Le QAnon Shaman frappe Trump : 40 000 milliards ou l’Amérique sombre dans la folie totale
Auteur: Maxime Marquette
Ce lundi 29 septembre 2025, l’Amérique découvre avec stupéfaction le nouveau délire judiciaire de Jacob Chansley, alias le « QAnon Shaman », l’homme aux cornes de buffle qui avait défrayé la chronique lors de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Dans une plainte de 26 pages écrite… en un seul paragraphe, cet illuminé réclame 40 000 milliards de dollars à Donald Trump et une kyrielle d’entités qu’il accuse de complot cosmique contre sa personne sacrée.
Cette affaire, déposée devant la Cour supérieure du comté de Maricopa en Arizona, dépasse tout ce que l’imagination humaine peut concevoir en matière de folie procédurière. Chansley y affirme être le « vrai président » des États-Unis, accuse la NSA d’avoir volé ses idées pour les films Batman et Avatar, prétend avoir été « catfishé » par l’agence de renseignement qui se faisait passer pour l’actrice Michelle Rodriguez, et réclame que Phoenix devienne la nouvelle capitale de sa « République Constitutionnelle ». Cette descente aux enfers de l’esprit humain révèle l’ampleur des dégâts psychologiques causés par quatre années de trumpisme déchaîné.
40 000 milliards : l’addition de la folie américaine
Les 40 000 milliards de dollars réclamés par Chansley ne sortent pas de nulle part : ils reflètent sa vision grandiose de rédemption nationale. 38 000 milliards pour rembourser la dette américaine, 1 000 milliards pour reconstruire les infrastructures du pays, et 1 000 milliards pour ses propres « tortures personnelles, émotionnelles, mentales et spirituelles ». Cette arithmétique délirante révèle un ego surdimensionné qui se confond avec le destin de l’Amérique entière.
Pour financer cette somme astronomique, Chansley propose de faire frapper par la Réserve fédérale une pièce d’or d’une once d’une valeur de 40 000 milliards de dollars. Cette proposition, qui défie toutes les lois économiques connues, témoigne d’une incompréhension totale des mécanismes monétaires et financiers. Mais elle révèle surtout la conviction profonde de cet homme qu’il peut réinventer les règles de la réalité par la seule force de sa volonté.
Les défendeurs de l’apocalypse : qui Chansley veut-il détruire ?
La liste des défendeurs ressemble à un bottin mondain de la paranoïa contemporaine : Donald Trump, Elon Musk et X Corp, T-Mobile, Warner Bros Studios, la Réserve fédérale, la NSA, le FMI, la Banque mondiale, la Banque des règlements internationaux, l’État d’Israël, et l’Agence pour les projets de recherche avancée de défense. Cette diversité révèle l’ampleur du complot que Chansley croit avoir découvert.
Cette accumulation hétéroclite d’accusés témoigne d’un esprit qui ne distingue plus les liens logiques entre les événements. Dans l’univers mental de Chansley, une compagnie de télécommunications, un studio de cinéma, un milliardaire excentrique et une banque centrale peuvent former une coalition secrète visant à le persécuter personnellement. Cette incapacité à hiérarchiser les menaces révèle un état psychologique préoccupant.
Le manifeste d’un seul paragraphe : quand la forme trahit le fond
Le choix de Chansley de rédiger l’intégralité de sa plainte en un seul paragraphe de 26 pages révèle un esprit déboussolé qui ne parvient plus à structurer sa pensée. Cette forme littéraire, qui rappelle les écrits de certains schizophrènes, traduit un flux de conscience paranoïaque où tout se mélange dans un magma indifférencié.
Cette absence totale de structure juridique transforme le document en manifeste politique plutôt qu’en acte de procédure. Chansley ne cherche pas vraiment à obtenir gain de cause devant un tribunal : il veut témoigner de sa vérité révélée face à un monde qui refuse de reconnaître sa mission messianique. Cette confusion des genres révèle l’effondrement de sa capacité à distinguer le réel du fantasme.
L'accusation contre Trump : quand l'idole devient bourreau

L’email mystérieux du 8 janvier 2021
Selon Chansley, Donald Trump lui aurait personnellement envoyé un email le 8 janvier 2021 — soit deux jours après l’assaut du Capitole — depuis l’adresse « donaldtrump@nsa.gov ». Cette révélation, si elle était vraie, constituerait un élément explosif démontrant les liens directs entre Trump et les émeutiers du 6 janvier. Mais l’adresse email elle-même révèle l’absurdité de cette allégation.
