Silence ou on vous détruit : comment Trump transforme l’Amérique en dictature soft
Auteur: Jacques Pj Provost
L’Amérique vient de franchir une ligne rouge que personne n’osait imaginer. Le 18 septembre 2025, la chaîne ABC a suspendu définitivement l’émission de Jimmy Kimmel sous la pression directe de Donald Trump et de son chien de garde à la FCC, Brendan Carr. Ce qui ressemble à une simple décision commerciale cache en réalité une dérive autoritaire sans précédent dans l’histoire moderne des États-Unis. L’assassinat de Charlie Kirk le 10 septembre a servi de prétexte parfait pour déclencher une purge généralisée contre les voix dissidentes. Nous assistons en direct à la mort programmée de la liberté d’expression américaine.
Le mécanisme est d’une simplicité terrifiante. Kimmel ose critiquer la récupération politique de l’assassinat de Kirk par le mouvement MAGA, suggérant que Tyler Robinson, le tireur de 22 ans, pourrait bien être « l’un des leurs ». Quelques heures plus tard, Brendan Carr, président de la Commission fédérale des communications, menace ABC de retirer ses licences de diffusion. Le message est clair : on ferme sa gueule ou on disparaît. ABC capitule immédiatement. Hollywood tremble. L’Amérique de la liberté n’existe plus.
La méthode Carr : intimidation et chantage institutionnel
Brendan Carr n’y va pas par quatre chemins. Dans un podcast avec Benny Johnson, ce petit dictateur en costume déclare sans ambages : « Nous pouvons faire cela à la manière douce ou à la manière forte ». Cette phrase résume parfaitement la nouvelle Amérique trumpienne : soit vous vous taisez, soit nous vous détruisons. Carr accuse Kimmel de diffuser des « informations trompeuses » sur l’assassinat de Charlie Kirk, transformant instantanément la FCC en tribunal idéologique.
Le processus d’intimidation est rodé comme une machine de guerre. Carr encourage d’abord les affiliés locaux d’ABC à cesser la diffusion du show. Nexstar et Sinclair, deux géants de la télévision locale, s’exécutent immédiatement. Puis viennent les menaces de révocation de licences, cette épée de Damoclès qui pend au-dessus de tous les diffuseurs américains. Enfin, la pression monte jusqu’à ce que Disney, propriétaire d’ABC, préfère sacrifier Kimmel plutôt que de risquer ses milliards. La lâcheté institutionnelle a désormais un nom : ABC.
Trump déclare la guerre totale aux médias
Le lendemain de la suspension de Kimmel, Donald Trump monte d’un cran dans l’escalade autoritaire. À bord d’Air Force One, il déclare froidement : « Peut-être que leur licence devrait être retirée » en parlant des chaînes de télévision qui le critiquent. Selon le président, 97% des médias télévisuels seraient « contre lui », ce qui justifierait selon sa logique tordue de leur retirer leur droit d’exister.
Cette déclaration marque un tournant historique. Pour la première fois depuis l’ère McCarthy, un président américain menace ouvertement de museler les médias qui osent le critiquer. Trump ne se cache plus derrière des euphémismes. Il assume pleinement sa dérive dictatoriale, transformant la FCC en arme de destruction massive contre la presse libre. Brendan Carr devient son exécuteur des basses œuvres, celui qui « fait un boulot incroyable » selon les mots du président.
L’affaire Charlie Kirk : manipulation et récupération politique
Reprenons les faits bruts. Le 10 septembre 2025, Charlie Kirk, influenceur conservateur de 31 ans et proche de Trump, est assassiné d’une balle dans le cou lors d’un meeting sur le campus de l’Université d’Utah Valley. Le tireur, Tyler Robinson, 22 ans, se livre à la police le lendemain sous la pression de ses parents. Robinson, issu d’une famille conservatrice, s’était récemment radicalisé vers la gauche et entretenait une relation amoureuse avec une personne transgenre.
Le procureur Jeffrey Gray révèle que Robinson avait déclaré à ses parents : « Ce type diffuse trop de haine » pour justifier son geste. Il avait également écrit à son colocataire : « J’en ai assez de cette haine. Il y a une haine avec laquelle on ne peut pas faire de compromis ». Le mobile politique est donc clairement établi. Robinson sera inculpé de meurtre avec préméditation, la peine de mort étant requise contre lui.
La récupération immédiate du drame
Dès l’annonce de la mort de Kirk, la machine de propagande MAGA se met en marche. L’assassinat devient instantanément un symbole de la « violence de la gauche radicale ». Donald Trump accuse directement la rhétorique démocrate d’avoir « influencé » le tireur. Le narratif est simple et efficace : Robinson représente tous les opposants à Trump, et son geste justifie une répression généralisée contre toute critique du régime.
