Gaza sous contrôle mais pas sous gouvernance : Netanyahu et le dilemme mortel d’une occupation à vif
Auteur: Maxime Marquette
Le contrôle sans la gouvernance, une posture ambiguë
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, annonce son intention claire et sans détour : Israël va étendre son contrôle militaire sur la totalité de la bande de Gaza, mais refuse d’en assumer la gouvernance. Un paradoxe enflammé où le territoire serait sous un joug militaire sans administration directe israélienne. C’est un horizon ténébreux qu’il dessine, où la sécurité d’Israël primerait sur la souveraineté palestinienne, avec la volonté de transférer le gouvernement à des forces arabes supposément tierces. Une déclaration lourde d’implications, dangereusement floue, mais assumée dans sa brutalité.
Un « périmètre de sécurité » et une posture rejetée par l’armée
Netanyahu évoque la création d’un « périmètre de sécurité » pour protéger Israël tout en éliminant Hamas, la force qui contrôle Gaza. Pourtant, cette stratégie fait grincer les dents des plus hauts gradés de l’armée israélienne, qui voient dans cette offensive totale le risque d’être piégés dans un piège sanglant, avec des hostages dont la vie pourrait être en grand péril. Une fracture rare et déchirante entre pouvoir politique et leadership militaire, révélatrice d’un malaise profond au cœur même de l’État hébreu.
Une guerre de plus de vingt mois, un territoire dévasté
Depuis près de deux ans que dure ce conflit, une écrasante majorité de Gaza a été réduite à l’état de ruines. Près de 70% des bâtiments sont inhabitables. Plus de soixante mille Palestiniens ont péri, des milliers d’entre eux des enfants. Le spectre de la famine, qualifié de « pire scénario possible » par les experts de l’ONU, plane sur une population assiégée, affamée, et désemparée. Ce contrôle annoncé marque une escalade dramatique, un pas de plus vers une destruction presque totale du territoire et de son peuple.
La « libération » autoproclamée : Israël, Gaza et l’avant-goût de l’occupation

Le discours de la « libération »
Netanyahu affirme vouloir « libérer » non seulement Israël mais aussi le peuple de Gaza, se plaçant en sauveur d’une population supposément prisonnière de Hamas. Cette rhétorique masque mal une occupation musculaire et un assujettissement militaire. Cette posture de sauveur masque un dessein bien plus froid et tranchant : démanteler toute structure de vie autonome à Gaza sous prétexte de sécurité.
Une absence de gouvernance mais un pouvoir militaire étendu
L’annonce de ne pas gouverner Gaza mais uniquement de la contrôler militairement soulève un abîme d’incertitudes : qui assurerait alors la vie quotidienne, la gestion des besoins fondamentaux d’une population de plus de deux millions de personnes ? Une zone militarisée sans administration locale viable, voilà la guerre dans toute sa violence absurde. Le transfert de la gestion à des « forces arabes » reste imprécis et sans garanties réelles, renforçant l’ombre d’un vide de pouvoir mortel.
Les risques pour les civils et les otages
Les opérations israéliennes s’étendent dans des zones où au moins une vingtaine d’otages israéliens sont toujours détenus. Chaque avancée militaire comporte un risque direct pour leur vie, un calcul froid où les vies humaines deviennent monnaie d’échange dans une guerre de pouvoir et de terre. Paradoxalement, cette stratégie dure à s’imposer, alors même qu’une majorité d’Israéliens souhaitent un accord global de paix où les otages seraient libérés, quitte à négocier.
La fracture interne en Israël : entre politique et armée

Les désaccords au sommet
La tension monte entre Netanyahu et certains de ses plus proches conseillers militaires. Le chef d’état-major, Eyal Zamir, exprime une « culture du débat » comme pilier de l’armée israélienne, signe d’un conflit sous-jacent sur la stratégie à adopter. Plusieurs officiers supérieurs mettent en garde contre l’enlisement dans Gaza, et un conflit qui pourrait coûter encore plus de vies sans gain clair.
Le poids des contestations publiques
Dans une rare dissidence publique, des officiers, anciens fonctionnaires de sécurité et même des réservistes israéliens appellent à un cessez-le-feu, soulignant les dangers d’une guerre prolongée. Ils insistent sur la priorité absolue de la libération des otages plutôt que sur l’anéantissement militaire. Cette opposition renforce l’image d’un pays déchiré par une guerre intérieure aussi profonde que l’affrontement avec Gaza.
Une coalition politique marquée à l’extrême droite
Au sein de la coalition gouvernementale, des voix d’extrême droite poussent à une occupation totale de Gaza avec la réimplantation de colonies juives dans la région. Une vision qui tourne le dos à toute idée de paix, plaidant pour une domination totale et irréversible sous couvert de légitimité historique et religieuse.
Les conséquences humanitaires : au bord du gouffre

