Pesticides, solvants et polluants : l’énigme invisible derrière l’explosion des cas de Parkinson
Auteur: Jacques Pj Provost
La Maladie de Parkinson, on en parle, on la croit rare, génétique, presque lointaine. Faux. Et si je vous disais qu’une part énorme de nouveaux cas s’explique par des substances présentes, là, juste sous votre nez ? Pesticides, solvants industriels, polluants atmosphériques… Des mots lourds, tristement omniprésents, et surtout responsables d’une montée vertigineuse de cette maladie neurodégénérative. Loin – bien loin – de la fatalité des gènes.
Un fléau environnemental : zoom sur l’ampleur du phénomène

L’Organisation mondiale de la santé et les études récentes s’accordent : Parkinson est désormais la maladie neurologique qui connaît la croissance la plus rapide dans le monde. En coulisses, une épidémie évitable, nourrie par notre modèle agricole moderne, les choix industriels d’hier et d’aujourd’hui, et l’exposition chronique à des substances chimiques insoupçonnées. Fini le mythe : la génétique ? Secondaire dans la majorité des cas. Aujourd’hui, l’urgence, c’est l’environnement. Et mon dieu, par où commencer…
Pourquoi la hausse fulgurante des cas ?

Cette question, presque obsédante, taraude les chercheurs. Longtemps, l’âge croissant des populations et la meilleure détection étaient invoqués. Illusion d’optique. Plusieurs études de cohorte démontrent que la prévalence de la maladie grimpe même dans les sociétés où la démographie stagne, là où de nouveaux dangers chimiques s’invitent sur nos terres, dans notre eau, notre air.
L’arme fatale des campagnes : pesticides et herbicides
Dans les champs du monde entier, la guerre contre les nuisibles a mené à la généralisation de molécules redoutables. Les pesticides, c’est prouvé, jouent un rôle déterminant dans l’apparition de Parkinson. Parmi les plus incriminés, le paraquat, le rotenone ou encore des insecticides apparentés au tristement célèbre MPTP, responsable d’épidémies de parkinsonismes fulgurants chez des usagers malchanceux. Plusieurs grandes études épidémiologiques ont noté un excès massif de cas chez les agriculteurs, les riverains, les travailleurs exposés. Cela n’a même plus grand-chose de discutable. Et pourtant… Ils sont partout.
Solvants industriels : ténèbres des usines et garages
Avez-vous déjà fréquenté un garage, une usine, un atelier ? Les solvants chlorés, de la famille du TCE (trichloroéthylène), du perchloroéthylène, du carbure de tétrachlorure… ils s’infiltrent partout. Eau de boisson, air ambiant, contamination professionnelle. Deux ans à manipuler des solvants comme le TCE, selon une étude majeure, et voilà le risque de Parkinson qui bondit de 70%. L’histoire n’est pas qu’américaine, en Europe aussi, ces solvants font d’innombrables victimes anonymes. Tristement, les lois ne suivent que lentement : le TCE, reconnu désormais comme cancérigène et facteur de Parkinson, n’est interdit aux États-Unis que depuis… décembre 2024 ! Était temps.
La pollution de l’air, l’invisible assassin
Dans les villes, à la campagne, partout où l’air bruit de moteurs et d’industries, des micro-particules et d’autres polluants en quantité. Les chercheurs relèvent une augmentation nette des risques pour quiconque réside à proximité d’usines chimiques ou de routes saturées. Des particules métalliques, des produits de combustion, des cocktails toxiques souvent indécelables à l’œil nu. Terrifiant ? Absolument.
Cerveau et voleurs silencieux : ce que disent les neurosciences

