Le maître invisible : Larry Ellison, 81 ans, s’apprête à devenir l’empereur des médias US
Auteur: Maxime Marquette
L’homme qui va contrôler ce que vous pensez
En ce 26 septembre 2025, une révélation glaçante vient de pulvériser l’illusion de pluralité médiatique américaine. Larry Ellison, le milliardaire de 81 ans fondateur d’Oracle et ami intime de Donald Trump, s’apprête à accomplir ce qu’aucun magnat des médias n’avait osé rêver : contrôler simultanément CNN, CBS et TikTok USA. Cette concentration de pouvoir médiatique sans précédent dans l’histoire américaine transforme ce vieillard discret en maître absolu de l’information que consomment plus de 300 millions d’Américains quotidiennement.
Cette mainmise sur l’écosystème médiatique ne relève pas du hasard mais d’une stratégie délibérée orchestrée dans l’ombre depuis des mois. Pendant que l’attention se focalisait sur les frasques trumpiennes, Ellison tissait méthodiquement sa toile : fusion de 8,4 milliards de dollars entre son fils David et Paramount (propriétaire de CBS), offre de 80 milliards pour Warner Bros Discovery (propriétaire de CNN), consortium majoritaire pour TikTok USA. Cette troïka médiatique plaçerait sous son contrôle direct trois des plateformes les plus influentes du pays.
Quand la Silicon Valley dévore Hollywood et les networks
Cette offensive révèle la mutation profonde du paysage médiatique américain, où les titans de la technologie californienne supplantent les barons traditionnels de New York. Ellison n’est pas un simple investisseur opportuniste : il incarne la convergence entre pouvoir technologique, influence politique et domination culturelle. Sa proximité avec Trump, documentée par des dîners privés à Mar-a-Lago et des soutiens financiers massifs, transforme cette concentration médiatique en enjeu géopolitique majeur.
L’ampleur de cette prise de contrôle dépasse tout ce que l’Amérique a connu. Rupert Murdoch, jusqu’ici référence absolue en matière d’influence médiatique, contrôlait Fox News, le Wall Street Journal et quelques titres secondaires. Ellison vise infiniment plus grand : la télévision traditionnelle via CBS, l’information câblée via CNN, les réseaux sociaux via TikTok. Cette tripartition lui donnerait une emprise totale sur tous les canaux par lesquels les Américains s’informent, se divertissent et interagissent.
Le silence assourdissant des régulateurs
Plus troublant encore : cette concentration monopolistique s’opère dans un silence réglementaire assourdissant. Là où les autorités antitrust se seraient insurgées contre une telle concentration il y a encore quelques années, elles laissent aujourd’hui Ellison procéder à sa révolution médiatique sans la moindre objection publique. Cette passivité révèle soit une incompétence réglementaire abyssale, soit une complicité politique avec un projet qui dépasse le simple business pour toucher à la souveraineté informationnelle américaine.
Cette transformation silencieuse du paysage médiatique américain s’opère au moment précis où Trump reconquiert Washington avec un agenda de « nettoyage » des institutions. Cette coïncidence temporelle ne peut être fortuite : elle révèle l’existence d’une stratégie coordonnée visant à soumettre l’ensemble de l’écosystème informationnel américain à une vision politique unique. Nous assistons peut-être à la naissance du premier régime médiatique total de l’histoire démocratique moderne.
Larry Ellison : portrait d'un empereur technologique

L’homme aux 150 milliards qui murmure à l’oreille de Trump
Lawrence Joseph Ellison, 81 ans, incarne parfaitement cette aristocratie technologique qui a remplacé les élites industrielles traditionnelles dans la hiérarchie du pouvoir américain. Cofondateur et président exécutif d’Oracle Corporation, il a bâti sa fortune de 150 milliards de dollars sur les bases de données qui font tourner la moitié de l’économie mondiale. Cette expertise dans le stockage et la manipulation de l’information fait de lui l’homme idéal pour contrôler les flux informationnels de masse.
