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Trump militarise Memphis : « Nous y allons », la Garde nationale déployée
Credit: Adobe Stock

12 septembre 2025, 8h30. Sur le plateau de Fox & Friends, Donald Trump lâche la bombe qui va transformer Memphis en zone militaire : « Nous allons à Memphis, je l’annonce maintenant. » Ces huit mots, prononcés avec la décontraction habituelle du président, scellent le destin d’une ville de 630 000 habitants qui découvre qu’elle vient d’être placée sous tutelle militaire fédérale. Memphis devient ainsi la troisième grande métropole américaine — après Los Angeles et Washington D.C. — à subir l’occupation de la Garde nationale sous l’administration Trump.

Cette annonce brutale intervient alors que Memphis affiche le taux de criminalité violente le plus élevé des États-Unis : 2501 crimes violents pour 100 000 habitants, soit six fois la moyenne nationale. Avec 397 homicides enregistrés en 2023 — record historique absolu — et 97 meurtres comptabilisés au 19 mai 2025, la ville du Tennessee dépasse même Saint-Louis pour le sinistre titre de capitale du meurtre américaine. Ce taux de 15,8 homicides pour 100 000 habitants place Memphis dans une catégorie à part, comparable aux zones de guerre les plus dangereuses de la planète.

Une ville « profondément troublée » selon Trump

Le langage présidentiel ne laisse aucune ambiguïté sur la gravité de la situation. Qualifier Memphis de « profondément troublée » constitue un euphémisme diplomatique pour décrire une métropole où la probabilité de devenir victime d’un crime est de 1 sur 10, où les vols de voitures atteignent 2550 véhicules volés pour 100 000 habitants — parmi les pires du pays —, et où les agressions à l’arme à feu représentent 72,4% des assauts répertoriés.

Cette description présidentielle fait écho aux statistiques terrifiantes qui placent Memphis au sommet de tous les classements criminels américains. Le taux global de criminalité — 6860 délits pour 100 000 résidents — dépasse de loin la moyenne urbaine nationale. Les crimes de propriété atteignent 4480 incidents pour 100 000 habitants, transformant cette ancienne capitale du blues en coupe-gorge où sortir de chez soi relève de l’acte de bravoure.

Le soutien officiel des autorités locales

Contrairement aux résistances rencontrées à Los Angeles ou Chicago, l’intervention à Memphis bénéficie du soutien explicite des autorités locales et fédérées. Le gouverneur républicain du Tennessee, Bill Lee, a donné son accord formel, permettant à la Garde nationale de déployer ses unités sous autorité étatique et d’autres États républicains d’envoyer leurs propres contingents. Cette coopération institutionnelle facilite considérablement le déploiement militaire.

Le maire démocrate de Memphis, Paul Young, malgré ses réticences initiales, reconnaît publiquement que « la ville a besoin d’aide » face à une criminalité qui dépasse les capacités policières locales. Cette capitulation politique locale révèle l’ampleur du désastre sécuritaire qui frappe Memphis. Quand un maire démocrate accepte l’intervention militaire fédérale républicaine, c’est que la situation a franchi tous les seuils d’alerte imaginables.

La stratégie d’extension géographique de Trump

Memphis s’inscrit dans la stratégie d’extension géographique de l’intervention militaire trumpiste. Après avoir « pacifié » Washington D.C. — où plus de 2200 soldats patrouillent désormais dans les rues — et tenté de conquérir Los Angeles malgré l’opposition judiciaire, Trump étend son emprise militaire vers les métropoles du Sud. Cette progression géographique révèle une ambition de militarisation systématique des zones urbaines américaines.

Le choix de Memphis n’est pas fortuit : située au cœur du Sud profond, dans un État républicain avec un gouverneur coopératif, la ville offre les conditions idéales pour tester l’acceptabilité sociale de l’occupation militaire. Cette expérimentation grandeur nature vise à normaliser progressivement la présence de l’armée dans l’espace civil américain, prélude à des interventions plus controversées dans des États hostiles.

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