Les Pays-Bas révèlent leur plan secret : mur de drones européen et pillage créatif des avoirs russes
Auteur: Maxime Marquette
L’aveu explosif résonne encore dans les couloirs du pouvoir européen. Ruben Brekelmans, ministre néerlandais de la Défense, vient de révéler lors de son interview exclusive à Kiev les détails d’une stratégie secrète qui redéfinit l’approche occidentale face à la menace russe. « Pour chaque drone russe qui pénètre l’espace aérien de l’OTAN, donnons 100 millions d’euros de soutien à l’Ukraine pour que vous puissiez riposter », a-t-il déclaré avec une détermination glaciale. Cette proposition n’est pas une simple déclaration d’intention — c’est le révélateur d’une transformation radicale de la doctrine militaire européenne.
Mais ce qui fait véritablement trembler Moscou, c’est l’autre révélation de Brekelmans : l’utilisation « créative » des 185 milliards d’euros d’avoirs russes gelés pour financer massivement l’effort de guerre ukrainien. Cette stratégie révolutionnaire, actuellement débattue dans le plus grand secret par les ambassadeurs européens, transformerait les richesses confisquées à Poutine en arsenal occidental contre sa propre armée. « Il n’y a qu’un seul moyen de donner à l’Ukraine cette perspective à moyen terme sur laquelle vous pouvez compter : un flux stable de soutien militaire en utilisant les avoirs gelés », a martelé le ministre néerlandais. Cette approche ne constitue plus de la simple assistance — c’est de la justice économique armée.
Le mur de drones européen : l’arme défensive ultime
Derrière ces annonces financières se cache un projet militaire d’une ampleur inédite depuis 1945. Brekelmans a confirmé l’existence du programme « mur de drones » européen — une barrière technologique destinée à protéger le flanc oriental de l’OTAN contre les incursions russes de plus en plus audacieuses. Mais contrairement aux projets bureaucratiques traditionnels de Bruxelles, les Pays-Bas proposent une approche révolutionnaire inspirée directement de l’expérience ukrainienne.
« La ligne de drones ukrainienne lancée en février 2025, financée entièrement par les Pays-Bas, produit déjà 100 000 drones. Deux entreprises sont sur le point de signer les premiers contrats », a révélé Brekelmans. Cette réussite opérationnelle contraste brutalement avec les projets européens traditionnels qui « pourraient prendre trois ans et beaucoup d’argent ». Le message est clair : l’Europe doit abandonner sa lenteur bureaucratique pour adopter la vitesse de guerre ukrainienne.
L’escalade chinoise : espionnage industriel intensifié
Mais la menace ne vient pas seulement de l’Est. Brekelmans a sonné l’alarme sur l’intensification dramatique de l’espionnage chinois contre les industries néerlandaises, particulièrement dans le secteur des semi-conducteurs. « L’industrie des semi-conducteurs, où nous détenons un avantage technologique, intéresse bien sûr la Chine pour acquérir cette propriété intellectuelle », a-t-il déclaré avec une gravité inhabituelle pour un responsable néerlandais traditionnellement mesuré.
Cette révélation prend une dimension terrifiante quand on sait que les Pays-Bas abritent ASML, l’entreprise qui fabrique les machines lithographiques les plus avancées au monde — indispensables à la production des puces les plus sophistiquées. L’enjeu dépasse la simple concurrence commerciale : il s’agit de préserver l’avantage technologique occidental face à deux dictatures déterminées à rattraper leur retard par tous les moyens, y compris l’espionnage industriel et le vol de propriété intellectuelle.
La stratégie financière révolutionnaire : transformer l'argent russe en armes occidentales

L’audace du plan financier révélé par Brekelmans dépasse tout ce qui avait été imaginé jusqu’ici dans la guerre économique contre la Russie. Le projet, distribué aux ambassadeurs européens en septembre et consulté par le Kyiv Independent, dessine une architecture juridique d’une sophistication redoutable : prêter 140 milliards d’euros à l’Ukraine en utilisant les avoirs russes gelés comme garantie, sans toutefois procéder à une confiscation pure et simple.