Une famine déclarée, une urgence mondiale
Les derniers rapports des Nations unies ne laissent aucun doute : Gaza est au bord d’une famine catastrophique. Les aides humanitaires sont insuffisantes, les civils piégés dans une enclave assiégée, privée d’eau, d’électricité, et de nourriture. La mort lente ou rapide guette chaque habitant. Le choix de Netanyahu d’étendre son contrôle aggrave cette horreur, plongeant Gaza dans une nuit sans fin.
La destruction massive de l’infrastructure
Au-delà des pertes humaines, ce sont des infrastructures essentielles qui ont été anéanties : hôpitaux, écoles, sources d’eau potable. La reconstruction semble un rêve lointain. L’occupation militaire s’annonce comme un déluge de violence qui achèvera ce qui reste d’une société déjà pesamment meurtrie.
Une communauté internationale divisée et impuissante
La communauté internationale s’alarme, diffuse des mises en garde, tente de faire pression. Plusieurs pays reconnaissent l’État palestinien en soutien aux Gazaouis. Mais les pressions peinent à atteindre Netanyahu, soutenu en sous-main par certains alliés puissants. L’impasse humanitaire reste entière, un bras de fer géopolitique tragique sur le dos d’une population condamnée à survivre.
Les enjeux géopolitiques autour de Gaza

Le rôle des puissances étrangères
Les États-Unis, l’Europe, les pays arabes : tous jouent une partition complexe et souvent contradictoire. Tandis que certains appellent à la retenue et à la négociation, d’autres ferment les yeux sur les actions israéliennes, voire les approuvent tacitement. Le positionnement de Washington, notamment, influe lourdement sur le cours des événements sans pour autant desserrer l’étau humanitaire.
Les intérêts régionaux
Gaza est un point de tension géopolitique majeur au Moyen-Orient, reflet d’intérêts multiples entre Israël, la Palestine, l’Iran, et les puissances arabes. Cette guerre se joue aussi sur ce plateau, où chaque mouvement militaire fait écho à des enjeux stratégiques profonds, parfois oubliés dans le bruit insoutenable de la guerre.
Le recul des perspectives de paix
Avec cette décision de contrôle total sans gouvernance, la paix s’éloigne dans un horizon désormais presque chimérique. Ce geste est perçu par beaucoup comme une fatalité plus que comme une solution, un feu qui consume encore plus les bases fragiles de négociations éventuelles.
La population de Gaza : entre exil et survie

Déplacements massifs et conditions de vie impossibles
Près d’un million de personnes seraient forcées à se déplacer à cause de la stratégie militaire israélienne. Ces déplacements répétés aggravent la souffrance, démantèlent les liens sociaux et creusent une fracture irréparable dans cette société en état de choc permanent.
Une jeunesse sacrifiée
Les enfants de Gaza, nombreux, portent le poids de cette guerre sur leurs épaules fragiles. Malnutrition, traumatisme psychologique et logement détruit : leur avenir est un désert sur lequel s’abat la tempête du conflit. Cette génération grandit dans une violence banalisée, une oppression quotidienne qui brise les corps et les esprits.
La résistance au quotidien
Malgré la peur, la faim, et la destruction, les habitants de Gaza résistent comme ils peuvent. Entre solidarité, actes quotidiens de survie, et espoirs ténus, la vie s’accroche dans ce territoire pris au piège d’une guerre qui ne dit pas son nom mais qui tue sans répit.
Le visage politique d’une guerre sans fin

Un pouvoir déterminé à finir le combat
Netanyahu affiche une détermination à mater totalement Hamas, refusant tout compromis qui pourrait ressembler à une capitulation. Cette posture, célébrée par certains, est perçue par d’autres comme une entêtement aveugle au risque de désastre humain et politique.
Les dilemmes moraux d’une guerre prolongée
Chaque jour apporte son lot de décisions difficiles, de choix cruels entre objectifs militaires et pertes civiles, entre quête de sécurité et respect des droits humains. Les frontières sont devenues poreuses, les limites floues. La politique devient un art de la guerre froide et agressive.
Un futur incertain pour Israël et la région
La poursuite de cette stratégie pourrait sceller le destin de la région pour des générations. Une roue qui tourne sans fin, entraînant Israël dans une spirale de violences, d’isolement diplomatique et de fractures internes, tout en plongeant Gaza dans une nuit insondable.
Conclusion : Gaza, un territoire suspendu entre guerre et silence

Un avenir à réinventer ou à abandonner ?
Netanyahu choisit le contrôle sans gouvernance, la guerre sans fin, la domination sans clarté. Gaza, territoire brutalisé, se tient à la croisée des chemins : destruction complète ou espoir ténu d’une paix encore inconcevable. Les choix faits aujourd’hui résonneront longtemps dans l’avenir incertain du Moyen-Orient.
Une humanité brisée mais pas encore détruite
Au milieu des ruines, des cris et des silences imposés, la vie lutte. Ce sont des femmes, des hommes, des enfants. Des survivants qui témoignent encore d’une dignité farouche et d’une volonté de vivre. Gaza ne peut être réduite à un simple enjeu militaire, c’est un peuple avec ses cicatrices, ses rêves et son droit à l’existence.
La vigilance comme responsabilité partagée
Face à cette tragédie imminente, chaque voix compte. Pour comprendre, pour dénoncer, pour agir. L’histoire de Gaza ne doit pas s’écrire en lettres de sang et d’oubli mais dans un engagement humain et moral commun. Le contrôle annoncé de Netanyahu est un signal d’alarme puissant : il appelle à briser le silence et à regarder la réalité en face, aussi dure soit-elle.