Drones fantômes sur l’Europe : et si c’était la Chine qui testait ses armes du futur ?
Auteur: Jacques Pj Provost
Pendant que tout le monde pointe du doigt Moscou, une autre puissance observe en silence. La Chine. Septembre-octobre 2025 : l’Europe suffoque sous une vague d’incursions de drones mystérieux qui paralysent ses aéroports, survolent ses bases militaires, cartographient ses infrastructures stratégiques. Munich fermé deux fois en 48 heures. Copenhague paralysé. Des dizaines de sites de l’OTAN scrutés méthodiquement. Et partout, la même question lancinante : qui est derrière tout ça ? La réponse facile, c’est la Russie. Le contexte de la guerre en Ukraine, l’historique de guerre hybride menée par Moscou, les accusations officielles des gouvernements européens — tout semble pointer vers Kremlin. Mais attendez un instant. Creusons plus profond. La Russie, pour ses opérations de drones en Ukraine, dépend massivement de l’Iran (drones Shahed) et surtout de composants chinois — 92% des pièces étrangères trouvées dans les drones russes proviennent de Chine selon Bloomberg. Moscou ne produit pas de technologie de drone révolutionnaire. Elle assemble, elle adapte, elle utilise ce que d’autres fabriquent. Alors pourquoi ces drones européens semblent-ils si sophistiqués, si insaisissables, si avancés qu’ils échappent à tous les systèmes de détection ? Pourquoi cette capacité d’essaimage coordonné, cette furtivité radar, cette précision opérationnelle qui dépasse tout ce qu’on a vu jusqu’ici ?
La Chine, elle, vient de dévoiler en septembre 2025 lors de son défilé militaire commémorant la victoire de la Seconde Guerre mondiale une panoplie terrifiante de technologies de drones qui laisse l’Occident bouche bée. Des essaims de 200 drones lancés simultanément. Des drones furtifs de la taille d’un chasseur. Des systèmes de lancement massifs capables de déployer des centaines d’appareils en quelques minutes. Des micro-drones de la taille d’un moustique équipés de capteurs de surveillance. Et surtout, une doctrine militaire explicite : utiliser les conflits actuels — notamment l’Ukraine — comme laboratoire vivant pour tester et affiner leurs technologies contre les défenses occidentales. Des experts chinois ont été confirmés comme visitant régulièrement des installations militaires russes depuis mi-2023, collaborant au développement de drones, collectant des données de combat en temps réel. Ce que je vais proposer ici, c’est une hypothèse que personne ne formule ouvertement mais qui s’impose avec une logique implacable quand on assemble tous les éléments : et si ces drones fantômes qui hantent l’Europe n’étaient pas une opération russe, mais une campagne de test chinoise visant à évaluer les capacités de réaction européennes, à cartographier les infrastructures critiques de l’OTAN, à préparer le terrain pour de futures opérations — possiblement en prévision d’un conflit autour de Taïwan où la Chine devrait affronter une coalition occidentale ? Et si tout ce chaos était, en réalité, une répétition générale orchestrée depuis Pékin ?
La révolution chinoise des drones : une avance technologique stupéfiante

Septembre 2025 : un défilé militaire qui change tout
Le 3 septembre 2025, la Chine a organisé un défilé militaire commémorant sa victoire dans la Seconde Guerre mondiale. Mais contrairement aux célébrations traditionnelles, cet événement a servi de vitrine pour dévoiler au monde les capacités les plus avancées de l’Armée populaire de libération en matière de systèmes non habités. Ce qui a été présenté ce jour-là a littéralement sidéré les analystes militaires occidentaux. Des drones furtifs de la taille d’un chasseur, optimisés pour les performances supersoniques et les missions en profondeur. Des systèmes de lancement massifs capables de déployer des essaims de drones en quelques minutes. Des plateformes anti-essaims pour contrer les drones ennemis. Des drones navals, des drones terrestres, des drones aériens — une panoplie complète couvrant tous les domaines du champ de bataille moderne. L’analyste en chef du Centre d’études navales (CNA), dans un rapport publié le 23 septembre, a confirmé que la Chine testait et déployait désormais certains des systèmes non habités les plus avancés au monde, y compris une technologie d’essaimage qui pourrait changer radicalement la nature de la guerre future. Ce n’est plus de la spéculation ou de la projection — c’est une réalité opérationnelle confirmée.
