63 affrontements en une journée : la guerre qui dévore l’Ukraine sans pitié
Auteur: Jacques Pj Provost
Samedi 4 octobre 2025. Une date de plus dans un calendrier saturé de sang, de cris étouffés, de balles qui sifflent. 63 combats depuis l’aube. Pas 62, pas 60 — exactement 63 engagements militaires qui ont embrasé sept secteurs du front ukrainien. Chaque chiffre ici est une vie suspendue, un soldat qui plonge dans la poussière, une famille qui attend un message qui ne viendra peut-être jamais. Cette journée n’est pas différente des autres, mais elle porte en elle la même intensité insoutenable qui définit désormais le quotidien d’une nation en guerre. Les Forces de défense ukrainiennes ont repoussé l’ennemi encore et encore, mais à quel prix? Le front de Pokrovsk a encaissé le tiers de ces assauts — 20 tentatives russes d’enfoncer les lignes, 16 déjà brisées, 4 encore en cours au moment où ces mots s’écrivent. Les bombes guidées tombent, les obus crèvent la terre, les drones kamikazes tournoient comme des vautours métalliques. Ce n’est pas une mise à jour de guerre ordinaire. C’est le portrait d’une nation qui refuse de plier, même quand chaque minute pourrait être la dernière.
L’état-major général des Forces armées ukrainiennes a publié son rapport à 16h00, heure locale — un document clinique, froid dans sa précision, brûlant dans ses implications. 113 bombardements ont pilonné les positions ukrainiennes. Quatre frappes aériennes ont déchiré le ciel. Neuf bombes guidées ont été larguées. Et pendant ce temps, dans les villages frontaliers de l’Oblast de Soumy et de Tchernihiv, les civils se terrent encore, espérant que leur maison ne sera pas la prochaine cible. Ce samedi 4 octobre n’est pas une aberration — c’est la norme, la routine monstrueuse d’une guerre qui entre dans sa quatrième année sans ralentir. Chaque combat documenté ici raconte une vérité que les statistiques ne peuvent pas capturer entièrement : derrière chaque engagement, il y a des hommes et des femmes qui tiennent la ligne, qui refusent de céder un mètre de plus. Cette mise à jour n’est pas qu’un compte rendu militaire. C’est un témoignage de résistance, une chronique de l’acharnement humain face à l’écrasement systématique.
Le front de Pokrovsk : épicentre d'une violence inouïe

Vingt assauts en une seule journée
Le secteur de Pokrovsk est devenu le théâtre d’une boucherie calculée. Depuis l’aube du 4 octobre, les forces russes ont lancé 20 tentatives pour percer les défenses ukrainiennes dans cette zone critique. Vingt fois, elles ont jeté leurs hommes et leurs machines contre les positions fortifiées, espérant trouver une faille, un point de rupture. Seize de ces assauts ont été repoussés, brisés net par la résistance acharnée des défenseurs. Mais quatre combats continuent encore, féroces et indécis, autour de localités aux noms qui résonnent désormais comme des symboles de défiance : Volodymyrivka, Nykanorivka, Chervonyi Lyman, Promin, Lysivka, Kotlyne, Udachne, Dachne, Myroliubivka, Mykolaivka, Filiia. Chacun de ces villages est un point sur une carte, mais aussi un lieu où des soldats se battent à bout portant, où les tranchées deviennent des tombeaux, où chaque mètre gagné ou perdu se paie en vies humaines. L’intensité des combats ici dépasse tout ce qui se passe ailleurs sur le front — presque un tiers de tous les engagements de la journée se concentrent dans ce seul secteur.