La mécanique de cette opération révèle un génie financier qui transforme la prudence juridique en arme de guerre. Euroclear, le dépositaire belge qui détient 185 milliards d’euros d’actifs russes, transférerait cette somme à la Commission européenne via un « contrat de dette sur mesure ». En échange, l’UE prêterait jusqu’à 140 milliards d’euros à l’Ukraine à taux zéro, remboursables uniquement si la Russie verse des réparations — ce qui équivaut pratiquement à un don déguisé.
L’ingénierie juridique de la justice économique
Cette construction évite habilement l’écueil de la confiscation directe tout en produisant le même effet pratique. Comme l’explique Bart Szewczyk, avocat chez Covington & Burling : « Si la Russie ne paie pas de réparations à l’Ukraine, cette dernière n’a pas besoin de rembourser le prêt à l’UE, l’UE n’a pas besoin d’honorer sa reconnaissance de dette, et les avoirs russes restent immobilisés. Par conséquent, les contribuables européens ne supporteront pas le fardeau même si la Russie ne rembourse jamais. »
Cette formule magique résout le dilemme politique qui paralysait l’Europe depuis 2022 : comment utiliser l’argent russe pour financer l’Ukraine sans violer le droit international ni exposer les contribuables européens. La réponse néerlandaise transforme la prudence juridique en audace stratégique, permettant de financer massivement l’effort de guerre ukrainien avec l’argent de l’agresseur lui-même.
Les 45 milliards restants : financer le programme G7
L’architecture financière révélée par Brekelmans prévoit également l’affectation des 45 milliards d’euros restants au remboursement du programme G7 de 50 milliards de dollars établi en 2024, qui repose sur les profits générés par les avoirs gelés. Cette circularité financière libère les profits futurs pour d’autres usages tout en remboursant les engagements passés — une démonstration de virtuosité comptable qui multiplie l’effet de levier des sanctions.
Brekelmans a été explicite sur l’urgence de cette démarche : « Nous devons augmenter la pression sur la Russie. Nous devons avoir plus de sanctions de manière coordonnée. Aussi, les revenus pétroliers et gaziers devraient en faire partie car ces revenus sont encore beaucoup trop importants. » Cette formulation révèle l’impatience croissante des dirigeants européens face à la lenteur des effets des sanctions traditionnelles.
Le mur de drones européen : révolution tactique ou bureaucratie militarisée ?

La position de Brekelmans sur le « mur de drones » européen révèle une fracture stratégique au sein de l’alliance occidental. Contrairement à l’enthousiasme de la Commission européenne pour ce projet de plusieurs milliards d’euros, le ministre néerlandais exprime un scepticisme cinglant : « Mes collègues étaient un peu sceptiques parce qu’ils pensaient : d’accord, maintenant il y a cette grande idée et ces grands concepts, mais cela pourrait prendre trois ans et beaucoup d’argent. »
Cette critique révèle le clash entre deux philosophies militaires irréconciliables. D’un côté, Bruxelles propose un projet pharaonique de liaison de réseaux de radars et de capteurs acoustiques à travers les pays de l’UE — un concept grandiose mais flou qui pourrait prendre des années à se matérialiser. De l’autre, les Pays-Bas prônent l’efficacité opérationnelle immédiate inspirée de l’expérience ukrainienne sur le terrain.
L’exemple ukrainien : 100 000 drones produits
L’alternative néerlandaise s’appuie sur des résultats concrets impressionnants. Le projet de « ligne de drones » ukrainien, financé intégralement par La Haye et lancé en février 2025, a déjà produit 100 000 drones avec deux entreprises sur le point de signer les premiers contrats de production massive. Cette réussite démontre qu’avec un financement ciblé et une approche pragmatique, les résultats peuvent être obtenus en quelques mois plutôt qu’en plusieurs années.
