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Opération nocturne : la foudre ukrainienne frappe la flotte aérienne russe en Crimée occupée
Credit: Adobe Stock

L’annonce qui secoue les états-majors

Dans cet instant suspendu, lorsque le bruit sourd des moteurs se mêle à l’invisible, la nouvelle éclate : cinq chasseurs russes viennent d’être frappés par une attaque fulgurante de drones ukrainiens sur la base aérienne stratégique de Saky, en Crimée occupée. Le choc n’est pas seulement matériel, il est militaire, politique, psychologique. Une Su-30SM est entièrement détruite, une seconde sévèrement endommagée, et trois bombardiers Su-24 touchés de plein fouet. Sur place, la confusion règne dans la nuit balafrée de flammes et de détonations. Des milliers de kilomètres carrés retiennent leur souffle : l’équilibre de la guerre vacille un peu plus. Les drones – ce mot qui incarne désormais la guerre moderne – sont les nouveaux fantômes du ciel, insaisissables, précis, dévastateurs. L’implacable réalité vient gifler la puissance supposée de Moscou là où elle se croyait intouchable.

Ce n’est pas la première fois que l’Ukraine frappe ainsi fort et loin. Les esprits sont hantés par l’épisode baptisé « Opération Spiderweb » qui, le 1er juin, vit les forces spéciales ukrainiennes dévaster 41 avions sur bases russes. Cette nouvelle frappe, orchestrée par les commandos Alpha du SBU (Service de sécurité ukrainien), frappe au cœur du Black-out médiatique russe. L’absence totale de commentaire officiel à Moscou laisse planer la crainte, l’incapacité à contrôler son ciel. La Saky airbase, pierre angulaire de la domination russe en mer Noire, devient tout d’un coup le symbole d’une puissance vulnérable, humiliée.

Loin des communiqués lissés, la vi(ll)e s’arrête : une simple frappe de drone, actée dans la nuit, vient rappeler la fragilité d’une occupation, la vulnérabilité d’une guerre que l’on pensait interminable, et qui, au détour de la technologie, des nerfs et du désespoir, bascule. La guerre, là, prend une autre tournure, presque irréelle, mais implacablement concrète.

Trois vérités que l’on ne dira jamais à la télévision russe

Ce que l’on ne dira pas, c’est l’humiliation ressentie par les officiers russes en découvrant le parking calciné où trônait le fleuron du Su-30SM, appareil à 50 millions de dollars. Ce que l’on dissimulera, c’est la rage des pilotes, l’amertume des familles, la peur de l’ingénieur de maintenance, contraint de tout réécrire dans ses rapports. On élude, aussi, la jubilation silencieuse qui traverse chaque maison ukrainienne, chaque soldat du front. Les mots de la propagande ne tiennent plus face aux images des carlingues éventrées où brûle le blason russe, spectacle qu’aucun trucage ne suffit à censurer. Certes, les confirmations indépendantes manquent, mais le vent a déjà tourné.

Trop souvent, les médias, coincés dans un double langage, servent la soupe aux décideurs en poste, à la doctrine officielle, aux lâches silences des cabinets feutrés. Ici, rien de feutré. Chaque explosion se répercute dans la chair géopolitique du monde. La Su-30SM détruite, ce n’est pas qu’un avion ; c’est une voix en moins pour les bombardements de civils, c’est un œil arraché au commandement aérien russe. À chaque impact, une digue craque.

Il ne s’agit plus seulement de décompter les pertes matérielles. Ce qui s’enflamme à Saky, c’est le mythe de l’invincibilité aérienne russe, la faible confiance déjà éprouvée du soldat, le prestige d’un pays qui, pièce après pièce, perd le contrôle de la partie. Brèches après brèches, l’édifice craque, le monstre de papier s’évanouit derrière les volutes léchantes de la nuit.

Une cible majeure : pourquoi Saky, pourquoi maintenant ?

Saky, aux abords de la Mer Noire, n’est pas un choix anodin. Cette base, cœur des opérations russes pour la zone sud de l’Ukraine, abritait encore hier les espoirs de suprématie. Outre les combattants, c’est tout un arsenal de munitions, de bombes, de cargaisons prêtes à fondre sur Odessa, Mykolaiv et la côte ukrainienne, qui vient de partir en fumée. Les satellites l’avaient repérée, mais la réalité de la frappe, brutale, prouve l’évolution redoutable du renseignement et de la précision ukrainienne. Les spécialistes, sidérés, reconnaissent à demi-mot : la sécurité aérienne russe en Crimée n’est plus qu’une illusion.

Pour Kiev, l’objectif était simple : démontrer que nulle part le Kremlin n’est à l’abri, riposter à des semaines de bombardements sur les villes et frappes à longue portée sur les sites industriels, voler d’un coup les ailes d’une escadrille censée ravager le sud du pays. En paralysant l’un des centres nerveux de l’aviation offensive russe, c’est toute la dynamique d’agression (et de terreur aérienne) que la riposte ukrainienne vient d’enrayer, sinon de retourner. Les analystes militaires occidentaux restent prudents, réclament des photos satellites, mais tout concorde : la défaite symbolique est totale.

Mais qui se soucie, à l’aube, de la froideur tactique des analyses stratégiques ? Ce qui compte, c’est l’impact humain, ce tremblement de terre dans la conscience d’une nation : on peut frapper, on n’est plus condamné à subir. Saky n’est plus invulnérable. Un message court, sale, rageur, à la face du monde.

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