Aller au contenu
Fureur sur la Bekaa : Israël pulvérise un site de missiles du Hezbollah, le Liban vacille
Credit: Adobe Stock

Des alarmes retentissent, la nuit s’enflamme

Un crépitement insistant traverse le ciel de la Bekaa, simultanément précis et anarchique. Impossible de détourner le regard : les lumières des frappes aériennes israéliennes zèbrent la nuit, faisant ressurgir le spectre d’une guerre à nu, brutale, irrésolue. Les habitants n’ont que quelques minutes pour fuir, chercher dans l’ombre un abri qui, de toute façon, ne tiendra probablement pas face à la puissance des bombes larguées par Tsahal. Au loin, la rumeur sourde d’un nouveau désastre : un site de fabrication de missiles du Hezbollah vient d’être pulvérisé. L’air vibre, lourd, saturé de peurs antédiluviennes.

La tension n’a pas attendu la fin de la journée pour électriser chaque parcelle de territoire. Sur la frontière sud, les warnings succèdent aux explosions. Personne ne peut ignorer les sirènes de Tsfat et Kyriat Shmona côté israélien ; côté libanais, ce sont les cris, la poussière et la sueur qui dominent. La frontière n’est plus qu’un souvenir, une cicatrice sanglante. Le message d’Israël : personne n’est à l’abri, pas même l’obscurité protectrice de la nuit.

Dans cette région, on a oublié le repos. Les enfants ne dorment plus sans sursauter. Les parents n’espèrent plus qu’un miracle, peut-être une erreur de trajectoire d’un missile, la mansuétude d’un ciel indifférent. Au Liban, la peur de la destruction totale n’est plus un concept abstrait, elle s’immisce jusque dans les conversations du matin, éclate dans tous les silences. Les mots manquent, les gestes remplacent l’espoir. Aucun répit, jamais.

Un objectif stratégique, la riposte de trop

Parmi les décombres calcinés, la rumeur court : c’est un site clé de production de missiles qui a été ciblé, un complexe souterrain essentiel à la chaîne d’armement du Hezbollah. L’armée israélienne, sûre d’elle, diffuse les images, cartographie l’impact, accentue la portée médiatique de son opération. Derrière ces signaux se cache une politique bien rodée : détruire, à tout prix, la capacité de nuisance du Hezbollah, dont les roquettes menacent Haïfa, Safed, Tel Aviv.

Il ne s’agit pas d’une frappe isolée. Les semaines précédentes, déjà, des installations similaires avaient été anéanties près de Nabatieh, dans la plaine de la Bekaa, sur les lisières de Baalbek. Mais jamais, encore, Israël n’avait frappé aussi rapidement, aussi fort, aussi loin dans les terres libanaises. Le signal envoyé au Hezbollah est limpide, féroce : chaque tentative de reconstituer l’arsenal sera écrasée – la trêve n’existe plus que sur le papier.

Cette action provoque une onde de choc dans toute la région. Les alliés du Hezbollah se murent dans un silence prudent, l’Etat libanais proteste mollement, l’ONU se contente de « regrets ». Les populations, elles, encaissent une gifle supplémentaire, persuadées que la tempête ne fait que commencer. Sous les gravats, des fragments de paix sont définitivement enterrés.

Ce qui reste, après les bombes : colère ou résignation ?

Les réseaux sociaux s’enflamment, disséqués par des doigts fébriles, de Tripoli à Tyr. On partage les images de cratères fumants, les cris des secouristes, le visage fermé des responsables locaux : « plus rien n’est impensable », écrit un utilisateur anonyme, « ils veulent finir le Liban à coups de missiles ». D’autres réclament la vengeance, clament leur solidarité au « parti de Dieu ».

Pourtant, ici, la lassitude s’infiltre partout. Les marchés ferment plus tôt, les rues s’éteignent ou bruissent de rumeurs, chacun sait que le prochain bombardement n’est jamais bien loin. L’économie locale, déjà exsangue, sombre davantage. De ces ruines naît la colère, bien sûr, mais surtout une fatigue, une résignation abîmée, lucide, qui lave à l’acide tout espoir de retour à la normale.

On s’interroge : la frontière tiendra-t-elle ? Peut-on vivre sur un fil tendu entre deux puissances qui ne veulent que marquer leur territoire ? Les mots d’ordre du Hezbollah résonnent moins fort qu’avant, les prières montent plus haut, dans un ciel toujours plus silencieux, sourd à la détresse humaine.

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!

Articles reliés

More Content