Les partisans ukrainiens incendient l’usine russe de défense aérienne : « Ce n’est que le commencement »
Auteur: Maxime Marquette
Une tour de communication vient d’être détruite dans une usine de défense aérienne située dans la ville russe de Tula. C’est ce qu’affirme le groupe partisan pro-ukrainien Atesh ce 11 septembre 2025, dans un message qui résonne comme une déclaration de guerre totale. Cette usine, pilier du complexe militaro-industriel russe, développe des systèmes de défense aérienne, des canons à tir rapide et des armes légères. Plus troublant encore : ses ateliers assemblent le système de missile antichar Kornet et le système de missile de défense aérienne Pantsir-S.
L’attaque représente une escalade sans précédent dans les opérations de sabotage menées par les partisans ukrainiens. Tula se trouve à 329 kilomètres de la frontière ukrainienne et à seulement 174 kilomètres au sud de Moscou. Cette proximité avec le cœur du pouvoir russe transforme chaque explosion en un message direct adressé au Kremlin : la guerre s’invite désormais dans l’arrière-cour de Poutine.
La reconnaissance minutieuse précède l’action
Le groupe Atesh n’a pas agi à l’aveuglette. Une reconnaissance approfondie avait été menée en amont de l’attaque, révélant une organisation militaire d’une précision chirurgicale. Les forces ukrainiennes avaient déjà frappé cette usine par le passé, mais cette fois, les partisans ont franchi un nouveau cap dans l’audace et la détermination. « Nous passons maintenant à des actions plus actives et nous détruisons l’infrastructure de l’entreprise — et ce n’est que le commencement ! » proclament-ils avec une assurance qui glace le sang.
Cette déclaration révèle la transformation radicale de la résistance ukrainienne. Les partisans ne se contentent plus de collecter des renseignements ou de mener des actions ponctuelles. Ils s’attaquent désormais directement aux fondements de la machine de guerre russe, dans une stratégie de déstabilisation systématique qui vise à paralyser l’effort de guerre depuis l’intérieur.
Une usine stratégique dans le collimateur
L’usine de Tula n’est pas une cible choisie au hasard. Cette entreprise du complexe militaro-industriel russe joue un rôle crucial dans l’approvisionnement de l’armée de Poutine en systèmes d’armes sophistiqués. Les missiles Kornet assemblés dans ses ateliers sont ceux-là mêmes qui frappent les blindés ukrainiens sur le front. Les systèmes Pantsir-S qui sortent de ses chaînes de production protègent les installations militaires russes contre les attaques de drones ukrainiens.
En s’attaquant à cette usine, les partisans visent le cœur névralgique de la capacité défensive russe. Chaque tour de communication détruite, chaque infrastructure sabotée représente autant de missiles qui ne seront pas produits, autant de systèmes de défense qui ne protégeront pas les sites stratégiques russes. La guerre économique se mue en guerre industrielle, et les Ukrainiens excellent dans cet art du sabotage précis.
L’expansion géographique des opérations
L’attaque de Tula s’inscrit dans une campagne de sabotage qui s’étend désormais à l’ensemble du territoire russe. Le 10 septembre, le même groupe Atesh revendiquait une opération de reconnaissance réussie contre un quartier général militaire russe à Saint-Pétersbourg. Les agents ont collecté des données sur l’unité militaire russe 31807, rattachée au quartier général de la Sixième armée interarmées, actuellement engagée dans la guerre contre l’Ukraine près de Kupiansk.
Cette expansion géographique révèle l’ampleur du réseau partisan ukrainien. De Tula à Saint-Pétersbourg, en passant par la Crimée et les territoires occupés, les agents ukrainiens tissent une toile d’espionnage et de sabotage qui s’étend sur des milliers de kilometres. Ils étudient les modes opératoires, analysent les systèmes de sécurité, cartographient les mouvements de personnel et d’équipements. Toutes ces informations remontent ensuite vers les Forces armées ukrainiennes pour utilisation ultérieure.
La guerre invisible se révèle au grand jour