Des essaims de 200 drones : la saturation comme doctrine
En 2021, la China Electronic Technology Group Corporation, un entrepreneur de défense appartenant à l’État, a annoncé avoir testé un lanceur capable de déployer un essaim de 200 drones à voilure fixe simultanément. Un colonel supérieur de l’Armée de l’air chinoise a qualifié ce test d’étape cruciale vers des capacités de « véritable essaim » pour l’APL. Mais ce n’est que le début. En août 2025, des chercheurs chinois ont publié des travaux sur un système d' »évasion terminale » propulsé par fusée permettant aux drones d’effectuer des manœuvres brusques et imprévisibles quelques secondes avant l’impact, perturbant les algorithmes de défense ennemis. Les essais de l’APL montrent déjà un taux de destruction de 40% contre les essaims de drones, laissant 60% survivre — et le nouveau système vise à augmenter ce taux de survie de 27% supplémentaires. La logique est implacable : si chaque drone individuel devient plus difficile à abattre, l’essaim dans son ensemble peut saturer même les défenses aériennes les plus sophistiquées. Les chiffres du front ukrainien confirment cette doctrine — selon l’Institut de guerre moderne, les frappes de drones représentent 70% des pertes russes dans certaines zones, avec des taux montant jusqu’à 90% pour les pertes d’équipement. La Chine observe, analyse, et adapte ces leçons à sa propre doctrine militaire.
Furtivité et micro-surveillance : l’invisibilité totale
En juin 2025, la Chine a dévoilé un micro-drone de la taille d’un moustique — 2 centimètres de long, 0,3 grammes, avec des ailes capables de battre 500 fois par seconde. Trop petit pour être détecté par les radars conventionnels, bourré de capteurs pour la surveillance furtive. Parallèlement, elle a présenté le drone furtif CH-7 « Rainbow-7 », conçu pour les missions de frappe en profondeur contre des adversaires pairs, et le GJ-11 Sharp Sword, un drone furtif destiné aux missions à haut risque. Le plus impressionnant : un chasseur non habité de grande taille, encore sans nom officiel, clairement optimisé pour les performances supersoniques et la furtivité. Ces plateformes ne sont pas des prototypes lointains — elles sont en cours de déploiement ou déjà déployées. En juin 2025, la Chine a également démontré une percée dans la détection radar passive, permettant à des avions de scanner des cibles mobiles au sol tout en restant complètement silencieux sur le plan radio — une capacité qui rendrait les drones pratiquement indétectables tout en leur permettant de collecter des renseignements. C’est une inversion totale du paradigme de détection : au lieu d’être la cible, le drone devient l’observateur invisible.
La Chine en Ukraine : un laboratoire vivant pour tester contre l'Occident

Des experts chinois déployés en Russie depuis 2023
En septembre 2025, une enquête explosive de Reuters a révélé que des experts chinois en drones visitaient régulièrement l’entreprise d’armement russe IEMZ Kupol depuis mi-2023. Ces visites — plus de six confirmées — impliquaient des travaux de recherche et développement technique sur des drones militaires, notamment des tests en vol de nouveaux modèles. IEMZ Kupol a également reçu des livraisons de drones d’attaque et de surveillance fabriqués en Chine via l’intermédiaire russe TSK Vektor, lui-même sous sanctions américaines et européennes. Parmi les modèles testés : la série Garpiya basée sur le design iranien Shahed, et de nouveaux drones comme le GA-21 utilisable pour la reconnaissance et les frappes. Des responsables européens de sécurité ont déclaré à Reuters que ces visites suggèrent que la Russie cherche à élargir ses capacités de drones pour son invasion de l’Ukraine — mais avec une assistance technique chinoise directe. Le ministère chinois des Affaires étrangères a nié toute implication, affirmant maintenir une « position neutre et équitable » sur l’Ukraine et contrôler strictement les exportations à double usage. Mais les preuves documentaires et les témoignages de sources européennes racontent une histoire différente.