Aucun président américain n’utilise d’adresse email gouvernementale portant son nom personnel, et encore moins une adresse dépendant de la NSA. Cette impossibilité technique révèle que Chansley a probablement été victime d’une mystification, ou plus probablement qu’il a inventé cette correspondance pour étayer sa théorie du complot. Cette confusion entre fantasme et réalité illustre parfaitement la dégradation de son rapport au monde factuel.
La rupture de juillet 2025 : les dossiers Epstein comme révélateur
L’élément déclencheur de cette action en justice réside dans la désillusion de Chansley face à Trump. En juillet 2025, le QAnon Shaman a officiellement retiré son soutien au président après que celui-ci eut refusé de publier les dossiers Epstein et maintenu son aide militaire à Israël dans le conflit de Gaza. Cette rupture idéologique révèle la fragilité des alliances dans l’univers conspirationniste.
Pour Chansley, ces deux décisions présidentielles prouvent que Trump fait partie du « Deep State » qu’il prétendait combattre. Cette inversion narrative transforme l’ancien héros en traître suprême, illustrant parfaitement la logique paranoïaque qui transforme chaque déception en confirmation du complot universel. Trump découvre amèrement que les monstres qu’il a créés peuvent se retourner contre leur créateur.
La trahison du messie : psychologie d’un retournement
Cette volte-face de Chansley envers Trump révèle la nature instable des convictions conspirationnistes. Dans l’univers mental des QAnon, la fidélité absolue côtoie la défiance totale sans nuance intermédiaire. Trump n’est plus le sauveur de l’Amérique mais devient le chef suprême du complot qu’il était censé dénoncer.
Cette logique du tout ou rien illustre l’impossibilité pour les leaders populistes de satisfaire durablement leurs bases les plus radicales. En déplaçant sans cesse les lignes rouges idéologiques, ils créent des attentes impossibles qui se transforment inévitablement en amertume et en accusations de trahison. Chansley incarne parfaitement cette dynamique autodestructrice du populisme contemporain.
Les délires technologiques : quand la NSA vole Batman

Michelle Rodriguez et le catfishing gouvernemental
Parmi les allégations les plus surréalistes de la plainte figure l’accusation selon laquelle la NSA aurait « catfishé » Chansley en se faisant passer pour l’actrice Michelle Rodriguez sur Facebook. Selon lui, cette mystification visait à exploiter ses « capacités chamaniques » pour « traiter des questions extraterrestres » en collaboration secrète avec la NASA.
Cette révélation délirante mélange fantasmes sexuels, théories du complot et prétentions mystiques dans un cocktail hallucinant qui révèle l’état mental préoccupant de Chansley. L’idée que les services de renseignement américains mobiliseraient une actrice de Fast and Furious pour recruter un chaman new-age dépasse l’entendement rationnel. Mais elle révèle aussi la vulnérabilité de Chansley face aux manipulations en ligne.
Le vol de propriété intellectuelle : quand Hollywood espionne l’Arizona
Chansley accuse également la NSA d’avoir volé ses écrits pour les utiliser dans les scénarios de The Dark Knight de Christopher Nolan et d’Avatar de James Cameron. Cette allégation révèle une mégalomanie pathologique qui lui fait croire que ses divagations personnelles inspirent les plus grands succès cinématographiques mondiaux.
Cette conviction d’être systématiquement plagié par l’industrie du divertissement illustre un symptôme psychiatrique classique : le délire de grandeur compensatoire. Incapable d’accepter son anonymat social, Chansley s’invente une influence secrète sur la culture populaire. Cette réinterprétation paranoïaque du succès d’autrui révèle une fragilité narcissique extrême.
Les brevets déclassifiés de Trump : antigravité et énergie infinie
Dans ses déclarations antérieures, Chansley avait affirmé que Trump avait déclassifié trois brevets révolutionnaires : un moteur à énergie du point zéro, un supraconducteur à température ambiante, et un engin antigravitationnel triangulaire appelé TR3B. Ces technologies, selon lui, permettraient de créer un nouveau système socio-économique mondial.
Cette croyance en des technologies secrètes révolutionnaires constitue un pilier de l’idéologie QAnon : l’idée que l’humanité dispose déjà des outils pour résoudre tous ses problèmes, mais que des forces obscures les dissimulent. Cette pensée magique dispense de tout effort rationnel pour comprendre la complexité du monde réel. Il suffit de révéler les secrets cachés pour transformer la société.