Un front qui saigne sans répit
Pokrovsk n’est pas simplement un point chaud — c’est un abcès ouvert dans le corps de la ligne de front ukrainienne. Les Russes y déversent leurs forces avec une régularité métronomique, testant les défenses, cherchant à épuiser les réserves, à provoquer une fissure qui pourrait se transformer en effondrement. Les défenseurs ukrainiens le savent : céder ici signifierait ouvrir la route vers des objectifs stratégiques majeurs, compromettre toute une région. Alors ils tiennent. Ils repoussent chaque vague, absorbent chaque assaut, acceptent les pertes inévitables parce que l’alternative serait pire. Les bombardements d’artillerie se succèdent, les drones FPV traquent les véhicules, les fantassins s’affrontent dans des villages à moitié détruits où chaque maison devient un point fortifié, chaque rue une ligne de feu. Le rapport de l’état-major mentionne des combats en cours — une formule neutre qui dissimule une réalité insoutenable : des hommes sont en train de mourir maintenant, à cet instant précis, pendant que ces lignes sont lues.
Les localités transformées en champs de bataille
Les noms des villages autour de Pokrovsk ne signifient plus rien pour ceux qui ne suivent pas la guerre au jour le jour. Mais pour les soldats qui y combattent, pour les familles qui en sont originaires, ces noms portent un poids écrasant. Myroliubivka — « lieu de paix et d’amour » en ukrainien — ironiquement devenu un théâtre de violence extrême. Filiia, Udachne, des villages où quelques dizaines de familles vivaient avant la guerre, désormais transformés en lignes de fortifications, en positions d’artillerie, en zones de combat urbain. L’ennemi ne cherche pas nécessairement à les capturer intacts — il les broie méthodiquement, les transforme en ruines, les vide de toute vie humaine pour ensuite les revendiquer comme « libérés ». La stratégie est simple et brutale : avancer coûte que coûte, sacrifier autant d’hommes qu’il le faut, mais progresser. Et face à cela, la réponse ukrainienne est tout aussi implacable : tenir coûte que coûte, sacrifier autant qu’il le faut, mais ne pas reculer. Cette confrontation de volontés transforme chaque localité en un symbole, chaque combat en un test de résilience collective.
Les autres fronts : une pression multidirectionnelle

Nord-Sloboda et Kursk : la guerre transfrontalière
Dans les directions Nord-Sloboda et Kursk, les Forces de défense ont repoussé trois attaques russes, avec un quatrième engagement encore en cours. Depuis le début de la journée, l’ennemi a lancé quatre frappes aériennes, largué neuf bombes guidées, et effectué 113 bombardements d’artillerie, dont neuf avec des systèmes de lance-roquettes multiples. Ces chiffres traduisent une intensité constante, une pression qui ne relâche jamais. Les villages frontaliers de l’Oblast de Soumy et de Tchernihiv — Khrynivka, Bobylivka, Novovasylivka, Chernatske, Rozhkovychi, Bilokopytove — ont subi des bombardements directs depuis le territoire russe. Ces localités, situées à quelques kilomètres de la frontière, vivent sous le feu constant, incapables de reconstruire quoi que ce soit tant que les canons russes continuent de cracher leurs obus. Les habitants qui restent — ceux qui n’ont pas pu partir, ceux qui refusent d’abandonner leurs terres — survivent dans des abris de fortune, écoutant les sifflements d’obus, priant pour que le prochain ne tombe pas sur leur maison.
Sud-Sloboda : Vovchansk sous pression
Le secteur Sud-Sloboda a enregistré quatre attaques ennemies repoussées, avec un cinquième combat toujours en cours. Les positions ukrainiennes autour de Vovchansk et vers Lyptsi, Kolodyazne et Kutkivka ont été les cibles privilégiées. Vovchansk, en particulier, est devenu un symbole de résistance obstinée — une ville presque entièrement détruite, mais que les défenseurs refusent de céder complètement. Chaque quartier restant sous contrôle ukrainien représente un point d’ancrage tactique, une épine plantée dans les plans russes. Les combats y sont d’une brutalité particulière, mêlant artillerie lourde, drones et affrontements d’infanterie dans des ruines où chaque angle de rue peut cacher une embuscade. L’ennemi y investit des ressources considérables, conscient que prendre Vovchansk ouvrirait de nouvelles possibilités opérationnelles. Mais jusqu’à présent, chaque tentative se heurte à une défense qui refuse de plier, qui absorbe les coups et riposte avec une détermination farouche.