92% des composants des drones russes sont chinois
Selon Bloomberg, 92% des pièces étrangères trouvées dans les drones russes utilisés en Ukraine proviennent de Chine. Électronique, caméras, moteurs, antennes, modules de navigation — tout l’écosystème technologique qui permet aux drones russes de fonctionner est alimenté par des entreprises chinoises. L’entreprise russe Aero-HIT, basée à Khabarovsk à la frontière chinoise, a établi des partenariats avec des firmes chinoises pour résoudre l’un des défis les plus urgents de l’armée d’invasion : le besoin de drones de combat qui transformaient radicalement le champ de bataille. Des documents internes montrent qu’Aero-HIT a des liens commerciaux avec le ministère russe de la Défense et l’armée. Ses drones, bourrés de composants chinois, se retrouvent sur le front et sont utilisés contre l’Ukraine. En 2025, l’entreprise prévoit de fabriquer jusqu’à 10 000 drones par mois. Certains de ces drones — y compris les modèles FPV « Veles » — sont utilisés par les forces russes dans les attaques contre les positions ukrainiennes dans la région de Kherson et ailleurs. La Chine fournit littéralement 80% de l’électronique critique utilisée dans les drones russes, selon des rapports ukrainiens.
L’Ukraine comme terrain d’essai pour les futures guerres chinoises
Mais voici le détail crucial que personne ne souligne assez : la Chine ne fait pas que fournir des composants. Elle utilise l’Ukraine comme laboratoire vivant pour tester ses technologies contre les défenses occidentales. Chaque drone chinois abattu par un système Patriot, chaque essaim intercepté par des contre-mesures électroniques de l’OTAN, chaque tactique testée sur le terrain ukrainien — tout cela génère des données de combat inestimables que la Chine récupère, analyse, et intègre dans ses propres systèmes. Un rapport du Centre d’études aéronautiques chinoises (CASI) publié en mai 2025 souligne que l’APL suit de près les progrès des États-Unis et d’autres pays en matière de guerre par essaims de drones, et développe des contre-mesures spécifiques. Les chercheurs chinois examinent rigoureusement comment l’APL peut adapter sa force aux dernières technologies observées en Ukraine et à Gaza. Cette collaboration stratégique offre à la Chine un avantage de renseignement de premier ordre : elle peut observer en temps réel comment ses technologies performent contre les systèmes occidentaux sans exposer directement ses propres forces. C’est du testing grandeur nature, financé par Moscou mais au bénéfice stratégique de Pékin.
Pourquoi ce ne serait pas la Russie : une analyse des capacités

La dépendance russe aux technologies étrangères
Regardons les faits avec lucidité. La Russie ne produit pas de technologie de drone révolutionnaire. Pour ses opérations en Ukraine, Moscou s’appuie massivement sur les drones Shahed iraniens — des appareils relativement simples, bruyants, faciles à détecter. Oui, ils sont efficaces par leur nombre et leur coût, mais ils n’ont rien de sophistiqué technologiquement. Pour tout le reste — électronique, capteurs, systèmes de navigation — la Russie dépend des importations, principalement chinoises. Comme mentionné précédemment, 92% des composants étrangères dans les drones russes viennent de Chine. L’industrie de défense russe a été ravagée par des décennies de sous-investissement post-soviétique, puis par les sanctions occidentales qui coupent l’accès aux technologies avancées. La Russie peut adapter, assembler, modifier — mais elle ne peut pas innover de manière radicale dans le domaine des drones au point de créer des systèmes totalement furtifs, indétectables par les radars européens, capables d’essaimage coordonné sur plusieurs pays simultanément. Ce niveau de sophistication dépasse simplement les capacités russes actuelles.
