Kim jong un glorifie ses troupes « héroïques » engagées aux côtés de la russie : un signal de guerre mondiale
Auteur: Maxime Marquette
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a salué avec emphase ses troupes qu’il décrit comme « héroïques », déployées en soutien direct à la Russie dans le conflit ukrainien. Les images diffusées par les médias d’État montrent un Kim souriant, le poing levé, entouré de militaires suréquipés, encadrés de drapeaux nord-coréens et russes côte à côte. C’est plus qu’une déclaration d’amitié : c’est un alignement assumé, un défi lancé au monde. Les soldats nord-coréens, envoyés officiellement comme « unités de soutien logistique », apparaissent pourtant sur des zones proches du front est de l’Ukraine, surveillés et encadrés par des officiers russes. Cette démonstration publique d’alliance entre Moscou et Pyongyang dépasse la rhétorique traditionnelle : elle met en évidence la mondialisation du conflit. Dans une guerre déjà nourrie par l’aide militaire occidentale à Kiev, l’implication de troupes nord-coréennes côté russe ouvre un champ nouveau, inquiétant, celui d’une guerre par procuration qui menace de devenir une confrontation mondiale explicite.
L’intervention nord-coréenne dévoilée

Des unités dites « logistiques » mais armées
Officiellement, les soldats envoyés ne prennent pas part directement aux combats. Les communiqués nord-coréens parlent de « missions de soutien », notamment réparation d’équipements, construction de positions fortifiées et transport de matériel. Mais les sources sur le terrain indiquent autre chose : des hommes armés, équipés pour le combat, stationnés en arrière-ligne mais prêts à intervenir. Les uniformes flambants neufs et les armes semi-automatiques présentées dans les vidéos prouvent que ces troupes sont davantage que de simples logisticiens. Pyongyang brouille volontairement les lignes : soutien non-combattant en façade, soldats combattants prêts à être activés en coulisses.
Un message clair à l’occident
Ce déploiement est un geste symbolique autant que militaire. En envoyant ses hommes, Kim montre que la Russie n’est plus seule. Que l’isolement de Moscou vanté par l’Occident est un leurre. Le Kremlin exhibe fièrement cette « solidarité », comme une réponse aux chars allemands, aux missiles français, aux drones turcs. Et Kim y trouve un double intérêt : prouver à ses propres troupes que Pyongyang fait partie des grands équilibres mondiaux, et rappeler à Washington que la péninsule coréenne reste un volcan prêt à s’embraser si le régime l’exige.
Un risque d’escalade directe
L’implication explicite de soldats étrangers bouleverse le calcul du conflit. Jusqu’ici, la Russie bénéficiait d’armes iraniennes et d’équipements chinois plus ou moins discrets. Désormais, il s’agit de soldats en chair et en os, identifiables, placés à ses côtés. L’Occident ne peut ignorer un tel franchissement de seuil. La guerre, qui se voulait « régionale », devient un carrefour où se croisent déjà Américains, Européens, Iraniens, Nord-Coréens. Le risque d’un affrontement direct entre blocs n’a jamais été aussi proche depuis des décennies.
Les motivations de kim jong un

S’affirmer sur la scène internationale
Depuis toujours, Kim cherche à rompre son isolement. En soutenant Moscou, il obtient une place à la table des grandes puissances. Ce geste lui confère un rôle de perturbateur clé dans le jeu mondial. Déjà fournisseur d’obus d’artillerie à la Russie, il franchit un cap en envoyant ses hommes. Cela lui permet aussi d’afficher sa solidarité idéologique : unir les régimes autoritaires contre « l’impérialisme occidental » en un front symbolique. C’est une revanche contre les décennies de sanctions et d’humiliations imposées par les Nations unies.
Un allié stratégique utile
Kim espère des contreparties. Moscou, isolé, lui offre déjà une aide économique vitale : livraisons de pétrole, transferts de technologies, soutien diplomatique pour éviter des sanctions étouffantes. En retour, Pyongyang met à disposition sa main-d’œuvre militaire bon marché et son arsenal vieillissant mais abondant. Cette alliance nourrit un cercle d’intérêts : la survie des deux régimes dépend en partie du soutien mutuel. Chacun compense les failles de l’autre, par opportunisme autant que par nécessité.
Un levier contre les États-Unis
Enfin, en se rapprochant de Moscou, Kim envoie un message clair à Washington. Si les Américains renforcent leurs alliances en Asie avec Séoul et Tokyo, Pyongyang montre qu’il peut lui aussi s’intégrer dans un axe hostile, aux côtés de la Russie, potentiellement de l’Iran et de la Chine. La dimension géopolitique dépasse largement l’Ukraine : en se projetant hors de la péninsule, le régime nord-coréen met en garde contre toute tentative de le marginaliser.
La russie en profite