Lyman et Siversk : attaques multiples et combats persistants
Dans la direction de Lyman, l’armée d’invasion a attaqué six fois près des localités de Shandryholove, Novoselivka et Torske, ainsi que vers Drobycheve. Trois de ces combats sont encore en cours, signe que la résistance ukrainienne rend chaque avancée extrêmement coûteuse. Dans le secteur de Siversk, les Forces de défense ont repoussé quatre attaques près de Hryhorivka et vers Yampil et Dronivka, avec deux engagements toujours actifs. Ces directions, bien que moins médiatisées que Pokrovsk, n’en sont pas moins critiques. Chaque village, chaque position fortifiée retenue empêche l’ennemi de concentrer ses forces ailleurs, de créer une percée décisive. La stratégie ukrainienne repose sur cette multiplication des points de résistance : forcer l’adversaire à disperser ses ressources, à s’épuiser dans des combats simultanés sur un front immense. Et cela fonctionne — au prix d’un effort humain et matériel colossal, mais cela fonctionne.
Toretsk et Kramatorsk : variations d'intensité

Toretsk : six assauts en une journée
Dans la direction de Toretsk, les soldats ukrainiens ont stoppé six actions offensives ennemies dans les zones de Shcherbynivka, Poltavka, Rusyn Yar et Oleksandro-Shultyne, ainsi que vers Ivanopillia. Un septième combat reste en cours. Toretsk, comme tant d’autres localités sur cette ligne de front, est devenu un nom codé pour une réalité de violence quotidienne. Les assauts y sont moins nombreux que sur d’autres secteurs, mais non moins intenses. Chaque attaque est préparée, soutenue par l’artillerie, appuyée par des drones. Et chaque défense exige une vigilance constante, une réactivité immédiate, une coordination parfaite entre les unités. Les défenseurs de Toretsk savent qu’ils ne peuvent pas se permettre une seconde de relâchement — une position perdue ici pourrait compromettre toute une ligne défensive. Alors ils tiennent, ils repoussent, ils absorbent les coups et les rendent quand ils le peuvent.
Kramatorsk : un répit relatif
Dans la direction de Kramatorsk, l’ennemi a mené une seule attaque infructueuse sur les positions ukrainiennes dans la zone de Predtechyne. Comparé aux autres secteurs, c’est presque un calme plat. Presque. Parce qu’une seule attaque signifie quand même des obus, des balles, des hommes qui risquent leur vie. Mais dans le contexte d’une journée où 63 combats ont eu lieu, ce secteur apparaît comme un point de moindre pression. Peut-être l’ennemi y concentre-t-il moins de forces, réservant ses ressources pour les axes prioritaires. Peut-être les défenses y sont-elles particulièrement solides, dissuadant les tentatives d’assaut massif. Quoi qu’il en soit, ce répit relatif permet aux unités déployées ici de souffler légèrement, de consolider leurs positions, de se préparer à la prochaine vague — car elle viendra, inévitablement.
L’importance des secteurs « calmes »
Il serait tentant d’ignorer les secteurs où l’activité est moins intense, de se concentrer uniquement sur les points chauds comme Pokrovsk. Mais ce serait une erreur stratégique — et une erreur de compréhension. Chaque secteur « calme » libère des forces ennemies qui peuvent être redéployées ailleurs. Chaque position tenue, même dans un secteur peu actif, fixe des unités adverses, les empêche de renforcer les axes d’attaque principaux. La guerre moderne n’est pas une succession de batailles isolées — c’est un système interconnecté où chaque action, chaque décision, chaque position tenue ou perdue influence l’ensemble du front. Les défenseurs de Kramatorsk et des autres secteurs relativement calmes jouent un rôle tout aussi crucial que ceux qui combattent à Pokrovsk. Leur mission est peut-être moins dramatique, mais elle est tout aussi essentielle : tenir la ligne, empêcher toute surprise, maintenir la cohérence du dispositif défensif global.
