Zelensky accuse Moscou de tueries à la veille du sommet Alaska : l’humanité piégée entre les bombes et le marchandage
Auteur: Maxime Marquette
L’Ukraine s’éveille une nouvelle fois au son des alarmes et aux lueurs des incendies : pendant que les caméras s’agitent en Alaska, le président Volodymyr Zelensky accuse la Russie de « continuer à tuer » en Ukraine. Loin du théâtre diplomatique où Donald Trump et Vladimir Poutine préparent leur sommet de tous les dangers, la réalité ukrainienne ne connaît ni pause, ni répit. Les morts s’accumulent, les blessés défilent dans les hôpitaux de Donetsk, Kharkiv et Odessa. Les trêves, elles, s’effondrent séance tenante : la guerre, sourde et tenace, précède toujours les grandes messes politiques. Et la population, témoin malgré elle, sent sourdre l’angoisse d’être échangée contre une illusion de paix.
Russie : la machine de guerre poursuit sa cadence meurtrière

Bombardements intensifs à la veille de la négociation
Même les diplomates à Anchorage n’osent prétendre que la guerre s’arrête, ne serait-ce qu’une heure, pour cause de sommet. En ce matin d’août, les autorités ukrainiennes comptabilisent les tirs de missiles sur Kryvyï-Rih, les drones suicides sur Zaporijjia, la population civile de Pokrovsk terrée dans ses caves. Zelensky, dans son adresse nocturne à la nation, martèle : « Ils continuent aussi à tuer le jour des négociations ». Les frappes russes sur les villes de l’est et du sud, le déplacement de plus de 6 000 personnes ces trois derniers jours, les évacuations sous la menace – tout porte la trace de la violence méthodique. En parallèle de la diplomatie, Moscou garde l’initiative du chaos.
Victimes civiles record : la terreur se propage jusque dans les hôpitaux
Juillet a été le mois le plus meurtrier depuis deux ans : 286 civils tués, 1 388 blessés selon les Nations Unies, dont des dizaines d’enfants frappés par des drones à courte portée. Les hôpitaux improvisent des morgues, les ONG rapportent des violations sans précédent du droit humanitaire : bombes sur écoles, missiles sur les greniers, attaques contre des convois de fuyards. Ni Kyiv, ni Kramatorsk n’échappent au ballet des ambulances. Sous les fenêtres des négociateurs d’Anchorage, la métaphore de la « boucherie » s’incarne, chaque minute, en centaines de drames familiaux.
L’espoir d’un cessez-le-feu ruiné par la réalité du terrain
Zelensky énumère, inlassablement, les « signaux absents » de Moscou. Aucun engagement à l’arrêt des hostilités, aucune parole crédible : « La Russie doit prendre les mesures nécessaires. Nous comptons sur l’Amérique, mais nous surveillons les actes, pas les promesses », lance-t-il sur X. Difficile, dès lors, de croire à un basculement imminent. L’Ukraine attend moins un accord qu’un sursis, alors même que ses villes vivent sous la menace d’une nouvelle étape de la terre brûlée.
Le sommet Alaska : diplomatie de crise, gravité feutrée, massacre ordinaire

Trump en arbitre inattendu : pression maximale sans garantie
Donald Trump promet « de ne pas faire ça pour sa santé », menace Moscou de « conséquences très graves », se rêve pacificateur et médiateur ultime. Pourtant, dans chaque déclaration filtrent l’urgence de réussir, mais aussi la précarité des engagements. Si la Russie refuse de plier, « le coût sera lourd », affirme-t-il – sans que l’Ukraine ne puisse contrôler ni la nature, ni la cadence de ce « très important sommet ».
Poutine, maître du tempo funèbre
Face à Trump, Vladimir Poutine se présente comme leader d’un empire blessé mais déterminé. Dès l’arrivée sur la base militaire d’Elmendorf, la partie s’annonce rude : le Kremlin affiche sa constance, Lavrov annonce « une position claire et compréhensible ». Les gains militaires des dernières semaines sont brandis comme monnaie d’échange, la faiblesse de Zelensky – absent d’Anchorage – comme un argument supplémentaire. Les discussions s’ouvrent dans la certitude que rien n’arrêtera la machine de guerre avant, ou même après, la pluie de paroles.
Le piège du « donnant-donnant » : menace pour la souveraineté ukrainienne
L’ultime crainte de Kyiv et de ses alliés européens : qu’un marchandage de territoires, même implicite, se profile hors la présence ukrainienne. Trump parle de « partager des choses », d’un sommet tripartite à venir, mais l’Europe grince. Un accord sans cesser le feu vérifiable ne serait, pour Kiev, qu’un alibi à la continuation des tueries – ou, pire, une accréditation a posteriori de la politique de la terreur.
L’onde de choc humanitaire : nombre record de victimes et société en exil

