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Guerre estivale brisée : comment les fleuves Ukrainiens stoppent net l’offensive Russe
Credit: Adobe Stock

Un obstacle d’eau, une muraille de feu : dans l’Est, la progression russe s’écrase

Depuis des semaines, les généraux russes rêvaient d’une conquête fulgurante, d’une estocade décisive pour ce nouvel été de guerre. Les cartes flamboyaient de flèches rouges, les discours promettaient la reconquête, la traversée des grandes plaines du Donbass et au-delà. Mais dans la réalité, un ennemi implacable surgit : le fleuve. Dnipro comme Oskil, les rivières ukrainiennes n’offrent aucune pitié. Chaque franchissement se paye au prix fort, la progression s’étouffe dans le choc métallique des pontons martelés, des bateaux coulés, des hommes écrasés sur les plages d’en face. Il ne s’agit plus d’une guerre d’attrition classique mais d’une série de tentatives désespérées stoppées net par une défense ukrainienne qui a compris, mieux que quiconque, que garder la rive, c’est tenir la patrie.

Les images défilent : ponts détruits, barges calcinées, assauts nocturnes brisés par le vacarme des drones. À Kherson et à Kupiansk, la géographie bascule en ennemie mortelle pour les forces d’invasion. On pensait la technologie russe apte à avaler les kilomètres, à noyer l’adversaire sous le nombre. Mais la nature, appuyée par la résistance ukrainienne, transforme le paysage en piège géant. L’eau, jadis élément de séparation douce, est devenue barrière de sang. Rien ne passe. Rien ne change, sinon l’amoncellement des pertes.

Et dans cette immobilité imposée, le front prend un goût amer de défaite programmée pour Moscou. Les Russes avancent à petits pas dans l’Est, mais piétinent grotesquement, ballottés entre les deux rives, incapables de briser ce qui, en temps de paix, ne semblait qu’un obstacle mineur. L’été ukrainien enterre les rêves impériaux — les fleuves servent de linceul tactique à une armée épuisée.

Les forces russes sous surveillance : du ciel au sol, l’Ukraine verrouille chaque coupe d’eau

Pas un mouvement, pas une tentative de ferroutage sans être capté par l’œil implacable des drones ukrainiens. Sur les berges, l’artillerie attend, réglée sur les coordonnées transmises en direct. Les pontes du Kremlin pensaient pouvoir surprendre, concentrer leurs forces et traverser en masse — comme si la guerre pouvait ignorer la technologie. Mais chaque embarcation, chaque barge, chaque essai de ponton se transforme en cimetière flottant sous les frappes chirurgicales. Les bataillons russes essuient échec après échec : la traversée devient une loterie sanglante, la chance un souvenir.

La nuit ne protège plus personne. Les nouveaux moyens d’observation, thermiques ou infrarouges, repèrent les rassemblements de troupes, les mouvements suspects, les tentatives de diversion. Pas un arbre, pas un talus : le terrain est défendu centimètre par centimètre. À Kherson, près de l’Antonivsky, comme sur l’Oskil à Kupiansk, les Russes regardent la rive opposée comme une frontière impossible à franchir sans être laminés. Les tentatives de déstabiliser l’ennemi, de créer le chaos par la multiplication des assauts, échouent sur la discipline, la réactivité, la solidarité rageuse des défenseurs ukrainiens.

La guerre n’est plus seulement affaire de courage ou de nombre : elle se joue dans la maîtrise des vecteurs, la transmission de l’information, la capacité à détruire à distance. Les fleuves, aujourd’hui, sont la scène principale de cet affrontement high-tech, où l’ancien monde russe bute sur la modernité impitoyable d’une jeune défense, déterminée à transformer chaque bras d’eau en tombeau pour l’envahisseur.

Des bataillons russes décimés : les pontons, pièges mortels pour l’artillerie ukrainienne

Il ne se passe plus une semaine sans que les journaux de campagne russes n’égrènent la liste de brigades massacrées en tentant de passer à l’Ouest du Dnipro ou le long de l’Oskil. Des centaines de bateaux — jusqu’à 300 recensés pour une seule opération à Kherson — ont terminé en cendres ou coulés. Les survivants racontent l’horreur : marées de feu, bourrasques de métal, tirs croisés, impossibilité de prendre pied, de progresser en masse ou d’acheminer les blindés. Sur la berge, quelques éléments maigres, isolés, sont réduits à tenir quelques heures avant d’être anéantis.

C’est la logique du hachoir, chaque assaut devenant une répétition du cauchemar précédent. Les officiers du FSB ou du commandement militaire se déchirent en appelant des renforts qui ne viendront pas : le simple fait de regrouper est devenu mission impossible. Car sur les pontons, toute concentration de force est vouée à la destruction. Le front, au lieu d’avancer, s’élargit dans la confusion et la panique. Les analystes russes eux-mêmes commencent à admettre la situation, pointant l’échec patent d’une doctrine qui n’a, pour l’instant, rien appris de ses revers.

Côté ukrainien, la pression ne retombe pas une seconde. Chaque tentative de traversée est anticipée, documentée, attaquée. Et pour la Russie, le pari devient suicidaire : continuer à sacrifier des hommes pour tenter de surprendre un adversaire qui, méthodiquement, vide les rangs adverses.

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