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Affaire Epstein : le ministère de la Justice publie l’entretien explosif avec Ghislaine Maxwell, et le silence devient encore plus lourd
Credit: Adobe Stock

Un document rendu public par le ministère

Le ministère américain de la Justice vient de déclassifier et publier un entretien récent avec Ghislaine Maxwell, l’ancienne complice et intime de Jeffrey Epstein, l’homme dont l’ombre gangrenée plane toujours sur les plus hauts cercles du pouvoir. Cette mise au jour n’est pas un simple geste administratif : c’est un séisme, car il s’agit d’un rare témoignage, directement livré par celle qui a été condamnée pour trafic sexuel de mineures et pour avoir recruté, manipulé et livré de jeunes filles aux appétits monstrueux du financier disparu. L’entretien, sobre sur la forme, est d’une intensité glaçante sur le fond. Le silence de plusieurs années se brise partiellement, mais ce qui transparaît derrière ces phrases, c’est une ombre bien plus dense que la clarté escomptée.

La décision du ministère n’est pas neutre. Elle intervient dans un contexte où la pression monte pour comprendre pourquoi encore tant de zones d’ombre persistent autour de l’« affaire Epstein ». La mort en prison du financier en 2019, officiellement qualifiée de suicide, continue de nourrir les suspicions les plus brûlantes. Or, entendre aujourd’hui Maxwell, recluse dans sa cellule, replacer certains faits, évoquer ses liens, réagir sur ses actes passés, c’est comme entrouvrir une porte blindée. Mais derrière cette porte, ce n’est pas une vérité complète qui nous attend, mais un souffle suffocant de demi-aveux, d’élisions et d’ambiguïtés.

Les mots soigneusement pesés de Maxwell

Ce qui frappe, c’est la prudence chirurgicale de Maxwell. Elle parle, mais elle ne lâche jamais trop. À chaque réponse, on sent une tension, comme si elle marchait sur une corde raide entre dire juste assez pour paraître « coopérative » et taire encore l’essentiel pour protéger certains noms, certaines puissances. Elle évoque son rôle aux côtés d’Epstein, mais se décrit volontiers comme une femme prise au piège d’une relation toxique, manipulée par l’influence de son compagnon. Elle exprime des « regrets » mais sans jamais nommer clairement ceux qui ont profité du système sordide mis en place. Les questions du ministère cherchent la lumière, mais Maxwell renvoie souvent à des souvenirs « flous » ou des détails qu’elle aurait « oubliés ». Le doute, encore et toujours, se dépose sur chaque mot.

Et c’est là que réside la puissance empoisonnée de ce témoignage. Le public espérait un éclaircissement, une liste, des révélations. À la place, il n’y a qu’une succession de phrases glacées, comme enveloppées dans une brume défensive. Maxwell a parlé, mais elle n’a presque rien dit. Sauf que ce « presque rien », replacé dans un univers où chaque silence accuse, peut valoir plus lourd que mille aveux explicites. L’impression qui subsiste est pire qu’avant : qui protège-t-elle encore ? Qui, parmi les puissants de ce monde, doit redouter ses prochains mots ?

Un aveu implicite : l’existence de réseaux

Malgré tout, quelques lignes percent le voile. Interrogée sur les cercles proches d’Epstein, Maxwell reconnaît que « certaines soirées » réunissaient des figures politiques, financières et médiatiques majeures. Elle refuse obstinément de donner des noms, mais le simple fait de confirmer la nature « stratégique » de ces rencontres suffit déjà à relancer la spirale. Il n’y aura pas de liste, mais chaque omission éclaire davantage le spectre d’un réseau souterrain de connivences, où sexe, argent et influence se mêlaient dans un entrelacs monstrueux. L’entretien ne donne pas de preuves précises, mais il valide l’intuition fondamentale : Epstein n’était pas un prédateur isolé, il était une pièce d’un système.

La machine de pouvoir décrite en creux par Maxwell est bien plus large que ce qu’elle laisse entendre explicitement. Chaque mot pèse comme un rocher et ouvre un gouffre de spéculations. Les noms connus — Clinton, Trump, le prince Andrew — continuent de hanter les couloirs, et même si Maxwell ne les cite pas, son simple refus de prononcer certains détails agit comme une confirmation silencieuse. C’est peut-être là le point le plus terrifiant : cette femme connaît encore d’innombrables vérités, et elle les garde enfermées derrière ses lèvres fermées, comme une clef jetée au fond de l’océan.

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