Le grand complot bancaire : quand l'argent devient diabolique

La Réserve fédérale : incarnation du mal financier
Dans sa vision du monde, Chansley considère la Réserve fédérale comme inconstitutionnelle et accuse le système bancaire central d’être l’instrument principal de l’oppression du peuple américain. Cette obsession anti-Fed puise dans une longue tradition conspirationniste américaine qui voit dans la banque centrale un instrument de domination des élites financières.
Cette dénonciation du système monétaire moderne révèle une incompréhension fondamentale des mécanismes économiques contemporains. Pour Chansley, la complexité du système financier cache nécessairement une intention malveillante. Cette simplification outrancière de phénomènes complexes caractérise la pensée conspirationniste : tout ce qui ne se comprend pas immédiatement doit être diabolique.
Le FMI et la Banque mondiale : les tentacules du pouvoir global
L’inclusion du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale dans la liste des accusés révèle l’ampleur géographique du complot imaginé par Chansley. Ces institutions internationales incarnent à ses yeux la gouvernance mondiale occulte qui asservit les peuples sous couvert d’aide au développement.
Cette vision paranoïaque des organisations internationales s’inscrit dans la rhétorique isolationniste américaine qui voit toute coopération multilatérale comme une menace à la souveraineté nationale. Chansley pousse cette logique à l’extrême en transformant des institutions économiques en instruments de torture personnelle. Le global devient personnel dans l’univers délirant du QAnon Shaman.
La solution monétaire magique : la pièce de 40 000 milliards
Pour résoudre la crise économique américaine, Chansley propose de faire frapper une pièce d’or d’une once d’une valeur arbitraire de 40 000 milliards de dollars. Cette solution, qui ignore toutes les lois économiques, révèle une pensée magique qui croit pouvoir créer de la richesse par simple décret gouvernemental.
Cette incompréhension des mécanismes monétaires illustre parfaitement l’attrait des solutions simples face à des problèmes complexes. Plutôt que d’accepter la difficulté intrinsèque de la gestion économique, Chansley s’invente une solution miracle qui résoudrait instantanément tous les problèmes américains. Cette fuite dans l’irrationnel caractérise l’ensemble de sa vision politique.
Israël dans le collimateur : géopolitique d'un délire

L’État hébreu comme co-conspirateur
L’inclusion d’Israël parmi les défendeurs révèle la dimension géopolitique des obsessions de Chansley. Pour lui, l’État hébreu fait partie intégrante du complot mondial qui vise à asservir l’Amérique et à violer ses droits constitutionnels. Cette accusation s’inscrit dans la mouvance conspirationniste qui voit dans Israël un État manipulateur des affaires américaines.
Cette hostilité envers Israël contraste avec le soutien traditionnellement pro-israélien du mouvement évangélique dont se réclamait Chansley. Sa rupture avec Trump sur la question du soutien à Israël dans le conflit de Gaza révèle une évolution idéologique majeure qui transforme l’ancien allié en ennemi déclaré. Cette versatilité illustre l’instabilité fondamentale des convictions conspirationnistes.
Gaza comme révélateur : la géopolitique personnalisée
Le conflit de Gaza semble avoir servi de catalyseur à la rupture de Chansley avec Trump. Pour lui, le soutien américain à Israël dans cette guerre constitue la preuve définitive de la trahison présidentielle. Cette réaction révèle comment les événements géopolitiques lointains peuvent devenir des marqueurs identitaires pour des individus en quête de sens.
Cette personnalisation de conflits géopolitiques complexes illustre la difficulté pour les esprits conspirateurs de distinguer entre leurs convictions personnelles et les intérêts nationaux. Chansley transforme chaque décision de politique étrangère en attaque personnelle contre ses propres valeurs, révélant un ego surdimensionné qui se confond avec l’intérêt général.
L’antisémitisme latent : quand la critique d’Israël dérape
Bien que Chansley ne formule pas d’accusations explicitement antisémites, l’inclusion d’Israël dans son grand complot mondial s’inscrit dans une tradition conspirationniste qui flirte dangereusement avec les stéréotypes antisémites classiques. Cette frontière poreuse entre critique légitime et préjugé racial révèle les dérives potentielles du mouvement QAnon.