Brekelmans défend cette approche avec une détermination remarquable : « Je pense que cela devrait être à l’OTAN de définir le concept nécessaire parce que l’OTAN est notre alliance militaire. » Cette position révèle une tension fondamentale entre l’approche européenne (civile, bureaucratique, consensuelle) et l’approche atlantique (militaire, opérationnelle, efficace). Le ministre néerlandais choisit clairement son camp.
La leçon polonaise : quand les F-35 abattent des drones russes
L’urgence de cette question n’est plus théorique depuis l’incident du 9 septembre en Pologne, quand 20 drones russes ont violé l’espace aérien de l’OTAN pendant sept heures. Les F-35 néerlandais ont dû abattre ces intrus, révélant l’inefficacité économique d’utiliser des chasseurs à 100 millions d’euros pour neutraliser des drones à quelques milliers de dollars.
Comme l’a reconnu le Premier ministre néerlandais Dick Schoof : « C’est un moyen très coûteux d’abattre des drones. Donc oui, nous sommes prêts à les abattre, mais vous essayez de les brouiller. Vous essayez de prendre le contrôle. Mais au final, ils doivent disparaître. » Cette déclaration révèle l’ampleur du défi tactique : comment défendre efficacement l’espace aérien européen contre des essaims de drones bon marché sans faire faillite ?
L'offensive d'espionnage chinoise : ASML dans le viseur de Pékin

La révélation de Brekelmans sur l’intensification de l’espionnage chinois aux Pays-Bas éclaire une guerre de l’ombre d’une ampleur terrifiante. « Nos dernières évaluations de renseignement révèlent que la principale menace cyber provient de la Chine, la majorité des incidents cyber nous impliquant étant liés à l’activité chinoise. C’était vrai l’année dernière et ça l’est maintenant. Nous assistons à une augmentation de ces tentatives », a-t-il déclaré avec une gravité inhabituelle.
Cette escalade vise spécifiquement l’industrie néerlandaise des semi-conducteurs, couronnée par ASML — l’entreprise qui fabrique les seules machines au monde capables de produire les puces les plus avancées. La technologie lithographique d’ASML constitue littéralement le goulot d’étranglement de l’industrie technologique mondiale. Qui contrôle ASML contrôle l’avenir de l’intelligence artificielle, de l’informatique quantique et des armes autonomes.
La prise de contrôle de Nexperia : signal d’alarme
L’urgence de cette menace s’est matérialisée le 12 octobre avec la décision exceptionnelle du gouvernement néerlandais de prendre le contrôle de Nexperia, fabricant de semi-conducteurs détenu par le groupe chinois Wingtech. Invoquant la loi sur la disponibilité des biens, Amsterdam a justifié cette mesure « hautement exceptionnelle » par des « signaux récents et aigus de graves défaillances de gouvernance » menaçant « la continuité et la sauvegarde des connaissances et capacités technologiques cruciales sur le sol néerlandais et européen ».
Cette nationalisation de fait révèle l’ampleur de l’infiltration chinoise dans l’industrie européenne. Nexperia, autrefois filiale de Philips, avait été rachetée par Wingtech en 2018 pour 3,63 milliards de dollars. Pendant six ans, cette entreprise a opéré discrètement aux Pays-Bas tout en étant partiellement contrôlée par l’État chinois. La découverte récente de « graves défaillances » suggère que cette façade d’autonomie masquait des transferts technologiques vers la Chine.
La stratégie globale chinoise : vol technologique systématique
L’analyse des services de renseignement néerlandais révèle une campagne d’espionnage systématique visant les secteurs des semi-conducteurs, de l’aérospatiale et maritime. Cette offensive ne vise pas seulement l’enrichissement économique — elle cherche à renforcer les capacités militaires chinoises en détournant les innovations occidentales vers l’Armée populaire de libération.