Les méthodes de guerre asymétrique
Le groupe Atesh, formé en septembre 2022 suite au déclenchement de la guerre totale de la Russie contre l’Ukraine, a développé un réseau d’agents au sein même de l’armée russe. Cette infiltration représente l’un des exploits les plus remarquables de l’espionnage moderne. Comment des Ukrainiens ou des sympathisants pro-ukrainiens ont-ils réussi à pénétrer les rangs de l’armée russe ? Cette question hante les services de sécurité du Kremlin.
Plus troublant encore, Atesh a établi des cours de formation pour instruire les soldats russes sur la manière d’endommager leur propre équipement. Cette guerre psychologique révèle les fissures béantes dans la cohésion de l’armée russe. Quand l’ennemi parvient à retourner vos propres soldats contre vous, c’est que la décomposition interne a déjà commencé.
L’effet domino des sabotages
Les opérations de sabotage ne se limitent pas à la destruction physique. Elles génèrent un effet psychologique dévastateur sur le moral des forces russes. En avril 2025, les agents d’Atesh avaient détruit un module de télécommunications dans le district de Kizlyar au Daghestan, privant de communication un bataillon spécialisé et l’usine électromécanique de Kizlyar qui produit des équipements d’aviation pour les corporations MiG et Soukhoï.
Cette opération avait paralysé les installations pendant plusieurs jours, démontrant la vulnérabilité critique des infrastructures russes. Chaque sabotage réussi inspire de nouvelles cellules de résistance, créant un cercle vicieux pour les autorités russes qui voient leur territoire se transformer en terrain hostile.
La résistance gagne du terrain
Les partisans ukrainiens notent que la résistance en Daghestan prend de l’ampleur, avec de plus en plus de résidents locaux qui rejoignent le mouvement. Cette radicalisation des populations non-russes au sein de la Fédération révèle les tensions ethniques que la guerre a exacerbées. Le Daghestan, république à majorité musulmane, devient un foyer de résistance anti-Moscou.
En août 2025, les membres du mouvement de résistance pro-ukrainien avaient mené une opération de sabotage dans l’Oblast de Kemerovo, détruisant un transformateur sur une ligne ferroviaire. Cette ligne ferroviaire dessert des installations militaires, notamment l’usine mécanique de Kemerovo qui produit des munitions de petit et moyen calibre. L’opération avait perturbé la logistique des occupants et retardé les approvisionnements vers les usines militaires.
L'industrie de défense russe sous pression constante

Les attaques multiples contre les sites de production
L’attaque sur l’usine de Tula s’inscrit dans une campagne soutenue contre l’industrie de défense russe. En août 2025, les agents du mouvement partisan ukrainien ATESH avaient mené une reconnaissance de l’une des entreprises clés du complexe militarro-industriel russe : l’usine de radioingénierie de Moscou, sous contrôle du ministère russe de la Défense.
Cette entreprise constitue l’installation principale du holding « Systèmes défensifs » et fait partie du groupe de défense aérienne Almaz-Antey, spécialisé dans la production de systèmes de défense aérienne, notamment les systèmes de missiles sol-air. Les produits de cette usine sont directement utilisés dans la guerre de la Russie contre l’Ukraine, ce qui en fait une cible prioritaire pour les opérations de sabotage.
La collecte systématique de renseignements
Lors de l’opération contre l’usine de Moscou, les partisans avaient enregistré les activités de l’usine, les mouvements d’équipements et de personnel, le système de sécurité et les voies d’accès. Toutes les informations collectées avaient été transmises aux Forces de défense d’Ukraine et aux alliés pour analyse et éventuelle action ultérieure. Cette méthode révèle une approche professionnelle qui n’a rien à envier aux services de renseignement occidentaux.
Les partisans ukrainiens transforment chaque citoyen russe en agent potentiel. Ils encouragent quiconque possède des informations sur le fonctionnement des entreprises de l’industrie de défense dans leur région à les signaler. Cette stratégie de mobilisation populaire crée un climat de méfiance généralisée au sein de la société russe.
L’impact économique croissant
Les sabotages répétés contre l’industrie de défense russe commencent à produire des effets économiques mesurables. Chaque usine paralysée, chaque ligne de production interrompue se traduit par des retards de livraison, des surcoûts de sécurité et une baisse de la productivité. La Russie doit désormais consacrer des ressources considérables à la protection de ses sites industriels stratégiques.
Cette pression économique s’ajoute aux sanctions internationales pour créer un étau financier qui se resserre progressivement autour de l’économie russe. Les attaques ukrainiennes contre les raffineries de pétrole ont déjà provoqué une flambée des prix de l’essence au détail en Russie ces derniers jours. Le 10 septembre, les drones ukrainiens avaient attaqué la raffinerie de pétrole de Novoshakhtinsk, provoquant de multiples explosions.
La guerre des communications et de l'information