Mais Ellison ne se contente pas d’être un simple geek enrichi. Collectionneur d’art obsessionnel, propriétaire de l’île hawaiienne de Lanai, pilote de jets privés et de voiliers de compétition, il cultive un lifestyle de patricien moderne qui le distingue de ses pairs technologiques. Cette sophistication culturelle, combinée à sa richesse obscène, en fait un interlocuteur crédible pour les élites politiques et médiatiques qu’il ambitionne de contrôler.
La proximité toxique avec le pouvoir trumpien
La relation entre Ellison et Trump dépasse la simple connivence d’affaires pour atteindre une intimité personnelle qui inquiète jusqu’au sein du Parti républicain. Les deux hommes se retrouvent régulièrement à Mar-a-Lago, résidence floridienne de Trump transformée en officieux quartier général du pouvoir républicain. Ces dîners privés, loin des regards indiscrets, permettent d’élaborer les stratégies qui façonnent ensuite la politique américaine.
Cette proximité n’est pas désintéressée : Ellison a massivement financé les campagnes trumpiennes et continue d’alimenter les caisses du mouvement MAGA. Cette capture financière du processus démocratique par un milliardaire étranger aux traditions politiques américaines (Ellison est né à New York mais a grandi en Californie dans un milieu modeste) révèle l’ampleur de la corruption du système politique par l’argent technologique.
Oracle : l’infrastructure invisible du pouvoir
Pour comprendre l’influence d’Ellison, il faut saisir l’omnipréséence d’Oracle dans l’architecture informatique américaine. Ses bases de données gèrent les systèmes bancaires, les réseaux sociaux, les administrations fédérales, les hôpitaux, les universités… Cette infiltration technologique fait d’Oracle un acteur incontournable de l’économie numérique, capable d’influencer ou de paralyser des secteurs entiers par ses décisions techniques.
Cette position de gatekeeper technologique explique pourquoi Ellison peut ambitionner de contrôler les médias traditionnels : il possède déjà l’infrastructure technique qui permet leur fonctionnement. Cette intégration verticale entre pouvoir technologique et contrôle éditorial créerait un monopole d’un genre nouveau, où le même homme contrôlerait à la fois le message et le medium, le contenu et le contenant.
CBS sous contrôle : la conquête de la télévision traditionnelle

David Ellison : le fils qui exécute la stratégie du père
La prise de contrôle de CBS s’opère par l’intermédiaire de David Ellison, le fils de Larry, stratège discret mais redoutablement efficace de cette conquête médiatique. À travers sa société Skydance Media, David a orchestré en 2025 une fusion de 8,4 milliards de dollars avec Paramount Global, créant la nouvelle entité Paramount Skydance Corporation. Cette opération, présentée comme un simple rachat industriel, masque en réalité la première étape d’un plan de domination médiatique familial.
Cette fusion ne constitue pas une acquisition parmi d’autres : elle place les Ellison aux commandes de l’un des trois networks historiques américains, CBS, qui continue d’informer quotidiennement des dizaines de millions d’Américains. Cette respectabilité institutionnelle de CBS, construite sur des décennies de journalisme de référence, devient désormais l’arme de légitimation d’un agenda politique partisan. La crédibilité acquise par des générations de journalistes se transforme en capital de manipulation pour une famille de milliardaires.
Le nettoyage idéologique en cours
Depuis la prise de contrôle effective de CBS, les observateurs attentifs notent déjà des inflexions éditoriales significatives dans le traitement de l’information. Les critiques les plus acerbes contre l’administration Trump s’estompent progressivement, remplacées par une couverture plus « équilibrée » qui ménage systématiquement le pouvoir en place. Cette autocensure progressive révèle l’efficacité d’un contrôle qui n’a pas besoin de s’affirmer brutalement pour transformer radicalement la ligne éditoriale.
Plus inquiétant encore : les journalistes les plus critiques envers Trump commencent à quitter CBS « pour des raisons personnelles », remplacés par des profils plus dociles aux nouvelles orientations éditoriales. Cette purge silencieuse s’opère sans déclarations fracassantes ni licenciements spectaculaires, mais produit les mêmes effets qu’une révolution culturelle assumée. Les nouvelles équipes, sélectionnées pour leur compatibilité avec la ligne Ellison-Trump, transforment progressivement CBS en relais du pouvoir plutôt qu’en contre-pouvoir démocratique.