C’est dans ce contexte explosif que Jimmy Kimmel commet son « crime de lèse-majesté ». Le 16 septembre, lors de son monologue habituel, il ose suggérer que le mouvement MAGA tente de récupérer politiquement ce drame en présentant Robinson comme « autre chose que l’un des leurs ». Kimmel pointe du doigt la manipulation éhontée de cette tragédie à des fins électorales. Il critique également la réaction de Trump à la mort de Kirk, comparant sa réaction à celle « d’un enfant qui pleure son poisson rouge ».
La solidarité brisée des humoristes
La suspension brutale de Kimmel provoque une onde de choc dans le microcosme des late-night shows. Stephen Colbert, Jon Stewart, Jimmy Fallon, Seth Meyers… tous dénoncent ce qu’ils appellent une « censure flagrante ». Colbert, dont l’émission s’arrêtera également l’an prochain, se montre particulièrement virulent : « Avec un autocrate, on ne peut pas céder d’un pouce. Si ABC pense que cela va satisfaire le régime, ils sont terriblement naïfs ».
Jon Stewart opte pour l’ironie mordante en ouvrant son Daily Show par une voix off annonçant « le tout nouveau Daily Show approuvé par le gouvernement ». David Letterman, légende de la télévision, qualifie la décision d’ABC de « ridicule » et dénonce le fait qu’on ne peut pas « virer quelqu’un par peur ou pour lécher les bottes d’une administration autoritaire et criminelle ». Mais ces protestations semblent dérisoires face à la terreur qui s’installe.
L’impuissance de ces géants de l’humour me frappe. Ils sont comme des lions en cage, rugissant contre les barreaux mais incapables de briser leur prison dorée. La télévision américaine se transforme sous nos yeux en télévision d’État.
Obama et les démocrates sonnent l’alarme
L’ancien président Barack Obama sort de sa réserve habituelle pour dénoncer ce qu’il appelle un nouveau niveau « dangereux » de cancel culture. Sur X, il accuse l’administration Trump d’utiliser la menace de sanctions réglementaires pour « museler ou virer les journalistes et commentateurs qu’elle n’aime pas ». Cette sortie publique d’Obama, qui évite généralement de commenter l’actualité, témoigne de la gravité exceptionnelle de la situation.
Le leader de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, et son homologue à la Chambre, Hakeem Jeffries, exigent la démission immédiate de Brendan Carr. Jeffries accuse le président de la FCC de « déshonorer son bureau en intimidant ABC ». Mais ces appels restent lettre morte. Carr, fort du soutien indéfectible de Trump, continue sa croisade avec un cynisme assumé.
L'effondrement de la résistance médiatique

Disney capitule par calcul économique
La décision d’ABC de suspendre Kimmel ne relève pas du hasard ou de la panique. Elle s’inscrit dans une stratégie froide de préservation économique. Disney, propriétaire d’ABC, possède des intérêts colossaux qui dépassent largement le sort d’un seul animateur, aussi populaire soit-il. Les parcs d’attractions, les studios de cinéma, les plateformes de streaming… autant d’actifs que l’administration Trump peut facilement menacer par le biais de régulations, d’enquêtes fiscales ou de boycotts organisés.
Bob Iger, PDG de Disney, a fait le calcul : sacrifier Kimmel coûte moins cher que de résister aux pressions gouvernementales. Cette logique purement comptable explique la rapidité de la capitulation. Aucune négociation, aucune résistance. L’émission de Kimmel disparaît du jour au lendemain, comme si elle n’avait jamais existé. L’autocensure économique devient la norme dans l’Amérique trumpienne.
L’effet domino de la peur
La suspension de Kimmel déclenche un effet domino terrifiant à travers l’industrie télévisuelle. Nexstar et Sinclair, deux mastodontes de la télévision locale, annoncent immédiatement qu’ils cesseront de diffuser l’émission sur leurs réseaux respectifs. Ces groupes contrôlent des centaines de stations locales à travers le pays. Leur décision amplifie exponentiellement l’impact de la censure, transformant une mesure ponctuelle en boycott national.
Mais Carr ne s’arrête pas là. Le lendemain de la suspension de Kimmel, il menace ouvertement « The View », le talk-show matinal d’ABC animé par Whoopi Goldberg. Interrogé sur CNBC, Carr déclare qu’il n’est « pas si sûr » que cette émission respecte les standards de diffusion. Le message est clair : personne n’est à l’abri. La purge ne fait que commencer.
Hollywood dans l’œil du cyclone
La communauté hollywoodienne assiste médusée à l’effondrement de ses certitudes. Les syndicats SAG-AFTRA et WGA (Guilde des scénaristes) organisent des manifestations de protestation devant les studios d’ABC à Burbank. Mais ces gesticulations semblent dérisoires face à l’ampleur de la révolution en cours. Les célébrités qui soutenaient bruyamment Kimmel quelques jours plus tôt se font désormais plus discrètes.