Les drones européens montrent une sophistication inhabituelle
Les incidents qui secouent l’Europe en septembre-octobre 2025 présentent des caractéristiques qui ne correspondent pas au profil des opérations russes connues. Les drones sont totalement furtifs — pas de signature radar claire, impossible à tracer même avec des hélicoptères et des équipes au sol déployées immédiatement. Ils opèrent en essaims coordonnés — les incidents du 25 septembre en Allemagne ont montré des drones maintenant des trajectoires de vol parallèles, suggérant une coordination algorithmique avancée. Ils visent des infrastructures avec une précision stratégique — chantiers navals militaires, bases aériennes de l’OTAN, centrales électriques, aéroports majeurs — chaque cible est choisie avec une logique de renseignement, pas une logique de nuisance aléatoire. Et surtout, ils disparaissent sans laisser de trace. Pas un seul drone capturé. Pas un seul opérateur arrêté. Pas une seule preuve matérielle. Cette capacité d’évasion suggère soit une technologie d’auto-destruction programmée, soit une capacité de récupération extrêmement sophistiquée, soit les deux. Ce profil opérationnel ressemble beaucoup plus aux capacités chinoises démontrées en septembre 2025 qu’aux opérations russes observées en Ukraine.
La Russie n’aurait rien à gagner stratégiquement
Analysons la logique stratégique. Que gagnerait la Russie à paralyser des aéroports européens pendant quelques heures, à survoler des bases militaires sans frapper, à cartographier des infrastructures sans les attaquer ? Ces actions créent du chaos, certes, mais elles ne changent rien fondamentalement sur le terrain en Ukraine. Elles ne réduisent pas le soutien militaire occidental à Kiev. Elles ne divisent pas l’OTAN — au contraire, elles renforcent la cohésion en créant une menace commune perçue. Elles ne détournent pas de ressources significatives du front ukrainien. La guerre hybride russe a généralement des objectifs plus directs : couper le gaz, infiltrer des agents, mener des cyberattaques paralysantes. Mais déployer des drones fantômes sur toute l’Europe sans objectif tangible ? Ça ne correspond pas à la rationalité stratégique russe. Par contre, pour la Chine, ces opérations auraient un sens parfait : tester les temps de réaction européens, identifier les failles dans les systèmes de défense aérienne de l’OTAN, cartographier les infrastructures critiques qui pourraient être ciblées dans un conflit futur, collecter des données sur les protocoles de sécurité. Tout cela serait directement applicable à un scénario de conflit autour de Taïwan où la Chine devrait potentiellement frapper des bases américaines au Japon, en Corée du Sud, à Guam — et où comprendre les capacités de détection et de réaction occidentales serait crucial.
La Chine et l'infrastructure européenne : des décennies de cartographie discrète

L’Initiative Ceinture et Route : une couverture parfaite
Depuis 2013, la Chine déploie son Initiative Ceinture et Route (BRI) — un réseau colossal de projets d’infrastructure couvrant 139 pays à travers le monde. Routes, chemins de fer, ports, centrales électriques, réseaux de télécommunication — la Chine investit des centaines de milliards de dollars dans la construction d’infrastructures mondiales. En Europe, cela inclut des ports majeurs (Le Pirée en Grèce, des terminaux en Belgique et aux Pays-Bas), des chemins de fer (la ligne Budapest-Belgrade), des centrales électriques, des réseaux 5G. Chaque projet BRI donne à des entreprises chinoises — souvent liées à l’État — un accès direct aux infrastructures critiques européennes. Elles connaissent les plans, les systèmes de sécurité, les vulnérabilités physiques et cybernétiques. Des chercheurs de l’Université de Toronto ont souligné que la cartographie de la BRI elle-même est un exercice de pouvoir spatial — la Chine ne se contente pas de construire, elle documente, elle mappe, elle comprend l’architecture infrastructurelle globale de manière inégalée. Maintenant, imaginez combiner cette connaissance intime des infrastructures européennes avec des capacités de drones avancées. Vous obtenez la capacité de cibler avec une précision chirurgicale n’importe quelle installation critique — parce que vous savez déjà exactement où elle se trouve, comment elle fonctionne, et où frapper pour maximiser les dégâts.