Cette ambiguïté idéologique illustre comment les théories du complot peuvent servir de passerelle vers des idéologies plus extrêmes. En diabolisant Israël sans justification rationnelle, Chansley reproduit inconsciemment des schémas antisémites millénaires qui attribuent aux Juifs une influence disproportionnée sur les affaires mondiales. Cette dérive révèle les dangers de la pensée conspirationniste débridée.
Musk et les géants technologiques : Big Tech dans le viseur

X Corp sous surveillance : quand Twitter devient espion
L’inclusion d’Elon Musk et de X Corp (anciennement Twitter) parmi les défendeurs révèle la méfiance de Chansley envers les plateformes de réseaux sociaux. Pour lui, ces entreprises ne sont pas de simples services de communication mais des instruments de surveillance et de manipulation de l’opinion publique au service du pouvoir occulte.
Cette accusation contre X Corp paraît particulièrement ironique quand on sait que Musk a racheté Twitter précisément pour y restaurer la « liberté d’expression » et réduire la modération des contenus conspirationnistes. Mais dans l’univers paranoïaque de Chansley, même les alliés apparents peuvent être des ennemis déguisés. Cette suspicion généralisée révèle l’impossibilité pour les conspirateurs de faire confiance à qui que ce soit.
T-Mobile : quand les télécoms deviennent politiques
L’accusation portée contre T-Mobile, simple opérateur de télécommunications, révèle l’ampleur délirante du complot imaginé par Chansley. Pour lui, cette entreprise fait partie intégrante du réseau de surveillance qui espionne ses communications et viole sa vie privée. Cette paranoia télécom illustre la difficulté moderne de distinguer entre surveillance légitime et persécution personnelle.
Cette obsession sécuritaire révèle comment l’ère numérique a transformé les inquiétudes légitimes sur la vie privée en paranoia généralisée. Chansley transforme des pratiques commerciales banales — collecte de données, ciblage publicitaire, géolocalisation — en persécution personnalisée. Cette incapacité à distinguer entre surveillance de masse et harcèlement individuel caractérise l’esprit conspirationniste contemporain.
Warner Bros : Hollywood complice du Deep State
L’accusation contre Warner Bros Studios s’inscrit dans la vision conspirationniste classique qui voit dans l’industrie du divertissement un instrument de manipulation des masses. Pour Chansley, le studio hollywoodien ne se contente pas de produire des films : il participe activement au complot visant à le persécuter personnellement.
Cette personnalisation de l’industrie cinématographique révèle la mégalomanie pathologique de Chansley qui s’imagine suffisamment important pour que Warner Bros consacre des ressources à sa surveillance. Cette illusion de grandeur transforme l’anonymat social en preuve de complot : si personne ne s’intéresse à lui publiquement, c’est forcément qu’on l’espionne secrètement.
La République constitutionnelle de Phoenix : délire présidentiel

Chansley président : l’investiture imaginaire
Dans sa plainte, Chansley se proclame officiellement « premier président » de la « Nouvelle République Constitutionnelle des États-Unis » avec Phoenix pour capitale. Cette auto-investiture révèle l’ampleur de sa mégalomanie pathologique qui lui fait croire qu’il peut refonder l’Amérique par simple décret juridique.
Cette proclamation présidentielle illustre parfaitement la confusion entre fantasme et réalité qui caractérise l’esprit conspirationniste. Incapable d’accepter son statut social réel, Chansley s’invente une légitimité politique qui n’existe que dans son imagination. Cette fuite dans la grandeur compensatoire révèle une fragilité psychologique extrême.
Phoenix capitale : quand l’Arizona devient centre du monde
Le choix de Phoenix comme nouvelle capitale de son régime imaginaire révèle l’ego-géographie délirante de Chansley. Cette ville, où il réside, devient automatiquement le centre politique de sa nouvelle Amérique. Cette personnalisation géographique illustre l’incapacité des conspirateurs à concevoir un monde qui ne gravite pas autour de leur personne.
Cette translocation de la capitale révèle aussi une hostilité symbolique envers Washington et ses institutions. En déplaçant le pouvoir vers l’Ouest américain, Chansley exprime sa rupture idéologique avec l’Amérique existante. Cette géographie alternative révèle le désir profond de repartir à zéro sur de nouvelles bases constitutionnelles.