La peur s’installe dans les bureaux, les plateaux, les salles de rédaction. Chaque plaisanterie, chaque critique, chaque commentaire politique est désormais pesé, soupesé, autocensuré. L’industrie du divertissement, pilier traditionnel de la résistance culturelle américaine, se transforme en collaborateur par instinct de survie. Le rêve américain devient cauchemar orwellien.
Il y a quelque chose de profondément troublant dans cette soumission collective. Comment une industrie aussi puissante, aussi riche, peut-elle se coucher si facilement devant l’autorité ? La réponse est simple : l’argent n’a ni courage ni conscience.
La résistance des artistes québécois
Paradoxalement, c’est du Québec que viennent les réactions les plus virulentes. Guy A. Lepage, Mike Ward, Jean-René Dufort… tous dénoncent unanimement ce qu’ils perçoivent comme une dérive fasciste. « Je trouve ça très inquiétant, ce pays-là m’effraie », déclare Guy A. Lepage. Cette inquiétude québécoise révèle l’ampleur du séisme : même vue du Canada, l’Amérique de Trump fait peur.
Ces artistes québécois, habitués à une liberté d’expression quasi-totale, mesurent mieux que quiconque l’ampleur de la régression américaine. Leur indignation sincère contraste cruellement avec la lâcheté de leurs confrères américains. Le Québec devient paradoxalement le dernier bastion de la liberté d’expression nord-américaine.
L'architecture de la censure trumpienne

Brendan Carr, l’homme de main parfait
Brendan Carr n’est pas arrivé par hasard à la tête de la FCC. Nommé par Trump en 2017, cet ancien avocat des télécommunications s’est rapidement imposé comme le grand inquisiteur des médias américains. Sa méthode ? L’intimidation systématique, les enquêtes à répétition, les menaces voilées de sanctions. Carr transforme un organe technique en arme politique, pervertissant la mission même de la FCC.
Depuis sa nomination comme président de la commission en janvier 2025, Carr a lancé des enquêtes formelles contre les trois grands networks américains (ABC, CBS, NBC), NPR et PBS. Il scrutine leurs programmes, dissèque leurs informations, traque la moindre « partialité » anti-Trump. Cette surveillance orwellienne transforme les médias en terrains minés où chaque mot peut déclencher une enquête fédérale.
Le chantage aux licences
L’arme ultime de Carr, c’est le pouvoir de révocation des licences de diffusion. Cette épée de Damoclès administrative pend désormais au-dessus de tous les diffuseurs américains. Carr l’agite régulièrement, transformant chaque critique en risque existentiel pour les chaînes de télévision. « Nous pouvons faire cela à la manière douce ou à la manière forte » : cette phrase résume parfaitement la nouvelle donne médiatique américaine.
Le processus est d’une efficacité redoutable. Carr identifie un « problème » (généralement une critique de Trump), menace d’ouvrir une enquête, fait monter la pression via ses relais médiatiques, puis observe les médias s’autocensurer par pure terreur économique. Pas besoin de réellement révoquer des licences : la simple menace suffit à obtenir la soumission.
L’écosystème de la peur
Carr ne travaille pas seul. Il s’appuie sur un réseau tentaculaire de relais médiatiques, d’influenceurs conservateurs et d’organisations militantes. Benny Johnson, le podcaster qui a recueilli ses menaces contre Kimmel, fait partie de cet écosystème. Ces relais amplifient chaque sortie de Carr, créent la polémique, maintiennent la pression sur les médias récalcitrants.
Cette stratégie de harcèlement coordonné transforme chaque critique en crise existentielle pour les médias visés. Les annonceurs prennent peur, les affiliés locaux se rebellent, les actionnaires s’inquiètent. La pression multiforme finit toujours par avoir raison des résistances. L’autocensure devient la seule stratégie de survie possible.
Je suis frappé par la sophistication de cette machine répressive. Carr ne censure pas : il fait censurer. Il ne menace pas directement : il fait comprendre. Cette subtilité rend sa stratégie d’autant plus efficace et dangereuse.
Les précédents historiques inquiétants
Cette utilisation politique de la FCC n’est pas totalement inédite, mais elle atteint aujourd’hui une ampleur inégalée. Sous Nixon déjà, des pressions s’exerçaient sur les médias critiques. Mais jamais avec une telle systématisation, une telle brutalité assumée. Craig Aaron, co-PDG de Free Press, une ONG de défense de la liberté des médias, le confirme : « C’est du jamais vu. Beaucoup auraient aimé manipuler la FCC pour influencer les médias qui les critiquent, mais personne n’était allé aussi loin ».