Réduction des exportations vers l’Europe, augmentation vers la Russie
En décembre 2024, des responsables européens ont signalé que la Chine avait réduit les livraisons de certains composants de drones aux acheteurs occidentaux tout en augmentant les livraisons vers la Russie. Le président Volodymyr Zelenskyy l’a déclaré explicitement : « Les drones Mavic chinois sont ouverts aux Russes mais fermés aux Ukrainiens. Il y a des lignes de production sur le territoire russe où il y a des représentants chinois. » Un responsable européen a confirmé que les remarques de Zelenskyy correspondent à leurs propres évaluations. La Chine semble avoir restreint les exportations de certains composants, comme les aimants utilisés dans les moteurs de drones, vers les acheteurs occidentaux, tout en augmentant simultanément ces livraisons vers la Russie. Les fabricants chinois ont commencé à limiter les ventes de pièces clés aux États-Unis et à l’Europe fin 2024. Les responsables occidentaux y voient le début de contrôles d’exportation plus larges. Pourquoi cette stratégie ? Parce qu’en contrôlant qui a accès à la technologie de drones, la Chine contrôle l’équilibre du pouvoir sur les futurs champs de bataille. Et en coupant l’accès occidental tout en alimentant la Russie, elle s’assure que l’Ukraine reste un terrain d’essai viable pour tester ses technologies contre des adversaires utilisant des systèmes occidentaux.
Taïwan : le véritable objectif stratégique
Tout cela pointe vers un objectif ultime : Taïwan. La Chine considère l’île comme une province rebelle qui doit être réunifiée, par la force si nécessaire. Le président Xi Jinping a ordonné à l’APL « d’accélérer sa recherche et sa formation en guerre de drones » en 2020. Depuis, la Chine explore explicitement l’utilisation de systèmes non habités et teste la technologie d’essaimage de drones pour une possible invasion de Taïwan. Les analyses du CNA confirment que l’APL examine comment d’autres armées utilisent les drones et les essaims de drones afin que l’APL puisse développer ses propres méthodes et technologies anti-essaims. Dans un scénario de conflit autour de Taïwan, la Chine devrait probablement affronter une coalition incluant les États-Unis, le Japon, potentiellement l’Australie, la Corée du Sud — et selon l’ampleur du conflit, peut-être même des forces européennes de l’OTAN. Comprendre comment les défenses européennes réagissent aux intrusions de drones, quels sont leurs temps de réponse, leurs protocoles, leurs faiblesses — tout cela devient une intelligence de guerre critique applicable directement dans le Pacifique. Les bases américaines au Japon et en Corée du Sud utilisent des systèmes de défense similaires aux installations européennes. Les leçons apprises en Europe sont transférables au théâtre du Pacifique.