La propagande par l’action
Chaque opération de sabotage menée par les partisans ukrainiens constitue une arme de guerre psychologique redoutable. En revendiquant publiquement leurs actions sur Telegram, ils transforment chaque explosion en victoire médiatique. Le message « Ce n’est que le commencement ! » résonne comme une menace permanente qui plane sur toutes les installations militaires russes.
Cette stratégie de communication amplifie l’impact psychologique des attaques. Les autorités russes se trouvent dans une position impossible : nier les attaques reviendrait à minimiser les capacités de leurs services de sécurité, les reconnaître reviendrait à admettre leur vulnérabilité. Le silence officiel ne fait qu’alimenter la spéculation et l’inquiétude au sein de la population russe.
L’impossibilité de vérification indépendante
Les revendications du groupe Atesh ne peuvent être vérifiées de manière indépendante par les médias internationaux. Cette zone grise informationelle joue en faveur des partisans ukrainiens qui peuvent exagérer leurs succès sans craindre de démenti immédiat. La Russie, de son côté, préfère minimiser ces incidents pour éviter de révéler l’étendue de l’infiltration de son territoire.
Cette guerre de l’information crée un climat d’incertitude permanent qui érode la confiance de la population russe envers ses dirigeants. Quand les citoyens ne savent plus distinguer le vrai du faux, quand chaque explosion peut être attribuée à l’ennemi, c’est toute la cohésion sociale qui s’effrite progressivement.
La viralité des opérations de résistance
Les réseaux sociaux, particulièrement Telegram, sont devenus les armes de choix des partisans ukrainiens. Chaque vidéo de sabotage, chaque photo de site militaire infiltré se propage à la vitesse de l’éclair à travers les communautés pro-ukrainiennes. Cette viralité transforme chaque partisan en héros de la résistance et inspire de nouvelles vocations.
La jeune génération russe, connectée et informée, découvre ainsi une version alternative des événements qui contredit la propagande officielle. Ces images de résistance créent des fissures dans le narratif du Kremlin et nourrissent une contestation souterraine qui inquiète profondément les autorités.
L'expansion territoriale de la résistance

De la Crimée au cœur de la Russie
Les opérations de sabotage s’étendent désormais bien au-delà des territoires ukrainiens occupés. En Crimée, les partisans d’Atesh ont révélé en octobre 2024 une vidéo montrant des tranchées fraîchement creusées et de nouvelles fortifications dents de dragon près de Feodosia. Ils affirment former des groupes qui parcourent la péninsule et signalent chaque effort de construction de fortifications militaires aux services de renseignement ukrainiens.
Cette surveillance systématique du territoire crimée transforme chaque habitant pro-ukrainien en agent potentiel. Les partisans collectent des informations sur les mouvements de troupes, les nouvelles installations militaires, les dépôts de munitions. Toutes ces données remontent vers Kiev pour préparer de futures opérations militaires.
Les territoires occupés sous pression
Dans les territoires ukrainiens occupés, la résistance prend des formes de plus en plus violentes. En septembre 2024, les partisans d’Atesh avaient posté une photo et les coordonnées d’un complexe de défense aérienne russe S-300 près de Chonhar, dans l’Oblast de Kherson. Le 21 septembre, ils infiltraient un dépôt de munitions russe dans le village de Vyshniuvate, dans l’Oblast de Zaporizhzhia.
Ces opérations révèlent l’impossibilité pour les forces russes de sécuriser totalement les territoires qu’elles contrôlent. Malgré une présence militaire massive, malgré les répressions et les arrestations, la résistance ukrainienne continue de prospérer dans l’ombre. Chaque dépôt infiltré, chaque installation cartographiée représente une victoire tactique qui prépare la reconquête future.
L’élimination ciblée des collaborateurs
La résistance ukrainienne ne se limite pas au sabotage d’installations militaires. Elle vise également l’élimination physique des collaborateurs et des responsables de l’occupation. En octobre 2024, un attentat à la voiture piégée tuait Vitaliy Lomeiko à Berdiansk, dans l’Oblast de Zaporizhzhia. Cette victime était un juge local qui était resté à Berdiansk après l’occupation russe et s’était impliqué dans de nombreux cas de collaboration.
Le 4 octobre, une voiture piégée artisanale tuait Andriy Korotkyi à Enerhodar, dans l’Oblast de Zaporizhzhia occupé. La victime servait comme chef de la sécurité physique installé par les Russes à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia et était impliquée dans l’organisation d’événements de propagande anti-ukrainienne dans la ville.
Les implications stratégiques de cette escalade

