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Berdyansk en feu : une explosion coupe le courant à la plus grande base de réparation militaire russe
Credit: Adobe Stock

Lumière arrachée, ville sous tension : une attaque déstabilise l’occupation

Les ténèbres, encore. Ce n’est pas un simple blackout : c’est toute la colonne vertébrale logistique russe dans le sud de l’Ukraine qui a vacillé cette nuit à Berdyansk. À 5 heures passées de peu, une explosion retentit sur la côte de la mer d’Azov. Cible : la sous-station électrique jouxtant la plus vaste base de réparation de blindés occupée par l’armée russe hors de Russie. Le feu, puis l’obscurité – et soudain, tout Berdyansk se fige. Les sirènes hurlent. Pompiers, soldats, ingénieurs fuient la lueur vacillante d’un centre vital plongé dans une nuit d’effroi. On ne parle pas ici d’un incident technique isolé, mais d’un sabotage d’une précision chirurgicale, qui pulvérise la croyance russe dans une arrière solide, intouchable, à l’abri des frappes ukrainiennes. L’onde de choc logistique, psychologique, politique est immense. L’Ukraine jubile, Moscou encaisse, les civils tremblent, l’armée doute. Une nuit marque parfois le basculement d’une guerre.

Sabotage ou frappe guidée ? La guerre invisible étend ses racines

L’incertitude plane encore sur l’origine du chaos. Ce que l’on sait : la sous-station cible a brûlé plusieurs heures, détruisant transformateurs et lignes principales. Ce qui relie la centrale à la base de réparation, ce n’est pas que du câble : c’est toute la chaîne de maintenance des blindés, radios, radars, camions de transport, équipements essentiels à toute offensive sur la ligne Zaporizhzhia-Marioupol-Kherson. Aucun missile n’a été officiellement signalé. Certains évoquent une opération de sabotage, menée de l’intérieur par des partisans ou, plus probable encore, un drone chargé d’explosifs, guidé avec une précision cruelle pour frapper en pleine nuit. Les autorités russes, sidérées, évoquent un « incident technique », mais la nervosité s’affiche dans tous les regards. Le feu a ravagé l’alimentation, coupé net la logistique de plusieurs unités fraîches, déjoué tous les plans de redéploiement à court terme. L’Ukrainien ne revendique rien mais sourit du silence radio de l’ennemi.

Au-delà du réseau électrique, c’est la confiance qui part en fumée. La Russie pensait Berdyansk hors d’atteinte : la réalité la rattrape. La guerre devient électrique, imprévisible, nocturne. Chaque base est un piège potentiel, chaque nuit un doute infecté de peur.

Les habitants de Berdyansk : entre effroi, silence et rumeurs corrosives

Marcher à Berdyansk cette nuit, c’est traverser un théâtre étrange. Amitiés, haines, soupçons, tout s’exprime à demi-mot dans les abris, sur les réseaux privés, loin des patrouilles russes. Il n’est pas rare d’entendre des explosions, d’assister à des coupures d’eau, de voir des files devant les générateurs. Mais ce matin, la peur transpire différemment. Parents, enfants, anciens ouvriers de la base, tous redoutent déjà les représailles. Chuchotements sur d’éventuels saboteurs, peurs d’arrestations. Les responsables locaux improvisent un rationnement d’urgence. Chacun espère que le courant revienne, mais surtout que la violence ne se déverse pas sur les civils. L’angoisse n’est plus abstraite. L’effondrement d’un nœud logistique implique aussi, fatalement, une spirale d’arrestations, de dénonciations, de colères muettes.

Berdyansk n’en est pas à sa première flambée. Mais jamais la ville n’avait senti aussi violemment le souffle du front. La guerre ne gronde plus loin : elle s’insinue dans les veines électriques du quotidien. Et Berdyansk, tragique, se souvient trop bien quel prix paie une ville quand Moscou vacille sous la pression russe.

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