Comme l’explique un rapport du Centre d’études stratégiques de La Haye : « Les efforts chinois menacent non seulement les Pays-Bas, mais aussi le monde libre tout entier. » Cette formulation dramatique révèle que l’enjeu dépasse la simple concurrence commerciale pour toucher à la survie de l’avantage technologique occidental. Chaque secret dérobé, chaque brevet piraté, chaque ingénieur recruté renforce potentiellement les capacités militaires chinoises contre l’OTAN.
La coopération militaire Pays-Bas-Ukraine : laboratoire de la guerre future

L’annonce par Brekelmans d’un investissement de 200 millions d’euros dans les capacités anti-drones ukrainiennes révèle une transformation fondamentale de la coopération militaire occidentale. « Nous dépenserons cet argent pour des systèmes anti-drones qui peuvent abattre des drones en Ukraine, dont le besoin urgent a été démontré encore la nuit dernière », a-t-il déclaré depuis Kiev, faisant référence aux attaques russes contre l’infrastructure énergétique ukrainienne.
Cette approche marque une rupture avec l’assistance traditionnelle. Au lieu de livrer des armes occidentales, les Pays-Bas financent le développement d’innovations ukrainiennes testées au combat. Le mémorandum de coopération signé entre les ministres de la Défense néerlandais et ukrainien dans le cadre de l’initiative « Build with Ukraine » créera des partenariats industriels entre entreprises des deux pays, augmentant la production dans les deux nations simultanément.
Le cluster de défense néerlandais à Kiev
L’ambition néerlandaise va au-delà du simple financement avec la création d’un cluster de défense néerlandais à Kiev. « Nous avons beaucoup d’entreprises désireuses d’investir et de développer leurs technologies et leur potentiel là-bas, donc cela optimisera leurs opérations et leur coordination », a expliqué Brekelmans. Cette initiative transforme l’Ukraine en laboratoire technologique où les innovations militaires occidentales peuvent être testées en conditions réelles de combat.
Cette stratégie révèle une transformation profonde de l’industrie de défense européenne. Traditionnellement, les armes étaient développées en temps de paix, testées en exercices, puis déployées en cas de conflit. Désormais, l’Ukraine offre un environnement de test permanent où les technologies peuvent être affinées en continu face à un adversaire sophistiqué utilisant des contre-mesures évolutives.
La production conjointe de drones : vers l’autonomie militaire
Le partenariat néerlandais-ukrainien dans la production de drones illustre parfaitement cette nouvelle approche. Plutôt que d’acheter des systèmes américains ou israéliens éprouvés, les deux pays développent ensemble des technologies de frappe en profondeur adaptées spécifiquement aux conditions du conflit ukrainien. Cette coopération combine l’expertise technologique néerlandaise avec l’expérience opérationnelle ukrainienne.
Comme l’a souligné Zelensky lors de la signature du mémorandum : « La production de drones est l’un des domaines les plus prometteurs de notre coopération bilatérale. » Cette formulation révèle l’ambition de transformer cette coopération tactique en partenariat stratégique durable qui survivra à la fin du conflit ukrainien. Les Pays-Bas ne se contentent plus d’aider l’Ukraine — ils s’associent avec elle pour développer les armes du futur.
Les limites européennes face à la Chine : entre sanctions et réalisme économique

La franchise brutale de Brekelmans sur les contraintes européennes face à la Chine révèle les failles structurelles de l’approche de l’UE. Interrogé sur l’opportunité de sanctionner des pays entiers plutôt que des entreprises pour leur aide à la Russie, le ministre néerlandais a pris du recul : « Si vous parlez de sanctionner un pays entier, alors vous devez aussi avoir une base légale pour cela, et si vous regardez la législation de l’UE, c’est beaucoup plus difficile à faire que pour les États-Unis. »
Cette admission révèle le paradoxe européen : disposer de la plus grande économie mondiale après les États-Unis, mais être paralysée par ses propres procédures juridiques face à des menaces existentielles. Pendant que Washington impose unilatéralement des tarifs punitifs contre Pékin, Bruxelles reste empêtrée dans des consultations inter-institutionnelles qui durent des mois pour décider de sanctions mineures.