Novopavlivka et Huliaipole : pression soutenue au sud

Novopavlivka : treize assauts en une journée
Le secteur de Novopavlivka a enregistré 13 attaques ennemies dans les zones de Sosnivka, Vorone, Sichneve, Yalta, Piddubne, Novomykolaivka, Ternove, Novovasylivka, Novohryhorivka et Verbove. Six combats sont encore en cours au moment du rapport. Cette multiplicité d’objectifs attaqués simultanément révèle une stratégie russe visant à disperser les forces de défense, à les obliger à réagir sur plusieurs points en même temps, espérant ainsi créer une brèche quelque part. Mais les défenseurs ukrainiens ont développé une capacité remarquable à gérer ces situations de multi-front local, à répartir leurs ressources, à prioriser les menaces, à contre-attaquer quand c’est possible. Chaque village défendu ici contribue à maintenir l’intégrité de la ligne défensive globale, à empêcher l’ennemi de créer une percée qui pourrait être exploitée en profondeur. Les noms de ces villages — souvent inconnus du grand public — sont gravés dans la mémoire des combattants qui y ont survécu, et dans celle des familles de ceux qui n’en sont pas revenus.
Huliaipole : un front relativement stable
Dans la direction de Huliaipole, l’ennemi n’a mené aucune opération offensive terrestre, mais a lancé une frappe aérienne sur Zaliznychne. Ce secteur, bien que moins actif en termes de combats au sol, reste sous pression aérienne constante. Les frappes aériennes visent à dégrader les infrastructures, à détruire les positions fortifiées, à semer la terreur parmi les défenseurs et les civils restants. Même en l’absence d’assauts d’infanterie, la menace reste omniprésente. Les drones de reconnaissance survolent constamment la zone, identifiant les cibles pour de futures frappes. Les systèmes de défense aérienne ukrainiens travaillent sans relâche pour intercepter les menaces, mais ils ne peuvent pas tout arrêter. Chaque frappe réussie affaiblit un peu plus la capacité de résistance, mine le moral, rappelle que nulle part n’est vraiment sûr sur cette ligne de front qui s’étire sur des centaines de kilomètres.
Orikhiv et Prydniprovskyi : combats sporadiques mais significatifs
Dans la direction d’Orikhiv, l’ennemi a mené une attaque vers Novodanylivka, qui a été repoussée. Une frappe aérienne a également été lancée dans la zone de Stepove. Dans le secteur de Prydniprovskyi, l’ennemi a tenté deux fois de percer les défenses ukrainiennes, avec un combat encore en cours. Une frappe aérienne a frappé la zone d’Odradochamyanka. Ces engagements, bien que moins nombreux que sur d’autres secteurs, ne sont pas négligeables. Chaque tentative de percée, même isolée, teste la solidité du dispositif défensif, cherche les points faibles, prépare peut-être de futures opérations plus importantes. Les défenseurs doivent rester vigilants partout, tout le temps, car une brèche inattendue dans un secteur « calme » pourrait avoir des conséquences stratégiques majeures. La guerre ne dort jamais, ne relâche jamais sa pression, ne pardonne jamais l’inattention.
Le déluge de feu : bombardements et frappes aériennes

113 bombardements en quelques heures
Depuis le début de la journée du 4 octobre, l’ennemi a effectué 113 bombardements d’artillerie sur les positions ukrainiennes, dont neuf avec des systèmes de lance-roquettes multiples. Ces chiffres, présentés sèchement dans les rapports militaires, représentent en réalité un déluge de métal et d’explosifs s’abattant sur les tranchées, les positions fortifiées, les villages de première ligne. Chaque bombardement peut tuer, mutiler, détruire. Chaque obus qui tombe crée un cratère, envoie des éclats mortels dans toutes les directions, génère une onde de choc capable de liquéfier les organes internes même sans impact direct. Les soldats dans les tranchées apprennent à reconnaître les sons — le sifflement caractéristique d’un obus entrant, le grondement sourd d’une explosion proche, le crépitement terrifiant des lance-roquettes multiples qui saturent une zone entière. Ils apprennent à se terrer, à plonger au bon moment, à espérer que la chance sera de leur côté cette fois encore. Et parfois, elle ne l’est pas.