Le timing des incidents : coïncidences troublantes

Septembre 2025 : défilé militaire et début des intrusions massives
Le 3 septembre 2025, la Chine dévoile publiquement ses capacités de drones les plus avancées lors d’un défilé militaire massif. Moins de trois semaines plus tard, le 22 septembre, commence la vague d’intrusions de drones sur l’Europe — Copenhague paralysé, Oslo affecté, suivis rapidement par le Danemark, l’Allemagne, la Norvège, la Pologne, la France, la Belgique. Cette proximité temporelle n’est peut-être pas une coïncidence. En dévoilant publiquement ses capacités, la Chine envoie un message : « regardez ce que nous pouvons faire. » Ensuite, elle démontre ce qu’elle peut faire en opérations réelles, sans revendiquer, sans laisser de preuves, mais en montrant à tous ceux qui observent attentivement que ces technologies ne sont pas que des prototypes de parade — elles sont opérationnelles, déployables, efficaces. C’est une démonstration de force indirecte, une forme de communication stratégique qui dit : « nous avons ces capacités, et nous n’hésitons pas à les utiliser. »
Sommet européen à Copenhague : une cible symbolique
Le timing des intrusions danoises coïncide également avec la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne assumée par le Danemark de juillet à décembre 2025, et un sommet informel du Conseil européen prévu à Copenhague début octobre. Frapper le Danemark pendant cette période maximise l’impact médiatique et diplomatique, force l’Europe à reconnaître publiquement sa vulnérabilité face aux menaces de drones, et perturbe un événement de haut niveau réunissant les dirigeants européens. Pour un acteur cherchant à démontrer ses capacités et à collecter des données sur les réponses de sécurité, c’est une opportunité parfaite. Les autorités danoises ont dû déployer une interdiction totale des vols de drones civils sur l’ensemble du territoire national, demander l’assistance de l’Allemagne et de la Suède pour des systèmes anti-drones, et mobiliser l’OTAN pour renforcer la présence dans la mer Baltique. Tout cela génère des données précieuses sur les protocoles de sécurité maximale européens — exactement le genre d’intelligence qu’un adversaire potentiel voudrait collecter.
Munich : un test de résilience et de réaction
L’aéroport de Munich — deuxième plus grand d’Allemagne, hub international majeur — fermé deux fois en 48 heures. C’est un test de stress parfait pour évaluer combien de temps il faut aux autorités pour réagir, quels moyens elles déploient, comment elles coordonnent leurs réponses. Le fait que les drones reviennent samedi matin, à peine deux jours après le premier incident, suggère que l’opérateur teste délibérément la capacité de réponse répétée. Est-ce que les autorités apprennent entre les incidents ? Est-ce qu’elles adaptent leurs tactiques ? Combien de temps peuvent-elles maintenir un niveau de vigilance maximale avant que la fatigue opérationnelle ne s’installe ? Toutes ces questions trouvent des réponses à travers ces incidents répétés. Et pour un planificateur militaire chinois préparant un conflit futur où des essaims de drones devraient saturer les défenses ennemies, ces données sont inestimables.
Les failles de l'attribution : pourquoi la Chine peut opérer impunément

Aucun marquage, aucune signature technique identifiable
Le problème fondamental avec les drones modernes, c’est qu’ils sont essentiellement impossibles à attribuer sans capture physique ou arrestation de l’opérateur. Les composants sont commerciaux, achetés sur le marché international. Les systèmes de contrôle peuvent être lancés depuis n’importe où — un navire en mer, un véhicule terrestre, même depuis l’autre côté du monde via satellite. Il n’y a pas de « drapeau » sur un drone, pas de signature technique qui crie « fait en Chine » ou « fait en Russie ». Les autorités danoises ont enquêté sur un pétrolier russe suspect — fouille complète, aucun drone trouvé. Même si le navire avait été le point de lancement, les drones auraient pu être déployés puis récupérés, ou simplement programmés pour s’auto-détruire après la mission. Sans preuve matérielle, l’attribution reste spéculative. Et la Chine peut se cacher derrière cette zone grise, niant catégoriquement toute implication, sachant que personne ne peut prouver le contraire de manière définitive.
La doctrine de la guerre hybride : rester sous le seuil de réponse
La guerre hybride moderne repose sur un principe simple : opérer en dessous du seuil qui déclencherait une réponse militaire conventionnelle. Perturber, déstabiliser, collecter des renseignements, mais sans franchir la ligne qui justifierait une riposte armée. Les intrusions de drones entrent parfaitement dans cette catégorie. Elles créent du chaos, forcent des déploiements coûteux, génèrent de l’anxiété publique — mais elles ne tuent personne (jusqu’à présent), ne détruisent pas d’infrastructures majeures, ne constituent pas techniquement un acte de guerre. Que peut faire l’Europe en réponse ? Invoquer l’Article 5 de l’OTAN pour des drones non identifiés qui survolent des aéroports ? Impossible politiquement sans preuve solide. Imposer des sanctions économiques massives à la Chine sur la base de soupçons ? Impensable vu l’interdépendance commerciale — la Chine représente 30% des importations de haute technologie de l’UE selon Eurostat. Alors l’Europe reste coincée dans une posture défensive, réagissant aux symptômes sans pouvoir traiter la cause.
