Aller au contenu
L’arithmétique du mensonge : comment Trump et Homan trompent l’Amérique
Credit: Adobe Stock

Le 22 septembre 2025, Tom Homan a franchi une ligne rouge que personne n’avait osé traverser avant lui. Le « tsar des frontières » de Trump a affirmé devant les médias que 2 millions d’immigrés illégaux avaient quitté les États-Unis depuis janvier. Cette déclaration, livrée avec l’autorité que confère sa fonction, constitue la plus grande manipulation statistique jamais orchestrée par une administration américaine. Car derrière ces chiffres mirobolants se cache une vérité glaçante : l’écrasante majorité de ces « expulsions » n’en sont pas.

Homan joue sur les mots avec la précision d’un chirurgien et la morale d’un escroc. Quand il parle de « 2 millions d’immigrés hors des États-Unis », il inclut 1,6 million d’auto-expulsions — des gens qui sont partis d’eux-mêmes par peur, par découragement, par désespoir. Seuls 400 000 ont été effectivement expulsés par les autorités. Cette distinction, cruciale, transforme un échec relatif en triomphe propagandiste. Voilà comment on réécrit l’histoire en temps réel, comment on transforme la réalité en spectacle politique.

L’arithmétique du mensonge révélée au grand jour

Décortiquons cette mascarade chiffre par chiffre. Tom Homan prétend que son administration a réussi là où toutes les autres ont échoué. Pourtant, les données officielles d’ICE révèlent une réalité bien différente : 168 841 personnes ont été effectivement expulsées entre janvier et août 2025. Un chiffre certes élevé, mais loin des promesses trumpiennes de « la plus grande expulsion de l’histoire ». Pour atteindre l’objectif d’un million d’expulsions en 2025, l’administration devrait tripler son rythme actuel. Mission impossible avec les moyens actuels.

Cette manipulation statistique révèle une stratégie plus pernicieuse : faire passer la terreur psychologique pour de l’efficacité administrative. Car si 1,6 million de personnes ont choisi l’auto-expulsion, c’est bien parce que l’atmosphère créée par Trump les a contraintes à fuir. Cette « réussite » cache un désastre humain : des familles brisées, des enfants arrachés à leur quotidien, des communautés entières vidées de leur substance par la peur.

L’effondrement du rêve américain à Chicago

Chicago incarne parfaitement cette tragédie organisée. Ville « sanctuaire » désignée comme cible prioritaire dès janvier 2025, elle a subi les premiers raids de l’ère Trump II avec une violence inouïe. Entre 100 et 200 agents d’ICE ont déferlé sur cette métropole, transformant écoles, hôpitaux et lieux de culte en terrains de chasse. L’administration Trump avait révoqué les protections des « lieux sensibles », autorisant les arrestations partout, sans exception.

Les conséquences sont dramatiques : l’agriculture, la construction, l’hôtellerie suffoquent. Dans certains secteurs, jusqu’à 30% de la main-d’œuvre a disparu, non pas expulsée, mais enfuie par anticipation. Cette fuite massive génère une pénurie de travailleurs qui fait flamber les prix et ralentit l’économie. Paradoxe cruel : les Américains que Trump prétend protéger paient le prix fort de cette hystérie anti-immigration.

Les centres de détention, nouvelle industrie de la souffrance

Pour accompagner cette montée en puissance, l’administration a créé un archipel concentrationnaire d’une ampleur inédite. Les centres de détention, déjà surpeuplés en janvier avec 40 000 détenus, hébergent désormais plus de 60 000 personnes dans des conditions déplorables. L’euphémisme est de mise : ces nouveaux camps portent des noms grotesques comme « Alligator Alcatraz », « Speedway Slammer » ou « Cornhusker Clink ».

Human Rights Watch a documenté l’horreur : pas de lits pour tous, alimentation sommaire, hygiène déplorable, absence de soins médicaux. Au centre de Krome en Floride, 1 800 personnes se disputent 611 lits. L’espace manque pour circuler, les détenus subissent des humiliations constantes. En juin, ils avaient formé un « SOS » humain dans la cour, visible d’hélicoptère, pour attirer l’attention sur leur calvaire. Mais qui regarde ? Qui s’indigne ? L’Amérique détourne les yeux de sa propre barbarie.

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!
More Content