Quatre frappes aériennes et neuf bombes guidées
Les quatre frappes aériennes lancées depuis le début de la journée ont largué un total de neuf bombes guidées sur des cibles ukrainiennes. Ces armes, d’une précision redoutable, transforment n’importe quelle structure en un amas de décombres. Contrairement aux obus d’artillerie qui peuvent manquer leur cible, les bombes guidées atteignent presque toujours leur objectif — un poste de commandement, un dépôt de munitions, une position fortifiée. Les défenseurs n’ont souvent que quelques secondes entre le moment où ils détectent l’approche d’un avion et le moment où la bombe frappe. Les systèmes de défense aérienne ukrainiens font ce qu’ils peuvent, mais ils sont submergés par la quantité de menaces. Chaque bombe guidée qui passe représente une défaillance du système, une faille que l’ennemi exploite sans pitié. Et derrière chaque frappe réussie, il y a des morts, des blessés, des positions perdues, du matériel détruit — autant de brèches dans le dispositif défensif qu’il faut immédiatement colmater.
Les villages frontaliers sous le feu constant
Les localités frontalières de l’Oblast de Soumy et de Tchernihiv continuent de subir des bombardements directs depuis le territoire russe. Khrynivka, Bobylivka, Novovasylivka, Chernatske, Rozhkovychi, Bilokopytove — ces noms reviennent régulièrement dans les rapports, toujours pour les mêmes raisons : bombardements, destructions, civils blessés ou tués. Ces villages, situés à portée d’artillerie russe, vivent un cauchemar quotidien. Impossible de reconstruire quoi que ce soit — dès qu’une maison est réparée, elle peut être détruite à nouveau. Impossible de vivre normalement — chaque jour peut être le dernier. Les habitants qui restent, souvent les plus âgés ou les plus pauvres, ceux qui n’ont nulle part où aller, survivent dans des caves, dans des abris de fortune, dépendant de l’aide humanitaire qui arrive quand les bombardements le permettent. Cette guerre ne se limite pas aux combattants — elle dévore aussi les civils, lentement, méthodiquement, sans merci.
Les pertes russes : un prix exorbitant

950 soldats russes perdus en 24 heures
Selon l’état-major ukrainien, les forces russes ont subi 950 pertes en personnel au cours des dernières 24 heures. Ce chiffre — 950 hommes tués, blessés, capturés ou portés disparus — représente l’équivalent d’un bataillon entier anéanti en une seule journée. Derrière ces statistiques, il y a des vies humaines, des familles russes qui recevront peut-être un jour la nouvelle de la mort de leur fils, leur frère, leur père. Ou peut-être pas — car la Russie est notoire pour sa gestion opaque des pertes, pour ses efforts constants pour minimiser, dissimuler, falsifier le bilan humain de cette guerre. Mais les chiffres s’accumulent inexorablement. Depuis le 24 février 2022, le total des pertes russes en personnel atteint désormais environ 1 114 380 soldats, selon les estimations ukrainiennes. Plus d’un million de vies sacrifiées pour cette invasion, pour cette guerre d’agression qui ne produit aucun résultat décisif, juste un gaspillage humain et matériel effroyable.
