Netanyahou menace, Gaza s’embrase : « Achever le Hamas pour libérer les otages » – l’impasse qui fissure Israël
Auteur: Maxime Marquette
Netanyahou au pied du mur : la libération des otages ou la victoire totale
Le fracas est partout. Dans le désert du Néguev comme dans les caves de Gaza, le même mot circule, sale, répété, martelé. Benjamin Netanyahou s’avance, ferme, devant les médias, les diplomates qui supplient, l’état-major qui bouillonne. “Il est nécessaire d’achever la défaite de l’ennemi à Gaza, de libérer tous nos otages et de garantir que cette bande de terre ne menace plus jamais Israël.” Pas un terme n’est innocemment posé. La stratégie est brutale, totalisante : pas de négociation sans armée victorieuse, pas de fin de guerre tant que le dernier tunnel n’est pas sous contrôle et chaque otage rendu ou vengé. Heure de l’escalade, de la polarisation extrême, du bras de fer au cœur d’un territoire pulvérisé, d’un peuple affamé, d’un gouvernement israélien acculé entre ses promesses et le gouffre. Ce qui se joue n’est pas qu’un choix tactique, c’est tout l’équilibre régional qui vacille, la société israélienne qui s’effrite, la carte du Proche-Orient qui se redessine dans un cri de colère mêlé de rage sourde.
À l’international, la stupeur s’épaissit. Des images d’otages émaciés circulent après leur diffusion par le Hamas. Ils sont le cœur fendu du drame israélien : impossible pour Netanyahou d’oser un cessez-le-feu. Le message est sans équivoque : la paix viendra, mais sur fond de défaite complète du Hamas. Entre le blocus, la famine, la répression, le siège, le doute souffle – la liberté n’est plus en négociation, elle est conditionnée à la soumission. L’heure n’est plus à l’ambiguïté.
Dans les couloirs du gouvernement, à Rafah, à Tel-Aviv, la tension dévaste. La société ose encore espérer – mais tout, dans l’attitude du Premier ministre, parle d’un point de non-retour. Israël, ce matin, se regarde dans le miroir du désastre et dit : plus rien ne sera jamais comme avant.
Vers la conquête totale de Gaza : décision ou bluff ?
Les bruits couraient depuis plusieurs jours. Cette semaine, Netanyahou réunit les hauts gradés, les stratèges, puis le cabinet de sécurité : la proposition ? Non plus des raids, des incursions, des “coups de semonce”, mais la reconquête systématique, la reprise intégrale du territoire de Gaza par l’armée israélienne. Une “occupation totale”, un retour vingt ans en arrière, brisant le tabou de la withdrawal de 2005. Objectif affiché : liquider le Hamas, libérer les otages, bâtir une “nouvelle matrice sécuritaire” où plus aucune enclave ne vivrait hors du contrôle de Tsahal.
La question sème l’effroi. Est-ce une posture de négociation, un ultime bras de fer pour forcer la main du Hamas ? Ou le vrai basculement stratégique, décidé, implacable, dans une fuite en avant militaire ? Les voix s’élèvent, y compris dans l’état-major : “Ce plan pourrait coûter la vie à tous les otages.” Les familles, les experts, les alliés américains s’inquiètent de ce saut dans le vide. Mais la crispation du moment, l’humiliation de l’échec diplomatique, l’incapacité à conclure un deal alimentent la tentation du “tout ou rien”. Pour Netanyahou, temps du compromis est révolu.
Dans les coulisses, une phrase circule : “Le sort de Gaza va se jouer cette semaine, peut-être même ce soir.”
Les familles d’otages, coeur meurtri de la société israélienne
La tragédie – trop visible, trop médiatisée – c’est le sort des otages. Près de cinquante sont encore retenus à Gaza, tous objets d’une obsession nationale dévorante. Les vidéos récentes, dévoilant des visages squelettiques, ont hanté la nation. À Tel-Aviv, les cortèges de familles harcèlent Netanyahou, l’accusant de sacrifier la vie de leurs proches sur l’autel de la “victoire totale”. Manifestations, appels aux puissances étrangères, veillées silencieuses : leur chagrin est la bande-son de la crise.
