Un sommet sous haute tension : l’onu exige la paix immédiate en Ukraine, trump et poutine jouent l’histoire en alaska
Auteur: Maxime Marquette
Auguste matin qui s’étire, alors que le monde retient son souffle. La guerre en Ukraine s’invite, une énième fois mais cette fois c’est trop, sous les projecteurs froids d’un théâtre où tout paraît surjoué et pourtant, tout n’a jamais été aussi grave, aussi viscéralement réel. Trois ans et demi que les bombes pleuvent, que les espoirs se consument dans les tranchées boueuses aux abords de Kharkiv, aux ruelles éventrées de Marioupol, sous les drones qui zèbrent le ciel de Zaporijjia. Ce 15 août 2025 n’est pas un jour comme les autres : Donald Trump et Vladimir Poutine, dos à dos ou face à face on ne sait plus, se retrouvent en Alaska, sur la base militaire d’Elmendorf-Richardson, alors que l’ONU réclame un cessez-le-feu immédiat pour mettre enfin un terme à ce « cauchemar ». L’épreuve du feu : un sommet où le destin de l’Europe vacille, où l’équilibre du monde tient dans la confusion d’un huis clos. Où tout pourrait basculer, où rien n’est certain, ni la paix, ni la justice, ni même l’existence d’un lendemain respirable. Et dans le silence pesant de l’attente, la stupeur monte, comme une marée sombre…
Le cri de l’onu : pour un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et complet

Un peuple exténué, trois ans et demi à survivre dans l’indicible
Dans la salle du Conseil de sécurité des Nations Unies, jeudi dernier, l’émotion éclate, contenue, froide, mais indéniable. Miroslav Jenča, voix rauque de l’institution, lâche : « Le peuple ukrainien a enduré près de trois ans et demi d’horreurs inimaginables, de morts, de dévastation et de destruction. Il a un besoin urgent d’être soulagé de ce cauchemar ». C’est sans fard. L’ONU n’en est plus à compter les morts, elle demande simplement la fin, ici, maintenant, de ce cycle de violence qui dévore toute une génération. Pas demain, pas à la Saint-Glinglin, mais tout de suite.
La diplomatie ou la guerre, mais plus les deux à la fois
La rhétorique s’est tendue, épurée de ses oripeaux : « La diplomatie, et non les combats, doit s’intensifier dans les jours et les semaines à venir », martèle l’ONU. On ne croit plus naïvement aux grandes conférences de paix, on réclame quelque chose de brut, de vérifiable, de solide – et surtout d’endurable pour les civils dont la vie n’est plus qu’un long effritement. Derrière le vernis, le spectre de l’échec plane, mais la fatigue diplomatique de l’hiver laisse place à la rage de la nécessité.
L’urgence de l’action : le piège de l’attente, la peur de l’éternité
Tout le monde a compris : attendre encore, c’est trahir. Cessez-le-feu : trois mots, mais si lourds qu’ils plient le langage. Chaque heure creuse davantage l’abîme, chaque nouvelle frappe endurcit le béton des haines. Au nord, à l’est, on exhume des corps sous les gravats, on traque les drones, on espère l’inattendu. Le temps, ce luxe assassin, la diplomatie ne peut plus s’en offrir.
Trump et Poutine : la rencontre de tous les dangers

L’Alaska, théâtre d’une première depuis 2019
Elmendorf-Richardson, base arctique égarée. Ce vendredi, Donald Trump et Vladimir Poutine y entrent comme deux joueurs d’échecs aveuglés par la neige. Depuis Helsinki en 2018, aucun face-à-face. Le moment est unique : ce n’est plus seulement l’avenir de l’Ukraine qui chancelle, mais le souvenir même de la dissuasion, l’ordre mondial qui frémit. Trump a prévenu — « Tout ou rien » — et Poutine savoure déjà d’avoir forcé Washington à discuter en son absence de Zelensky. La folie des grandeurs, la vanité du pouvoir, la danse froide sur le fil du précipice.
Des exigences irréconciliables : la partition d’un pays en suspens
D’un côté, la Russie clame, martèle, exige : le contrôle de Donetsk, Lougansk, Kherson, Zaporijjia et toujours la Crimée. Pas de retour en arrière, un refus obsessionnel de voir l’Ukraine rejoindre l’OTAN. Poutine veut la « prévention » par la neutralité, par la réduction à néant de l’armée ukrainienne, par la levée de toutes les sanctions. En face, Kiev crie à l’ultimatum, refuse toute cession du territoire, réclame au contraire le retrait pur et simple des troupes russes et des garanties de sécurité solides. Deux mondes qui se heurtent, deux lignes qui ne se croisent jamais.
L’ombre du marché secret : l’Europe sur la touche, l’Ukraine craint le piège
La peur la plus grandiose, la plus insaisissable : que Washington abandonne Kiev, que les Européens soient réduits au rang de spectateurs gênés, que le sort d’un peuple soit décidé en quelques heures dans un huis clos, loin de la réalité de Kharkiv ou d’Odessa. Dans les couloirs de Bruxelles, la colère monte. « Rien de ce qui concerne l’Ukraine ne doit se faire sans l’Ukraine » : supplique ou menace, c’est la même impuissance qui ronge.
Une situation militaire explosée : la guerre se poursuit, drones et assauts à l’infini