Matériel détruit : un inventaire accablant
Au cours des dernières 24 heures, les Forces de défense ukrainiennes ont également détruit ou endommagé : un char, un véhicule blindé de combat, 15 systèmes d’artillerie, un système de lance-roquettes multiples, 450 drones de niveau opératico-tactique, 10 missiles, 73 véhicules et camions-citernes, et une unité d’équipement spécialisé. Chaque pièce d’équipement détruite représente un investissement financier perdu pour l’agresseur, mais surtout une capacité opérationnelle réduite. Les 15 systèmes d’artillerie détruits, par exemple, signifient 15 canons de moins pour bombarder les positions ukrainiennes. Les 450 drones abattus représentent 450 menaces de moins pour les défenseurs. Et ainsi de suite. Cette attrition constante, jour après jour, finit par peser lourdement sur la capacité russe à maintenir l’intensité des opérations. Mais elle se poursuit néanmoins, alimentée par des réserves apparemment inépuisables — ou du moins considérables.
Le poids cumulatif de l’attrition
Depuis le début de l’invasion, les pertes matérielles russes totales atteignent des chiffres vertigineux : 11 226 chars, 23 298 véhicules blindés de combat, 33 428 systèmes d’artillerie, 1 515 lance-roquettes multiples, 1 222 systèmes de défense aérienne, 427 avions, 346 hélicoptères, 66 543 drones, 3 803 missiles de croisière, 28 navires et bateaux, un sous-marin, 63 398 véhicules et camions-citernes, et 3 971 unités d’équipement spécialisé. Ces chiffres, bien que contestés par certaines sources et impossibles à vérifier de manière totalement indépendante, donnent néanmoins une idée de l’échelle de cette guerre. Des dizaines de milliers de véhicules militaires détruits, des milliers de canons réduits en ferraille, des centaines d’avions et d’hélicoptères abattus. C’est une hémorragie matérielle sans précédent dans un conflit moderne, une destruction de richesses et de capacités militaires qui hypothèque l’avenir même de l’armée russe. Et pourtant, la guerre continue, implacable, indifférente aux bilans, aux statistiques, aux vies broyées.
Les frappes ukrainiennes en profondeur : la guerre qui revient

La raffinerie de Kirichi en flammes
Dans la nuit du 4 octobre, les Forces de défense ukrainiennes ont frappé l’entreprise Kirishinefteorgsintez, située dans la ville de Kirichi, Oblast de Leningrad. Des explosions et un incendie ont été enregistrés sur le site. Les résultats de la frappe sont encore en cours de vérification, mais le simple fait d’avoir atteint une cible aussi éloignée et stratégique constitue un succès opérationnel majeur. La raffinerie de Kirichi est l’une des plus grandes de Russie, avec une capacité de traitement de 18,4 millions de tonnes de pétrole par an. Frapper cette installation, c’est frapper directement la capacité économique et logistique de l’agresseur, c’est perturber l’approvisionnement en carburant, c’est envoyer un message clair : l’Ukraine peut atteindre des cibles en profondeur, loin des lignes de front, au cœur même du territoire russe. Cette capacité de frappe à longue distance change la nature du conflit, transforme la guerre en un affrontement véritablement stratégique où aucun lieu n’est entièrement sûr.
Un navire lance-missiles endommagé en Carélie
Toujours dans la nuit du 4 octobre, un petit navire lance-missiles de classe Buyan-M a été endommagé dans la zone du lac Onega, en République de Carélie. L’ampleur des dégâts est encore en cours d’évaluation. Ce type de navire, bien que relativement petit, constitue une plateforme dangereuse, capable de lancer des missiles de croisière Kalibr contre des cibles terrestres ou maritimes. Endommager ou détruire un tel navire réduit la capacité de projection de puissance russe, limite les options opérationnelles disponibles pour l’état-major ennemi. Le lac Onega, situé loin des zones de combat habituelles, n’est pas une cible évidente — ce qui rend cette frappe d’autant plus significative. Elle démontre la portée croissante des capacités ukrainiennes, leur capacité à identifier et à frapper des cibles secondaires mais néanmoins importantes, disséminées sur un vaste territoire. C’est une guerre d’attrition menée non seulement au front, mais aussi dans les arrières russes, là où l’ennemi se croyait en sécurité.