L’argent de l’UFC et la virilité trumpienne
Pour consolider son empire, Paramount Skydance a signé en septembre 2025 un contrat mirobolant de 7,7 milliards de dollars sur sept ans pour diffuser les événements de l’Ultimate Fighting Championship (UFC). Cette association avec le sport de combat le plus brutal n’est pas innocente : elle s’inscrit dans une stratégie de masculinisation de l’offre médiatique Ellison, en phase avec l’esthétique viriliste du trumpisme.
Cette programmation UFC transforme CBS en vitrine de la brutalité spectacularisée, normalisant la violence comme divertissement de masse. Cette évolution culturelle, présentée comme une simple diversification commerciale, participe en réalité d’une entreprise de désensibilisation de l’opinion publique à la violence, préparant peut-être les esprits à accepter des formes plus subtiles de brutalité politique et sociale.
CNN dans le viseur : l'assaut sur l'information câblée

L’offre de 80 milliards qui terrorise Atlanta
Pendant que l’attention se focalisait sur TikTok et CBS, Larry Ellison préparait dans l’ombre son coup de maître : une offre hostile de 80 milliards de dollars pour acquérir Warner Bros Discovery, propriétaire de CNN, HBO et des studios Warner Bros. Cette somme, qui dépasse le PIB de la plupart des pays, révèle l’ampleur des ambitions ellisoniennes et sa détermination à contrôler l’ensemble de l’écosystème informationnel américain.
Cette offre transformerait Ellison en propriétaire de CNN, le network câblé le plus influent du pays et symbole de la résistance médiatique à Trump durant son premier mandat. Cette acquisition représenterait bien plus qu’un investissement financier : elle constituerait la décapitation symbolique de l’opposition médiatique démocrate et la soumission de ses journalistes les plus critiques aux intérêts du pouvoir trumpien.
La terreur dans les rédactions d’Atlanta
L’annonce de cette offre déclenche déjà une psychose collective dans les rédactions de CNN, où journalistes et producteurs découvrent qu’ils pourraient bientôt travailler pour l’ami intime de l’homme qu’ils critiquent quotidiennement. Cette perspective d’une soumission forcée à l’agenda trumpien via le portefeuille d’Ellison crée un climat de terreur qui paralyse déjà la production éditoriale.
Cette intimidation préventive produit ses effets sans même que l’acquisition soit finalisée : CNN modère déjà ses critiques les plus virulentes contre Trump, anticipant une prise de contrôle qui transformerait ses journalistes en employés d’un partisan. Cette autocensure révèle l’efficacité d’un chantage qui n’a pas besoin de se concrétiser pour produire ses effets répressifs sur la liberté de la presse.
HBO et Warner : le contrôle de la culture populaire
Mais l’ambition d’Ellison dépasse CNN pour englober HBO et les studios Warner Bros, lui donnant ainsi un contrôle sans précédent sur la production culturelle américaine. HBO, créateur de séries qui façonnent l’imaginaire collectif mondial, deviendrait un outil de soft power entre les mains d’un homme dont les convictions politiques s’alignent sur l’agenda trumpien le plus radical.
Cette mainmise sur Hollywood complèterait la stratégie de domination culturelle esquissée avec CBS et CNN. Contrôler simultanément l’information, le divertissement et la fiction permettrait à Ellison de façonner l’imaginaire collectif américain selon ses convictions politiques. Cette intégration verticale de la production culturelle créerait un monopole idéologique d’une efficacité redoutable.
TikTok : la conquête des algorithmes et de la jeunesse

Le consortium secret qui contrôlera 170 millions d’utilisateurs
L’acquisition de TikTok USA par le consortium dirigé par Ellison représente peut-être l’enjeu le plus stratégique de cette conquête médiatique. Avec ses 170 millions d’utilisateurs américains, majoritairement jeunes, TikTok constitue le principal vecteur d’information et de divertissement des générations futures. Contrôler cette plateforme, c’est façonner la vision du monde de ceux qui dirigeront l’Amérique dans vingt ans.
