du doute et climatoscepticisme viral
Devant ses partisans, Trump ironise, dédramatise, multiplie les punchlines. Le changement climatique n’existerait-il que dans l’esprit de quelques scientifiques zélés, soucieux de soutirer des budgets publics ? Il martèle que la planète a toujours connu des cycles de réchauffement et de refroidissement, méprisant le travail du GIEC et les milliers d’études pointant la responsabilité humaine dans la hausse vertigineuse des émissions de CO2. Il confond volontiers la notion de réchauffement global avec la variabilité naturelle du climat. Sa rhétorique devient virale : vidéos partagées par milliers, extraits repris en boucle sur les réseaux, l’Amérique du doute prospère sous la bannière du « c’était mieux avant ».
Les États-Unis, moteur… à l’envers de l’action climatique

L’impact est colossal. Pays majeur émetteur de gaz à effet de serre, les États-Unis deviennent, sous Trump, le symbole d’un retour au passé fossile : relance du charbon et du pétrole, facilitation des forages sur les terres fédérales, annulation des régulations environnementales patientement élaborées, blocage des investissements dans les énergies renouvelables. À Wall Street, les actions des grands groupes pétroliers bondissent, celles du secteur éolien vacillent. Un souffle glacial s’abat sur la dynamique internationale : privés de leur leadership climatique, les pays émergents comme la Chine ou l’Inde freinent leur transition. L’Europe s’affole, d’aucuns redoutent une course aux bas coûts énergétiques et une démobilisation mondiale.
La réécriture du narratif climatique : retour à l’âge d’or de l’ignorance ?
Au-delà des actes, c’est la bataille du mot qui fait rage. L’administration Trump parle désormais de « sécurité énergétique », de protection de l’économie nationale, d’indépendance vis-à-vis des contraintes internationales. Les mots « climat », « gaz à effet de serre », « urgence » disparaissent progressivement des communications officielles. Ce n’est plus de la simple rhétorique, mais une stratégie de communication globale pour saper la légitimité scientifique. Bientôt, on assiste à une véritable réécriture de l’histoire : le terme « réchauffement climatique » serait un complot pour contrôler les peuples, la transition énergétique, un prétexte à l’austérité. C’est la revanche des années 80, du doute orchestré à grande échelle, mais amplifié par la puissance virale du numérique.
Ce que dit vraiment la science : la réalité des gaz à effet de serre

S’arrêter un instant sur les faits. La communauté scientifique, dans une quasi-unanimité, affirme pourtant que la concentration de CO2, de méthane et de protoxyde d’azote n’a jamais augmenté aussi vite depuis deux millions d’années. Les principales sources ? Énergie fossile, transports, agriculture intensive. Les conséquences ? Fonte des glaces, montée du niveau des mers, multiplication des catastrophes naturelles, stress hydrique, bouleversement des écosystèmes, risques sanitaires nouveaux… Appuyer sur la pédale de frein, c’est vouloir ignorer que les 7,8 milliards d’humains habitent un système clos et fragile.
Des modèles climatiques robustes, loin des approximations politiques
Les projections du GIEC ne cessent d’alerter : à trajectoire constante, c’est un monde à +3°C que nous préparons pour 2100. Pourtant, chaque inflexion politique majeure, comme ce séisme Trump, complique la coordination internationale. Les modèles climatiques, enrichis des dernières données satellitaires, n’ont plus rien d’ésotérique : ils dessinent un avenir tangible, mesurable, loin des slogans et des raccourcis. La science avance, la politique recule.
Vers une mobilisation ou vers l’indifférence ?

Certes, certains États fédérés américains continuent vaillamment de défendre leur transition énergétique (Californie, New York), des entreprises innovent, des citoyens se mobilisent. Mais que pèsent des efforts disparates face à la force d’inertie présidentielle ? Le retrait américain donne un signal dévastateur : le doute devient légitime, le repli national s’érige en modèle. Et si la France, l’Allemagne, les nations insulaires persistent à défendre la lutte climatique, la cacophonie ambiante dilue leur message. Difficile de maintenir l’élan, l’ambition, la solidarité internationale quand l’une des plus grandes puissances rompt à nouveau le pacte du vivre ensemble planétaire.
Une urgence toujours plus palpable, un avenir incertain
2025, déjà des records de chaleur tombent. Des incendies d’une intensité jamais vue en Australie, des inondations critiques partout en Asie du Sud-Est. Les conséquences d’un retour en arrière américain ne sont pas abstraites, elles se mesurent sur le terrain, dans la vie des populations vulnérables, dans chaque mètre carré de forêts parti en fumée. Pourtant, le bruit médiatique, la viralité des messages climatosceptiques, l’ampleur des lobbies minent la prise de conscience publique.
En finir avec les illusions : mon regard sur le tumulte climatique

Changer la donne : les citoyens, ultime rempart
N’attendons pas un autre signal de la Maison Blanche. Prendre acte, réagir, partager : l’urgence climatique se joue aussi dans nos conversations, nos choix quotidiens, les votes, les manifestations, l’éducation de nos enfants. Oui, il est possible de refuser l’ingérance de l’ignorance. Chaque mot, chaque action, chaque alliance compte, d’autant que le combat ne se fera pas seulement dans les laboratoires. Il s’écrira, aussi, sur les réseaux, dans la rue, au cœur même des contradictions politiques du XXIe siècle.
Conclusion : pas de planète B, pas de retour arrière, juste l’action

Voici donc, en ce milieu de décennie 2020, l’enjeu : soit l’humanité prend conscience de ce tournant meurtrier dans la politique environnementale, soit elle capitule doucement au nom d’intérêts économiques court-termistes. Donald Trump aura beau multiplier les déclarations, les offensives, les tentatives de renverser les avancées scientifiques, il ne pourra effacer les conséquences physiques d’un monde derechef empoisonné par les gaz à effet de serre. Ma conviction ? Tenir bon, décrypter, expliquer sans relâche, vulgariser oui, argumenter sans mépris, garder l’esprit ouvert, mais résister au bruit du déni. La science, même secouée, demeure notre bouclier le plus solide. Et notre avenir, il ne tient qu’à nous.