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Chronique : Londres fabrique les drones ukrainiens, l’usine qui va changer la guerre
Credit: Adobe Stock

Ce n’est pas juste un contrat d’armement. C’est un changement de paradigme. Le Projet Octopus a été annoncé officiellement le 11 septembre 2025 lors du salon DSEI à Londres. John Healey, ministre britannique de la Défense, l’avait qualifié de « game-changer » pour la défense aérienne. Pourquoi ? Parce que ces drones intercepteurs coûtent une fraction de ce qu’ils détruisent. Un Shahed russe coûte entre 30 000 et 50 000 dollars. Un missile Patriot coûte 3,3 millions de dollars. Un drone Octopus ? Moins de 10 % du prix d’un Shahed. L’asymétrie économique joue désormais en faveur de l’Ukraine. Utiliser un Patriot contre un Shahed, c’est perdre la guerre financière. Utiliser un Octopus, c’est la gagner. Le drone a été conçu par Ukrspecsystems, le plus grand fabricant de drones ukrainien, avec le soutien de scientifiques et techniciens britanniques. Les tests sur le terrain ont déjà prouvé son efficacité. Maintenant, il faut le produire. En masse. Rapidement.

1 000 unités pilotes, puis montée en puissance

Umerov l’a précisé lors d’un marathon télévisé ukrainien : jusqu’à 1 000 drones Octopus seront produits au Royaume-Uni dans le cadre d’une phase expérimentale. Ces premiers lots seront fabriqués dans des centres gouvernementaux britanniques. Mais l’usage au combat restera exclusivement ukrainien. Les drones seront testés, affinés, améliorés grâce aux retours directs du champ de bataille. Chaque destruction de Shahed enrichit la base de données, améliore les algorithmes, optimise les tactiques. Une fois les tests validés, la production sera massivement augmentée. Luke Pollard, ministre d’État britannique à la Défense, a confirmé l’objectif : 2 000 intercepteurs par mois. Tous envoyés en Ukraine. Zéro pour le Royaume-Uni. C’est un acte politique autant qu’industriel. Londres envoie un message à Moscou : nous ne vous laissons pas saturer le ciel ukrainien. Nous produirons plus vite que vous n’attaquez.

L’Ukraine garde le contrôle total

Voilà le coup de génie stratégique. Umerov a insisté : « Le ministère de la Défense ukrainien détient les droits sur cette technologie. Notre côté conservera la propriété intellectuelle et le contrôle sur ces composants critiques. » Ce n’est pas une vente de brevet. Ce n’est pas un transfert de souveraineté technologique. C’est un accord de production sous licence, où l’Ukraine reste maître de son innovation. Les Britanniques apportent leur capacité industrielle, leurs chaînes d’approvisionnement, leur expertise en fabrication de pointe. Les Ukrainiens apportent la technologie de combat éprouvée, les données de bataille, le savoir-faire tactique. C’est une symbiose parfaite. John Healey l’a reconnu : « Le Royaume-Uni excelle en recherche et développement et en fabrication avancée, donc nous pouvons ajouter quelque chose que nos amis ukrainiens n’ont pas à cet égard. » La complémentarité remplace la charité.

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