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Trump attaque la Fed : bataille suprême pour écraser l’indépendance monétaire
Credit: Adobe Stock

L’assaut final contre l’indépendance de la Réserve fédérale vient de commencer. Donald Trump, dans un geste d’une audace constitutionnelle sans précédent, vient de saisir la Cour suprême pour obtenir le droit de limoger Jerome Powell et les autres gouverneurs de la Fed qui lui résistent. Cette offensive juridique, déposée le 17 septembre 2025, marque l’escalade ultime dans la guerre ouverte que livre le président à l’institution monétaire américaine depuis son retour au pouvoir. Trump ne se contente plus de critiquer ou de menacer : il veut détruire juridiquement le dernier rempart d’indépendance économique qui lui résiste.

Cette attaque frontale révèle l’ampleur du projet autoritaire trumpiste qui vise à soumettre l’ensemble des institutions américaines au bon vouloir présidentiel. En demandant à la plus haute juridiction du pays de redéfinir les pouvoirs présidentiels sur la Fed, Trump s’attaque aux fondements même de l’économie moderne américaine. Son objectif est limpide : transformer la banque centrale en instrument docile de sa politique économique démagogique, quitte à sacrifier la crédibilité monétaire des États-Unis sur l’autel de ses ambitions électorales. Cette bataille judiciaire déterminera si l’Amérique conservera son statut de superpuissance économique crédible ou si elle sombrera dans l’instabilité monétaire des républiques bananières. L’enjeu dépasse largement la personne de Powell : c’est l’avenir de la démocratie économique américaine qui se joue devant les neuf sages de la Cour suprême.

Un précédent constitutionnel explosif

La requête trumpiste déposée devant la Cour suprême bouleverse cent dix années de jurisprudence établie sur l’indépendance de la Réserve fédérale. Depuis sa création en 1913, la Fed jouit d’une autonomie opérationnelle protégée par une architecture juridique complexe qui isole ses décisions des pressions politiques immédiates. Trump demande purement et simplement aux juges de dynamiter cet édifice, arguant que le pouvoir exécutif doit reprendre le contrôle total de la politique monétaire américaine. Cette révolution constitutionnelle, si elle aboutit, transformerait radicalement l’équilibre des pouvoirs économiques américains.

L’argumentaire juridique développé par les avocats présidentiels révèle une sophistication inquiétante dans cette offensive contre l’indépendance monétaire. Ils invoquent l’article II de la Constitution, qui confère au président l’autorité exécutive suprême, pour contester la légalité des mandats fixes des gouverneurs de la Fed. Cette interprétation maximaliste du pouvoir présidentiel, si elle était validée par la Cour, créerait un précédent dévastateur permettant au président de limoger tout fonctionnaire fédéral dont les décisions lui déplaisent.

Powell dans la ligne de mire présidentielle

Jerome Powell cristallise toute la fureur trumpiste contre une Fed qui refuse de se plier aux exigences présidentielles de baisse immédiate des taux d’intérêt. Nommé ironiquement par Trump lui-même en 2018, Powell a commis le crime de lèse-majesté de maintenir une politique monétaire indépendante face aux pressions présidentielles croissantes. Cette résistance technocratique transforme le patron de la Fed en ennemi personnel numéro un de Trump, qui multiplie les attaques publiques contre « Jerome Powell le saboteur » depuis des mois.

La personnalisation de ce conflit institutionnel révèle la dimension psychologique de l’offensive trumpiste contre la Fed. Au-delà des considérations économiques, Trump ne supporte pas qu’un homme qu’il a nommé lui résiste publiquement. Cette blessure narcissique transforme une divergence de politique économique en vendetta personnelle, poussant le président à mobiliser l’arsenal juridique suprême pour satisfaire sa soif de revanche contre Powell. Cette confusion entre intérêts personnels et politiques publiques illustre parfaitement la dérive autoritaire de la présidence trumpiste.

Une stratégie de long terme contre l’État profond financier

Cette offensive judiciaire s’inscrit dans la stratégie globale de Trump pour démanteler ce qu’il qualifie d' »État profond financier » américain. Après avoir tenté de politiser le Trésor, d’instrumentaliser l’IRS et de contrôler les agences de régulation financière, Trump s’attaque maintenant au dernier bastion d’indépendance : la Réserve fédérale. Cette approche systématique révèle un plan méthodique de capture des institutions économiques américaines au profit du pouvoir exécutif.

L’ampleur de cette offensive institutionnelle dépasse largement les précédentes tentatives présidentielles d’influence sur la Fed. Nixon avait menacé, Reagan avait négocié, Clinton avait cajolé : Trump, lui, attaque frontalement devant les tribunaux. Cette escalade juridique marque une rupture historique dans les relations entre la présidence et la banque centrale, transformant un conflit traditionnellement feutré en bataille constitutionnelle ouverte. Cette brutalisation des rapports institutionnels programme une instabilité durable dans la gouvernance économique américaine.

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