La Russie avance, l’Ukraine résiste, la ligne de front saigne
Sur le terrain, alors que les caméras fixent l’Alaska, la guerre n’attend personne. Les drones Shahed, produits en milliers par la Russie, labourent le ciel, frappent à l’aveugle. Les troupes russes avancent, capturent deux localités à la veille du sommet. L’armée ukrainienne, à court de munitions, à bout de souffle, tente de riposter, lance des raids de drones jusqu’au cœur de la Russie. Chaque nuit, de nouveaux morts, de nouveaux orphelins. Aucune magie, aucune pause. La fatigue n’adoucit pas la violence.
Tactiques de la terreur, la surenchère du drone
La technologie comme arme, la saturation comme stratégie : soixante-trois drones kamikazes abattus en une nuit. Les défenses repoussent l’enfer, mais pour chaque drone tombé, un autre traverse. Çà et là, coupures d’électricité, hôpitaux évacués, enfants cyanosés par l’effroi. On fantasme la cyberguerre, mais là, c’est la chair qui parle, sous le plexiglas éclaté des fenêtres de Kherson.
La fatigue stratégique, l’enlisement mortifère
L’Ukraine tient parce qu’elle doit tenir. « Refuser de céder » : ce mantra porte au sacrifice, nourrit la tragédie. L’exaspération militaire ronge la société civile, perce jusque dans les discours. On parle moins d’une guerre, plus d’une interminable agonie, d’une suite de cruautés sans horizon. À Kiev, à Tchernihiv, la vie se suspend. Les écoles ferment, les familles fuient, ceux qui restent n’espèrent plus, ils endurent, et cela seule chose dont ils sont sûrs : il faut encore tenir, même si cela ne guérit rien.
La pression internationale : l’ombre de l’ONU et le silence des européens

ONU : une résolution, mais des compromis trop larges
La résolution américaine portée par les États-Unis devant le Conseil de sécurité de l’ONU, « implore pour une fin rapide du conflit », mais ne mentionne plus ni la souveraineté, ni l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Les Européens, furieux, s’abstiennent, la Russie vote pour, Washington célèbre la « victoire » de la diplomatie, mais sur le terrain, les lignes n’ont, en fait, pas bougé. Le compromis est trop flou, trop lâche. À quoi bon des résolutions si elles n’épargnent ni une vie, ni une école, ni un seul arbre en Ukraine ?
Les cris étouffés de Bruxelles et Berlin
Pour l’Union Européenne, la peur est double : être mise de côté, perdre le dernier levier qui lui reste — le financement, l’armement, les mots. La présidente du Parlement européen hurle (en vain ?) sur X : « Rien sur l’Ukraine sans l’Ukraine ». Mais, dans ces négociations d’Alaska, les Européens en sont réduits au silence, exclus des vraies discussions. Un mal ancien se répète : l’Europe se découvre, une fois encore, incapable de parler d’une seule voix.
La diplomatie américaine : la tentation du deal à huis clos
Pour Trump, la tentation du « deal » — vite conclure, vite basculer la page. L’objectif affiché : éviter l’enlisement, ramener la paix, même au détriment de certains principes. Trump se projette déjà en lauréat du Nobel de la paix, imagine un sommet à trois avec Zelensky « bientôt, peut-être encore en Alaska ». Mais Kiev et l’Europe craignent plus que jamais d’être vendus à la découpe, sans garantie, sans cadre, sans retour possible.
Kyiv sur la brèche : résistance, isolement, et peur d’un diktat