Des familles condamnées à l’exode perpétuel
À mesure que la ligne de front recule ou avance, les convois d’exilés s’allongent. Depuis lundi, plus de 6 000 ukrainiens ont fui les localités proches du Donbass, les files s’étirent jusqu’à Lviv ou à la Moldavie. Les évacuations s’accélèrent alors même que les bombardements visent aussi les routes de fuite et les sites de transit. Les ONG réclament une pause humanitaire : l’OCHA note que “l’accès se dégrade dans toutes les villes exposées au feu”.
Hôpitaux saturés, école détruites, solidarité à bout de souffle
Dans les villes encore debout, la vie devient improbable. Les hôpitaux improvisent et s’effondrent sous l’accumulation des blessés ; les écoles servent d’abris. L’aide humanitaire, difficile, se heurte à la saturation logistique ou aux raids russes. À Mykolaïv, 7 000 habitants font face à une menace de coupure d’eau, à Kostiantynivka, une aide d’urgence arrive par camion sous escorte. Le tissu social ne tient parfois plus qu’à des gestes partagés : nourrir les enfants, cacher les vieux, espérer la lumière.
Des enfants privés de jeunesse, traumatismes à répétition
Très loin d’Anchorage, les enfants jouent à la guerre, sursautent au moindre bruit, grandissent plus vite que leurs rêves. Les enseignants racontent les séances de dessin où chaque crayon esquisse des tanks, des immeubles en flamme, parfois des silhouettes en train de fuir. Psychologues et travailleurs sociaux multiplient les interventions d’urgence : la violence, répétée, installe un traumatisme qu’aucune parole officielle ne saura effacer.
Europe en alerte, pression sur Washington, espoirs minés

L’Europe fait bloc avec Kyiv, mais craint le marchandage de l’abandon
Berlin, Paris, Londres multiplient les messages : la souveraineté de l’Ukraine ne saurait être marchandée en Alaska. Les chancelleries voient bien le risque d’un accord d’apparence qui masquerait un abandon progressif à la violence russe. Bruxelles prévient : toute “paix” qui ne s’appuie pas sur un arrêt des hostilités vérifiable serait une “victoire empoisonnée”.
Trump et la tentation du « grand deal » : ambiguïté permanente
À la Maison-Blanche, la fébrilité domine. Le président américain rêve d’être la figure de la paix, mais doit composer avec ses propres alliés sceptiques, l’hostilité viscérale de Poutine et la résilience absente de la Russie. Entre photo symbolique et réalité des tranchées, la dissonance inquiète. Un Nobel ou un naufrage : la frontière semble poreuse.
L’Ukraine isolée, société sur le fil
Pour Kiev, tout succès diplomatique ne vaut que si la vie redevient un bien commun. Pour l’heure, la société se bat, piégée entre l’attente et la résignation, l’espoir fragile et le sentiment d’abandon. Les appels de Zelensky sont racontés comme des supplications – “voyez, nous saignons encore pendant vos discussions”.
Conclusion : Sur le fil du désespoir, la vérité refoulée de la guerre

Zelensky a dit : “Ils continuent à tuer, même aujourd’hui”. Et pendant qu’à un millier de kilomètres, on débat de solutions sur mesure, la mort s’accroche à la routine ukrainienne. Les conflits, dans leur cruauté nue, imposent leur loi, loin des géopoliticiens et des dramaturges. Ne reste alors, pour l’observateur et le citoyen, que le devoir de garder les yeux ouverts, de rappeler que la vraie fin de la guerre s’écrit sur le terrain, par l’arrêt des armes, pas la signature de papiers — ni la distribution de sourires sur tarmac gelé.