Le Premier ministre leur répond par l’implacable logique du militaire : “Pas de marchandage avec les terroristes, la seule solution est l’écrasement du Hamas.” La fracture devient béante. Certains parents, brisés, accusent Netanyahou d’avoir “déjà condamné” leurs enfants, d’autres réclament la négociation coûte que coûte, jugeant la solution armée suicidaire. La société sève à vif, chaque otage devient symbole d’un pays en deuil permanent.
Ce matin, le chagrin de ces familles est le miroir de l’échec politique. Israël n’arrive plus à négocier, à ménager, à tenir la promesse du retour. La pression monte – une fissure devient gouffre.
Le tournant diplomatique : la pression internationale atteint son apogée

L’ONU et la Croix-Rouge : paroles, alertes, impuissance affligeante
La crise des otages et la “victoire à tout prix” font exploser le consensus international. Les Nations Unies, la France, l’Allemagne, le Qatar, toutes les chancelleries réclament une pause humanitaire, l’ouverture de corridors, la confiance dans une médiation. Mais Netanyahou durcit le ton : “Pas de pause tant que les otages ne sont pas libérés, pas de retrait tant que le Hamas existe.” La Croix-Rouge tente d’obtenir le droit d’accéder aux tunnels, Israël rétorque que toute concession serait perçue comme une faiblesse fatale par son adversaire.
Dans le “grand jeu” diplomatique, tout le monde a perdu la main. Les Russes raillent, l’Iran jubile, la Ligue arabe s’enfonce dans la sidération. L’aide humanitaire devenue monnaie d’échange, la négociation se transforme en chantage, la diplomatie est réduite à l’impuissance sidérante. Chaque déclaration, chaque silence, chaque fuite sur les réseaux nourrit la vortex de la panique, pendant que sur le terrain, les chars chauffent les moteurs.
L’opinion mondiale bascule. Le blocus israélien, les bombardements quotidiens, la famine organisée – tout alimente un appel croissant à stopper la machine de guerre, même si l’espoir de voir les otages revenir s’évanouit à chaque nouvelle attaque.
Les calculs du Hamas : otages, famine et stratégie de l’usure
Côté Hamas, la position est tout aussi cynique. Exploitant chaque vidéo, chaque rumeur de négociation, les chefs du mouvement jouent la carte de l’usure. La résistance ne lâchera pas lese otages sans contrepartie majeure : cessation des attaques israéliennes, libération de centaines de prisonniers, reconnaissance d’une souveraineté nouvelle sur Gaza. Les “prisonniers de tunnels” deviennent, pour le mouvement, la dernière monnaie stratégique pour forcer Netanyahou à flancher ou à franchir le Rubicon de la vengeance totale.
La population gazaouie, épuisée, prise en otage au sens propre et figuré, subit la loi des deux camps. À chaque échange, chaque perte, le terrain humanitaire s’effondre. Des milliers de morts, la famine, l’effondrement des institutions : rien n’est négociable chez les faucons du Hamas, tout est matière à prolonger le désordre, à faire payer à Israël le prix fort de chaque incursion.
La stratégie du Hamas : survivre à la tempête, alourdir le coût politique, faire basculer la victime d’hier en bourreau de demain. L’injustice, là, est partout – et ne sauve personne.
Brouillard de guerre et intoxication, la diplomatie dans le vide
La confusion règne sur les chiffres, les négociations, les noms. Les rumeurs d’accord circulent vingt fois par jour, aussitôt démenties. Les familles, la presse, les ONG s’épuisent à décrypter les soubresauts diplomatiques, les “roadmaps” envoyées de Doha à Washington. Le dernier espoir d’un échange massif s’est évaporé. Les Américains espéraient voir Netanyahou reculer. Face à la pression des faucons de la coalition, il s’accroche, et les modérés du gouvernement s’éteignent un à un.