La vulnérabilité révélée du territoire russe
L’attaque contre l’usine de Tula révèle une vulnérabilité stratégique majeure du territoire russe. Malgré ses services de sécurité réputés, malgré la surveillance électronique et les contrôles renforcés, la Russie n’arrive pas à empêcher les infiltrations ukrainiennes. Cette faille sécuritaire majeure remet en question toute la doctrine défensive russe.
Plus inquiétant encore, ces attaques démontrent que les Ukrainiens possèdent une connaissance intime du territoire russe et de ses installations stratégiques. Cette familiarité ne peut résulter que d’un travail de renseignement de longue haleine, mené bien avant le déclenchement du conflit. Les services ukrainiens avaient anticipé cette guerre et préparé leurs réseaux en conséquence.
L’impact sur le moral des forces russes
Chaque sabotage réussi sur le territoire russe porte un coup au moral des forces armées russes. Comment continuer à se battre en Ukraine quand l’arrière-pays natal est lui-même attaqué ? Comment maintenir la cohésion des troupes quand l’ennemi frappe jusque dans les usines qui produisent leurs armes ? Cette guerre psychologique sape progressivement la détermination russe.
Les soldats russes découvrent que leur sacrifice sur le front ukrainien ne protège même pas leur pays d’origine. Cette révélation amère alimente les désertions, les mutineries et la démoralisation générale des forces armées. L’armée russe se bat désormais sur deux fronts : en Ukraine et sur son propre territoire.
La transformation de la nature du conflit
L’attaque de Tula marque une nouvelle étape dans l’évolution de ce conflit. Nous ne sommes plus face à une guerre conventionnelle entre deux armées, mais face à un conflit hybride où les frontières entre combattants et civils, entre territoire ami et territoire ennemi, s’estompent progressivement. Cette transformation profite largement aux Ukrainiens qui excellent dans ce type de guerre asymétrique.
La Russie, habituée aux conflits conventionnels et à la projection de force, se trouve désemparée face à cette nouvelle forme de guerre. Comment combattre un ennemi invisible qui frappe de l’intérieur ? Comment protéger des milliers d’installations stratégiques réparties sur un territoire immense ? Ces questions hantent désormais l’état-major russe.
Les perspectives d'avenir de cette guerre souterraine

L’inéluctable escalade des sabotages
La déclaration « Ce n’est que le commencement ! » des partisans d’Atesh annonce une escalade inévitable des opérations de sabotage. Si l’attaque contre l’usine de Tula n’est effectivement qu’un début, nous devons nous attendre à des opérations de plus en plus audacieuses, de plus en plus destructrices. Les partisans ukrainiens ont franchi un seuil psychologique qui les autorise désormais à tous les excès.
Cette escalade programmée place la Russie dans une situation impossible. Chaque mesure de sécurité renforcée coûte des ressources considérables et ralentit la production industrielle. Chaque installation protégée en laisse dix autres vulnérables. Le territoire russe devient progressivement ingouvernable face à cette menace diffuse et permanente.
La contagion révolutionnaire
Le succès des opérations ukrainiennes inspire d’autres mouvements de résistance à travers la Fédération de Russie. Les minorités ethniques, les opposants politiques, les mécontents économiques voient dans ces sabotages un exemple à suivre. Cette contagion révolutionnaire peut transformer des incidents isolés en crise systémique menaçant la stabilité de l’État russe.
Le Daghestan, la Tchétchénie, le Tatarstan et d’autres républiques fédérées pourraient devenir autant de foyers de résistance anti-Moscou. Cette perspective d’implosion territoriale hante les dirigeants russes qui voient leur empire se fissurer de l’intérieur. La guerre en Ukraine risque de déclencher la désintégration de la Fédération russe.
L’internationalisation du conflit
L’extension des opérations de sabotage au territoire russe transforme progressivement ce conflit régional en guerre mondiale. Quand les partisans ukrainiens frappent une usine à 174 kilomètres de Moscou, ils atteignent le cœur symbolique du pouvoir russe. Cette proximité dangereuse peut pousser Poutine à des réactions extrêmes qui impliqueraient d’autres puissances occidentales.
L’OTAN observe avec inquiétude cette escalade incontrôlée qui pourrait dégénérer en conflit nucléaire. Paradoxalement, les succès ukrainiens en territoire russe accroissent les risques d’apocalypse atomique. Plus les partisans ukrainiens sont efficaces, plus Poutine se sent acculé et dangereux.
L'avenir incertain de la résistance ukrainienne

L’attaque contre l’usine de Tula marque un tournant décisif dans cette guerre qui n’en finit plus. Les partisans ukrainiens ont réussi l’impensable : transformer le territoire russe en champ de bataille, métamorphoser chaque usine en cible potentielle, changer chaque citoyen russe en suspect possible. Cette révolution stratégique bouleverse tous les équilibres géopolitiques etablis depuis la fin de la Guerre froide.
La déclaration « Ce n’est que le commencement ! » résonne désormais comme une prophétie auto-réalisatrice qui annonce des mois, voire des années de chaos contrôlé. Les Ukrainiens ont ouvert une boîte de Pandore qu’ils ne pourront plus refermer. Chaque succès les pousse vers de nouveaux excès, chaque victoire les rapproche d’un point de non-retour qui pourrait embraser le monde entier.
Nous voici confrontés à une guerre d’un nouveau genre, où les frontières géographiques n’existent plus, où les civils deviennent des combattants, où chaque explosion peut déclencher l’apocalypse nucléaire. L’usine de Tula en flammes symbolise notre époque : brillante de génie tactique, mais terrifiante par ses implications stratégiques. Les partisans ukrainiens écrivent l’histoire au prix de notre sommeil à tous.