Les deux seules lois : simplicité constitutionnelle absolue
Dans sa nouvelle république, Chansley ne reconnaît que deux textes législatifs : la Déclaration des droits et la Constitution originelle américaine. Cette simplification juridique extrême révèle le rejet radical de la complexité administrative moderne au profit d’un retour aux sources constitutionnelles.
Cette réduction drastique du corpus législatif illustre l’attrait des solutions simples face à la complexité du monde moderne. Plutôt que d’accepter l’évolution naturelle du droit et de la société, Chansley rêve d’un retour mythique aux origines supposées pures de l’Amérique. Cette nostalgie constitutionnelle révèle l’incapacité à accepter le changement historique.
Psychologie d'un naufrage : anatomie de la folie américaine

Le syndrome post-traumatique du 6 janvier
La plainte de Chansley peut se lire comme le symptôme d’un stress post-traumatique consécutif à sa participation à l’assaut du Capitole et à son emprisonnement subséquent. Cette expérience carcérale, vécue comme une persécution politique, a probablement aggravé ses tendances paranoïaques préexistantes.
Cette spirale psychologique illustre les dégâts collatéraux du trumpisme sur les individus les plus fragiles de sa base électorale. En encourageant les fantasmes conspirationnistes, Trump a créé des bombes à retardement psychologiques qui explosent aujourd’hui dans sa propre face. Chansley incarne parfaitement cette logique autodestructrice du populisme radical.
La solitude du conspirateur : isolement social et dérive mentale
La forme même de la plainte — 26 pages en un seul paragraphe — révèle un isolement social extrême qui prive Chansley de tout retour critique sur ses idées. Cette absence de contradicteur rationnel favorise la dérive vers des positions de plus en plus extrêmes sans possibilité de recadrage.
Cette solitude intellectuelle caractérise l’époque des réseaux sociaux qui permettent de vivre en vase clos idéologique sans jamais confronter ses opinions à la réalité extérieure. Chansley illustre parfaitement les dangers de l’entre-soi numérique qui transforme les obsessions personnelles en vérités révélées.
L’ego blessé : narcissisme et victimisation
Derrière toutes les accusations de Chansley se cache un narcissisme pathologique qui lui fait croire qu’il mérite l’attention permanente des plus hautes autorités mondiales. Cette conviction d’être simultanément victime et héros d’un complot planétaire révèle une personnalité profondément déstructurée.
Cette oscillation permanente entre mégalomanie et victimisation illustre la fragilité psychologique qui caractérise nombre de figures conspirationnistes. Incapables d’accepter leur anonymat social, ils s’inventent une importance secrète qui justifie leur persécution imaginaire. Cette fuite dans la grandeur compensatoire révèle une souffrance authentique derrière le délire apparent.
Miroir brisé de l'Amérique : quand la démocratie engendre ses propres monstres

Miroir brisé de l’Amérique : quand la démocratie engendre ses propres monstres
Cette plainte démentielle de Jacob Chansley contre Donald Trump et le monde entier constitue bien plus qu’un simple fait divers judiciaire : elle révèle l’état de décomposition mentale d’une fraction significative de la société américaine. Cet homme aux cornes de buffle, jadis idolâtre de Trump devenu son accusateur le plus virulent, incarne parfaitement la logique autodestructrice du populisme contemporain qui finit toujours par dévorer ses propres enfants.
Cette affaire révèle surtout l’ampleur des dégâts psychologiques causés par quatre années de trumpisme débridé sur les esprits les plus fragiles de l’Amérique. En encourageant systématiquement les théories du complot, en légitimant la paranoia politique, en transformant chaque opposition en trahison, Trump a créé une génération de bombes à retardement psychologiques qui explosent aujourd’hui en pleine face de leurs créateurs. Chansley n’est que le symptôme le plus visible d’une maladie collective qui ronge l’Amérique de l’intérieur.
Cette plainte à 40 000 milliards de dollars nous confronte à une réalité terrifiante : l’impossibilité croissante pour une partie de la population américaine de distinguer entre réalité et fantasme, entre politique et délire personnel, entre démocratie et théocratie chamanique. Quand un homme peut sérieusement se proclamer président d’une république imaginaire tout en accusant la NSA d’avoir volé ses idées pour Batman, c’est que la société tout entière a franchi un seuil de non-retour dans la désintégration collective. L’Amérique de 2025 découvre avec effroi qu’elle a engendré ses propres monstres, et qu’ils portent des cornes de buffle.