L’absence de majorité pour sanctionner la Chine
Brekelmans a été encore plus explicite sur l’impuissance européenne : « Je sais aussi qu’il n’y a même pas de majorité, et encore moins d’unanimité. L’UE n’utilise pas de tarifs à des fins géopolitiques comme les États-Unis. » Cette révélation confirme que l’Europe reste structurellement incapable de transformer sa puissance économique en outil géopolitique efficace contre ses adversaires stratégiques.
Cette faiblesse institutionnelle contraste dramatiquement avec l’urgence de la menace chinoise décrite par les services de renseignement néerlandais. Comment peut-on simultanément reconnaître une escalade d’espionnage industriel massif et se déclarer incapable d’y répondre par des sanctions économiques ? Cette contradiction révèle l’inadéquation des institutions européennes aux défis géopolitiques du XXIe siècle.
Le choix entre sécurité et prospérité
Derrière cette paralysie institutionnelle se cache un dilemme économique que Brekelmans refuse d’aborder frontalement. L’Europe reste massivement dépendante du marché chinois pour ses exportations et de la Chine pour ses importations de matières premières critiques. Sanctionner Pékin reviendrait à s’amputer économiquement — un sacrifice que peu de dirigeants européens sont prêts à assumer face à leurs électorats.
Cette dépendance économique transforme chaque mesure de sécurité en calcul coût-bénéfice paralysant. Protéger ASML contre l’espionnage chinois ? Oui, mais pas au point de perdre le marché chinois qui représente des milliards d’euros de chiffre d’affaires. Cette logique marchande mine systematiquement toute velléité de fermeté géopolitique européenne.
L'escalade des provocations russes : tester les limites de l'OTAN

L’analyse de Brekelmans sur les violations d’espace aérien russes révèle la stratégie délibérée de Moscou pour tester les réflexes occidentaux. « Poutine sait qu’il crée des troubles, c’est positif pour lui, il n’y a ni inconvénient ni désavantage pour lui », a-t-il expliqué avec une lucidité brutale. Cette formulation capture parfaitement l’asymétrie stratégique qui favorise actuellement la Russie dans cette guerre hybride.
La proposition du ministre néerlandais — 100 millions d’euros d’aide à l’Ukraine pour chaque incursion de drone russe — révèle une tentative désespérée de rééquilibrer cette équation. L’idée sous-jacente est brillante : transformer chaque provocation russe en renforcement automatique de l’arsenal ukrainien. Mais cette approche révèle également l’impuissance occidentale à empêcher ces provocations en premier lieu.
L’incident polonais : 20 drones pendant 7 heures
L’incident du 9 septembre en Pologne illustre parfaitement cette guerre d’usure psychologique. Pendant sept heures, 20 drones russes ont violé l’espace aérien de l’OTAN, forçant le déploiement de F-35 néerlandais et de F-16 polonais dans une opération coûteuse et stressante. Moscou a obtenu exactement ce qu’elle cherchait : démontrer sa capacité à perturber l’Europe à volonté, épuiser les défenses occidentales et tester les procédures de riposte de l’OTAN.
Cette stratégie de provocations graduelles vise à habituer progressivement l’Occident à des violations de plus en plus graves. Aujourd’hui 20 drones pendant 7 heures, demain peut-être 50 drones pendant 12 heures, après-demain 100 drones avec des charges explosives. Cette escalation contrôlée permet à Poutine de repousser constamment les lignes rouges sans déclencher de riposte majeure.