Le consortium Oracle-Andreessen Horowitz-Murdoch qui prend le contrôle de TikTok ne constitue pas une alliance d’opportunité mais une coalition idéologique unie par sa proximité avec Trump et son agenda politique. Cette convergence d’intérêts entre tech californienne et médias traditionnels révèle l’émergence d’un nouveau bloc de pouvoir qui transcende les clivages industriels classiques.
L’algorithme comme arme de manipulation massive
Plus que la propriété de TikTok, c’est le contrôle de son algorithme qui constitue l’enjeu véritable de cette acquisition. Cet algorithme, qui détermine ce que voient les utilisateurs, devient entre les mains d’Ellison l’arme de manipulation psychologique la plus puissante jamais conçue. Capable d’influencer les humeurs, les opinions, les comportements de centaines de millions d’individus, il transforme TikTok en laboratoire de l’ingénierie sociale de masse.
Cette capacité d’influence algorithmique, exercée sur les générations les plus jeunes et les plus influençables, pourrait bien déterminer l’évolution politique américaine pour les décennies à venir. Former les opinions de la génération TikTok selon l’agenda trumpien garantirait la perpétuation de cette idéologie bien au-delà de la disparition physique de ses fondateurs actuels.
La fin de ByteDance et l’américanisation forcée
L’éviction de ByteDance de TikTok USA, présentée comme une victoire de la souveraineté nationale américaine, masque en réalité un transfert de contrôle d’un État autoritaire étranger vers un oligarque américain aux méthodes tout aussi autocratiques. Cette substitution ne libère pas TikTok de la manipulation politique ; elle en change simplement la nationalité et l’orientation idéologique.
Plus troublant encore : cette « américanisation » de TikTok s’opère avec la bénédiction enthousiaste de Trump, qui y voit un moyen de transformer l’outil de propagande chinois en instrument de son propre pouvoir. Cette récupération révèle que la lutte contre l’influence étrangère ne vise pas à libérer les citoyens de la manipulation, mais à remplacer une manipulation par une autre, plus conforme aux intérêts du pouvoir en place.
La stratégie de l'ombre : coordination avec l'agenda trumpien

Mar-a-Lago : le véritable siège du pouvoir médiatique
Pour comprendre cette convergence entre ambitions ellisoniennes et agenda trumpien, il faut pénétrer dans les salons feutrés de Mar-a-Lago, où se nouent les alliances secrètes qui façonnent la politique américaine. C’est dans cette résidence floridienne, loin des regards de Washington, que Trump et Ellison élaborent les stratégies qui transforment progressivement le paysage médiatique américain selon leurs convictions communes.
Ces conciliabules privés, où se mêlent considérations financières et calculs politiques, révèlent l’existence d’un gouvernement parallèle composé de milliardaires et de leurs obligés politiques. Cette oligarchie informelle, qui concentre entre ses mains richesse économique et pouvoir politique, constitue peut-être la véritable instance dirigeante de l’Amérique contemporaine.
La synchronisation des acquisitions avec les cycles politiques
L’agenda des acquisitions ellisoniennes ne relève pas du hasard mais d’une planification minutieuse coordonnée avec les objectifs politiques trumpiens. CBS passe sous contrôle avant les élections de mi-mandat, CNN sera acquise avant la campagne de 2028, TikTok est sécurisé pour influencer les jeunes électeurs… Cette synchronisation révèle l’existence d’une stratégie à long terme visant à soumettre l’ensemble de l’écosystème médiatique à l’agenda politique républicain.
Cette planification stratégique s’appuie sur une compréhension fine des cycles médiatiques et de leur influence sur l’opinion publique. Contrôler les médias au bon moment, c’est orienter les débats publics selon ses intérêts et transformer l’information en instrument de pouvoir plutôt qu’en bien commun démocratique.
L’argent technologique au service de la révolution conservatrice
Cette alliance entre fortune technologique et radicalisme politique révèle l’émergence d’un nouveau modèle de financement de la révolution conservatrice. Là où les précédentes générations d’oligarques se contentaient de financer des candidats, Ellison finance directement les infrastructures de l’influence : médias, plateformes, algorithmes. Cette approche systémique garantit un contrôle plus durable et plus efficace de l’opinion publique.