L’interdépendance économique comme bouclier
Voici la réalité brutale : l’Europe dépend de la Chine pour une part massive de sa technologie, de ses composants électroniques, de ses équipements de télécommunication. Selon Eurostat, la Chine a représenté 30% (141 milliards d’euros) des importations de haute technologie de l’UE en 2024, dépassant les États-Unis. Cette dépendance crée un bouclier protecteur pour Pékin. Même si des preuves irréfutables émergeaient que la Chine orchestre ces intrusions de drones, que ferait l’Europe ? Couper les relations commerciales et plonger dans une crise économique ? Interdire les importations chinoises et paralyser des secteurs entiers de l’économie européenne ? C’est précisément cette vulnérabilité économique que la Chine a méticuleusement construite au cours des deux dernières décennies — une interdépendance qui rend toute réponse occidentale agressive économiquement suicidaire. La Chine peut donc opérer avec une impunité relative, sachant que même si elle est soupçonnée, les conséquences seront limitées par la réalité économique.
Les implications : que faire face à cette menace invisible ?

Repenser l’attribution et la réponse
L’Europe doit d’abord accepter une réalité inconfortable : dans le domaine des drones modernes, l’attribution parfaite est impossible. Attendre des preuves irréfutables avant d’agir signifie rester éternellement paralysé. Il faut développer une doctrine de réponse basée sur le niveau de probabilité et les intérêts stratégiques en jeu, pas sur la certitude absolue. Si tous les indicateurs — capacités techniques, timing, intérêts stratégiques, patterns opérationnels — pointent vers un acteur spécifique, il faut être prêt à agir sur cette base même sans preuve matérielle. Cela nécessite un courage politique considérable, car ça implique de potentiellement confronter la Chine publiquement. Mais l’alternative — accepter passivement ces intrusions indéfiniment — n’est simplement pas viable. Les autorités allemandes réclament déjà le pouvoir d’abattre immédiatement les drones suspects. C’est un début, mais ça ne résout que la dimension tactique. La dimension stratégique nécessite de s’attaquer aux capacités de l’adversaire à la source.
Réduire la dépendance technologique chinoise
L’Union européenne doit accélérer massivement ses efforts pour réduire la dépendance aux composants de drones chinois. En février 2025, une question écrite au Parlement européen a souligné ce problème : l’Europe reste lourdement dépendante des drones et composants fabriqués en Chine. Étant donné l’influence géopolitique croissante de la Chine et sa coopération étroite avec la Russie, cette dépendance pose un risque significatif pour l’autonomie de défense européenne. Taïwan émerge comme une alternative potentielle — depuis 2022, Taïwan a intensifié ses initiatives pour cultiver son propre secteur de fabrication de drones et établir une chaîne d’approvisionnement « non-rouge », c’est-à-dire des réseaux de production libres de l’influence chinoise. L’Europe a dépassé les États-Unis comme première destination d’exportation des drones taïwanais depuis la seconde moitié de 2024, alors que la Chine mettait en œuvre des réglementations d’exportation plus strictes. Mais cela ne suffit pas. L’Europe doit investir massivement dans sa propre capacité de production de drones et de systèmes anti-drones, créant une industrie européenne capable de rivaliser avec la Chine technologiquement.