La nécessité d’une riposte automatique
Face à cette stratégie, Brekelmans propose une riposte automatique qui éliminerait l’avantage russe de l’impunité. « Pour chaque drone russe qui pénètre l’espace aérien de l’OTAN, donnons 100 millions d’euros de soutien à l’Ukraine pour que vous puissiez riposter. » Cette approche transformerait chaque provocation en autogoal stratégique pour Moscou.
L’efficacité potentielle de cette dissuasion économique dépasse celle des menaces militaires traditionnelles. Poutine peut calculer qu’une escalade militaire directe avec l’OTAN risque l’anéantissement nucléaire mutuel. Mais il peut difficilement ignorer qu’une multiplication des provocations aériennes aboutirait mécaniquement à un renforcement massif de l’arsenal ukrainien contre ses propres forces. Cette logique pourrait enfin briser l’impunité dont jouit actuellement Moscou dans ses provocations hybrides.
Conclusion

Les révélations explosives de Ruben Brekelmans lors de son interview à Kiev marquent un tournant historique dans l’approche européenne des menaces autoritaires. Son plan d’utilisation « créative » des 185 milliards d’euros d’avoirs russes gelés pour financer massivement l’Ukraine, combiné à la proposition de riposte automatique de 100 millions d’euros par violation d’espace aérien, révèle une Europe qui abandonne enfin sa naïveté diplomatique pour embrasser une logique de confrontation économique armée.
Le projet de « mur de drones » européen, malgré les réserves néerlandaises sur sa bureaucratisation, illustre la prise de conscience tardive mais réelle de l’Europe face à la guerre hybride russe. L’alternative pragmatique proposée par Amsterdam — s’inspirer de la réussite ukrainienne qui a produit 100 000 drones en quelques mois — démontre qu’une Europe efficace est possible si elle abandonne ses reflexes bureaucratiques pour adopter l’urgence opérationnelle du temps de guerre.
La coopération militaire révolutionnaire entre les Pays-Bas et l’Ukraine, symbolisée par l’investissement de 200 millions d’euros dans les capacités anti-drones et la création d’un cluster de défense néerlandais à Kiev, redéfinit les partenariats militaires occidentaux. Cette approche transforme l’Ukraine en laboratoire permanent de l’innovation militaire européenne, où les technologies peuvent être testées et affinées face à un adversaire sophistiqué utilisant des contre-mesures évolutives.
Mais les révélations sur l’intensification de l’espionnage chinois contre l’industrie néerlandaise des semi-conducteurs, culminant avec la prise de contrôle de Nexperia, révèlent l’ampleur de la menace technologique qui pèse sur l’avantage stratégique occidental. La cible prioritaire d’ASML par les services chinois confirme que Pékin et Moscou coordonnent leurs offensives pour affaiblir simultanément l’Europe sur les plans militaire et technologique.
L’aveu d’impuissance de Brekelmans face aux contraintes institutionnelles européennes pour sanctionner efficacement la Chine révèle le talon d’Achille de l’approche européenne : disposer de la plus grande économie mondiale après les États-Unis mais être paralysée par ses propres procédures juridiques face à des menaces existentielles. Cette contradiction entre puissance économique et faiblesse géopolitique constitue peut-être le défi le plus urgent à résoudre pour la survie de l’Europe démocratique.
L’offensive tous azimuts des autoritarismes contre l’Europe — guerre hybride russe, espionnage technologique chinois, provocations aériennes calculées, infiltration industrielle systématique — exige une réponse à la hauteur de l’enjeu civilisationnel. Les propositions de Brekelmans offrent un aperçu de ce que pourrait être cette riposte : utiliser l’argent russe pour financer sa propre défaite, transformer chaque provocation en renforcement automatique de l’adversaire, développer des partenariats militaires pragmatiques avec ceux qui se battent vraiment. La question qui reste est de savoir si l’Europe aura le courage politique d’appliquer ces méthodes révolutionnaires ou si elle continuera à subir passivement l’offensive autoritaire jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour réagir.