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Moscou veut ressusciter sa Flotte de la mer Noire après la pluie de feu Ukrainienne
Credit: Adobe Stock

La tempête ukrainienne : des drones et missiles frappent au cœur naval russe

Mer froide, ciel bas, rumeur incessante des sirènes. Là où, jadis, la Flotte russe déployait ses voiles en maîtresse, c’est l’incertitude, l’invisibilité, la peur. Depuis deux ans, l’Ukraine ne relâche pas la pression : attaques de drones « Sea Baby », missiles « Storm Shadow », raids surprises contre les quais de Sébastopol. Presque chaque semaine, la mer charrie la carcasse calcinée d’un navire ou l’écho lointain d’une frappe qui a traversé les lignes défensives russes. Plus qu’un conflit, c’est une rupture de l’équilibre stratégique dans cet espace autrefois sanctuarisé pour Moscou.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus d’un tiers des bâtiments de la Flotte coulés, endommagés ou rendus inopérants. La légendaire Moskva gît à jamais dans les abysses, le moral bascule. Et la Russie se trouve face à une réalité crue : la domination sur la mer Noire n’est plus un droit héréditaire, c’est un combat d’usure, une course contre la technologie et la ruse. Les quais de Novorossiisk accueillent les rescapés, Sébastopol se vide, le mythe naval s’essouffle.

Cette chute n’est pas que tactique, elle est psychologique. Moscou, habituée à projeter sa puissance depuis la Crimée, voit son aura disloquée par des frappes qui osaient hier paraître impensables. Les ports ne sont plus des abris, les radars ne voient plus tout, les équipages vivent au rythme de la traque sous-marine et de la crainte de la prochaine vague Kyivenne.

La retraite des géants : Sébastopol abandonné, Novorossiisk fortifié

Face à la débâcle, la Russie doit faire un choix : résister à tout prix ou évacuer stratégiquement. À mesure que les drones ukrainiens percent la bulle de protection des bases de Crimée, le retrait s’organise vers Novorossiisk, port du Kouban plus à l’est, moins exposé, mieux défendu par la géographie. Les navires amiraux, vaisseaux amochés, corvettes et sous-marins y trouvent refuge.

La tactique est radicale : multiplier les sas anti-drones, installer des filets, activer la patrouille aérienne permanente. Ici, l’État dépêche hélicos, bateaux blindés, systèmes de leurres sophistiqués. Mais le sentiment reste celui d’un repli, d’un désenchantement. Sébastopol, jadis « capitale navale » de l’Empire russe, devient fantôme militaire, symbole d’une vulnérabilité inédite.

Ce retrait n’a rien d’anodin. Il annonce à l’état-major du monde entier que la Russie ne contrôle plus la mer Noire, que sa flotte recule, que l’innovation ukrainienne a réussi là où autrefois seules les marées pouvaient influer la suprématie russe.

Résilience ou reconstruction : la course à la modernisation s’accélère

Mais Moscou n’entend pas baisser pavillon. Les chantiers de Kertch, de Sébastopol, se remettent en branle. On accélère la construction du géant amphibie Ivan Rogov, nouvelle coqueluche des propagandistes. On promet l’arrivée de frégates furtives, la relance des sous-marins Kilo-class, la modernisation « numérique » de vieilles coques. Tous les espoirs se logent dans la robotique marine : drones autonomes, systèmes antinavires, guerre électronique renforcée, barrage anti-drones sous-marins inédits.

Il y a urgence. Le Kremlin déverse milliards de roubles, brandit de nouveaux plans jusqu’en 2050 – tout pour conjurer le sentiment de naufrage, donner à la mer Noire, à nouveau, un parfum de puissance et non plus de défaite. Les discours présidentiels parlent d’orgueil retrouvé, de « barrages infranchissables », de « revanche technologique ». Pourtant, la réalité du terrain, c’est la course contre l’audace, le manque de temps, l’usure continue.

Dans le ventre des arsenaux, ça turbine. Mais rien ne garantit le succès : la flotte a perdu en qualité plus qu’en quantité, les navires restant naviguent en eaux troubles, et la mer Noire demeure, chaque matin, théâtre de toutes les incertitudes.

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