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Pourquoi l’Ukraine parie tout sur les frappes en Russie profonde
Credit: Adobe Stock

Le pari le plus audacieux de cette guerre

Ce 13 octobre 2025, une chose devient cristalline pour quiconque suit cette guerre depuis le début : l’Ukraine a fondamentalement changé de stratégie. Fini le temps où Kiev se contentait de défendre son territoire, d’encaisser les coups, d’attendre désespérément que l’aide occidentale suffise à inverser le cours des choses. Non. Maintenant, l’Ukraine attaque. Elle frappe Smolensk, Belgorod, Engels, même la banlieue de Moscou. Des drones surgissent à des centaines de kilomètres à l’intérieur du territoire russe, explosent sur des usines d’armement, des raffineries, des bases militaires. Et ce n’est pas de l’improvisation chaotique — c’est une doctrine militaire cohérente, un pari stratégique monumental. Kiev a décidé que la seule façon de gagner cette guerre… c’est de la porter directement chez l’ennemi. De transformer le sanctuaire russe en champ de bataille. De prouver que la distance, les défenses aériennes, même la dissuasion nucléaire ne protègent plus Moscou. C’est audacieux. C’est risqué. C’est potentiellement suicidaire. Mais c’est aussi… peut-être la seule voie vers la victoire.

Quand la défense ne suffit plus

Pendant presque trois ans, l’Ukraine a joué en défense. Résister. Tenir. Encaisser les frappes massives contre son infrastructure énergétique, ses villes, sa population. Compter sur l’aide occidentale pour reconstituer ses défenses, réparer ce que la Russie détruit, survivre un jour de plus. Cette stratégie a fonctionné — dans le sens où l’Ukraine n’a pas été vaincue, où Kiev n’est pas tombée, où Zelensky n’a pas fui. Mais fonctionner n’est pas gagner. Parce qu’une guerre d’attrition où seul un camp subit des destructions massives sur son territoire… cette guerre-là finit par être perdue. Peu importe la bravoure des soldats. Peu importe le soutien international. Si vos centrales électriques brûlent pendant que celles de l’ennemi restent intactes, si vos usines explosent pendant que les siennes produisent tranquillement… vous perdez. Lentement. Inexorablement. Kiev l’a compris. Et Kiev a décidé de changer les règles. Si la Russie peut frapper partout en Ukraine, alors l’Ukraine frappera partout en Russie. C’est simple. C’est logique. C’est terrifiant dans ses implications. Mais c’est la seule voie qui mène quelque part ailleurs qu’à une défaite lente.

La doctrine de la frappe stratégique en profondeur

Ce que l’Ukraine construit méthodiquement depuis des mois, c’est une capacité à projeter la puissance militaire loin à l’intérieur du territoire ennemi. Pas pour terroriser les civils — Kiev évite soigneusement les cibles purement civiles, contrairement à Moscou. Non, l’objectif est chirurgical : détruire les usines qui produisent les missiles frappant l’Ukraine. Neutraliser les bases aériennes d’où décollent les bombardiers. Paralyser les raffineries qui alimentent la machine de guerre russe. Saboter les dépôts de munitions qui approvisionnent le front. Chaque frappe est calculée pour maximiser l’impact stratégique tout en minimisant les pertes civiles. C’est une guerre économique autant que militaire : forcer la Russie à disperser ses ressources, à défendre un territoire immense, à dépenser des fortunes en systèmes de défense aérienne qui ne suffisent jamais. C’est transformer l’avantage russe — un territoire gigantesque — en vulnérabilité. Parce qu’on ne peut pas tout protéger. Et chaque trou dans le bouclier devient une opportunité pour un drone ukrainien de frapper. Encore. Et encore. Et encore. Jusqu’à ce que l’économie de guerre russe s’effondre sous le poids des destructions répétées.

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