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Trump sème la tempête sur la Fed : quatre candidats en lice, la politique monétaire américaine sur un fil
Credit: Adobe Stock

Dans les coulisses du pouvoir, un fauteuil brûlant qui livre la guerre des nerfs

Un ballet d’égo, de peur et d’espoirs. Donald Trump, président revenu à la Maison Blanche comme un cyclone, vient de resserrer son choix pour la succession du très contesté Jerome Powell à la tête de la Réserve fédérale américaine. Pas moins de quatre noms survivent encore à la purge, quatre silhouettes qui cristallisent toutes les craintes des marchés, des banques centrales et d’un public américain encore groggy après dix-huit mois de turbulences inflationnistes et de remous électoraux. Mais l’annonce fracassante, c’est l’écartement de Scott Bessent, actuel secrétaire au Trésor et figure modérée – par choix et par lassitude. « Je veux rester là où je suis, avec vous, pas la Fed », aurait soufflé Bessent à Trump, qui s’est empressé de le rayer de la liste. Ce refus, cet aveu de fatigue ou de lucidité, bouleverse toutes les spéculations. Il laisse place à une angoisse plus grande encore : qui s’assiéra sur le volcan de la politique monétaire alors que le président exige un alignement total ?

Le monde scrute l’Amérique, chaque minute compte. Le suspense est total, le bras de fer devient rite initiatique pour une puissance qui ne sait plus si elle se dirige vers la prudence exaspérée ou la rupture spectaculaire. C’est la valse des titans, mais entre improvisation et manœuvres feutrées, le chaos n’est jamais loin. Les places financières dansent sur un fil, chaque nom murmuré créant une onde de choc jusque dans les bureaux feutrés des banques centrales de Francfort à Shanghai.

Le choix imminent d’un successeur n’est pas seulement une formalité institutionnelle. C’est une bataille pour l’âme même de l’économie américaine et, par ricochet, pour la stabilité du système financier mondial.

Scott Bessent s’efface, la Fed bascule vers l’inconnu

Il était pressenti, adoubé, aguerri aux tourments des marchés : Scott Bessent, ex-roi des hedge funds et homme de confiance du président, dit non au “trône” de la Fed. À peine le ton posé que Trump panse déjà le coup public, le dissèque en direct chez CNBC, louant “son travail phénoménal au Trésor”, mais validant son retrait du casting le plus stratégique de la décennie. Ce refus n’est pas neutre. Bessent, vu comme un point d’équilibre entre l’orthodoxie monétaire et la docilité attendue par Trump, laisse un espace béant que le pouvoir exécutif pourrait combler avec des profils bien plus alignés, bien plus tranchants, bien plus marqués politiquement.

En coulisses, Bessent le diplomate s’efface, laissant entendre qu’il préfère jouer les stratèges dans l’ombre, rester “là où il est utile”. Mais le message à ses homologues du G7 est limpide : la tempête à venir pourrait balayer toute la distance qui sépare encore la politique monétaire indépendante d’un instrument présidentiel muselé. Le séisme est là, invisible mais palpable, rendant les marchés fébriles, les experts inquiets et les conseillers du président nerveux devant le saut dans l’inconnu.

Bessent out, la Fed se retrouve à la merci d’un casting improvisé, entre fidélité absolue et expérience incertaine. Le risque est maximal, l’effet domino certain.

Quatre prétendants et une promesse de rupture : qui demain à la Fed ?

Sur la short-list, deux noms filtrent, surnagent, polarisent : Kevin Warsh, fantasque ex-gouverneur fédéral, proche des cercles de Wall Street et perçu comme le “bousculateur” de l’establishment ; Kevin Hassett, actuel chef du Conseil économique national, champion du trumpisme économique. Autour d’eux, deux figures gardées secrètes, peut-être par pure tactique ou par peur de voir les marchés chanceler s’ils sont connus trop tôt. Trump, en showman consommé, refuse pour l’instant de lever le voile, mais glisse, goguenard, “d’autres profils brillants seraient sur la table”.

Ce casting est tout sauf apaisant. Warsh, ardent critique de l’immobilisme de la Fed, prône une refonte du temple monétaire ; Hassett, fidèle soldat du président, miroite la promesse d’une Fed alignée sur la volonté présidentielle, quitte à tordre l’indépendance historique de l’institution. Les deux autres prétendants, murmurés mais jamais confirmés publiquement, pourraient représenter soit la continuité, soit la rupture radicale, soit un équilibre fictif pour rassurer l’opinion et Wall Street. Mais la musique de fond reste anxiogène : la Fed, autrefois gage de stabilité, pourrait bientôt devenir le prolongement naturel du Bureau ovale.

Les observateurs ne s’y trompent pas : le choix final dira mieux que tous les discours le visage de la démocratie économique américaine pour dix ans.

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