L’Ukraine contre-attaque à l’est : villages repris, coup d’arrêt à la percée russe ?
Auteur: Maxime Marquette
Quand la carte de la guerre vacille, il ne reste souvent que la ténacité sur un caillou, un trait de terre. À l’est de l’Ukraine, là où Moscou croyait toucher la victoire par une percée impressionnante, le commandement ukrainien vient d’annoncer la reprise de plusieurs villages stratégiques, relançant la flamme d’une contre-offensive que beaucoup disaient impossible. Ces localités, dont Bézsalivka dans le nord, Grouzké ou Hrouzke dans le Donbass, témoignent d’un front qui ne cède pas sans répliquer. Alors qu’à Anchorage, Trump et Poutine s’affrontent sur l’autel diplomatique, sur la plaine, l’Ukraine tente de reprendre la main, village par village, pour conjurer l’idée obsédante d’une défaite programmée. Chaque reconquête, même minuscule, devient une gifle à la propagande russe et un appel d’air pour l’espoir.
Reprise de villages : regain ukrainien dans un paysage de ruine

Bézsalivka, symbole d’une reconquête au nord
L’armée ukrainienne a confirmé la libération complète du village frontalier de Bézsalivka, dans la région de Soumy. Cette enclave, située tout près de la zone d’affrontements avec la Russie, change plusieurs fois de mains depuis des mois. La reconquête est doublement symbolique : elle prouve que la Russie, malgré sa poussée récente (et ses pertes humaines colossales), n’est pas invincible. Elle rappelle aussi l’importance stratégique de chaque point d’appui, à la fois pour la défense du cœur ukrainien et comme premier rempart contre un encerclement plus vaste. L’état-major de Kyiv mise sur l’effet psychologique : rappeler à l’ennemi (et à l’opinion déjà lassée des combats) que rien n’est durable tant que la détermination n’a pas cédé.
Grouzké et Hrouzke : la bataille du Donbass se poursuit à découvert
Plus au sud, dans la région de Donetsk, les forces ukrainiennes affirment avoir repoussé l’armée russe de plusieurs localités, dont Grouzké et Hrouzke. Après la percée russe qui avait fait vaciller la ligne de défense et menacé d’isoler d’importantes agglomérations (Pokrovsk, Dobropillia…), Kyiv mobilise renforts et réserves sur des zones où la moindre parcelle tient par miracle. Ici, la lutte tient du siège : destructions, “nettoyage” laborieux d’occupants et reconquête maison par maison. Pour la Russie, ces revers signent l’impossibilité d’installer une victoire rapide malgré une logistique massive déployée depuis avril.
Stratégies souterraines : piquer, tenir, user l’ennemi
La méthode ukrainienne reste la guérilla : acculer les Russes à disperser leurs moyens, réexploiter chaque faille, se replier puis contre-attaquer. Si, sur la carte, une ligne bouge à peine, sur le terrain, c’est l’énergie pure, la patience féroce et l’acceptation d’un nombre de pertes difficilement soutenable. Provisoirement, le front cesse de reculer. La guerre continue, mais chaque village repris redonne forme à une résistance qui ne se raconte pas toujours dans les communiqués triomphants.
La machine de guerre russe en échec partiel, l’Ukraine rompt la spirale

Propagande et réalités : la fissure de la victoire annoncée
Le récit officiel du Kremlin mettait l’accent sur la percée de Donetsk comme signe avant-coureur d’un effondrement ukrainien. En réalité, chaque progression coûte une fortune en matériel et en vies ; chaque localité prise représente un pan de ruine plus qu’une tête de pont durable. Les experts militaires parlent d’un “front mouvant” : la Russie avance en profondeur mais ne tient qu’au prix de lignes d’approvisionnement fragiles et de défenses toujours menacées de reprise soudaine. Ce que montrent Bézsalivka, Grouzké et Hrouzke, c’est que l’adversaire, fût-il superiorité numérique, ne s’installe jamais en terrain conquis.
Les conséquences pour la suite de la guerre
À moyen terme, ces petites reconquêtes n’inversent pas la dynamique stratégique globale, mais elles ralentissent la marche russe, imposent des pauses, cassent le mythe de l’inévitabilité. Pour Kyiv, la survie consiste à gagner du temps, à puiser dans l’endurance de ses troupes mobiles et la mobilisation de populations locales. Moralement, aucune victoire n’est négligeable, dans un conflit où la lassitude et la résignation gagnent nombre d’Ukrainiens et d’alliés occidentaux.
L’inquiétude demeure : la guerre des nerfs est loin d’être gagnée
Rien n’indique que la ligne tiendra. Les analystes s’inquiètent d’un possible encerclement, de la saturation des capacités de Kyiv et d’une future relance de l’offensive russe, notamment autour de Dobropillia et de Pokrovsk. Le ciel, saturé de drones et de missiles, laisse peu d’illusions sur la possibilité d’un apaisement durable sans soutien extérieur accru. Kyiv continue d’appeler à l’aide, consciente, malgré ses succès, de la fragilité de toute avancée sur ce front infernal.
La géopolitique à l’épreuve du terrain : Trump, Poutine et l’Ukraine en embuscade

La scène d’Alaska et la réalité ukrainienne dissonent
Tandis que Trump et Poutine s’affichent à l’autre bout de la planète pour négocier l’ombre d’une paix, c’est bien autour des villages de l’est et du nord que se joue l’avenir immédiat du pays. Les Ukrainiens comprennent qu’aucun communiqué de sommet ne protègera leurs familles si la prochaine vague russe perce. C’est là, dans ces hameaux abîmés, que la valeur de tout accord se mesure.
L’Europe regarde, tire les leçons : la défense stratégique, une affaire de mètre carré
La reprise de ces villages rappelle aux chancelleries européennes le coût dramatique du soutien, mais aussi son urgence. Les stratèges de l’OTAN n’ignorent pas qu’à chaque village perdu, c’est une brèche nouvelle dans la défense de tout le continent. Derrière la géopolitique, revient la vérité organique : un conflit se gagne ou se perd, non dans les grandes capitales, mais sur deux rues, une colline, un bois.
Canada, États-Unis, Royaume-Uni : à chacun son équilibre d’engagement
La recomposition diplomatique se nourrit de ces faits de terrain. Washington, Londres, Ottawa affûtent les discours, mais restent prudents sur la question d’un coffre à volonté pour Kyiv. Pour chaque village repris, on argüe le prix du risque d’escalade avec Moscou. L’aide humaine et matérielle avance, mais toujours sur le fil du calcul et de l’usure politique interne.
Conclusion : Reprendre la terre, regagner du souffle – rien n’est figé à l’est

L’Ukraine, acculée mais jamais assiégée de l’intérieur, regagne deux, trois, six villages dans un grondement de fatigue et d’orgueil. La ligne demeure précaire, la guerre plus incertaine que jamais. Mais après tant de mois d’illusions perdues, chaque avancée, chaque ruine reprise, résonne comme la preuve têtue qu’aucune carte ne s’imprime sans volonté. Le prochain drame viendra, la prochaine victoire aussi. Pour l’heure, la résistance recommence, au ras du sol, par la reconquête du possible.