Si la “victoire” doit venir, ce ne sera pas autour d’une table, mais sur les gravats. Et tout le monde sait que la victoire totale, ici, n’aura aucun vainqueur.
L’armée divisée, la société sous tension – l’heure des choix impossibles

Le chef d’état-major contesté : rupture ou alignement ?
Les révélations de la semaine précisent l’ampleur de la cassure interne. Dans l’armée israélienne elle-même, la tension est maximale. Le chef d’état-major Zamir exprime ses doutes face au cabinet : “Toute opération totale va coûter la vie des otages.” Netanyahou, épaulé par ses faucons, menace : “S’il n’est pas d’accord, il doit démissionner.” La confiance entre le pouvoir politique et militaire n’a jamais été aussi entamée. Les hauts gradés alternent loyauté affichée et sabotages discrets. Cette division n’est pas technique, elle interroge jusqu’au sens de la mission : détruire à tout prix, ou sauver ce qui peut l’être encore ?
Dans le gouvernement, la guerre des clans fait rage. Chantage, défections, menaces à peine voilées de limogeages : la démocratie israélienne vacille sur ses bases, au rythme des plans d’attaque.
L’ombre de la division intérieure, dans ces heures cruciales, rend la victoire plus incertaine encore.
Société civile écartelée, fatigue de la guerre
La population, elle, râle, pleure, se cache, manifeste. Familles d’otages contre familles de soldats, pacifistes contre va-t-en-guerre, jeunesse en burnout contre seniors nostalgiques. Israël connaît la guerre comme rituel national, mais jamais la division n’avait été aussi aiguë, la lassitude si profonde. L’hyperconnectivité fait circuler chaque rumeur, chaque cris, chaque désespoir. Les médias ne savent plus sur quel pied danser, la peur du tout-perdre fait voter des lois d’exception à la chaîne.
Le peuple n’a plus confiance dans l’État, ni dans les alliances anciennes. La “société de la mobilisation” s’éteint petit à petit sous le poids de la routine violente et de la promesse jamais tenue d’un retour à la sécurité absolue.
Le vrai danger, ce n’est plus la guerre – c’est l’effondrement de l’esprit, la répétition de la défaite sous couvert de victoire.
Résiliences et micro-résistances dans la crise
Au cœur du désastre, des oasis subsistent. Associations d’aide aux blessés, groupes de parole pour parents endeuillés, réseaux de psychologues bénévoles tentent de colmater les brèches. Les gestes de solidarité, les engagements individuels s’accumulent. Dans le chaos, chacun tente de garder une part de dignité. Un sourire d’enfant, un gâteau partagé, une phrase d’encouragement deviennent antidotes à la folie générale.
Cela ne sauve pas. Mais cela retarde l’engloutissement. Et peut-être, dit un vieux rescapé d’Ofakim, cela suffira à tenir jusqu’au jour où la guerre semblera, enfin, terminée.
Conclusion – Quand tout craque, que peut encore espérer Israël ?

Guerre, otages et horizon effondré : l’heure de la dernière question
En ce jour de tension extrême, Netanyahou rassemble. Son pari : seul l’achèvement total de la défaite du Hamas sauvera les otages et, du même geste, purifiera Israël de la menace permanente. Mais la réalité est plus dure, plus désespérante. Cette fuite en avant est-elle la voie du salut ou le tombeau d’une nation fatiguée ? Entre l’appel à la victoire et le cri des familles, le vrai perdant, c’est peut-être le rêve israélien d’un jour vivre enfin sans peur – et sans haine. L’avenir reste suspendu, voilé dans la poussière, à la merci du prochain ordre donné, du prochain otage perdu, du prochain désaveu. Ce n’est pas seulement Gaza ou Jérusalem qui vacillent, mais tout l’espoir, pour une génération, d’un Proche-Orient capable d’autre chose que la tragédie renouvelée. L’équilibre, s’il advient, ne sera ni militaire, ni diplomatique : il sera, ou pas, humain.