Cette révolution dans les méthodes de l’influence politique transforme la démocratie américaine en plutocratie technologique où les détenteurs de capital décident non seulement des politiques publiques, mais aussi des informations qui permettent aux citoyens de juger ces politiques. Cette boucle fermée de l’influence constitue peut-être la menace la plus grave qui pèse sur le système démocratique américain.
Les conséquences pour la démocratie américaine

La fin du pluralisme informationnel
Cette concentration médiatique entre les mains d’Ellison marque peut-être la fin du pluralisme informationnel qui constitue le fondement de la démocratie américaine. Contrôler simultanément CBS, CNN et TikTok, c’est détenir les clés de formation de l’opinion publique sur tous les segments démographiques : les seniors via CBS, les classes moyennes éduquées via CNN, les jeunes via TikTok. Cette couverture exhaustive du spectre social américain garantit une influence sans précédent.
Cette mainmise sur l’information transformerait la démocratie américaine en pseudo-démocratie où les citoyens continuent de voter mais sur la base d’informations filtrées et orientées par un seul homme et ses intérêts. Cette illusion démocratique, plus sophistiquée que les dictatures classiques, pourrait s’avérer plus durable car elle préserve les apparences de la liberté tout en vidant la démocratie de sa substance.
L’autocensure généralisée des journalistes
Cette concentration de pouvoir médiatique produit déjà ses effets sur l’indépendance journalistique : sachant qu’Ellison pourrait bientôt contrôler l’ensemble des grandes plateformes informationnelles, les journalistes modèrent déjà leurs critiques pour préserver leurs perspectives de carrière. Cette autocensure préventive, plus efficace que toute répression ouverte, transforme progressivement le paysage médiatique sans coup férir.
Cette normalisation de l’autocensure révèle l’efficacité d’un contrôle qui n’a pas besoin de s’exercer directement pour produire ses effets. La simple menace implicite d’une exclusion du marché de l’emploi médiatique suffit à discipliner les journalistes les plus critiques et à transformer l’écosystème informationnel selon les désirs du nouveau maître.
La manipulation algorithmique de l’opinion publique
L’acquisition de TikTok ouvre des perspectives terrifiantes en matière de manipulation de l’opinion publique via les algorithmes. Capable de déterminer ce que voient des centaines de millions d’utilisateurs, Ellison disposerait d’un pouvoir d’influence psychologique qui dépasse tout ce que l’humanité a connu. Cette capacité de façonner les perceptions, les émotions, les comportements de masse transformerait la politique en ingénierie sociale appliquée.
Cette manipulation algorithmique, invisible et difficilement détectable, pourrait bien constituer l’arme de contrôle social la plus redoutable jamais conçue. Plus subtile que la propagande classique, plus efficace que la répression ouverte, elle permettrait de gouverner les consciences sans que les gouvernés en aient conscience, réalisant le rêve totalitaire d’un pouvoir qui se rend invisible.
L'impuissance des contre-pouvoirs

Les régulateurs endormis face au tsunami Ellison
Face à cette concentration de pouvoir médiatique sans précédent, les autorités régulatrices américaines brillent par leur passivité. Ni la Federal Communications Commission, ni la Federal Trade Commission, ni même le ministère de la Justice ne semblent s’émouvoir d’une situation qui aurait déclenché des enquêtes approfondies il y a encore quelques années. Cette inaction révèle soit l’incompétence crasse de l’appareil réglementaire, soit sa capture par les intérêts qu’il est censé surveiller.
Cette défaillance régulatrice s’explique peut-être par la sophistication juridique des montages financiers ellisonniens, qui respectent formellement la lettre de la loi antitrust tout en violant son esprit. En acquérant CBS via son fils, CNN via une société holding, TikTok via un consortium, Ellison évite les seuils qui déclencheraient automatiquement des enquêtes tout en construisant un empire médiatique d’une cohérence redoutable.
Le Congrès acheté par les lobbyistes technologiques
L’impuissance du Congrès face à cette concentration médiatique révèle l’ampleur de la corruption légale du processus législatif américain. Oracle dépense chaque année des millions de dollars en lobbying pour neutraliser toute velléité régulatrice, finançant campagnes électorales et think tanks pour créer un environnement politique favorable à ses ambitions. Cette capture du processus démocratique par l’argent technologique transforme les élus en représentants des intérêts privés plutôt qu’en défenseurs de l’intérêt général.