Commandement et systèmes de missiles visés
Les Forces de défense ont également frappé le complexe radar Garmon et un véhicule de transport-chargement du système de missiles Iskander dans l’Oblast de Koursk. Simultanément, une frappe a été menée contre le poste de commandement de la 8e Armée des Forces armées russes, situé en territoire temporairement occupé de l’Oblast de Donetsk. La cible a été touchée, les résultats sont en cours de vérification. Ces frappes visent le système nerveux de l’armée russe — ses radars, ses moyens de commandement, ses lanceurs de missiles. Chaque radar détruit réduit la capacité de détection et de guidage. Chaque poste de commandement frappé désorganise la coordination des opérations, force l’ennemi à reconstruire ses chaînes de commandement, crée du chaos et de la confusion. Chaque véhicule de transport de missiles Iskander détruit élimine une menace potentielle pour les villes et infrastructures ukrainiennes. C’est une guerre multidimensionnelle, où chaque cible frappée contribue à affaiblir l’ensemble du dispositif ennemi, à réduire sa capacité à maintenir l’offensive, à le forcer progressivement sur la défensive.
Conclusion

Ce samedi 4 octobre 2025 restera dans les registres militaires comme une journée parmi tant d’autres — 63 combats, des dizaines de villages attaqués, des centaines de bombardements, des milliers de vies en danger constant. Mais derrière ces statistiques froides se cache une réalité brûlante : celle d’une nation qui refuse de se soumettre, d’une armée qui tient la ligne malgré une pression inimaginable, de soldats qui repoussent vague après vague, sachant que la suivante arrivera bientôt. Le front de Pokrovsk concentre à lui seul près d’un tiers des engagements de la journée — 20 assauts, 16 repoussés, 4 encore en cours. C’est là, dans ces villages aux noms méconnus, que se joue une partie du destin de l’Ukraine. Mais ce n’est pas le seul endroit. Sur sept secteurs du front, les défenseurs ukrainiens ont tenu leurs positions, absorbé les coups, riposté quand c’était possible. Ils ont infligé 950 pertes à l’ennemi en 24 heures, détruit des dizaines de véhicules et systèmes d’armes, maintenu l’intégrité du dispositif défensif malgré une intensité de feu effroyable. Cette résistance a un coût — un coût humain, matériel, psychologique. Mais elle prouve aussi quelque chose de fondamental : qu’une nation déterminée, même face à un adversaire plus puissant sur le papier, peut refuser la défaite, peut transformer chaque mètre de terrain en une bataille, chaque jour en une victoire de survie.
Et pendant ce temps, la guerre revient vers son origine. Les frappes ukrainiennes en profondeur — contre la raffinerie de Kirichi, contre le navire lance-missiles sur le lac Onega, contre les systèmes radar et les postes de commandement russes — montrent que cette guerre n’est plus unidirectionnelle. L’Ukraine ne se contente plus de défendre son territoire — elle porte le combat chez l’agresseur, frappe ses capacités stratégiques, désorganise ses arrières, lui rappelle qu’aucune zone n’est inviolable. Cette évolution tactique et stratégique change la nature du conflit, transforme une guerre d’invasion en une guerre d’attrition généralisée où les deux camps s’épuisent mutuellement, mais où l’un défend sa survie tandis que l’autre poursuit une ambition territoriale injustifiable. Au final, ces 63 combats du 4 octobre ne sont qu’une fraction d’une guerre qui dure depuis plus de trois ans et demi, qui a déjà coûté plus d’un million de vies russes et des dizaines de milliers de vies ukrainiennes, qui a détruit des villes entières, déplacé des millions de personnes, créé une catastrophe humanitaire sans précédent en Europe depuis 1945. Chaque jour ressemble au précédent et annonce le suivant — la même violence, la même détermination, le même refus de céder. Tant que les canons continueront de tonner, tant que les soldats continueront de se battre dans ces tranchées, cette guerre n’aura pas de fin. Mais une chose est certaine : l’Ukraine tient toujours. Et elle continuera de tenir, un combat à la fois, un village à la fois, une journée à la fois.