Zelensky exclu du premier tour : le pari risqué de Trump
Alors que l’Alaska bruisse de tractations, Volodymyr Zelensky n’est pas là. Il est à Londres le matin, puis à Berlin, tente de mobiliser la solidarité, multiplie les appels : que personne ne décide pour l’Ukraine. Mais l’impulsion du sommet, le tempo, sont désormais dictés par Trump et Poutine. Kyiv craint un accord boiteux, la cession de ses terres pour une paix factice, l’isolement renforcé par le retour du bilatéralisme brutal. La diplomatie a-t-elle encore un sens si le principal concerné regarde, impuissant ?
Refus de la capitulation : l’exigence d’un retrait total
Plus que jamais, l’Ukraine refuse de plier. Tout retrait russe insuffisant est jugé inacceptable, toute concession territoriale, une trahison du sang versé depuis 2014. Le pays ne veut plus d’accords ambigus. Dans la rue, la lassitude des sacrifices gronde, l’idée même de renoncer paraît insupportable, presque obscène. La guerre est devenue pour beaucoup une affaire de dignité, de transmission, de refus de l’oubli.
Le piège des garanties de sécurité : défiant la fatalité
Kyiv veut des leviers, des véritables « garanties de sécurité » : présence internationale, promesse claire de sanctions — mais la Russie s’y oppose farouchement, rejette tout déploiement onusien ou occidental. L’OTAN, quant à elle, devient un horizon inaccessible, exclu par Washington, diabolisé par Moscou. Et ce mot, « neutralité », resurgit, comme une accusation, comme une résignation forcée. Piégé, Kyiv ne cesse de réclamer ce qu’il sait presque impossible à obtenir.
Vers un avenir incertain : perspectives et pièges d’un arrêt des combats

Le spectre du séparatisme institutionnalisé
Tout cessez-le-feu, sans justice, risque de graver dans la pierre des lignes de fracture irréversibles. Le Donbass, la Crimée, Kherson : zones grises, zones mortes, devenues des territoires de non-droit, des playgrounds pour les mafias, des terreaux pour le ressentiment. L’Ukraine ne veut pas d’un nouvel « accord de Minsk », d’un gel des positions qui préparerait la prochaine conflagration.
La tentation du marchandage rapide
Le rêve d’un « deal » signé vite, oublié plus vite, est tentant pour la Maison Blanche, soucieuse d’éviter la poursuite du bain de sang avant la présidentielle. Mais sur le terrain, ce genre d’arrangement ne tient jamais. Les populations déplacées, les villes ruinées, le tissu économique n’en sortiraient pas indemnes. L’ambiguïté nourrit les ambitions déçues, la frustration, la lente préparation d’une revanche.
La paix sans la justice : un horizon impossible ?
Nombre d’Ukrainiens, et d’observateurs européens, le répètent : sans mécanisme réel de justice, sans clarification sur les crimes de guerre et la protection des minorités, l’accord de paix relèverait plus du déni que du remède. Et pourtant, la lassitude gagne tous les camps. L’envie d’en finir, d’en sortir, même sans garantie, pousse certains à voir dans la moindre pause un soulagement. Mais à quel prix ?
La voix des populations : entre lassitude et aspiration à la paix

Russes et Ukrainiens, majoritairement favorables à des pourparlers
Ironie cruelle : alors que l’on négocie à huis clos, que les États s’écharpent sur les préalables, les enquêtes d’opinion montrent qu’une majorité de Russes et d’Ukrainiens, désabusés, sont prêts à soutenir un processus de paix. Pour eux, la guerre n’a plus de sens, elle n’est qu’une série de pertes et d’humiliations quotidiennes. Mais la paix, vue de Moscou, n’est pas celle rêvée à Kyiv. Et le dialogue, même désiré, ne se traduit pas toujours en actes.
Le coût psychologique d’une guerre sans fin
Derrière les colonnes de chiffres, une fatigue morale, invisible, poursuit son œuvre de sape. Les enfants, mutilés ou endeuillés, les familles éparpillées aux quatre vents d’Europe, les générations vieillissantes qui voient partir tous les repères. Une paix signée sur la hâte laisserait des blessures ouvertes, des ressentiments profonds, qui pourriraient les lendemains. L’angoisse de la paix imparfaite se danse sur le vide, comme dans tous les après-guerres.
L’espérance : dernière ressource d’un peuple debout
Pourtant, malgré tout, l’espérance survit. Dans les abris, les enfants tracent des cœurs aux fenêtres criblées. Les femmes, comme les hommes, redonnent vie aux gestes ordinaires, cultivent, enseignent, écrivent. Tout n’est pas défaite, tout n’est pas effondrement. Les peuples ont parfois une faculté hallucinante à réinventer la lumière, même dans les ténèbres les plus épaisses. Mais cette espérance exige la vérité, et la vérité, le courage.
Conclusion : Un sommet qui bascule, une histoire qui s’écrit au fil du vertige

On referme la porte sur ce sommet historique, sans savoir ce qu’il laissera derrière lui — avancée décisive ou simple séance de pose pour deux géants fatigués. L’Ukraine hurle qu’elle ne se prêtera pas au jeu des « grandes puissances », que rien ne doit se décider sans elle… mais voilà que la géopolitique, traîtresse, préfère l’ombre à la lumière, le secret à la franchise. Entre Washington, Moscou et les capitales européennes, l’Histoire s’invente une issue dans la confusion, dans une urgence fébrile, au mépris même parfois du bon sens. Mais voilà : c’est cela qui fait aussi la trame de notre époque. L’urgence, la peur, la volonté de conjurer le malheur en tissant la paix.