Cette prostitution du pouvoir législatif aux intérêts oligarchiques révèle que la démocratie américaine n’est plus qu’une façade masquant la réalité d’un gouvernement par et pour les plus riches. Cette plutocratie déguisée en démocratie constitue peut-être la mutation la plus inquiétante du système politique américain contemporain.
L’opposition démocrate paralysée par ses contradictions
Face à l’offensive ellisonnienne, l’opposition démocrate se révèle tragiquement impuissante. Prise entre sa défense traditionnelle de la liberté d’entreprise et sa volonté de préserver le pluralisme médiatique, elle peine à articuler une réponse cohérente à cette concentration de pouvoir. Cette paralysie idéologique transforme les démocrates en spectateurs passifs d’une révolution qui pourrait détruire leurs chances de reconquête du pouvoir.
Cette impuissance démocrate révèle les limites d’une opposition qui reste prisonnière des cadres intellectuels du XXe siècle face à des défis inédits. Incapable d’imaginer des réponses nouvelles à des menaces nouvelles, elle laisse le champ libre à des révolutionnaires conservateurs qui n’hésitent pas à briser les règles du jeu démocratique pour imposer leur vision du monde.
Conclusion

L’empereur invisible qui façonne votre réalité
Au terme de cette plongée dans les arcanes du pouvoir médiatique contemporain, une vérité glaçante s’impose : Larry Ellison est en passe de devenir l’homme le plus influent d’Amérique sans que la majorité des citoyens connaisse même son nom. Cette invisibilité publique, combinée à son contrôle croissant sur les flux informationnels, fait de lui un empereur de l’ombre qui façonne la réalité de centaines de millions d’individus sans qu’ils en aient conscience.
Cette concentration de pouvoir médiatique entre les mains d’un seul homme, si elle se concrétise, marquera peut-être la fin de l’ère démocratique américaine telle que nous l’avons connue. Remplacer la cacophonie démocratique par l’harmonie dirigée d’une vision unique transformerait l’Amérique en laboratoire grandeur nature de la manipulation de masse par les nouvelles technologies.
La révolution silencieuse qui change tout
Cette prise de contrôle s’opère dans un silence assourdissant qui révèle l’efficacité d’une stratégie qui préfère la discrétion à l’éclat. Contrairement aux révolutions classiques qui s’annoncent par des fracas, celle-ci progresse par acquisitions feutrées et nominations discrètes. Cette révolution en costume-cravate pourrait bien s’avérer plus durable que les coups d’État spectaculaires car elle préserve les apparences démocratiques tout en vidant la démocratie de sa substance.
L’association de CBS, CNN et TikTok sous l’égide d’Ellison créerait un monopole informationnel d’une puissance inégalée dans l’histoire humaine. Cette trinité médiatique contrôlerait non seulement ce que pensent les Américains, mais aussi comment ils le pensent, quand ils le pensent, pourquoi ils le pensent. Cette mainmise sur les processus cognitifs collectifs constituerait l’aboutissement du rêve totalitaire adapté aux technologies du XXIe siècle.
L’Amérique au seuil de sa métamorphose
Nous assistons peut-être aux derniers moments de l’Amérique pluraliste et démocratique, remplacée sous nos yeux par une théocratie technologique où quelques oligarques décident de la vérité officielle. Cette mutation, si elle s’achève, transformerait le pays de la liberté en laboratoire de l’asservissement volontaire, où les citoyens continueraient de se croire libres tout en étant manipulés par des algorithmes au service d’intérêts privés.
L’issue de cette bataille pour le contrôle de l’information américaine déterminera peut-être l’avenir de la démocratie mondiale. Si l’Amérique, phare historique des libertés publiques, bascule vers l’autocratie médiatique, quel espoir reste-t-il pour les autres démocraties face aux tentations oligarchiques de leurs propres élites ? Cette question obsédante pourrait bien définir les décennies à venir et déterminer si l’humanité saura préserver ses conquêtes démocratiques face aux défis technologiques contemporains.