La comparaison avec l’ère McCarthy s’impose naturellement. Comme dans les années 1950, une chasse aux sorcières idéologique s’organise contre les voix dissidentes. Mais les outils de répression ont évolué. Plus besoin de commissions d’enquête spectaculaires : l’intimidation administrative suffit. Plus subtile, plus efficace, plus terrifiante.
Les conséquences catastrophiques pour la démocratie

La mort du Premier Amendement
Le Premier Amendement de la Constitution américaine garantit la liberté d’expression contre toute ingérence gouvernementale. Il stipule clairement qu’aucune loi ne peut restreindre « la liberté de parole ou de presse ». Mais Trump et Carr ont trouvé la parade : pourquoi légiférer quand on peut intimider ? L’administration ne viole pas techniquement le Premier Amendement. Elle le vide simplement de sa substance.
Anna Gomez, seule démocrate à la FCC, dénonce cette dérive dans une interview à CNN. Elle accuse l’administration d’utiliser « le pouvoir gouvernemental pour faire taire l’expression légale ». Cette accusation révèle l’ampleur du détournement institutionnel : la FCC, censée protéger la diversité des voix, devient l’instrument de leur uniformisation forcée.
L’effondrement du journalisme d’investigation
Les premières victimes de cette répression sont les journalistes d’investigation. Comment enquêter sur l’administration quand chaque révélation peut coûter la licence de diffusion à votre employeur ? Les rédactions s’autocensurent, évitent les sujets sensibles, privilégient l’information « neutre » et inoffensive. L’information critique disparaît progressivement du paysage médiatique américain.
Cette autocensure généralisée transforme les médias en relais de propagande. Non pas par conviction, mais par instinct de survie. Les journalistes continuent de travailler, mais dans un cadre de plus en plus contraint. La liberté de la presse américaine, modèle mondial depuis des décennies, s’effrite sous nos yeux.
La polarisation extrême de la société
En musclant systématiquement les voix critiques, l’administration Trump crée une asymétrie informationnelle dramatique. D’un côté, les médias pro-Trump peuvent dire n’importe quoi sans crainte de sanctions. De l’autre, les médias critiques marchent sur des œufs, terrorisés à l’idée de franchir une ligne rouge invisible. Cette asymétrie nourrit la polarisation et radicalise encore davantage les positions.
Le résultat est prévisible : une société américaine scindée en deux univers informationnels hermétiques l’un à l’autre. Les partisans de Trump baignent dans une propagande non-contrôlée, tandis que ses opposants n’ont accès qu’à une information édulcorée, autocensurée, vidée de sa substance critique. Cette fracture informationnelle menace directement la cohésion nationale.
Cette asymétrie me rappelle les heures les plus sombres du XXe siècle. Quand l’information devient arme de guerre, la démocratie est déjà morte. Nous assistons peut-être aux derniers soubresauts de l’Amérique démocratique.
L’exemple contagieux
Le modèle de censure administrative mis au point par Trump et Carr fait déjà des émules. Plusieurs États républicains étudient la possibilité d’adopter des mécanismes similaires au niveau local. L’effet domino risque de transformer l’ensemble du paysage médiatique américain. Ce qui commence par une guerre contre les late-night shows pourrait bien finir par engloutir l’ensemble de la presse libre.
Les médias étrangers observent cette dérive avec un mélange de fascination et d’effroi. Les démocraties occidentales mesurent l’ampleur de la régression américaine. L’Amérique, phare mondial de la liberté d’expression, devient progressivement un contre-modèle autoritaire. Cette chute symbolique aura des répercussions géopolitiques majeures.
Conclusion

L’affaire Jimmy Kimmel marque un tournant historique dans l’histoire américaine. Pour la première fois depuis des décennies, un président utilise ouvertement les institutions fédérales pour museler ses critiques. Cette dérive autoritaire, orchestrée par Trump et exécutée par Brendan Carr, transforme progressivement l’Amérique en État policier médiatique. La suspension de Kimmel n’est que le début d’une purge généralisée qui menace l’ensemble du paysage médiatique américain.
Face à cette agression sans précédent contre la liberté d’expression, les résistances semblent dérisoires. Hollywood capitule par calcul économique, les médias s’autocensurent par instinct de survie, les institutions démocratiques se révèlent impuissantes face à la perversion de leurs propres règles. Seules quelques voix isolées, souvent étrangères, continuent de dénoncer cette dérive fasciste. L’Amérique de la liberté n’existe plus. Elle a été remplacée par un simulacre autoritaire où la critique devient crime d’État et l’humour acte de résistance. Cette révolution silencieuse, plus dangereuse que tous les coups d’État spectaculaires, transforme irrémédiablement la première démocratie mondiale en dictature soft. Le rêve américain vient de mourir sous nos yeux, étouffé par ses propres institutions détournées au service d’un seul homme.