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Soutien à Poutine, concurrence déloyale, chantage commercial : radiographie d’un bras de fer sino-européen inédit
Credit: Adobe Stock

Il fait lourd sur le Vieux Continent, vraiment lourd : des grincements, des regards froids, une odeur de bras de fer. L’Union européenne, éreintée par la guerre en Ukraine, surveille chaque geste de la Chine comme s’il valait son avenir. Pékin affiche un soutien – plus ou moins voilé, plus ou moins courrouçant – à la Russie de Poutine. Et partout, la machine européenne sonne l’alarme : « concurrence déloyale », « menaces de représailles », « chantage ». Quelques années en arrière, l’Empire du Milieu n’était qu’un partenaire commercial exigeant. Désormais, la mécanique s’inverse : la Chine s’impose, grignote, contourne les règles, joue – ni vraiment ennemi, ni vraiment allié. On l’observe, on s’offusque. On se sent en danger.

La nouvelle donne géopolitique : entre ailier russe et rival occidental, la Chine sort du bois

Plus question de masquer la nervosité européenne : la Chine s’érige en pivot stratégique sur le dossier russe. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, Bruxelles soigne son vocabulaire, pèse ses mots : la Chine est devenue le « soutien clé » du Kremlin. Stoppée (pour l’instant) dans la livraison directe d’armes, Pékin alimente Moscou en biens à double usage, matières premières, technologies sensibles indispensables à l’écosystème militaro-industriel russe. Ce que redoute ouvertement l’Europe : sans ce relais, la guerre s’engluerait bien plus vite.

Surtout, la Chine offre un abri financier et diplomatique à la Russie, l’aidant à esquiver les sanctions occidentales. L’ombre de « l’amitié d’acier » entre Xi Jinping et Vladimir Poutine plane, obsédante. Et dans le huis clos des sommets internationaux, Pékin multiplie les accolades avec le Kremlin, repousse toute condamnation, refuse de couper les ponts avec Moscou. Ce n’est pas un lapsus : la Chine, désormais, pèse lourd sur le destin du conflit et sur l’ordre mondial tout entier.

Chantage, représailles et timing : l’économie européenne sous le harnais

Sur le front commercial, l’ambiance s’obscurcit. À chaque clash, Pékin contre-attaque, sans gants. Vous haussez les droits de douane ? Voici des restrictions sur les exportations de terres rares. Vous bloquez nos entreprises dans les marchés publics ? Nous lançons des procédures antimarché contre vos locomotives, vos panneaux solaires, votre porc, même votre cognac. L’Europe serre les dents, mais ne cède pas. Mais l’étau se resserre : l’industrie automobile, hyper-dépendante des composants chinois, craint un étranglement à chaque nouvelle enquête décidée au sommet chinois.

Le chantage commercial est assumé : pour Pékin, chaque levier économique est une carte à jouer pour infléchir les politiques européennes, forcer la main sur le dossier des véhicules électriques, subventionnés à bloc en Chine, soupçonnés de ruiner l’industrie allemande, française, italienne… La dépendance n’est jamais accidentelle : Pékin verrouille ses marchés intérieurs, exige l’ouverture totale des marchés européens, verrouille, exige, verrouille encore. C’est la guerre – économique, feutrée, mais intense.

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