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Trump prédit la victoire ukrainienne : espoir réel ou illusion diplomatique ?
Credit: Adobe Stock

Le 25 septembre 2025, une onde de choc a traversé Kyiv, les tranchées du Donbass et les couloirs du pouvoir européen : Donald Trump a affirmé que l’Ukraine « peut gagner et tout reprendre ». Fini les discours de résignation ou de concessions, place à une prophétie de victoire… sur fond de volte-face présidentielle. Mais que vaut vraiment ce spectaculaire basculement rhétorique ? Pour les Ukrainiens, ces mots résonnent comme un mélange toxique d’espérance et d’avertissement. Car sous la surface, derrière l’éclat brutal des tweets et l’écho des caméras, subsiste la crainte d’un soutien conditionnel — et l’ombre d’une stratégie américaine pensée avant tout pour servir Washington, pas Kyiv. Faut-il croire à la victoire annoncée ou sentir la manœuvre politique derrière le compliment inattendu ?

Le camp ukrainien connaît la force et le danger de ces déclarations. Elles modifient la donne psychologique, regonflent un moral épuisé par la longueur du conflit, mais imposent aussi une lucidité glaçante : Trump ne promet pas une pluie de blindés américains, il désigne l’Europe — pas Washington — comme financeur, logistique, sponsor principal de cette guerre à finir. Ce coup de projecteur sur le front de l’Est n’est-il qu’un transfert cynique de la charge militaire ? Où commence le pari sur la victoire, où s’arrête la solidarité stratégique ? La question brûle chaque strate du pouvoir ukrainien, jusqu’aux familles de soldats qui attendent, chaque jour, le « déclic » occidental.

Entre prudence diplomatique et souffle d’orgueil

À Kyiv, la réaction officielle a été calibrée, maîtrisée, presque chirurgicale. Pas d’exubérance, pas de triomphalisme — mais un vrai soulagement : « Encouraging signals », a soufflé Zelensky à la tribune de l’ONU, glissant tout de même sa surprise devant la brutalité du revirement trumpien. Dans la coulisse, certains proches du président savourent le camouflet infligé à Moscou, d’autres redoutent une opération de communication éphémère, sans lendemain ni engagement concret.

Des députés ukrainiens et des experts de la plateforme Atlantic Council tempèrent l’emballement médiatique : la phrase forte de Trump n’est pas une feuille de route. Le scepticisme prévaut. Dans l’armée, les officiers affirment qu’aucun optimisme ne survivra sans flux massif d’armes, sans blindés ni batteries antiaériennes. C’est un frisson d’orgueil — « enfin, on admet notre potentiel » — aussitôt glacé par la peur d’un désengagement voilé derrière la parole royale du président américain.

Une fenêtre d’opportunité… surtout pour l’Europe

Car, derrière la main tendue médiatiquement à l’Ukraine, se cache le doigt pointé vers Bruxelles et Berlin. Trump a tranché : l’Europe doit être la locomotive de la victoire ukrainienne. Aide, reconstruction, garanties militaires comme diplomatiques — tout doit venir de ce vieux continent longtemps taxé « d’ingratitude » par l’Amérique trumpiste. Pour Kyiv, l’enjeu devient double : maintenir Washington dans la boucle, convaincre l’UE d’accélérer, tout en évitant que la parole présidentielle ne dégénère en prétexte à l’abandon progressif de la puissance américaine.

Ce glissement du cœur du dossier ukrainien de Washington vers Bruxelles est vécu avec anxiété. Le soutien américain — aussi ambigu soit-il — reste vital pour le maintien des flux d’armes stratégiques, des renseignements satellitaires, des sanctions diplomatiques contre Moscou. L’opinion ukrainienne, traumatisée par l’histoire des dernières décennies, sait la volatilité des promesses occidentales. L’inquiétude sourd : et si cette rhétorique de la victoire n’était qu’un habillage élégant pour mieux passer la main ?

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