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Memphis sous les bottes : Trump lance ses troupes fédérales dans la guerre urbaine totale
Credit: Adobe Stock

Ce lundi 16 septembre 2025 restera gravé comme le jour où l’Amérique a basculé dans une ère nouvelle d’autoritarisme militarisé. Dans le Bureau ovale, sous les dorures présidentielles, Donald Trump a signé un mémorandum déployant la Garde nationale à Memphis — transformant cette ville de 630 000 habitants en laboratoire grandeur nature de la guerre urbaine fédérale. Cette décision, prise malgré l’opposition frontale du maire démocrate Paul Young qui martèle n’avoir « jamais demandé la Garde nationale », marque l’escalade la plus dramatique dans l’utilisation de la force militaire contre des populations civiles américaines depuis les émeutes de 1992 à Los Angeles.

L’Union américaine des libertés civiles (ACLU) n’a pas mâché ses mots : « Quand des troupes militaires patrouillent des civils, nous avons une menace intolérable », a déclaré Hina Shamsi, directrice du projet de sécurité nationale de l’ACLU. Cette phrase, prononcée avec la gravité de qui comprend l’ampleur historique du moment, résonne comme un cri d’alarme dans une démocratie américaine qui se militarise à vue d’œil. Memphis, ville emblématique des droits civiques où Martin Luther King fut assassiné, devient aujourd’hui le symbole de leur enterrement définitif. Cette « tactique d’intimidation cruelle » — selon les termes de l’ACLU — révèle que Trump ne gouverne plus : il occupe militairement son propre pays, ville après ville, transformant l’Amérique en territoire conquis de son propre régime autoritaire.

Paul Young : le maire qui refuse de plier

Dans un face-à-face télévisé qui restera dans les annales de la résistance démocratique américaine, le maire de Memphis Paul Young a publiquement défié Donald Trump en direct sur CNN. « Je ne suis certainement pas content de la Garde nationale », a-t-il martelé avec cette détermination tranquille qui caractérise les grands moments de résistance civile. Cette déclaration, prononcée face à des millions de téléspectateurs, constitue un acte de bravoure politique rare dans l’Amérique trumpiste où les élus locaux courbent généralement l’échine devant les menaces fédérales.

Young a révélé l’ampleur du mensonge présidentiel qui sous-tend cette opération militaire. Trump avait affirmé sur Fox News que le maire démocrate était « heureux » de recevoir la Garde nationale — un mensonge si éhonté qu’il force le maire à corriger publiquement le président des États-Unis. « Je n’ai pas demandé la Garde nationale, et je ne pense pas que ce soit la façon de réduire la criminalité », a déclaré Young lors d’une conférence de presse qui sonnait comme une déclaration de guerre politique contre l’autoritarisme trumpiste.

Bill Lee : le gouverneur complice de la militarisation

À côté de Trump dans le Bureau ovale, le gouverneur républicain du Tennessee Bill Lee incarnait parfaitement la capitulation républicaine face à la dérive autoritaire présidentielle. « Je suis fatigué que la criminalité retienne la grande ville de Memphis », a-t-il déclaré, reprenant servilement la rhétorique trumpiste pour justifier une intervention militaire que sa propre police d’État n’a jamais réclamée. Cette soumission de Lee révèle comment les gouverneurs républicains deviennent les collaborateurs actifs de la militarisation trumpiste de l’Amérique.

Lee, qui termine bientôt son mandat de gouverneur, semble vouloir marquer l’histoire par sa complicité dans cette expérimentation autoritaire. En acceptant de transformer son État en terrain d’exercice pour les fantasmes militaires de Trump, il inscrit le Tennessee dans la honteuse lignée des États qui ont facilité les pires dérives de l’histoire américaine. Cette collaboration révèle que la résistance à l’autoritarisme trumpiste ne viendra pas des gouverneurs républicains, mais devra émerger des élus locaux courageux comme Paul Young.

La « Task Force Memphis Safe » : nom orwellien pour une occupation

Le baptême de cette opération militaire — « Task Force Memphis Safe » — révèle la novlangue trumpiste dans toute sa perversité orwellienne. Cette force d’occupation, composée du FBI, de l’ICE, de la DEA, des marshals fédéraux et de la Garde nationale, prétend « sécuriser » Memphis en la transformant en zone militaire. Cette inversion du langage, qui présente l’oppression comme protection, illustre parfaitement les mécanismes de manipulation autoritaire qui caractérisent les régimes despotiques.

Cette task force constitue en réalité un gouvernement militaire parallèle qui court-circuite totalement les autorités civiles légitimes de Memphis. En plaçant cette force sous l’autorité des marshals fédéraux plutôt que sous contrôle civil local, Trump instaure une chaîne de commandement militaire qui bypasse complètement les institutions démocratiques locales. Cette architecture révèle l’objectif véritable de l’opération : non pas lutter contre la criminalité, mais briser l’autonomie politique des villes démocrates récalcitrantes.

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