Montrer qu’elle n’est pas isolée
La Russie exhibe cette alliance avec fracas. Dans ses médias, les images des soldats nord-coréens sont montées comme des preuves que l’Occident ment. Moscou veut montrer que des pays alliés, même petits ou marginalisés, s’alignent à ses côtés. Ce narratif est puissant : il sert de bouclier psychologique face aux critiques occidentales et redonne du souffle à une population russe lassée par la guerre.
Un soutien logistique réel
Les milliers d’obus fournis par la Corée du Nord ont déjà changé la donne sur le front. Le déploiement de troupes augmente encore cette capacité logistique. Même si ces soldats ne représentent pas une force massive sur le champ de bataille, leur contribution soulage Moscou. Ils remplacent des conscrits fatigués, construisent des infrastructures, libèrent des effectifs russes pour les combats. Chaque soldat nord-coréen déployé est une force russe rendue disponible ailleurs.
Un effet de levier diplomatique
En retour, Poutine gagne un atout diplomatique : montrer qu’il est capable de briser l’isolement par l’axe nord-coréen. Ce rapprochement ouvre aussi la voie à des coopérations militaires croisées. La Russie pourrait fournir à la Corée du Nord des satellites plus modernes, voire une assistance sur son programme nucléaire. Une alliance dangereuse qui ne se limite plus à la guerre ukrainienne, mais qui pourrait bouleverser les équilibres stratégiques en Asie.
Les réactions internationales

Occident sidéré
À Bruxelles, à Washington, les chancelleries dénoncent. Officiellement, l’ONU rappelle que la présence de soldats nord-coréens viole les sanctions internationales. Mais que faire face à deux membres permanents du Conseil de sécurité qui les piétinent ? La sidération domine, et la peur d’une explosion incontrôlable grandit. Les Européens durcissent leur aide à Kiev, accentuant encore le cercle vicieux de l’escalade.
La chine observe
À Pékin, l’ambiguïté demeure. La Chine n’encourage pas officiellement l’expédition nord-coréenne, mais elle ne la condamne pas non plus. Elle profite du chaos pour se poser en arbitre, en puissance qui regarde ses rivaux s’épuiser. Le silence calculé de Pékin est en soi un message : son soutien implicite nourrit l’axe sino-russo-nord-coréen sans jamais l’assumer totalement.
Les alliés de l’amérique inquiets
Au Japon, en Corée du Sud, la nouvelle fait l’effet d’une alarme nucléaire. Le spectre de soldats nord-coréens actifs hors de leurs frontières inquiète les stratèges. Tokyo et Séoul y voient un prélude à de nouvelles provocations sur la péninsule et appelent Washington à renforcer sa présence militaire. L’effet domino menace : ce qui se joue en Ukraine pourrait précipiter une crise militaire en Asie.
Conclusion comme une sirène d’alerte

En saluant ses troupes « héroïques » déployées en appui à la Russie, Kim Jong Un franchit une étape dangereuse dans la mondialisation du conflit ukrainien. Ce n’est plus une guerre entre Moscou et Kiev : c’est une arène où s’invitent, masque levé, les régimes autoritaires prêts à défier l’Occident. Loin d’un geste symbolique, l’envoi de soldats nord-coréens est un défi lancé aux normes internationales, une provocation envers les démocraties, et surtout une nouvelle fissure dans l’ordre mondial déjà vacillant. La guerre d’Ukraine se transforme en miroir du monde : un affrontement entre blocs, où chaque allié compte, où chaque alignement pèse. Et l’histoire retiendra peut-être ce moment comme celui où nous avons cessé de parler de “soutiens à distance” pour admettre une réalité plus noire : nous marchons vers un conflit global, nourri non plus par des idées, mais par des soldats vivants, alignés, déployés, salués comme “héroïques” au cœur d’une tragédie sans fin.