Au-delà des statistiques, il faut comprendre comment ces toxiques agissent. Direction l’anatomie du cerveau. Chez un patient atteint de Parkinson, on observe la disparition progressive (et irréversible) des neurones producteurs de dopamine dans la substantia nigra. La dopamine, ce messager chimique responsable du contrôle des mouvements, s’effondre, entraînant tremblements, raideurs et lenteur. Les pesticides et solvants agissent comme de véritables bombes biologiques : inhibition des mitochondries (ces « centrales énergétiques » indispensables à la survie des neurones), production de radicaux libres, pollution métabolique. Selon plusieurs modèles animaux et des observations humaines, le paraquat et le rotenone induisent des dégâts proches de ceux provoqués par la fameuse neurotoxine MPTP, tandis que les solvants aggravent l’accumulation pathologique d’alpha-synucléine, la protéine clé du Parkinson.
Où en sont les preuves ? Des études aux conclusions alarmantes

Peut-on accuser sans preuve solide ? Non. Pourtant, l’accumulation d’évidences ces vingt dernières années éclabousse toute la profession médicale. Épidémiologie, expérience animale, observation clinique : on détaille des expositions de travailleurs du secteur industriel, des agriculteurs, même des riverains, avec un risque multiplié par deux, trois, parfois plus de développer la maladie. Des statistiques qui font froid dans le dos : selon une vaste étude chez des vétérans exposés au TCE, les cas de Parkinson grimpent de 70% par rapport à des témoins vivant loin de toute pollution. Rappel : ces solvants persistent dans le sol et l’eau potable des décennies. Pour les pesticides, c’est le même huis clos, de la France aux États-Unis en passant par la Chine.
Et les autres acteurs ? Métaux lourds, PCB, planteurs prisonniers

Impossible d’ignorer d’autres suspects – métaux lourds comme le plomb, le manganèse, le cuivre, mais aussi des PCB et d’autres polluants organiques persistants. Un continuum toxique, parfois synergique, rarement isolé. L’exposition professionnelle multiplie les risques ; et la co-exposition, fréquente dans la vraie vie, empire tout. D’ailleurs, chaque nouveau rapport d’experts rajoute une ligne à la liste noire des coupables industriels.
Pourquoi l’alerte ne retentit-elle pas ?

La réponse, elle pique : inertie règlementaire, pression des lobbies agrochimiques, peur de reconnaître la responsabilité collective. On préfère parler de prévention génétique, de supposer des facteurs inconnus, que de pointer du doigt les pratiques polluantes et les produits industriels. Chaque interdiction tarde, chaque retard coûte des vies et des années de maladie pénibles, invalidantes. Ce silence savamment orchestré, il tue.
Paradoxes, incertitudes… et des solutions ?
Bien sûr, la science n’a pas réponse à tout. Tous les exposés ne développent pas la maladie, les doses font la différence, d’autres facteurs (habitudes de vie, génétique) pèsent. Mais la tendance globale, elle, est redoutablement claire. Les preuves convergent. Et surtout, la maladie est, pour une large part, évitable. Réduire les usages des substances toxiques, mieux protéger travailleurs et riverains, interdire les produits les plus suspects… Des résultats encourageants en témoignent : les pays qui bannissent certains pesticides ou solvants voient l’incidence baisser, parfois spectaculairement.
L’urgence d’une prise de conscience collective

Il y a là, osons le dire, un enjeu de santé publique majeur. Les familles, les proches, les générations futures paient déjà le prix de notre aveuglement. Il est plus que temps d’imposer des alternatives, de soutenir une agriculture propre, une industrie responsable, de demander la transparence sur les produits utilisés autour de nous. Ces décisions, bien plus que les traitements médicamenteux, pourraient réduire la vague de Parkinson à venir.
Conclusion : briser l’omerta, sauver des cerveaux

Arrêtons de croire que tout est écrit dans les gènes ou le hasard. Les pesticides, solvants et polluants sont de plus en plus clairement identifiés comme responsables de l’explosion du Parkinson moderne : leur interdiction, ou la réduction drastique de leur usage, constitue la seule « vaccination » possible contre ce fléau. Oui, il existe une marge de manœuvre collective et individuelle. On ne peut plus détourner le regard. En tant qu’humain et non simple spectateur de la science, je trouve inqualifiable qu’on attendra encore des décennies malgré la pile d’évidences pour agir. Alors, la vraie question n’est plus de savoir s’ils sont coupables, mais combien de vies allons-nous encore sacrifier avant d’agir ?