Développer des capacités anti-essaims de nouvelle génération
Les responsables de l’industrie américaine avertissent que le Pentagone ne peut pas se permettre d’entrer dans une course un-pour-un avec la Chine en guerre de drones. Au lieu de cela, il faut développer plusieurs options pour vaincre les essaims : armes à énergie dirigée, systèmes à micro-ondes de haute puissance, brouillage électronique avancé, contre-essaims autonomes. La Chine elle-même a dévoilé lors de son défilé de septembre 2025 un « rideau de balles » — un système anti-essaim de son plus grand fabricant d’armes, Norinco, qui prétend offrir une solution économique à la défense aérienne. L’Europe doit développer des capacités similaires ou supérieures. Cela nécessite des investissements de recherche massifs, une collaboration inter-européenne renforcée, et probablement une coopération transatlantique avec les États-Unis pour partager les technologies et les doctrines. Le temps où les drones étaient considérés comme des menaces secondaires est révolu — ils sont désormais au cœur de la guerre moderne, et les capacités anti-drones doivent devenir une priorité de défense absolue.
Conclusion

Octobre 2025 pourrait marquer le moment où l’Europe a commencé à réaliser qu’elle faisait face à une menace bien plus sophistiquée qu’elle ne le pensait. Pendant que tous les regards se tournent vers Moscou — une cible commode, prévisible, avec un historique de guerre hybride établi — une autre puissance pourrait être en train de tester méthodiquement les défenses européennes, de cartographier ses vulnérabilités, de collecter des données critiques pour une guerre future qui ne se déroulera peut-être même pas sur le sol européen. La Chine possède tout ce qu’il faut pour orchestrer cette campagne : la technologie de drones la plus avancée au monde, dévoilée publiquement en septembre 2025 avec des capacités d’essaimage de 200 appareils, des systèmes furtifs invisibles aux radars, des micro-drones impossibles à détecter. Une présence établie en Europe via l’Initiative Ceinture et Route donnant une connaissance intime des infrastructures critiques. Une collaboration confirmée avec la Russie depuis mi-2023, avec des experts déployés pour tester des drones utilisant 92% de composants chinois contre les défenses occidentales en Ukraine. Et surtout, un intérêt stratégique clair : préparer une possible invasion de Taïwan qui nécessiterait d’affronter une coalition occidentale, rendant cruciale la compréhension des capacités de détection et de réaction de l’OTAN.
La Russie, malgré toutes les accusations, ne possède simplement pas les capacités technologiques pour orchestrer des opérations de cette sophistication. Elle dépend des drones Shahed iraniens — bruyants, détectables — et de composants chinois pour tout le reste. Elle ne produit pas d’innovation radicale en matière de drones furtifs ou d’essaimage coordonné. Et stratégiquement, paralyser des aéroports européens sans les frapper ne sert aucun objectif tangible dans le contexte de la guerre en Ukraine — ça ne réduit pas le soutien militaire occidental, ça ne divise pas l’OTAN, ça ne change rien sur le terrain du Donbass. Par contre, pour la Chine, ces opérations sont un investissement stratégique parfait : tester en conditions réelles contre des systèmes occidentaux, collecter des données applicables au théâtre du Pacifique, démontrer ses capacités sans revendication directe, tout en restant sous le seuil qui déclencherait une réponse militaire. L’absence totale de preuves matérielles — pas un seul drone capturé, pas un opérateur arrêté — suggère un niveau de sophistication et de discipline opérationnelle qui dépasse largement ce que la Russie a démontré jusqu’ici. Le timing est troublant : défilé militaire chinois le 3 septembre dévoilant les capacités, début des intrusions massives le 22 septembre ciblant un sommet européen à Copenhague. La coordination géographique est impressionnante : des incidents simultanés du Danemark à la Belgique, de la Norvège à la France, tous ciblant des infrastructures stratégiques avec une précision qui suggère une cartographie préalable détaillée — exactement le genre de connaissance que les projets BRI chinois auraient fourni. L’Europe doit ouvrir les yeux. La menace ne vient peut-être pas de là où tout le monde regarde. Et pendant qu’on se concentre sur Moscou, Pékin pourrait être en train de préparer tranquillement sa prochaine guerre — une guerre où l’Europe pourrait se retrouver dans le camp adverse, sans même avoir vu venir les coups.